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L'égnime des " HUIS " du Morvan

Tous les huis sont situés sur le terrain granitique, c'est-à-dire en Morvan, sauf neuf qui débordent sur la frange liasique : un dans chacune des communes suivantes, Corbigny, Pazy, Crux la Ville et cinq dans la commune de Maux, du canton de Moulins Engilbert. le cas de cette dernière commune est assez curieux. en effet, , son groupe de cinq huis est séparé du bloc morvandeau par deux communes morvandelles, Saint Péreuse et Sermages, qui n'en possèdent pas.
La centaine d'huis morvandeaux est groupée dans une région bien délimitée, située du nord au sud, entre Avallon et Château Chinon. A l'ouest, la frontière entre le Morvan et le Bazois est également, grosso modo, celle des huis.
On pourrait dire que cette région est comprise entre la vallée de l'Yonne et celle de la Cure ; si quelques communes, toutes du canton de Château Chinon, ne s'éloignaient de quelques kilomètres de l'Yonne ( [[Blismes, Dommartin, Saint Hilaire en Morvan).
La Nièvre est de beaucoup le département le plus riche en Huis : plus de cent, cent dix-sept au moins.
Les "trois" du département de l'Yonne continuent ceux de la Nièvre. Par contre, les "cinq" du département de la Côte d'Or sont nettement séparés.


Signification

Incontestablement, le mot Huis veut dire maison. L' Huis-Bourgeot indique la maison à Bourgeot ; l'Huis-Chaumard, la maison à Chaumard.
Il est intéressant de remarquer que le Huis n'est pas le seul mot employé, dans la Nièvre, pour désigner la maison, Chez et Meix sont assez fréquents, mais dans une zone moins délimitée et débordant des frontières du Morvan.
Chez vient du mot latin casa : maison (exemple Chez-Moreau, la maison à Moreau).
La Chaise de Planchez est le même mot, mais moins évolué.
Meix ou Metz, du latin mansa : demeure (exemples : le Meix-Jeannin, la maison à Jeannin ; le Metz-Garnier, la maison à Garnier).


Ancienneté

La première apparition de l'Huis se trouve dans le cartulaire de l'évêché d'Autun. Une charte de 1252 mentionne Lulaqaîte au sujet d'une obligation de Godefroid, vicomte de Saulieu. D'après l'avis autorisé de M. Rossigneux, bibliothécaire à Autun : "Il s'agit évidemment de la transposition phonétique en latin du vocable "Huis-la-Gaiété".

Voici les relevés les plus anciens : L'Huis-au-Page : Gâcogne 1316. L'Huis-Bauché : Brassy 1330. l'Huis-Gourain : Montigny en Morvan 1426. L'Huis-Belin Brassy 1571. L'Huis-Doulains Mhère 1611. LHuis-Meulé Dun les Places 1620. L'Huis-au-Roi Saint Hilaire en Morvan 1671.

Ce n'est guère qu'à partir du XVIIème siècle que l'on trouve d'abondantes mentions dans les actes.

Graphie de l'Huis

L'orthographe moderne est l'Huis avec l'article séparé de " H " non aspiré.
On la trouve dans toutes les cartes récentes : Michelin état-major, Ministère de l'Intérieur, etc..., tandis que les cartes de Cassini (fin du XVIIIème siècle) portent l'Huis en un seul mot.
Les dictionnaires de la Nièvre, de Soultrait (1865) et de Vallières (1895), adoptent la forme moderne tandis que celui de Fay (1860) emploie toutes les graphies : l'Huis, l'Huy, l'Huie.
On peut dire que la séparation de l'article est relativement récente et que les formations anciennes sont Luie, Lhuie, Lhuye en un seul mot.

Origine gauloise

Daussat, le grand spécialiste en toponymie, suggère que Huis pourrait venir d'un mot gaulois Huxo : hauteur.
En dehors de toute considération philisophique, il ne semble pas que ce sens puisse convenir à nos "huis" qui sont bâtis aussi bien au fond des vallées que sur les sommets, et dont le peuplement se fait surtout dans le bas Morvan.

Origine latine

Si les noms des rivières, des montagnes sont souvent gaulois et même ligures, les noms des lieux habités viennent presque toujours du latin ou ont été romanisés. On a donc tout naturellement cherché une origine latine à nos Huis.
D'autant plus que l'ancien mot farnçais "Huis" vient tout de suite à l'esprit.
L'huis du Moyen-Age, de ossium, dans le sens de "porte", n'est plus employé que dans certaines locutions comme huis-clos.
Ce huis-porte peut-il être l'ancêtre de notre huis-maison.
Les partisans de cette étymologie, comme Dupin et, dans une certaine mesure, de Chambure, prétendent qu'il y a là un cas de synecdote ou de métonymie qui fait prendre la partie pour le tout. On dit qu'un hameau a tant de feux pour tant de maisons<.br> Pour donner plus de poids à cette interprétation, on dit que les chaumières morvandelles étaient très petites et que la porte unique avait grande importance.
D'autres pensaient que nos maisons ont pris le nom "huis" parce qu'elles se trouvent sur un passage etconstituent une porte.
Cela est vrai pour le seul Lhuis qui existe en dehors de notre région : lhuis, chef-lieu de canton de l'Ain. Un correspondant nous écrit : " Du fait de sa situation dominant le Dauphiné et de l'entrée du village par deux gorges très prononcées et très étroites, ce village est la porte du Bas-Bugey".<br< Est-ce bien le cas de nos "huis" ?
Un professeur d'université considère qu'il n'est pas impossible que "huis" vienne d' "Hospitale", mot latin qui à donner hôtel, maison privée.
Enfin, le vicomte Henri de Champ, soutenait avec énergie que "Luis" venait de locum : lieu. Il prétendait, non sans raison, qu'en patois on prononçait et on prononce encore "lieu" (exemple : l'Huis-le-Sâtre = Lieu-Recette).
Il n'est pas inutile qu'il existe, dans la Nièvre, trente-trois noms de lieux-dits portant le nom de lieu dans le sens de maison (exemple : Lieu-Moreau, ma maison Moreau ; Lieu-Brisset, pour la mason à Brisset).

Origine franque

Levainville, dans sa géographie humaine du Morvan, compare l'Huis au Hofen allemand. Bogros Edmond, invoquant l'autorité du dictionnaire Furetière, écrit : "Le mot "huis" viendrait de l'ancien saxon Huys, maison". et il admet que ce mot nous a été laissé par les Germains. De Chambure dans son Glossaire du Morvan indique aussi cette étymologie, sans prendre nettement parti.
L'auteur de cet exposé a vu sur des bureaux de poste de la Belgique flamande l'inscription Huis-Post. Les Flamands et les Hollandis, qui visitent notre région, trouvent aux Huis morvandeaux un air de leur pays.
Nos "huis" seraient-ils les cousins de l'huis flamand, de l'house anglais, de l'haus allemand?
En Flandre et en Allemange, huis a surtout été employé comme suffixe pour former les noms de lieux comme Chaphuise, Waldenhuise. Nos ancêtres éduens ont pu, en l'adoptant, l'employer d'une autre façon, à la mode de "chez" et des Meix. Mais comment expliquer cette intrusion d'un mot germanique dans notre pays?
Cette invasion des "huis" a très bien pu coï ncider avec l'invasion franque. Les historiens admettent généralement que le Morvan a été pénétré à l'est par les Burgondes, à l'ouest par les Francs, dans la vallée de l'Yonne.
Pénétration certainement moins imortante et moins profonde que le prétend Bogros Edmond, mais qui a pu correspondre à notre région des "Huis".