Le prieuré de l'Epeau

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Dès 1207, sur un épaulement dominant la Talvanne, en un lieu-dit appelé Latrèche, autrefois nommé Balucolis (marais) dépendant de la paroisse Saint-Pierre de Bagneaux, commença à s’élever les bâtiments d’une abbaye – maison du Prieur, église et bâtiments des moines.
Dans les plus anciens textes, elle figure sous les noms de Monasterium, Balicolis, Spallo, Monasterium Espallo avant de s’appeler l’Epeau.
Lorsqu’on visite les ruines de ce couvent, on est très étonné par les dimensions de son église :

longueur 53 m.
largeur 10 m. 50
collatéraux 5 m. 25
hauteur sous voûte 18 m.
hauteur de la lanterne 39 m.

Cette magnifique construction religieuse gothique, était, bien sûr destinée aux offices des moines, mais également à des cérémonies rassemblant la population de Donzy.
L’église de l’Epeau comprenait une nef de six travées bordées de bas-côtés, un transept sur lequel s’ouvraient quatre chapelles couvertes de voûtes d’ogives simples et une abside à pans coupés.
Ses chapiteaux avaient la simplicité cistercienne, n’étant ornés que de deux rangs de crochets en forme de bourgeon ou de feuille enroulée.
Seul subsiste un clocheton, avec une rambarde d’où on s’aperçoit qu’aucun assaillant ne pouvait approcher sans être vu du guetteur.

L’Epeau fut occupé par des religieux de l’ordre du Val-des-Choux(1) qui venait d’être établi dans le diocèse de Langres, dans la vaste forêt de Villiers-le-Duc à seize kilomètres de Châtillon-sur-Seine. Tout en suivant la règle cistercienne, cet ordre adopta plusieurs observances des Chartreux dont ils portaient l’habit notamment le privilège d’élire un général de l’Ordre et les franchises électorales de l’église primitive.
Fille du Val-des-Choux(1), l’Epeau devint maison-mère du monastère de Révillon près d’Entrains, de Plain-Marchais, paroisse de Lavau (Yonne) et du prieuré de Beaulieu près de Clamecy.
L’Epeau, plus tard, ne dépendit plus que de Citeaux. Cette abbaye fut la sépulture de la famille de la Rivière de Couloutre qui fut une de ses grandes bienfaitrices. Cette inscription «Cy gist Jean de la Rivière, fils aîné de Mr de la Rivière, escuyer », qui fut seigneur de la Rivière, Brion et Champlemy, lequel trépassa en 1327.
Dans une tombe difficile à lire, repose un confesseur de Louis XIV.

Le premier prieur fut frère Constant, qui reçut en 1209, d’Hervé, cent vingts muids de vin à prendre tous les ans sur ses vignes de Clamecy ; ces vignes passèrent dans les mains d’autres propriétaires mais les religieux conservèrent leurs droits qu’on appelait en cette ville « le dixième des moines de l’Epeau. » Cet usage se conserva jusqu'en 1660.
Mahaut de Courtenay rédigea son testament en présence du Prieur de l’Epeau et n’oublia pas ce monastère dans ses legs.
Après deux ans d’installation, les religieux s’aperçurent qu’ils ne pourraient pas vivre, faute de ressources suffisantes ; ils s’adressèrent donc aux fondateurs de leur couvent. Ceux-ci consentirent des avantages en nature : la propriété des moulins et du poisson de l’étang d’Entrains au lieu de dix muids de blé octroyés au préalable, l’usage des bois de Fléty pour la réparation desdits moulins au lieu d’une rente de 120 livres, vingt muids de vin de Clamecy et la dîme des anguilles pêchées dans l’étang de Donzy.

Les papes Honorius III et Innocent III confirmèrent ces libéralités et l’année suivante, Hervé reçut de Humbert, prieur général de l’ordre du Val-des-Choux(1) l’assurance d’un service perpétuel d’anniversaire à sa mort, en remerciement. Le 22 mars 1212, le prieur et les frères de la Maison Mère reçurent une Bulle du Pape Innocent III où Hervé et Mahaut étaient traités de pieux bienfaiteurs et où leur bonté était célébrée.

L’abbaye de l’Epeau fut pillée en 1568 par les hommes de main de Wolfgang de Bavière traversant le pays pour rejoindre l’armée protestante en Limousin et incendiée en 1569 par les protestants de La Charité-sur-Loire. Quoiqu’il fut réparé, ce monastère n’eut plus que des abbés commendataires qui vivaient à la Cour, en percevaient les revenus avec une telle rapacité qu’ils ruinèrent cette fondation dont l’activité se poursuivit tant bien que mal, jusqu’en 1790.
Un de ces abbés alla jusqu’à vendre les tuiles de l’abbaye laissant les pauvres moines dans le dénuement.

L’Epeau fut le but de processions pleines de majesté qui rassemblaient, le jour des Rogations, l’ensemble de la population de Donzy et des environs. Les jeunes filles suivaient la coutume qui consistait à s’agenouiller sur une certaine dalle pour obtenir, dans l’année, un heureux mariage.

  • Comme la Chartreuse de Bellary et le prieuré de Coche situé sur la commune de Vieilmanay et aujourd’hui complètement disparu, le prieuré de l’Epeau fut construit pour réhabiliter le mariage arrangé d’Hervé IV avec Mahaut célébré en 1199, sans dispense, alors que les liens du sang étaient proches. Ce n’est qu’une dizaine d’années après ce mariage qu’Hervé fait une demande de dispense au Pape Innocent III qui le ratifie par une Bulle de décembre 1213 à la condition que lui et son épouse fondent trois maisons religieuses de leur choix.

Il est inscrit aux Monuments Historiques par arrêté du 24 octobre 1927 et est la propriété d’une personne privée, Christine du Verdier de Genouillac.

(1) L’Ordre du Val-des-Choux devrait son nom à un simple frère convers de la Chartreuse de Lugny près de Châtillon-sur-Seine du nom de Viard ou Wiart. Se pensant appelé à une vie plus austère que celle qu’il menait à la Chartreuse, il demande à ses supérieurs d’en sortir et choisi de s’installer le 2 novembre 1193 dans une caverne située au milieu d’une épaisse forêt appelée le Val-des-Choux proche de Lugny. Attirant la curiosité des gens du pays il devient célèbre malgré lui. Son nom parvient jusqu’au duc de Bourgogne qui le visite et s’entretient quelquefois avec lui. Une guerre survient, le prince est sur le point de livrer bataille. Il fait vœu de bâtir un monastère dans le lieu habité par Viard s’il revient vainqueur. Il remporte la victoire et respecte sa promesse. Des disciples viennent se joindre à Viard. Il se forme alors une communauté pour laquelle des règles sont établies et d’autres établissements voient le jour. Une nouvelle société naît et prend le nom de l’Ordre du Val-des-Choux.
Cette origine est remise en cause car aucun texte ne la confirme. Cet Ordre aurait bien été fondé par un duc de Bourgogne du nom de Eudes mais bien avant que Viard y arrive et l’année de son arrivée serait plutôt 1293 que 1193, soit un siècle après la création de cet Ordre qui date de 1193 et qui a cessé d’exister en 1791.

Source

  • Extrait du livre de Jack Bierre Les Vies extraordinaires de HERVÉ IV Seigneur de Cosne, Baron de Donzy, Comte de Nevers et de MAHAUT DE COURTENAY son épouse.
  • Biographie universelle, ancienne et moderne tome 48 par Louis Gabriel Michaud.
  • Site Office du Tourisme de Donzy.
  • Base Mérimée.
  • Images : Web Croqueur, Office du Tourisme de Donzy, site Monumentum.
  • Martine NOËL 28 janvier 2018

Notes et références

Notes


References