Nevers Cour de l'Abbaye

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COUR DE L'ABBAYE à NEVERS

  • Donne rue Saint-Genest, n° 18, et est close par une belle grille en fer exécutée, en 1770, par Denis, serrurier.

    En entrant dans la cour, on a, sur la gauche, une maison neuve dont le pignon, qui donne sur un jardin, se fait remarquer par des colonnettes, etc. C'est l'ancienne chapelle romane dite de Saint-Michel dont l'abside avançait encore sur la voie publique en 1876, et qui dépendait du monastère des Bénédictines.
    En 624, Théodulphe Babolène, abbé de Saint-Maur-les-Fossés, à la sollicitation de Rauracus, évêque de Nevers, fonda sous les murs de la ville un monastère de femmes qui, d'après une charte de l'an 843, semble avoir été d'abord placé sous le nom de Saint-Genest ou Genes (comédien et martyr à Rome, est invoqué contre l'épilespie). Détruit par les Sarrasins, vers 743, il fut reconstruit par Saint Jérôme, évêque de Nevers (796 à 815) et occupé par des Bénédictines. C'est probablement alors qu'il prit le nom d'Abbaye Notre-Dame de Nevers. L'évêque Hériman, mort le 22 juillet 860, fut inhumé dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste, en l'église Notre-Dame.
    On raconte qu'en 852 les moines de Stades en Berry transportèrent à Saint-Pierre-le-Moûtier le corps de Saint Genoul, premier évêque de Cahors, pour le soustraire aux Normands qui ravageaient le pays. En 870, pensant n'avoir plus rien à craindre, ils quittèrent Saint-Pierre, y laissant quelques reliques de leur saint patron. Ils s'arrêtèrent à Nevers et donnèrent à l'Abbaye Notre-Dame un doigt du saint. Il paraît qu'un miracle eut lieu à cette occasion.
    En confirmant à l'église de Nevers ses anciennes possessions, le roi Charles-le-Gros désigna, en 888, Abbatia de Genesii et S. Mariæ Dei Genitrix in qua sanctimoniales femine Deo militant.
    Les deux églises de Saint-Genest et de Notre-Dame étaient près l'une de l'autre.
    Fromond, évêque de Nevers de 1121 à 1145, réunit dans le seul monastère de Notre-Dame les religieuses de Saint-Arigle, de Saint-Trohé, de Saint-Laurent, et de Saint-Genest.
    En 1478, un incendie général ayant détruit tous les lieux réguliers du monastère, la reconstruction s'opéra vite.
    Au XVIIème siècle il y avait encore une trentaine de religieuses professes. On en comptait seulement douze en 1746 et ce nombre resta stationnaire jusqu'à la Révolution.
    Le monastère comprenait tout le terrain situé entre la rue Saint-Révérien et la rue de la Porte-du-Croux en tournant le ruisseau de la Passière.
    Au dire de nos ancêtres, l'Abbaye Notre-Dame renfermait des richesses immenses et de précieuses reliques parmi lesquelles une petite ampoule pleine du sacré lait de la divine mère. L'église, rasée pendant la Révolution, avait servi de sépulture aux évêques Natran, mort le 24 février 986, et Geoffroy, mort le 14 février 1159, et à divers membres de la famille Andrault de Langeron.
    En 1619, on découvrit dans l'Abbaye Notre-Dame « un tombeau couvert d'une pierre d'environ six pieds de long. On y voyait une figure en bosse dont la tête porte une couronne radiale ou à pointe ; le corps est enveloppé d'un linceul qui descend jusqu'aux pieds et n'en laisse voir que l'extrémité ; les mains sont rapprochées l'une de l'autre au-dessous de l'estomac. On voit aussi sur les bras de cette figure une épée inclinée de la gauche à la droite et deux petits anges à côté de la tête qui paraissent encenser la figure. On trouva dans ce tombeau onze pièces de monnaie parmi lesquelles il y en a de Charles VII, de François Ier et de Henri II. Quelques antiquaires croient que ce tombeau est celui d'un comte de Nevers enterré en cette église au XIVème siècle et que les pièces de monnaie qui sont postérieures au XIVème siècle ont été jetées après coup dans ce monument ou y ont été cachées ».
    Le 30 septembre 1791, le Conseil général décide que la maison des ci-devant Bénédictines, offrant plus de ressources que la maison des ci-devant Récollets, serait choisie pour maison de réclusion des prêtres insermentés.
    Le 5 juillet 1877, M. Bouveault, architecte à Nevers, fit déposer au musée lapidaire un fragment d'inscription trouvé dans les travaux entrepris sur l'emplacement de la chapelle, dont j'ai parlé ci-dessus. Ce fragment d'inscription, peut-être antérieur au XIème siècle, avait été employé dans la construction de l'abside de la chapelle ; il est ainsi conçu :

BRIS AB ISTA
BLLAVE SEPVLCHR
SVSTINET HORA

Au mois de janvier 1923, en creusant des fondations, on découvrit, dans la cour de l'Abbaye, trois fragments de pierres tombales, paraissant remonter au XVIème siècle.

Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais -1923/T25