Nevers rue de la Porte du Croux

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RUE DE LA PORTE DU CROUX à NEVERS

  • Le ruisseau du Croux (rivulus credandi, croa, 1097, Croue, 1427), jadis émissaire de l'étang de la Passière, qui se jette dans la Loire, près la Tour Goguin, a donné son nom à ce quartier.
    On disait, en 1436, rue de la Porte-de-Croe, et, en 1523, rue de la Porte-du-Crost. Par la suite, on dit indifféremment rue du Croux (1549) ou rue de la Porte-du-Croux.
    La porte du Croux remonte probablement à 1194, date de l'enceinte construite par Pierre de Courtenay. En 1389, elle est appelée Porte es-Guesdons. Elle fut rebâtie en 1393 et à peu près terminée en 1398. En 1422, on met des chaînes et fait des barrières sur les fossés de Croe.
    Le boulevard fut fait en 1472. La porte fut murée en 1578 pendant les troubles. L'abbesse de Notre-Dame s'en servit alors, dit-on, pour y placer ses archives. Elle servit de magasin à poudres pendant la Révolution. Au début du XIXe siècle, elle fut, pendant quelque temps, le siège de la Loge maçonnique. En 1847, elle fut acquise par le baron de Vertpré qui en fit don à la ville. On y a installé un musée lapidaire qui mérite d'attirer l'attention des curieux. C'est le siège de la Société nivernaise des Lettres, Sciences et Arts.
    Cette porte est l'un des monuments les plus curieux de Nevers. L'ensemble de son architecture révèle le système de défense des places au début de l'usage du canon : d'abord un ouvrage avancé flanqué de deux tourelles en saillie et surmonté de solides créneaux, avec un pont-levis, puis un chemin étroit et coudé aboutissant à un profond fossé que remplissait toujours le ruisseau du Croux. Là se trouvait un second pont-levis, une porte, puis la herse pour intercepter le passage de l'ennemi qui aurait franchi tous ces obstacles.
    A plusieurs reprises, notamment en 1409-10, plusieurs sommations furent faites « aux gens de la paroisse de Marzy et des villages d'illec de venir ouvrer de corvée ès fossés de la porte de Croe, ainsi qu'aux paroissiens de Saint-Genest, Saint-Laurent et Saint-Sauveur ». C'était pour curer les fossés, opération fréquente au moment du danger.
    La route de Paris passait par la porte du Croux de toute ancienneté. En 1605, « on pave depuis la porte du Croue, en « tirant vers Saint-Benin qui était encore le chemin de Nevers à La Charité ». Peu après elle fut abandonnée pour celle de la Barre, car, dès 1581, ce n'était plus qu'un « mauvais chemin allant de la porte du Croux à Marzy, qui est le grand chemin de Bourges(1) ou chemin de Potencul ».
    Il y eut jadis dans cette rue une hôtellerie qui avait pour enseigne l' Image Saint-Georges (1647). Une autre auberge porta le nom du Bout du Monde, probablement parce qu'elle se trouvait sur les confins de la ville, dans un quartier devenu désert. Vers 1750, Perrony, ex-orfèvre, y fonda une manufacture qui porta le nom de Fabrique de faïences du Bout du Monde. La fabrique fut successivement dirigée par MM. Petit, Petit-Enfer, Signoret, Montagnon père et Montagnon fils. Elle occupe le n° 10 de la rue et s'étend jusqu'à la rue de Vertpré.

    (1) On passait la Loire en bac au « détroit de Givry » où, en 1644, on voit des hommes armés pour faire payer les droits aux marchandises voyageant par eau (Brackenhoffer, Voyage en France).

    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1927/T29