Immigration de 1800 à 1975:Les Polonais

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Arrivés pour beaucoup d’entre eux sous la monarchie de Juillet, les Polonais ne sont selon le recensement qu’un demi millier environ au milieu du siècle en Bourgogne, et n’y dépassent même pas les trois cents en 1866. Il s’agit surtout de réfugiés politiques fuyant en plusieurs vagues depuis 1831 la répression tsariste mais aussi de quelques ouvriers dont le déplacement semble mû d’abord par des motivations économiques et sociales, tel ce couple de manœuvres résidant à Auxerre avec leurs deux enfants en 1851.
Sous la monarchie de Juillet, les exilés politiques polonais sont répartis dans les « dépôts » de grandes villes comme Auxerre, Dijon ou Nevers mais aussi dispersés dans des communes plus petites pour éviter toute concentration potentiellement dangereuse.
Dans la Nièvre par exemple les autorités tentent de les fixer à Clamecy, Varzy où il existe un petit dépôt, Cosne, La Charité… On en compte environ 130, après l’arrivée, également en 1833, d’un groupe de 90 réfugiés en provenance de Besançon, Vesoul et Lons le Saunier. Une grande partie est originaire de la région de Varsovie, la Mazovie, et du nord du Pays.
Vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, un nouveau flux de migrants polonais parvient en Bourgogne. Ils travaillent notamment dans le secteur agricole, comme domestiques de ferme. Les entreprises industrielles occupant des Polonais demeurent rares : dans la Nièvre, seuls semble-t-il les établissements Magnard à Fourchambault en emploient au début du XXe siècle, ce qui n’est pas sans poser de problèmes avec les ouvriers français. En 1914, cette piste polonaise de recrutement est également explorée par les Houillères de Decize-La Machine.


La Nièvre connaît elle aussi une forte progression de l’immigration polonaise après 1921 du fait essentiellement de la demande des mines de La Machine. La croissance est comparable à celle de la Côte-d’Or : de 330 en 1921, ils passent à un peu moins d’un millier en 1926 et environ 2200 en 1931. En revanche, le reflux est brutal puisqu’ils reviennent à moins de 1800 cinq ans plus tard. Les mines sont de loin le premier employeur (302 actifs en 1926) devant l’agriculture (75 actifs en 1926). A La Machine, les premiers convois amènent des ouvriers polonais en provenance de divers horizons. Régis par des contrats de six à douze mois, ils sont passés par les centres de regroupement de Varsovie, Chestowova, Poznan. Presque tous sont manœuvres, anciens cultivateurs en Pologne, alors que les Houillères souhaitent une part de spécialistes (boiseurs, piqueurs) mais les ouvriers qualifiés westphaliens, et posnaniens croissent progressivement. Quand ils quittent La Machine, les Polonais partent généralement vers les grands centres miniers, les manœuvres pouvant également se diriger vers d’autres usines. En 1930, les destinations annoncées par les partants sont dans l’ordre décroissant le Nord-Pas-de-Calais, Paris (en fait des villes comme Saint-Denis, Aubervilliers ou Billancourt), le Doubs (vraisemblablement du fait de l’ouverture d’un chantier) puis dans une moindre mesure la Loire et l’Alsace-Lorraine. Sur le long terme, certains lieux semblent privilégiés, notamment parce qu’une population polonaise plus ou moins importante y séjourne : Monceau-les-Mines notamment mais aussi la mine de Faymoreau en Vendée. Les départs semblent particulièrement nombreux vers le milieu des années 1930. Les Polonais qui sont encore 1800 en 1934 à La Machine (856 hommes, 405 femmes et 605 enfants) ne sont qu’un peu plus de mille deux ans plus tard selon le Préfet.


Source : Informations et graphiques tirés de Histoire et mémoire des immigrations en région Bourgogne 2005/2008 - Pierre-Jacques Derainne