Commagny

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Le village de Commagny se situe à quelques kilomètres au sud de Moulins Engilbert, sur une petite hauteur jadis plantée en vignes et en arbres fruitiers.

Commagny vue générale.jpg

Histoire période de l'Antiquité

Il y eut là un sanctuaire gaulois, remplacé plus tard par un sanctuaire romain, et à côté duquel coulait et coule encore une source sacrée. Saint Martin, élève de Saint Hilaire, détruisit ce sanctuaire en l'an 376, lorsqu'il parcourut les contrées païennes du Morvan en brisant tout sur son passage.

En l'an 600, la reine Brunehilde achève l'abbaye de Saint Martin d' Autun et la dote de terres considérables . Commagny en fait partie et, à une époque incertaine, peut-être au IXème siècle, quelques moines de l'abbaye de Saint Martin d'Autun vinrent s'établir dans ce lieu et lui rendirent la vie en y élevant un cellarium qui fut peu à peu agrandi et qui devint un prieuré. Le prieuré de Commagny fut dédié à Saint Hilaire, le maître de Saint Martin, qui avait bien fait voir dans le pays que la force primait tout. La source qui se trouvait à côté du prieuré et à laquelle les gaulois puis les romains adressèrent leurs prières avec succès, fut placée sous le patronage de Saint Gervais et de Saint Protais.

Avoir une habitation et une source c'était beaucoup, mais ce n'était pas suffisant pour des moines, il fallait une chapelle. La chapelle fut élevée et dura jusqu'à ce que les ressources pécuniaires l'ayant permis, elle fut remplacée au XIIème siècle par une église dédiée à Saint Laurent.

Au Moyen Age

En 1161 l'église de Commagny est citée par Bernard, évêque de Nevers, parmi les églises de son diocèse qui dépendaient de l'abbaye de Saint-Martin d'Autun. Trois ans après, au mois d'avril 1164, Guillaume I, abbé de Saint-Martin, se rendit à Sens, auprès du pape Alexandre III, réfugié dans cette ville pour éviter les persécutions de Frédéric Barberousse, et lui fît renouveler les privilèges de son monastère. L'église de Commagny, ecclesia de Colmagniaco, est l'une de celles qui figurent dans la bulle du pape. L'église Saint-Laurent de Commagny devint vite paroissiale. Le prieur nomma le curé, mais si le prieuré dépendait de l'abbaye de Saint-Martin d'Autun, la paroisse était comprise dans le diocèse de Nevers et dépendit, plus tard, de l'archiprêtré de Moulins Engilbert. Garni de bois et de vignes, le territoire de la paroisse produisait surtout du seigle ; il est classé, par les géologues, dans le terrain jurassique avec pierres calcaires oolithiques et marnes. Du point de vue administratif, la paroisse de Commagny était comprise dans la Généralité de Moulins et dépendait du gouvernement, du bailliage et de l'élection de Nevers et du grenier à sel de Moulins Engilbert.

Commagny Cassini.jpg

La justice était partagée entre :

  1. le prieur et alors les appels ressortissaient au présidial de Saint Pierre le Moûtier ;
  2. le duc de Nevers et les seigneurs de Marry, Villaines, Couze, la Motte-Plessis, etc., dont les sentences étaient du ressort du bailliage ducal de Nevers.

Les habitants étaient jadis en grande partie de condition servile. Ce n'est que peu à peu, par suite d'affranchissements successifs, qu'ils devinrent plus libres. Attirés par les moines pour les aider à défricher et à cultiver la terre, ils se groupèrent sur certains points. Des besoins communs les rapprochèrent et les rapprochements créèrent peu à peu des intérêts communs. Si des affranchissements leur permirent de traiter leurs affaires personnelles avec plus de liberté, il ne semble pas qu'une charte de commune ait jamais été consentie au village de Commagny.

Le groupement, l'association, firent naître la communauté, et la communauté prit, pour ainsi dire, un commencement d'existence légale et financière, lorsque le curé mit à la charge de ses paroissiens l'entretien de l'église qui s'élevait au milieu d'eux. Se réunissant tous les dimanches à l'église, ils s'entretenaient, à la sortie des offices, de leurs affaires, et comme tous les édits, arrêtés et avis étaient publiés par le curé, celui-ci présida presque naturellement à leurs actes civils et religieux et l'assemblée paroissiale se confondit avec l'assemblée de la communauté. Cette assemblée de communauté devint pour ainsi dire légale lorsque la monarchie leva sur elle des impôts, lui imposa le logement militaire puis l'obligea à choisir les soldats de milice. Le jour où les habitants eurent à débattre des intérêts avec leur seigneur ou leur curé, ils songèrent à se donner un chef, un représentant qui fut connu, dans nos pays, sous le nom de syndic. Le syndic n'était pas un magistrat, il n'avait aucune prérogative, c'était simplement l'homme de confiance de la communauté qui lui donnait un mandat révocable à son gré. Ce n'est que dans les temps modernes que le syndic est à peu près reconnu par l'administration.

de la Renaissance aux temps modernes

Le dimanche 14 avril 1613, au devant de la grande et principale porte de l'église paroissiale de Commagny, à l'issue de la grand messe, honorable homme Guillaume Gueneau, syndic de ladite paroisse, interpelle tous les habitants, suivant la publication qu'il leur a fait faire cejourd'hui au prône de ladite grand messe, pour lui donner avis certain s'il doit plaider contre Claude Debard ou lui accorder diminution selon ses causes d'opposition. Une quinzaine de paroissiens, dénommés dans l'acte, déclarent que Claude Debard était trop chargé de tailles et qu'ils accordent qu'il soit diminué . Un habitant qui se trouvait trop imposé pouvait demander une réduction à la communauté et, en cas de refus, plaider contre elle. La taille était la principale contribution perçue dans les villages, espèce d'impôt sur le revenu, le travail et l'industrie, elle ne touchait ni les grands, ni les riches. L'intendant ordonnait aux syndics, aux collecteurs et aux habitants de lui fournir toutes les indications nécessaires pour la confection des rôles. Les officiers de l'élection se rendaient dans chaque localité dépendant de leur circonscription et recueillaient les renseignements utiles à la répartition de l'impôt, spécialement en établissant le nombre des feux de chaque communauté. M. d'Argouges, intendant de Moulins, dans son Procès verbal de la Généralité de Moulins, dit que Commagny avait 102 feux en 1686 et paya des tailles pour la somme de 1864, 1720, 1650 et 1650 livres pendant les années 1683 à 1685. Quel nombre d'habitants représentait ces 102 feux? Les auteurs ne sont pas d'accord sur le chiffre qu'on doit attribuer à chaque feu ; les uns comptent 7 personnes, les autres n'en comptent que 4. De plus, M. Doisy, directeur du bureau des comptes des parties casuelles du Roi, qui a refondu les différents dénombrements du royaume dans un énorme travail de 1128 pages , intitulé le Royaume de France et publié en 1743, indique que 56 feux pour le seul bourg de Commagny.

Outre les diverses charges imposées primitivement aux communautés vinrent s'ajouter celles nécessitées par les guerres continuelles. C'est Louis XIV qui établit le service obligatoire de la milice. On demanda d'abord à la communauté un homme qu'elle devait équiper et de contribuer aux frais généraux du bataillon dans lequel il était incorporé. Le 20 janvier 1691, les habitants de Commagny, pour obéir aux ordres du Roi et ordonnances de l'Intendant de Moulins en Bourbonnais du 26 décembre précédent, nommèrent à l'unanimité, pour soldat de milice de leur paroisse, Jean Bourgoin le jeune, fils de Jean Bourgoin l'aîné, tailleur d'habits au village de Cezeau, le jugeant "capable audit service, ayant l'âge et, n'étant pas marié" . Plus tard, le choix du milicien fut remplacé par le tirage au sort, espèce de servitude personnelle qui engendra un sentiment d'extrême répulsion dont les cahiers de 1789 se firent l'écho. A la Révolution, la paroisse devint une commune dont le territoire fut purement et simplement rattaché à celui de Moulins Engilbert. Le 7 mars 1790, les habitants, réunis à l'église, élisent leur municipalité et choisissent leur curé pour maire. En 1790, le prieuré et les jardins sont achetés par Jacques Massin, fermier à Marry, qui les revend dès 1793, à Hugues Besson, de Commagny, pour la somme de 6000 livres.

Les hameaux de la paroisse

D'après les inscriptions relevées dans les registres paroissiaux la paroisse comprenait :

1. Bourg de Commagny,
2. Babize,
3. la Brosse,
4. le Cézeau,
5. Champfourot,
6. Champgrisin , non localisé
7. Chandelier,
8. Chevalines, non localisé
9. le Clos des Pères Picpus de Moulins
10. Couze,
11. les Crots, Acroux ?
12. Dragne,
13. la Grétaude,
14. James
15. Marry,
16. la Motte Plessis,
17. le Moulin du Pré Gatault,non localisé
18. Mourceau,
19. les Oullières ou Houillières
20. le Pavillon,
21. la Perrière ou Les Perrières
22. la Praie ou la Praye
23. le lieu Renard , non localisé
24. Rue Chaude, existe toujours
25. Rue Coulon ou du Groseiller, existent toujours
26. Saint-Quentin,
27. la Sauve,
28. le Tauperet ,
29. les Vaud ou Les Vaux
30. Villaines,

La paroisse était donc très considérable. Peut-être que son enchevêtrement avec celle de Moulins a été une cause d'erreurs dans les dénombrements. Quoi qu'il en soit, la paroisse de Commagny comptait 892 habitants en 1789. Le dénombrement de 1895 donne 1760 habitants pour tous les hameaux, villages et écarts compris actuellement dans la commune de Moulins Engilbert. La carte actuelle ci-dessous fait prendre conscience de l'étendue de l'influence de la paroisse. Les lieux-dits y sont numérotés comme dans la liste. Moulins Engilbert, aujourd'hui chef lieu de canton n'avait qu'une taille et une influence subalternes.

Commagny carte ign.jpg

Aujourd'hui, on ne visite que l'église, toujours consacrée et qui accueille des concerts à la saison estivale. Elle fut classée Monument Historique en 1930.