Comices agricoles du canton de La Charité sur Loire

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C’est à partir de la seconde moitié du 19e siècle que les Comices agricoles vont apporter aux cultivateurs la considération à laquelle ils aspirent et donner à l’agriculture le « coup de fouet » qui permettra un développement aussi rapide que spectaculaire des techniques agricoles.


Adolphe Pierre, baron de Bourgoing, propriétaire à Mesves du domaine de Mouron, va créer, le 21 avril 1839, la première « Société agronomique » du département de la Nièvre, dans l’arrondissement de Cosne. Il est élu président de cette Société composée de 63 membres et organise la première « grande fête de l’agriculture », le 9 juin 1839 à Cosne. Le « Comice agricole » qui allait devenir très populaire était né ! Le 31 mai 1840, c’est la ville de La Charité qui a l’honneur d’accueillir le second Comice agricole. Ce fut un jour prestigieux pour « une foule accourue des communes les plus éloignées. Plusieurs cultivateurs du Cher avaient passé la Loire pour assister à cette réunion ».


Le président de Bourgoing ne cache pas sa satisfaction. L’impulsion donnée par le maire, les soins des autorités pour la construction d’une tente vaste et élégante destinée à contenir les spectateurs du concours (concours de labour vraisemblablement), la présence de la Garde Nationale, de l’artillerie, des Sapeurs-Pompiers, le zèle de la gendarmerie à cheval chargée de maintenir le bon ordre, les salves d’artillerie, les aubades des tambours, les symphonies d’une excellente musique, tout a concouru à donner à cette fête un caractère solennel.


Jusqu’en 1940, elle en recevra quinze, soit tous les 6 ans puisqu’il y avait six cantons dans l’arrondissement. Il y aura deux interruptions dues à la guerre de 1870 et à celle de 1914.


Les chars fleuris qui aujourd’hui sont l’attrait de chaque comice, ne faisaient pas partie de la fête agricole. Cette coutume est née après la guerre de 1940 mais la décoration de la ville accompagna dès le début les fêtes du Comice auxquelles participèrent, pour leur donner toute leur importance, les représentants des institutions officielles et des corps constitués.


Pour le Comice du 7 juin 1846, la commune a trouvé les fonds nécessaires pour que les deux tentes qui doivent être dressées « soient plus belles, plus ornées de guirlandes, plus dignes d’une ville comme La Charité ». Dès 7 heures du matin, une généreuse distribution de pain est été faite aux indigents et à 8 heures le tambour de ville bat le rappel pour annoncer le début de la fête.


En 1852, on a l’habile idée de choisir, pour la journée du Comice (8 septembre), le lendemain de la foire de septembre, l’une des plus importante du pays. Beaucoup de personnes appelées par les affaires séjournent dans la ville qui prend, dès le matin, un air de fête. Le cortège officiel se rend à l’église pour assister à la messe. Dans l’après-midi, des orchestres animent les danses publiques sur la « grande place » et dans les salles de danses. Sur le champ du concours, une grande tente est dressée, pavoisée de drapeaux bleu blanc rouge.


Le 8 septembre 1858 quelques Messieurs et un petit groupe de Dames agrémentent le chœur de l’église « d’une verte parure de guirlandes de feuillage qui relie entre elles les belles colonnes de style roman au devant desquelles se présente le maître-autel orné comme aux grands jours de fête ». La distribution des prix se fait sur une élégante estrade élevée par les Charitois à l’extrémité de la place de l’Hôtel de Ville.
Celui de 1864 aura lieu le 21 août.


Les comices agricoles se succèdent ainsi tous les 6 ans dans la même ferveur et accueillent une foule toujours très nombreuse. La décoration de la ville reste très soignée. Après la guerre de 1870, le comice apparaît comme « une véritable fête de famille ». Celui du 8 septembre 1878 est plus modeste, les paysans souffrant encore des séquelles de la guerre. Six ans plus tard, le 7 septembre 1884, tout semble effacé.
Celui de 1890 aura lieu le 7 septembre.


Pour celui du 13 septembre 1896, et pour finir le siècle en beauté, un accueil enthousiaste est réservé. Ce sont partout des mâts enguirlandés où flottent les trois couleurs, des arcs de triomphe monumentaux, des voûtes de feuillage, d’allées bordées d’arbres touffus. Même les quartiers les plus retirés se sont transformés sous les drapeaux et les feuillages… Le feu d’artifice promis sur la Loire, la fête nautique offerte à mille paires d’yeux émerveillés où quatre primes de 20, 15, 10 et 5 francs étaient remises aux bateaux les mieux décorés et illuminés étaient autant de rêves. L’ascension du mât de cocagne était récompensée par 30 francs de prix à se partager entre les plus habiles.


Le nouveau siècle était franchi ! Le dimanche 7 septembre 1902 les Charitois sont réveillés à 6 heures du matin par un carillon de cloches et des salves d’artillerie. La Charité n’est plus qu’une « voûte de verdures et de roses, de lanternes vénitiennes et de drapeaux ». Les fontaines lumineuses font l’admiration de tous. Les excellents vins exposés proviennent des coteaux de La Charité, Tracy et Mesves. Le président du Comice avait encouragé les cultivateurs nivernais à ne pas se laisse dépasser par les agriculteurs des autres départements. Pour cela, il fallait miser sur la qualité.

Le 6 septembre 1908 apparaissent dans le cortège officiel, les clairons et les tambours de la Société de Gymnastique. Les primes sont modestes car la Société du Comice a des difficultés financières mais on ne lésine pas sur les distractions ; huit barques brillamment illuminées se pavanent sur le fleuve. Sur un grand bateau escorté par une flottille composée d’un sous-marin, d’un canot et d’un cygne la Société Philharmonique a pris place.


La Charité devait organiser le comice du 6 septembre 1914. La guerre étant déclarée, il n’eut pas lieu. C’est donc à elle que revient l’organisation de celui de l’après-guerre. Il se tiendra le 14 septembre 1919. La ville s’est décorée très simplement. Les rues sont ornées de sapins embellis d’une multitude de roses en papier. Les spectateurs viennent moins nombreux, il y a peu de compétiteurs. Néanmoins le Conseil municipal a voté une somme de 600 francs « pour récompenser les exposants qui amèneraient des tracteurs agricoles ». Le 13 septembre 1925, La Charité a retrouvé tout son allant et se pare de ses plus beaux atours. Diplômes et médailles s’amoncèlent sur la table de la tribune. On peut remarquer trois belles faïences sorties des ateliers Montagnon de Nevers. Elles furent attribuées aux trois prix de culture.
Celui de 1931 aura lieu le 12 septembre.


Le 12 septembre 1937, on profite de la fête pour organiser une exposition commerciale et industrielle qui suscitera une vive curiosité. Des stands présentent des appareils de chauffage ainsi que l’électricité et ses applications multiples. Le Comice se met en frais pour offrir un déjeuner aux « Bons Serviteurs » du canton, à l’Hôtel du Lion d’Or. Pour la distribution des récompenses, les invités sont reçus dans la nouvelle salle des Fêtes.


Dans chacun de ces Comices agricoles, il y avait un moment particulièrement espéré qui, certes ne concernait pas toute la population mais, au moins, tous ceux qui comptaient dans le canton : c’était le banquet officiel. S’y retrouvaient le bureau du Comice, le Préfet, le Député, le Sous-Préfet, le Président du Tribunal, le Procureur, le Juge de Paix, les Présidents de Sociétés et d’Associations, les membres des jurys, les pompiers et les gendarmes ainsi que d’autres personnalités. On comptait entre 80 et 100 convives. Certains furent organisés à l’Hôtel du Grand Monarque (1852), dans la « grande salle de l’ancien couvent » (1858), à l’Hôtel du Dauphin (1908), à l’Hôtel de la Gare (1919), à l’Hôtel Terminus (1925) et, en 1937 dans les nouveaux locaux de l’Hôtel du Grand Monarque avec une superbe vue sur la Loire.


Pour la population, une des manifestations les plus captivantes du Comice était le concours de labour. À l’heure dite, le cortège officiel se mettait en route vers le champ du concours, précédé de la gendarmerie ou encadré par la Compagnie de Sapeurs-Pompiers et accompagné par la Société philarmonique. La foule emboîtait le pas. Sur le champ était dressée une vaste tente richement décorée qui abritait les officiels, les notables et leurs dames. Les spectateurs étaient répartis sur toute l’étendue du terrain. Les charrues entraient en lice. Au roulement de tambour, les labours commençaient. Il y avait les charrues à bœufs, les charrues à chevaux, les petites charrues attelées de vaches ou d’ânes, les charrues Brabant conduites par un seul homme. Il fallait que les laboureurs « tirent la raie » bien droite. De leur côté, les divers jurys d’examen visitaient les espèces bovine, chevaline, ovine, porcine et les nombreux instruments d’agriculture exposés. Le public, en fin connaisseur, jaugeait, estimait…


À travers les discours prononcés lors de la remise des récompenses et en fin de banquet, on assiste à l’évolution de l’état d’esprit de la population agricole, à l’émergence de nouvelles techniques et à la création de nouvelles institutions. On constate aussi, au fil des années, une multiplication des catégories récompensées, en fonction de l’intérêt de plus en plus grand qu’on accorde à la diversité des ressources et des activités du monde agricole. Ainsi, à La Charité, en 1840 les récompenses étaient données à six catégories seulement :

  1. aux propriétés dont l’ensemble est le plus soigné,
  2. aux domestiques de ferme pour leur temps de travail dans une même exploitation agricole,
  3. aux meilleurs labours et attelages,
  4. aux bovins,
  5. aux béliers,
  6. à la race chevaline.


En 1858, on a ajouté : l’horticulture, le drainage, les instruments agricoles.
En 1878 : l’exploitation viticole, l’enseignement agricole, la maréchalerie, l’arboriculture, les produits divers (beurre, fromage, basse-cour, grains, racines).
En 1902 : les engrais chimiques.
En 1925 : les familles nombreuses restées attachées à la terre.
En 1937 : la très grande culture, exploitation de plus de 100 ha.

Sources

  • Brochure de l'association Les Amis de La Charité-sur-Loire
  • Martine NOËL (discussion) 24 avril 2021 à 12:18 (CEST)

Notes et références

Notes


References