« Affaires au 19ème siècle » : différence entre les versions

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==1828 - Double parricide aux Bruyères-Radon==
===<font color="blue">1828 - Double parricide aux Bruyères-Radon</font>===
A l'audience du 22 août 1840, la Cour d'Assises de Nevers examine pour la seconde fois une affaire vieille de 12 ans. Le matin du 1er juillet 1828, dans le hameau des Bruyères-Radon, la petite fille des époux Vincent découvre un horrible carnage : sa grand-mère est étendue morte au milieu de la cuisine, le crâne ouvert ; son grand-père est mort dans son lit, du sang macule draps et vêtements.<br> L'affaire est jugée une première fois. Deux suspects ont été arrêtés : ce sont Philippe et Jacques Vincent, les fils des victimes, tous deux mariés et résidant dans le hameau. Mais les juges ne disposent pas de preuves convaincantes de leur culpabilité, et ils bénéficient d'un non-lieu.<br> En 1840, Philippe et Jacques Vincent sont à nouveau arrêtés. Cette fois, la justice a réuni des témoignages accablants. Après un long silence, les voisins ont décidé de parler. Un témoin aurait entendu la conversation suivante : « ''Je n'ose frapper la mère, aurait dit le plus jeune. Eh bien ! je m'en charge, aurait répondu l'aîné, toi, tu tueras le vieux !'' » Pendant la nuit du meurtre, Philippe Vincent serait venu allumer sa chandelle chez un voisin, et celui-ci aurait remarqué des taches de sang sur son gilet. Le lendemain, les villageois auraient trouvé Jacques Vincent bien pâle et bien abattu.<br> La Cour d'Assises déclare que les deux frères Vincent sont coupables, mais qu'ils bénéficient de circonstances atténuantes. Ils sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité et à l'exposition en place ducale<small><sup>(2)</sup></small>.<br> Ce jugement produit une fâcheuse impression sur le public : si les frères Vincent ont réellement assassiné leurs parents, ils méritent la mort ; le tribunal a craint de trop se désavouer en donnant deux verdicts contradictoires. Pour le journaliste de ''L'Association'', les frères Vincent sont de parfaits criminels : « ''la figure anguleuse, le front aplati, les yeux de vautour roulant d'une manière effrayante dans leur orbite, le nez aquilin courbé comme le bec d'un oiseau de proie, les lèvres pincées'' », ils ont toutes les caractéristiques du gibier de potence et ils ne sauraient être punis assez sévèrement<small><sup>(3)</sup></small>.<br> Le 20 décembre suivant, Jacques et Philippe Vincent sont embarqués dans le fourgon cellulaire n° 9 à destination de Toulon.
*A l'audience du 22 août 1840, la Cour d'Assises de Nevers examine pour la seconde fois une affaire vieille de 12 ans. Le matin du 1er juillet 1828, dans le hameau des Bruyères-Radon, la petite fille des époux Vincent découvre un horrible carnage : sa grand-mère est étendue morte au milieu de la cuisine, le crâne ouvert ; son grand-père est mort dans son lit, du sang macule draps et vêtements.<br> L'affaire est jugée une première fois. Deux suspects ont été arrêtés : ce sont Philippe et Jacques Vincent, les fils des victimes, tous deux mariés et résidant dans le hameau. Mais les juges ne disposent pas de preuves convaincantes de leur culpabilité, et ils bénéficient d'un non-lieu.<br> En 1840, Philippe et Jacques Vincent sont à nouveau arrêtés. Cette fois, la justice a réuni des témoignages accablants. Après un long silence, les voisins ont décidé de parler. Un témoin aurait entendu la conversation suivante : « ''Je n'ose frapper la mère, aurait dit le plus jeune. Eh bien ! je m'en charge, aurait répondu l'aîné, toi, tu tueras le vieux !'' » Pendant la nuit du meurtre, Philippe Vincent serait venu allumer sa chandelle chez un voisin, et celui-ci aurait remarqué des taches de sang sur son gilet. Le lendemain, les villageois auraient trouvé Jacques Vincent bien pâle et bien abattu.<br> La Cour d'Assises déclare que les deux frères Vincent sont coupables, mais qu'ils bénéficient de circonstances atténuantes. Ils sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité et à l'exposition en place ducale<small><sup>(2)</sup></small>.<br> Ce jugement produit une fâcheuse impression sur le public : si les frères Vincent ont réellement assassiné leurs parents, ils méritent la mort ; le tribunal a craint de trop se désavouer en donnant deux verdicts contradictoires. Pour le journaliste de ''L'Association'', les frères Vincent sont de parfaits criminels : « ''la figure anguleuse, le front aplati, les yeux de vautour roulant d'une manière effrayante dans leur orbite, le nez aquilin courbé comme le bec d'un oiseau de proie, les lèvres pincées'' », ils ont toutes les caractéristiques du gibier de potence et ils ne sauraient être punis assez sévèrement<small><sup>(3)</sup></small>.<br> Le 20 décembre suivant, Jacques et Philippe Vincent sont embarqués dans le fourgon cellulaire n° 9 à destination de Toulon.


*Journal ''L’Association'', 23 août 1840
*Journal ''L’Association'', 23 août 1840
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*Pierre Volut, ''Decize et son canton au XIXe siècle et à la Belle Epoque'', p. 77.
*Pierre Volut, ''Decize et son canton au XIXe siècle et à la Belle Epoque'', p. 77.


===<font color="blue">1834 - Assassinat à [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]] de Pierre RIZOT par André DUMAS</font color="blue">===  
==1834 - Assassinat à [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]] de Pierre RIZOT par André DUMAS==  
*[[Cercy la Tour|<u>Cercy-la-Tour</u>]]. Dans la nuit du 27 au 28 avril, le sieur Rizot Pierre, laboureur, âgé de 25 ans, a été assassiné à [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]] ; l'auteur de ce crime est le nommé Dumas André, pionnier, âgé de 26 ans, lequel a été immédiatement arrêté et mis à la disposition de M. le Procureur du Roi à [[Nevers|<u>Nevers</u>]]. On donne sur ce malheureux événement les détails suivants :<br>
*[[Cercy la Tour|<u>Cercy-la-Tour</u>]]. Dans la nuit du 27 au 28 avril, le sieur Rizot Pierre, laboureur, âgé de 25 ans, a été assassiné à [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]] ; l'auteur de ce crime est le nommé Dumas André, pionnier, âgé de 26 ans, lequel a été immédiatement arrêté et mis à la disposition de M. le Procureur du Roi à [[Nevers|<u>Nevers</u>]]. On donne sur ce malheureux événement les détails suivants :<br>
::Le 27, à dix heures du soir, Rizot, Dumas et deux autres pionniers travaillant au [[Canal du Nivernais|<u>canal du Nivernais</u>]], et revenant de [[Decize|<u>Decize</u>]], arrivèrent à [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]] où ils s'arrêtèrent pour dîner dans l'auberge du sieur Rista. Après le repas, et à la suite d'une discussion qu'avait provoquée une chanson, Rizot donna un coup de poing à Dumas qui, de suite, éteignant la chandelle, saisit un couteau, en porta plusieurs coups à Rizot, et s'élança hors de la maison. Le cabaretier ayant rallumé la chandelle, on vit le malheureux Rizot étendu mort et baigné dans son sang, qui coulait à grands flots de trois blessures affreuses, dont deux au menton et une à la gorge. Les témoins de cette horrible scène se sont rendus sur-le-champ chez le maire qui, aidé de la garde nationale, est parvenu à s'emparer du meurtrier. Interrogé s'il était l'auteur du crime, il a répondu affirmativement, en ajoutant qu'il avait agi sans savoir ce qu'il faisait, et en se rejetant sur son état d'ivresse. Les personnes qui connaissent parfaitement Dumas ont déclaré qu'il est d'un caractère violent, emporté, très méchant, et redouté de tous les habitants.<br>   
::Le 27, à dix heures du soir, Rizot, Dumas et deux autres pionniers travaillant au [[Canal du Nivernais|<u>canal du Nivernais</u>]], et revenant de [[Decize|<u>Decize</u>]], arrivèrent à [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]] où ils s'arrêtèrent pour dîner dans l'auberge du sieur Rista. Après le repas, et à la suite d'une discussion qu'avait provoquée une chanson, Rizot donna un coup de poing à Dumas qui, de suite, éteignant la chandelle, saisit un couteau, en porta plusieurs coups à Rizot, et s'élança hors de la maison. Le cabaretier ayant rallumé la chandelle, on vit le malheureux Rizot étendu mort et baigné dans son sang, qui coulait à grands flots de trois blessures affreuses, dont deux au menton et une à la gorge. Les témoins de cette horrible scène se sont rendus sur-le-champ chez le maire qui, aidé de la garde nationale, est parvenu à s'emparer du meurtrier. Interrogé s'il était l'auteur du crime, il a répondu affirmativement, en ajoutant qu'il avait agi sans savoir ce qu'il faisait, et en se rejetant sur son état d'ivresse. Les personnes qui connaissent parfaitement Dumas ont déclaré qu'il est d'un caractère violent, emporté, très méchant, et redouté de tous les habitants.<br>   


:::(L'Écho de la Nièvre, n°8, dimanche 4 Mai 1834)
*(L'Écho de la Nièvre, n°8, dimanche 4 Mai 1834)


'''Assises : Affaire Dumas à [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]].'''<br>
==Assises : Affaire Dumas à [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]]==
Cour d'assises de la Nièvre. Séance du 5 [août 1834] deuxième affaire.<br>  
Cour d'assises de la Nièvre. Séance du 5 [août 1834] deuxième affaire.<br>  
*André Dumas, âgé de 26 ans, terrassier, était accusé d'avoir donné la mort à un jeune homme de [[Cercy la Tour|<u>Cercy-la-Tour</u>]] nommé Rizot. Le dimanche 27 avril au soir, Dumas et Rizot étaient entrés dans un cabaret de [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]]. Là, une querelle s'étant engagée entre eux pour un motif assez futile, Rizot donna un coup de poing à Dumas, qui riposta en frappant son adversaire de trois coups de couteau, dont l'un l'atteignit à la gorge, ouvrit l'artère carotide, et occasionna sur-le-champ le décès de Rizot. Déclaré coupable par le jury, Dumas a été condamné à six mois de prison.
*André Dumas, âgé de 26 ans, terrassier, était accusé d'avoir donné la mort à un jeune homme de [[Cercy la Tour|<u>Cercy-la-Tour</u>]] nommé Rizot. Le dimanche 27 avril au soir, Dumas et Rizot étaient entrés dans un cabaret de [[Verneuil|<u>Verneuil</u>]]. Là, une querelle s'étant engagée entre eux pour un motif assez futile, Rizot donna un coup de poing à Dumas, qui riposta en frappant son adversaire de trois coups de couteau, dont l'un l'atteignit à la gorge, ouvrit l'artère carotide, et occasionna sur-le-champ le décès de Rizot. Déclaré coupable par le jury, Dumas a été condamné à six mois de prison.
   
   
:::(L'Écho de la Nièvre, n°31 14 août 1834)<br>
*(L'Écho de la Nièvre, n°31 14 août 1834)<br>
*Relevé de Pierre Volut


Relevé de Pierre Volut
==1845 - Jarreau, Marie Meunier et le bébé==
Cour d’assises de la Nièvre, audience du 24 février 1845.


===<font color="blue">1871 - La ''passion bestiale'' de Gabriel Vaché</font>===
Infanticide. Deux accusés.
*Le 8 juin 1871, c'est la fête patronale à Anlezy. Les femmes Pasquet sont venues de Nevers avec leur petit âne. Elles vendent des gâteaux, des confiseries et tiennent une loterie. Le 9 juin, vers deux ou trois heures du matin, elles reprennent la route de Nevers. C'est alors qu'elles croisent Gabriel Vaché, un jeune ouvrier agricole de 23 ans, qui se rend chez ses parents à Ville-les-Anlezy.<br>
*Les femmes Pasquet l'auraient traité de ''mandrin'' et l'insulte a rendu fou ce garçon que son entourage décrit comme dur, brutal, peu intelligent. Il rejoint le domicile familial, refuse de manger la soupe que lui propose sa mère, saisit le fusil accroché à un clou et part sans répondre aux questions de son père. Ce dernier lui emboîte le pas mais il est très vite distancé. Quelque temps plus tard, il entend un coup de feu du côté d'Anlezy ; il pense d'abord que son fils braconne, puis il presse la marche, craignant un suicide de son fils.<br>
*Quand le père Vaché arrive sur les lieux du drame, il s'écrie : « ''Nous sommes déshonorés ! Mon fils a tué une femme !'' » En fait, il y a deux cadavres. La femme Pasquet gît étendue au milieu de la route, la face contre terre, le crâne fracassé. Quelques mètres plus loin, dans le fossé, sa fille est couchée, la tête relevée sur le talus, le corps replié et dénudé des pieds à la ceinture. Non loin de là, le fusil est démonté : la crosse a servi à tuer la jeune fille et, sans doute, à achever la mère. Le meurtrier s'est enfui dans les bois.<br>
*Gabriel Vaché n'est pas loin. Pendant cinq jours, il erre, se nourrit de fruits sauvages et rôde autour de la maison familiale. Les gendarmes le retrouvent et le conduisent en prison. Le procès a lieu le dix août. Vaché adopte un système de défense incohérent. Il prétend d'abord qu'il se rendait à Imphy pour se faire embaucher et qu'il a dû se battre contre un agresseur inconnu ; l'agresseur n'existant pas, il reconnaît qu'il a été insulté à plusieurs reprises par deux femmes, qui se seraient jetées sur lui. La cour d'assises le condamne aux travaux forcés à perpétuité. Dans les conclusions du tribunal, le motif reconnu du double assassinat est le viol, « ''le désir effréné d'assouvir une passion sauvage et bestiale''. »


Pierre Volut, ''Decize et son canton au XIX<small><sup>e</sup></small> siècle''.
Marie Meunier était depuis quinze mois au service de Jacques Jarreau, cultivateur à [[Colméry]], lorsque, dans le nuit du 5 au 6 septembre dernier, elle accoucha mystérieusement d’un enfant du sexe féminin.


===<font color="blue">1873 - Macabre découverte à Devay</font>===
La grossesse de Marie Meunier était connue de tous, quoiqu’elle l’eût constamment cachée. Son état de pâleur et de faiblesse, le lendemain de l’accouchement, frappa tous les yeux ; on conçut des soupçons, l’autorité fut avertie : une information commença.
*Le matin du 15 août 1873, les voisins de la femme Caron découvrent son cadavre gisant au milieu d'une chambre. Elle était seule chez elle. Son mari l'avait quittée la veille pour se rendre à [[Decize|<u>Decize</u>]] où il avait des affaires importantes à conclure. Le docteur Gros et les gendarmes de [[Decize|<u>Decize</u>]] examinent la malheureuse qui porte quatre blessures à la tête, dont trois ont fracturé le crâne. Ces coups ont été donnés par un objet contondant, que les enquêteurs ne peuvent encore déterminer.<br>
*Près du cadavre, une armoire est ouverte. Du linge est éparpillé sur le sol. Lorsque le mari revient, il constate qu'une somme de 650 francs a été dérobée ; les billets étaient cachés entre deux piles de draps. Seul un familier de la maison a pu commettre ce vol et cet assassinat.


===<font color="blue">1882 - Le drame de Château-Chinon</font>===
Marie Meunier, interrogée par M. le juge de paix de [[Donzy]], essaya d’abord de nier. Mais vivement pressée par le magistrat, elle finit par le conduire dans une cave dépendant de l’habitation de son maître, où l’on trouva enfoui dans la terre, et recouvert de deux grosses pierres, le cadavre de l’enfant qu’elle avait mis au jour. Il était enfermé dans la partie inférieure d’un sac de grosse toile, la tête et les jambes fléchies vers le tronc, et le tout entouré d’une corde.
Le même jour [lundi 20 mars], une rixe a eu lieu à Château-Chinon, entre les nommés Jean-Marie MOREAU et Pierre SADORGE, âgé de 33 ans, couvreur. Au cours de la lutte, ce dernier reçut de son adversaire un coup de couteau qui lui trancha une artère de la cuisse.<br>
Transporté à son domicile, il rendait le dernier soupir 6 heures après. MOREAU a été immédiatement arrêté.


Le Journal de la Nièvre - 22/03/1882
Cette découverte avait lieu le 20 septembre, et déjà le cadavre était arrivé extérieurement à un état de putréfaction fort avancé. Aussi l’on ne put découvrir s’il existait sur le corps quelque trace de violence. Toutefois, l’autopsie qui fut confiée à un homme de l’art, et l’examen du cerveau, injecté de sang, aussi bien que les expériences hydrostatiques qui furent faites sur le cœur et les poumons amenèrent cette conclusion du médecin que l’enfant était né à terme, viable, qu’il avait respiré, et que la mort avait été nécessairement le résultat d’une asphyxie par défaut d’air respirable.


Nous sommes en mesure, aujourd'hui, de compléter les renseignements que nous avions reçus mardi sur le meurtre commis à Chateau-Chinon sur la personne du sieur Pierre SADORGE.<br>
Ceci démontré, restait à obtenir de la fille Meunier l’aveu de son crime. Elle nia encore.
Dans la nuit de dimanche à lundi, une rixe avait lieu entre les sieurs MOREAU, cultivateur aux Gargouillas, et Pierre BERNIER, garde-champêtre de la commune de Chateau-Chinon-Campagne. Plusieurs personnes qui passaient à quelque distance des combattants, entre autres les nommés SADORGE, DIOTDOLENSKI et NAVETTE, voulurent s'interposer pour mettre fin à la lutte. MOREAU, armé d'un couteau, tourna alors sa colère contre eux.<br>
SADORGE, on le sait, blessé mortellement à l'aine, s'affaissait, perdant tout son sang. Pendant ce temps, ses camarades cherchaient à maintenir MOREAU; mais à leur tour, ils furent frappés, l'un au bras droit, l'autre dans les reins et au bras.<br> Néanmoins, leurs blessures, quoique graves, ne mettent pas leurs jours en danger. Le malheureux SADORGE laisse une veuve et 4 enfants à bas âge.


Le Journal de la Nièvre – 24/03/1882
Suivant elle, quand elle fut surprise par les douleurs de l’enfantement, elle appela à son aide Jacques Jarreau, le père de son enfant, couché près d’elle dans la même chambre. Jarreau se serait levé, elle l’aurait vu couper le fond d’un sac, et à peine accouchée, y placer l’enfant et disparaître avec lui. Vainement depuis elle lui aurait redemandé son enfant :<br>
:''Il est mort, ne t’en occupe plus'' : voilà la réponse qu’elle obtenait. Ce n’était qu’au bout de quelques jours qu’il lui apprenait dans quel lieu son enfant était enseveli.


===<font color="blue">1882 - L'assassinat du Mont-Chenu</font>===
Jarreau, à son tour, tout en avouant ses liaisons avec sa servante, nie avoir eu connaissance de sa grossesse, nie avoir assisté à son accouchement. Si elle est accouchée dans la chambre qu’il occupe, c’est pendant son premier sommeil, et il n’a rien entendu. Et puis, dans le trajet de [[Colméry]] à la prison de [[Cosne sur Loire|Cosne]], la fille Meunier lui a fait l’aveu qu’elle était sortie de la chambre pendant qu’il dormait, et était allée accoucher dans la grange. Impossible pour lui dès lors qu’il eût pris part à l’infanticide reproché à tous deux.
Dans la nuit de samedi à dimanche, une malheureuse femme de 78 ans, Mme Madeleine DESCHEAUX, veuve SIMON, rentière, a été assassinée dans sa maison où elle vivait seule, au village du Mont-Chenu, commune de Saint-Saulge.
Les meurtriers, après avoir tenté d'abord de l'étrangler avec un drap trouvé dans la maison, l'ont achevée en l'étouffant sous un coussin de canapé.


C'est dans cet état qu'elle a été trouvée le matin par une femme qui faisait ordinairement son ménage.
Telles sont les versions contradictoires des deux accusés, version qui ont servi de base à leurs différents systèmes de défense.
Une armoire ouverte et tout son contenu en désordre indiquaient suffisamment le mobile de l'assassinat. Une somme considérable, 20 ou 30,000 francs, renfermée, dit-on, dans ce meuble, aurait été emportée par les assassins.


A la première nouvelle du crime, le parquet de Nevers, accompagné de M. le docteur SUBERT et de la gendarmerie, s'est transporté à Mont-Chenu et a commencé une enquête, à la suite de laquelle deux individus ont été arrêtés.
Mais l’accusation répondit à Marie Meunier :


Le Journal de la Nièvre - 01/02/1882
:Vous aviez conçu par avance la pensée du crime, car vous avez constamment celé votre grossesse. Vous, déjà mère d’un premier enfant qui absorbe toutes vos ressources, vous n’aviez rien préparé pour recevoir le second, qui devait être pour vous un fardeau bien lourd, et cette négligence implique de votre part le projet de vous en défaire.


Nous complétons aujourd'hui les renseignements que nous avons publiés dans notre dernier numéro, sur l'assassinat du Mont-Chenu.
Enfin, dans votre lit, sur les linges qui s’y sont trouvés, on a reconnu des traces de méconium. Donc l’enfant a séjourné dans votre lit ; donc il n’a pas été emporté à votre insu pendant que vous étiez au milieu de la chambre livrée aux douleurs de l’enfantement.


Les assassins, pour pénétrer dans la maison de la veuve SIMON, ont brisé, à l'aide d'un marteau et d'une pince de carrier - trouvée près d'une haie, à peu de distance de l'habitation - la pierre de taille inférieure de la fenêtre d'un bûcher, puis ils ont descellé les deux barreaux en fer qui s'opposaient à leur passage. Une fois introduits dans cette pièce, ils ont forcé la serrure de la porte donnant accès à la chambre à coucher de la veuve; ils l'ont surprise au lit et l'ont étranglée, puis, comme nous l'avons expliqué, ils ont eu recours à un autre et plus expéditif procédé, et ont étouffé leur victime.
L’accusation répondait à Jarreau :
La malheureuse femme a été enlevée de son lit et traînée au milieu de la chambre. Le linge ayant servi à perpétrer le crime était resté autour du cou de la victime; son visage portait de nombreuses traces de violence.


Le contenu de l'armoire, dans laquelle était enfermé le trésor convoité par les assassins, avait été bouleversé; plusieurs sacs d'écus et de louis avaient été vidés et jetés pêle-mêle avec le linge.
:Vous n’avez pu ignorer la grossesse de Marie Meunier, puisque vous cohabitiez avec elle ; vous n’avez pu l’ignorer lorsque sans cesse on vous en avertissait par des propos railleurs.
Les malfaiteurs, craignant sans doute d'être surpris, avaient négligé de s'emparer de 4 rouleaux d'or de 1,000 fr. chacun et de plusieurs billets de 500 fr., retrouvés par els magistrats; ils ont opéré leur fuite par la fenêtre d'un cabinet attenant à la chambre à coucher.


Deux proches voisins de la veuve SIMON, gendres de la femme de ménage de cette dernière, ont été arrêtés. Un autre individu, un vagabond qui avait passé la nuit aux environs de St Saulge, a été arrêté à Clamecy par ordre du parquet de cette ville; il a été transféré ce matin à Nevers.
Vous n’avez pu ignorer l’accouchement, car il a eu lieu en votre présence, dans un lit qui touche presque le vôtre, dans le cours d’une nuit, où vous-même avouez vous être levé deux fois.


La veuve SIMON, nous affirme un de nos correspondants, était âgée de 84 ans et non 78; elle possédait de la fortune et n'avait jamais vécu en bonne harmonie avec son mari, décédé depuis quelque temps, pas plus qu'avec ses enfants.
Vous n’avez pu ignorer le crime, car ce n’est pas Marie Meunier seule qui a pu, au milieu des souffrances et de la faiblesse inséparables de sa position, placer l’enfant dans un sac, le couper, le lier, le porter dans la cave, lui creuser une fosse, après avoir arraché deux pierres pesantes et les replacer sur le cadavre.


Le Journal de la Nièvre - 03/02/1882
M. Baille de Beauregard, avec une logique serrée mais empreinte de modération, a développé toutes les charges de l’accusation.


===<font color="blue">1882 - Une sinistre découverte à Chateau Chinon</font>===
M<sup>e</sup> Girard et M<sup>e</sup> Lebas, à leur tour, dans l’intérêt des accusés, ont réfuté avec leur talent connu tous les arguments du ministère public. Leur ministère était d’autant plus difficile et pénible que les accusés se rejetaient le crime l’un à l’autre.
L'Echo du Morvand rapporte que des maçons, en construisant un mur dans un jardin à Château Chinon,eurent à fouiller une fosse d'aisances abandonnée depuis longtemps. Quelle ne fut pas leur stupéfaction lorsqu'ils trouvèrent enfouis dans cette fosse deux squelettes humains, dont un que l'on put reconnaître pour celui d'une femme aux longs cheveux encore fixés après le crâne ? A côté se trouvait un bâton après lequel adhéraient encore, dit-on, quelques cheveux.
On se perd en conjectures sur cette trouvaille, et il est difficile de fixer un âge à ces squelettes. On sait que la matière fécale conserve les cadavres, et c'est ce qui expliquerait l'adhérence des cheveux au crâne de la femme. Il est visible toutefois que ces deux squelettes datent d'une époque déjà très reculée.<br>
Il résulte de nos renseignements particuliers que la maison dans laquelle la découverte a été faite appartient depuis 1874 seulement à Mgr CORTET, évêque de Troyes. Depuis 1811, cette maison avait été occupée successivement par de nombreux locataires.<br>
M. le docteur BOGROS, qui a assisté la justice dans son information, a déclaré que les ossements recueillis étaient enfouis depuis plus de 50 ans et qu'ils étaient ceux d'un vieillard et d'une jeune femme. On ne se rappelle pas à Château-Chinon avoir jamais entendu parler de disparition de personnes.


Le Journal de la Nièvre – 07/05/1882
Après un résumé qui n’a pas duré moins de trois quarts d’heure, les jurés sont entrés dans la chambre de leurs délibérations. À sept heures un quart, ils ont rapporté un verdict affirmatif sur la question relative à Jacques Jarreau, et négatif sur les questions concernant Marie Meunier. En conséquence, cette dernière a été mise sur-le-champ en liberté.


Nous recevons communication de la note suivante avec prière de l'insérer :<br>
Quant à Jarreau, déclaré coupable avec circonstances atténuantes, il a été condamné à quinze ans de travaux forcés, sans exposition.
"Le 2 mai1882, à Château-Chinon, des ouvriers occupés à vider une fosse d'aisances de la rue de l'École, ont découvert à environ 50 centimètres de profondeur des ossements humains consistant en :
#Un crâne presqu'entier d'un diamètre antéro-postérieur de 16 à 17 centimètres et d'une circonférence de 48. Alvéoles de 32 dents, dont 3 molaires encore adhérentes. Ce crâne a dû être celui d'une femme peu âgée, mais ayant cependant plus de 35 ans.
#Des fragments de jambes et d'avant-bras paraissant avoir appartenu au squelette dont faisait partie le crâne précédent, et permettant de fixer à 1m45 ou 1m50 la taille de la femme.
#Des cheveux longs, de femme, de couleur rousse, et d'autres cheveux plus foncés, courts et crêpés comme des fragments de chignons.
#Des parties d'ossements et de 2 autres crânes, dont l'un paraissant avoir appartenu à un vieillard, au front extrêmement fuyant, et l'autre à une personne sur l'âge de laquelle il est impossible de se prononcer.


L'endroit de cette découverte, la probabilité que les cadavres ont dû être disséqués pour être introduits dans cette fosse, l'existence d'un gros bâton auquel adhèrent encore des cheveux courts, etc.., font présumer un crime dont il est impossible de préciser la date, mais qui remonterait au moins à 4 ou 5 ans, et peut-être à une époque plus reculée.
*(L’Écho de la Nièvre, samedi 1<sup>er</sup> mars 1845)
MM. les officiers de police judiciaire sont priés de rechercher et de faire connaître, le plus tôt possible, au juge d'instruction soussigné, si des personnes de leur localité, se dirigeant sur l'arrondissement de Château-Chinon, n'auraient pas disparu subitement dans des circonstances inexplicables et sans qu'on ait pu savoir jusqu'à présent ce qu'elles étaient devenues, notamment depuis 1872 environ.<br>
*Relevé par Pierre Volut
Le juge d'instruction BAUCHERON de BOISSOUDY - Château-Chinon, le 9 mai 1882.


Le Journal de la Nièvre - 14/05/1882
==1845 - Une querelle de famille aux conséquences mortelles==
Le 25 juin, vers les huit heures du soir, le dénommé Bouillot Lazare, domicilié au village d’Avaux, commune de [[Villapourçon]], qui depuis longtemps était animé d’une haine implacable contre son beau-frère Martin François, s’étant armé d’une cognée, se dirigea vers le domicile de Martin alors absent. Aperçu par sa sœur Bouillot Jeanne, femme Martin, cette dernière se hâta de fermer sa porte, afin de se soustraire aux coups du furieux. L’exaspération de Lazare redoubla lorsqu’il vit la porte de la maison de sa sœur résister aux efforts qu’il faisait pour l’enfoncer, et sourd aux remontrances de celle-ci, il dirigea ses attaques contre la croisée. Alors, dans sa terreur, Jeanne Bouillot saisit le fusil de son mari, ajusta Lazare Bouillot qui, atteint à la tête, tomba raide mort.


===<font color="blue">1889 – Infanticide à Decize</font>===
*(L’Écho de la Nièvre, samedi 4 juillet 1845)
« ''Vendredi dernier [5 avril 1889], le fossoyeur du cimetière de [[Decize|<u>Decize</u>]] vint prévenir la gendarmerie qu'il avait trouvé près des murs, enveloppé dans un journal, le cadavre d'un jeune enfant. Après constatations, M. le docteur Gros déclara que cet enfant, âgé de sept mois, avait été étouffé. L'enquête continue  - Le Moniteur de la Nièvre', jeudi 11 avril 1889.
*Relevé par Pierre Volut janvier 2022


À [[Saint Léger des Vignes|<u>Saint-Léger-des-Vignes</u>]], dans la nuit du 6 au 7 mars 1890, la nommée Marie Daniel, 17 ans, journalière, a donné la mort à son enfant nouveau-né. Elle a été conduite par les gendarmes de [[Decize|<u>Decize</u>]] à la maison d'arrêt de [[Nevers|<u>Nevers</u>]] -  La Tribune Républicaine, lundi 10 mars 1890.
==1846 - Deux procès d'infanticides aux conséquences inverses==
Le 13 décembre dernier, la fille Duc, domestique chez les époux Roblin, aubergistes à [[Nevers]], se plaignit à sa maîtresse d’une indisposition subite. Celle-ci la fit coucher, et envoya plusieurs fois savoir de ses nouvelles : une première à midi, une seconde à deux heures, une troisième à six ou sept heures du soir.


===<font color="blue">1890 - Caché dans un four à plâtre</font>===
Vers huit heures, ayant besoin du lit occupé momentanément par cette fille, et qui était destiné à un voyageur, Mme Roblin lui envoya dire de descendre et de reprendre sa couche habituelle près de la cuisine. La fille Duc ne tint compte de l’avertissement ; sa maîtresse insistant, elle descendit enfin, mais dans un état tel que la dame Roblin supposa à l’instant que sa domestique venait d’accoucher. Elle la fit replacer dans le lit qu’elle venait de quitter, l’interrogea, la sollicita de faire un aveu ; la fille Duc opposa des dénégations constantes. Une sage-femme, un médecin, la police furent appelés presque en même temps.
*Les carrières à plâtre de [[Saint Léger des Vignes|<u>Saint-Léger-des-Vignes</u>]] servent de refuges aux ''roulants'', les clochards du XIX<small><sup>e</sup></small> siècle. L'hiver, ils s'installent dans de vieux fours à plâtre désaffectés où ils empilent vieilles couvertures, ferrailles et débris de toutes sortes. Les gendarmes de Decize viennent les déloger le 6 janvier 1890. Mais, un ''roulant'' récalcitrant s'est barricadé au fond d'un four. Il faut toute la patience et la force du brigadier pour extraire le vagabond ; au fond de son sac, sous un entassement d'épluchures et d'effets volés, les gendarmes trouvent des papiers au nom de Navarre.<br>
*Justement, le tribunal de Moulins-sur-Allier vient de diffuser le signalement d'un nommé Charles Navarre, âgé de 29 ans, couvreur de son état, né à [[Corbigny|<u>Corbigny</u>]]. On reproche à cet individu un crime commis dans les premiers jours de l'année au hameau de la Vente, à Saint-Aubin (Allier) ; une vieille dame de 82 ans, la veuve Méténier, a été étranglée dans son lit et 1200 francs - ses économies - ont été dérobés à son domicile.
*Le ''roulant'' est déshabillé : il porte sur le flanc droit de longues éraflures, comme des traces d'ongles. Après quelques minutes de confusion, il admet bien avoir participé au meurtre, mais il n'aurait été que le complice, chargé du guet. Malheureusement pour lui, ses explications semblent bien embrouillées ; il ne connaît pas l'identité du principal meurtrier ; il est incapable de fournir le moindre signalement. Les gendarmes de Decize le conduisent à la prison de Moulins.


Le Journal de la Nièvre', 8 janvier 1890 et jours suivants.
La sage-femme, arrivée la première, visita cette fille, qui n’était pas encore délivrée, lui donna ses soins, et lui demanda ce qu’elle avait fait de son enfant. Elle prétendit d’abord l’avoir placé sous une remise ; plusieurs personnes cherchèrent, mais en vain.


===<font color="blue">1899 - Le crime de Millay</font>===
Le commissaire de police et le médecin arrivèrent sur ces entrefaites ; nouvelles questions, auxquelles la fille Duc opposa un silence obstiné. Enfin, après beaucoup de recherches infructueuses, le matelas ayant été soulevé, on trouva dans la paillasse du lit, la tête et la bouche enfoncées dans la paille, le cadavre d’un enfant nouveau-né, de sexe masculin, bien conformé et né à terme.
Luzy, 8 juillet, 9h. 58 matin : Un double assassinat a été commis hier 7 juillet dans un des hameaux de la commune de Millay. La femme BOUHERET et sa fille ont été tuées.<br>
Les détails manquent. L'assassin a été arrêté. On attend l'arrivée du parquet de Chateau-Chinon.


Chateau-Chinon, samedi, 1h. 50 soir.<br>
En présence de cette découverte, la fille Duc ne pouvait plus nier. Aux interpellations nouvelles qui lui furent adressées, elle prétendit que vers trois heures du soir elle était accouchée ; qu’au milieu des douleurs elle s’était évanouie ; qu’en reprenant ses sens quelques heures après, elle avait trouvé son enfant mort ; qu’elle l’avait placé d’abord près d’elle, puis, plus tard, et sans pouvoir bien rendre compte du sentiment qui l’avait fait agir, elle l’avait mis dans l’endroit où on l’a retrouvé.
Le double crime à l'occasion duquel le parquet de Chateau-Chinon s'est transporté à Millay a été découvert hier à midi.
Les victimes sont la femme BOUHERET et sa fille, mariée à M. DORIDOT; lorsqu'on les a trouvées, elles avaient cessé de vivre. L'assassin les avait tuées à coups de hache sur le sommet de la tête.<br>
Les soupçons, en raison de certaines circonstances, s'étant portés sur le sieur Annet BIJON, journalier au Bois-de-Velle,  même commune, on le mit en état d'arrestation. BIJON reconnut qu'il vivait en mauvaise intelligence avec les familles BOUHERET et DORIDOT, puis il fit l'aveu de son double crime.


Le Journal de la Nièvre - 9 juillet 1899
Telle fut la version qu’elle présenta dès l’origine, et dans laquelle elle a persisté jusqu’à la fin.


Voici de nouveaux détails sur le crime de Millay, tels qu'ils résultent de l'enquête :
L’examen et l’autopsie du cadavre démontrèrent, d’un autre côté, qu’il n’existait sur le corps aucune espèce de contusion ; que l’enfant était né viable, qu’il avait vécu au moins une demi-heure, et que la mort avait été le résultat d’une asphyxie par privation d’air. Le médecin a déposé de ces faits avec une conviction complète. Mais, en même temps, et sur les interpellations de la défense, il a avoué qu’en médecine légale il fallait bien admettre exceptionnellement certaines possibilités, telles que l’évanouissement d’une femme qui accouche, l’asphyxie d’un enfant tombé sur un oreiller, et trop faible pour se retourner. Et le défenseur, s’emparant de cette concession de l’homme de l’art, en a fait la base de son système de défense.


Le crime a été découvert vendredi vers 1 heure du soir par M. Jean MARRONNAT, fermier à Magny, commune de Millay, qui se rendait à Ternant. Sur le chemin de Magny à Comme-Naudin, il trouva la femme DORIDOT étendue sur le dos et baignant dans une mare de sang. Il retourna aussitôt sur ses pas et prévint les plus proches voisins.
La cour avait posé la question d’homicide par imprudence. Les jurés ont répondu négativement sur la question d’infanticide, et affirmativement sur la question subsidiaire. Par suite de ce verdict, la cour a condamné Joséphine Duc à deux années d’emprisonnement, maximum de la peine.


Mmes veuve DUDRAGNE et Léonie LAINÉ, ménagères au Bois-de-Velle, accoururent sur le lieu du crime et découvrirent dans la maison le cadavre de Mme BOUHERET, dont la tête était engagée sous le lit. Une grande quantité de sang était répandue.
Cour d’Assises de la Nièvre, audience du 11 février 1846.


M.PAILLAS, adjoint au maire de Millay, prévenu, se rendit à Comme-Naudin et, après avoir constaté le meurtre, prévint télégraphiquement la gendarmerie de Luzy et M. le procureur de la République de Château-Chinon.
*(L’Echo du Nivernais, samedi 14 février 1846)
*Relevé par Pierre Volut janvier 2022


Au reçu de la dépêche, les gendarmes DONON et BIERRE se rendirent à Millay. Ils constatèrent que rien dans la maison n'avait été dérangé et que le vol n'était donc pas le mobile du crime.
Le 29 janvier, Gabrielle Bissat, domestique chez les époux Descourant, se plaignit d’être malade ; ses maîtres la firent coucher.


Ils entendirent MM. Jean BOUHERET et Pierre DORIDOT, avertis du crime, vendredi, à deux heures, par leur fils et beau frère, René BOUHERET, domestique à Magny : ils avaient quitté leur domicile le 5 juillet, à 6 heures du matin, pour aller travailler l'un à Luzy l'autre à Saint Didier (71).
Depuis longtemps ils la soupçonnaient d’être enceinte ; à plusieurs reprises ils l’avaient questionnée, toujours elle avait nié.


L'adjoint et les maris des victimes s'accordèrent à dire que l'auteur de l'assassinat pouvait bien être le nommé Annet BIJON, âgé de 32 ans, journalier au Bois-de-Velle, qui avait proféré, à diverses reprises, des menaces de mort contre la famille de BOUHERET.
Ce jour-là leurs soupçons prirent une nouvelle consistance ; ils montèrent plusieurs fois dans sa chambre. A la dernière, ils trouvèrent au pied du lit une mare de sang qui acheva de lever tous leurs doutes.


A la suite des déclarations des personnes entendues, les gendarmes se rendirent au domicile de BIJON et l'interrogèrent sur l'emploi de son temps pendant les journées des 5 et 6 juillet; il déclara :
Interrogée de nouveau, la fille Bissat nia encore. Il ne fallut rien moins que la découverte du cadavre encore chaud d’un enfant nouveau-né, caché dans un coffre, sous des hardes, pour la contraindre à avouer sa grossesse.


« Le 5 courant, je suis parti de chez moi vers 7 heures du matin pour aller piocher des pommes de terre dans un champ situé près de Magny, et suis rentré le soir vers six heures; le lendemain 6, j'y suis retourné vers 6 heures, en passant sur le chemin de Magny à Bellevue. Le 5, je n'ai rencontré personne, mais, hier, j'ai trouvé des enfants de Montbignon et de Bellevue. Je n'ai pas passé vers la maison BOUHERET et n'ai jamais adressé des menaces de mort contre cet homme ni contre sa famille. Je reconnais être en mauvais termes avec BOUHERET, mais je nie avoir tué sa femme et sa fille.
A l’accusation d’infanticide qui s’éleva alors contre elle, elle répondit qu’au milieu des douleurs de l’enfantement, son enfant et elle étaient tombés au pied du lit ; que, privée assez longtemps de connaissance, elle avait trouvé son enfant mort quand elle avait repris ses sens ; que l’espoir de cacher sa honte l’avait portée alors à le dérober à tous les regards ; que, du reste, elle n’avait jamais eu la pensée de porter sur lui une main criminelle.


Les gendarmes, malgré cette déclaration, conduisirent BIJON à la mairie et le gardèrent à vue.Vers 4 heures du matin, interrogé de nouveau et pressé de questions, BIJON fit la déclaration suivante :
Mais l’enfant portait sur le cou un cercle violacé, qui faisait naître l’idée d’un crime. Un médecin fut appelé ; l’autopsie du cadavre eut lieu. La conclusion qu’en tira l’homme de l’art fut que l’enfant était né à terme, bien conformé, viable, et que la mort a été le résultat de l’asphyxie par strangulation.


« Le 6 juillet, vers 6 heures du soir, revenant de piocher mes pommes de terre à Magny, et passant devant chez BOUHERET, la femme de ce dernier et sa fille, la femme DORIDOT, qui étaient sur le chemin, près de la barrière de la cour, m'ont traité de brigand et autres gros mots; je leur ai répondu par des propos semblables et elles m'ont porté plusieurs coups de bâton puis elles sont rentrées dans leur cour. Les y ayant suivies, j'ai pris une hachette qui était sur un billot placé dans ladite cour et au moment où la mère est rentrée à la maison je l'ai frappée de plusieurs coups sur la tête. A ce moment sa fille est arrivée et m'a porté un coup de bâton sur l'épaule puis elle s'est sauvée. Je l'ai poursuivie et rejointe à environ 50 mètres de chez elle. Je lui ai porté 2 coups de hachette sur la tête, ce qui l'a fait tomber. Je suis ensuite revenu dans la cour et ai jeté la hachette dans la maison, puis je suis parti en faisant un détour pour rentrer chez moi. Je regrette sincèrement ce que j'ai fait et c'est ma femme qui m'a monté la tête à ce sujet ».
Aux débats, le docteur a persisté dans son opinion, et l’accusée dans son système.


A 4 heures et demie, MM. Le procureur de la République et le juge d'instruction de Château-Chinon, étant arrivés à Millay, ont fait conduire BIJON sur les lieux du crime, où il a fait encore une nouvelle déclaration :
M<sup>e</sup> Wagnien, dans l’intérêt de la défense, a combattu la doctrine de l’homme de l’art, en lui opposant l’opinion d’autres médecins sur l’incertitude des expériences médico-légales. Il s’est ensuite livré à une longue dissertation sur les infanticides en général, et a lu plusieurs passages d’un célèbre physiologiste anglais qui a traité cette matière.


« Pour rentrer chez moi, a t-il dit, j'ai suivi un sentier qui conduit à Comme-Naudin, lieu de mon ancien domicile près de celui des époux BOUHERET. La femme BOUHERET gardait ses porcs dans la cour que j'habitais et était assise sur l'escalier de la maison. Je me suis approché d'elle et lui a dit : « Est ce vrai que vous avez dit aux gendarmes, au mois de mars, que je voulais vous tuer avec mon couteau ? ». Sur sa réponse affirmative, je lui ai porté un coup de pioche sur la tête, elle a poussé un cri et est tombée à la renverse. Sa fille, la femme DORIDOT qui était dans leur maison, est arrivée au cri poussé par sa mère, en me disant qu'elle allait me faire arrêter. Je me suis retourné contre elle en brandissant ma pioche, mais elle s'est sauvée. Je l'ai poursuivie et rejointe après un parcours de 100 mètres environ, dans un chemin qui longe le bois devant leur maison, et là je l'ai frappée d'un coup de pioche sur la tête. Elle est tombée et je lui ai encore donné un ou 2 coups pour l'achever, puis je suis retourné auprès de sa mère pour voir si elle était morte, mais en arrivant à l'endroit où je l'avais frappée, je l'ai vue debout, se dirigeant sur le chemin du côté de sa maison. Je me suis mis à sa poursuite et lui ai encore porté un coup de pioche au moment où elle rentrait chez elle. Abandonnant ma pioche, j'ai pris une hachette dans la cour, sur un billot, et l'ai achevée avec cet instrument. Après m'être assuré que les 2 femmes étaient bien mortes, je suis redescendu par le sentier par lequel j'étais venu et ai contourné la montagne pour rentrer chez moi, vers 7 heures et demie du soir.
Les jurés se sont retirés à trois et heures et demie dans la salle de leurs délibérations ; dix minutes après, ils en ont rapporté un verdict négatif. La fille Bissat a été mise immédiatement en liberté.


M. le docteur MUGUET, qui a examiné les cadavres, a déclaré que chacun d'eux portait au moins 5 ou 6 coups d'un instrument tranchant et que la mort avait été presque instantanée.
Cour d’Assises de la Nièvre, audience du 15 février.


Annet BIJON, enfant des hospices de Nevers, est né le 11/12/1866; il est marié et père de 3 enfants.
*(L’Echo du Nivernais, mardi 17 février 1846)


Le Journal de la Nièvre – 12 juillet 1899
Deux affaires similaires, avec des verdicts très différents. La seconde accusée a bénéficié d’un avocat habile et célèbre à [[Nevers]], la première non. Dans ces procès, pas un mot n’a été prononcé sur la responsabilité des géniteurs des enfants.


===<font color="blue">1900 - Le drame de Bazoches</font>===
*Relevé par Pierre Volut janvier 2022
*Lormes, dimanche,
Ce matin, à la première heure, le bruit se répandait à Lormes qu'un assassinat avait été commis à Bazoches.
Dès 5 heures, en effet, le juge de paix et la gendarmerie, mandés par une dépêche, se rendaient sur les lieux pour y faire une enquête.<br>
Dans la soirée et avant le retour de la justice, on savait que les victimes, appartenant à la famille BAIN, étaient au nombre de trois : un mort et deux blessés; tous autres détails précis manquaient.
*Lundi matin
Le crime a été commis par un nommé DESPOULINS, actuellement en instance de divorce contre sa femme, et qui depuis un certain temps avait quitté le pays.<br>
Cet individu a pénétré, vers 3 heures du matin, dans l'habitation de son beau père, M. BAIN, et a tiré des coups de revolver sur les gens de la maison qu'il avait surpris dans leur sommeil.<br>
L'enfant de l'assassin, Pierre-Marie DESPOULINS, un petit garçon de 2 ans, atteint par 2 balles, a succombé presque aussitôt. La belle mère, Mme BAIN, a reçu une balle qui a pénétré dans la gorge, causant une blessure grave.
Enfin le fils BAIN, qui, armé d'un pistolet et d'une paire de pincettes, cherchait à tenir son beau-frère à distance, a reçu 2 balles dans l'épaule droite. En se défendant, il a cassé un bras au meurtrier avec ses pincettes et l'a blessé à la tête d'un coup de pistolet.<br>
Mme BAIN est à toute extrémité. L'assassin a été arrêté.<br>
Cet individu, depuis sa séparation d'avec sa femme, n'avait qu'une idée : se venger de ses beaux-parents, et à plusieurs reprises il était revenu à Bazoches dans l'espoir de donner suite à ses projets. On voit qu'il n'a que trop bien réussi.


Le Journal de la Nièvre – 27/02/1900
==1847 - Mort pour une haie mitoyenne==
Le sieur Jouanin père et le sieur Bazot, propriétaires tous deux en la commune de [[Moulins Engilbert]], sont divisés au sujet d’une question de passage, dont la solution dépend d’un procès pendant au tribunal de [[Château Chinon]].


*Lormes, lundi soir,
François et Jean Bonnot sont fermiers de l’héritage de Jouanin, sur lequel le passage est réclamé. Jean Moreau, de son côté, était fermier de Bazot, et pour obéir aux ordres de son maître, traversait sans cesse ce passage. De là des querelles fréquentes, qui s’étaient traduites plus d’une fois entre les intéressés par des injures et des menaces.
Le drame dont je vous ai télégraphié hier les péripéties sanglantes a eu pour auteur le nommé Pierre-Marie DESPOULINS, âgé de 43 ans, natif de Bretagne. Comme je vous le disais, DESPOULINS s'est marié à une demoiselle BAIN, de Bazoches, qui l'a quitté en raison de son inconduite et s'est vue dans la nécessité de demander le divorce. A plusieurs reprises, DESPOULINS était revenu chez sa belle-mère et chaque fois proférait des menaces de mort; la jeune femme, redoutant ces menaces était partie il y a environ 8 jours pour se placer, circonstance ignorée de son mari.


DESPOULINS arriva samedi soir de Paris où il habite et, à la nuit, il escalada le mur de clôture de la maison BAIN, élevé d'au moins 2 mètres, et se cacha dans une remise où il attendit le moment favorable pour pénétrer chez sa belle-mère.
Le 2 janvier dernier, Jean Moreau, qui avait comme toujours traversé le passage contesté pour se rendre au bois, s’en revenait le soir avec une charge de genêts. Arrivé au passage, il le trouve fermé par une haie sèche, et François Bonnot, de l’autre côté, qui la consolide en y plaçant de l’épine à l’aide d’une fourche.
Vers 4 heures, Mme veuve BAIN, née Claudine RENAULT, âgée de 62 ans, alluma sa lampe. Sans s'en douter, la brave femme donnait le signal du massacre ! En effet, dès qu'il aperçut la lumière, DESPOULINS pénétra dans la maison de revolver au poing. La première personne qu'il trouva fut son beau-frère, M. Baptiste BAIN, âgé de 40 ans : froidement, il le visa à la tête, mais BAIN fit un demi-tour, de sorte que les deux coups de feu que DESPOULINS lui tira à une seconde d'intervalle ne l'atteignirent qu'au bras droit.<br>
M. BAIN, malgré sa douleur, put néanmoins prendre une paire de lourdes pincettes, il en frappa l'assassin sur la tête et au bras avec une force telle que DESPOULINS étourdi, le bras cassé, s'abattit sur le carreau. M. BAIN sortit pour appeler au secours.<br>
Mais pendant ce temps, l'assassin – qui avait déjà recouvré ses sens et dont les désirs de vengeance s'étaient exaltés – ne faisait qu'un bond et allait directement au berceau de son jeune garçon, âgé de 2 ans 3 mois, et logeait une balle dans la joue de l'enfant. Le pauvre petit, ouvrant les yeux, reconnut son père et lui cria : « Papa, bobo ! «  Aussitôt, le forcené lui mettait le canon de son revolver sur la temps et, d'une seconde balle, l'achevait.


Mme BAIN, accourant au bruit des détonations, DESPOULINS se rua sur elle et lui tira une balle qui alla se loger dans la gorge de la malheureuse, qui tombait baignant dans son sang.<br>
Suivant l’accusation, Jean Moreau, voulant s’ouvrir une issue, aurait coupé la haie à coups de cognée. François Bonnot l’aurait frappé de sa fourche sur les doigts pour l’en empêcher ; Moreau, en cherchant à parer le coup avec sa cognée, aurait atteint Bonnot à la lèvre et lui aurait fait une légère blessure.
La fille de M. BAIN, âgée de 7 ans, qui, couchée, avait assisté, plus morte que vive, à cette scène, eut la présence d'esprit de se laisser glisser sous le lit, il était temps. L'assassin se dirigeait de son côté, mais, ne la trouvant pas, il ne chercha pas à se rendre compte de l'endroit où elle pouvait être, sans cela elle aurait eu le sort de son petit cousin. C'est elle qui a pu donner tous les détails de cette lugubre scène.


Enfin, on arrêtait DESPOULINS. Le parquet de Clamecy, le juge de paix et la gendarmerie de Lormes, mandés par dépêche, arrivèrent à Bazoches, et le prisonnier fut remis entre les mains des gendarmes. Les magistrats ne sont revenus à Lormes qu'à 9 heures du soir; ils sont repartis ce matin à 11 heures, sur les lieux du crime, pour la confrontation.
A ce moment, le fils Jouanin serait arrivé sur les lieux de la scène, aurait arraché la cognée des mains de Moreau, puis l’aurait frappé d’un pieu sur la tête. Moreau aurait poussé des cris : « Au secours ! On m’assassine ! » Les habitants du village seraient accourus ; Jean Bonnot serait arrivé à son tour, armé d’une fourche, en aurait porté un coup sur la tête de Moreau, et l’aurait abattu à ses pieds.


Mme DESPOULINS a été mandée d'urgence dès dimanche, elle a dû arriver à temps, à Bazoches, pour assister à la reconstitution du drame. Mme BAIN n'est pas encore morte, mais, comme je vous le disais, le médecin a déclaré qu'elle ne pourrait survivre à ses blessures.
Mais les débats ont singulièrement atténué les faits.


*Mardi, 1H45
Et d’abord, aucun témoin n’ayant déposé que François Bonnot eût frappé Moreau, le ministère public s’est désisté de l’accusation à son égard.
Suicide de l'assassin<br>
A midi, une voiture était amenée dans la cour de la caserne de gendarmerie de Lormes pour effectuer le transfert de Pierre DESPOULINS à Clamecy. Mais, comme les diverses pièces que le brigadier avait à rédiger ou à transcrire n'étaient pas tout à fait prêtes, le départ se trouva un peu retardé.<br>
D'ailleurs, DESPOULINS était encore couché sur un lit, -les pieds attachés, un bras en écharpe, la tête bandée, - feignant de dormir. Le gendarme S..., à la garde duquel était confié l'assassin, en profita pour sortir doucement de la chambre afin de se rendre compte de l'état d'avancement des pièces.


Sans perdre de temps, et à peine la porte était-elle fermée derrière le gendarme que le prisonnier se levait, arrachait son pansement, fixait les bandelettes autour de son cou puis à la tête du lit, et se laissait retomber dans le vide en tirant violemment à lui pour s'étrangler !<br>
Quant à Jouanin, il n’y avait que les enfants de la victime qui prétendissent que cet accusé avait porté un coup de bâton à leur père ; encore leur déposition était-elle contradictoire et n’avait-elle pas toujours été la même ; tandis que tous les autres témoins déclaraient n’avoir en aucune façon vu Jouanin prendre part à cette scène.
Cinq minutes ne s'étaient pas écoulées que le gendarme rentrait pour réveiller DESPOULINS. Mais déjà l'assassin râlait !
Le gendarme S... coupa le plus rapidement possible les bandes de toile, et, à son appel, on accourut. Il était trop tard. L'asphyxie avait accompli son œuvre : le meurtrier rendit le dernier soupir.


Le Journal de la Nièvre - 28/02/1900
Restait Jean Bonnot, qui ne niait point avoir donné un coup de fourche sur la tête de Moreau. Mais c’était alors que son frère, la figure en sang, fuyait devant Moreau qui le poursuivait, armé d’une fourche, et que, cédant à un sentiment bien légitime, il avait frappé Moreau pour sauver son frère dont il pouvait croire la vie en danger.


Malheureusement, ce coup avait été porté avec une telle violence que le crâne avait été brisé, et que le malheureux Moreau expira le lendemain.


M<sup>e</sup> Girerd, dans l’intérêt de Jouanin, et M<sup>e</sup> Victor Mérijot, dans celui des frères Bonnot, ont fait entendre des paroles chaleureuses et pleines de force pour la défense de leurs clients.


Les efforts ont eu un plein succès : les trois accusés ont été acquittés.
*(L’Écho de la Nièvre, mardi 2 mars 1847)
*Relevé par Pierre Volut janvier 2022
[[Catégorie:Vie locale, moeurs]]
[[Catégorie : Criminalité]]
[[Catégorie : Criminalité]]
[[Catégorie:Vie locale, moeurs]]

Version actuelle datée du 18 janvier 2022 à 15:44

1828 - Double parricide aux Bruyères-Radon

A l'audience du 22 août 1840, la Cour d'Assises de Nevers examine pour la seconde fois une affaire vieille de 12 ans. Le matin du 1er juillet 1828, dans le hameau des Bruyères-Radon, la petite fille des époux Vincent découvre un horrible carnage : sa grand-mère est étendue morte au milieu de la cuisine, le crâne ouvert ; son grand-père est mort dans son lit, du sang macule draps et vêtements.
L'affaire est jugée une première fois. Deux suspects ont été arrêtés : ce sont Philippe et Jacques Vincent, les fils des victimes, tous deux mariés et résidant dans le hameau. Mais les juges ne disposent pas de preuves convaincantes de leur culpabilité, et ils bénéficient d'un non-lieu.
En 1840, Philippe et Jacques Vincent sont à nouveau arrêtés. Cette fois, la justice a réuni des témoignages accablants. Après un long silence, les voisins ont décidé de parler. Un témoin aurait entendu la conversation suivante : « Je n'ose frapper la mère, aurait dit le plus jeune. Eh bien ! je m'en charge, aurait répondu l'aîné, toi, tu tueras le vieux ! » Pendant la nuit du meurtre, Philippe Vincent serait venu allumer sa chandelle chez un voisin, et celui-ci aurait remarqué des taches de sang sur son gilet. Le lendemain, les villageois auraient trouvé Jacques Vincent bien pâle et bien abattu.
La Cour d'Assises déclare que les deux frères Vincent sont coupables, mais qu'ils bénéficient de circonstances atténuantes. Ils sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité et à l'exposition en place ducale(2).
Ce jugement produit une fâcheuse impression sur le public : si les frères Vincent ont réellement assassiné leurs parents, ils méritent la mort ; le tribunal a craint de trop se désavouer en donnant deux verdicts contradictoires. Pour le journaliste de L'Association, les frères Vincent sont de parfaits criminels : « la figure anguleuse, le front aplati, les yeux de vautour roulant d'une manière effrayante dans leur orbite, le nez aquilin courbé comme le bec d'un oiseau de proie, les lèvres pincées », ils ont toutes les caractéristiques du gibier de potence et ils ne sauraient être punis assez sévèrement(3).
Le 20 décembre suivant, Jacques et Philippe Vincent sont embarqués dans le fourgon cellulaire n° 9 à destination de Toulon.

  • Journal L’Association, 23 août 1840
  • (2) L'exposition est la version moderne du pilori. On attache le ou les condamnés sur une place publique, sous la garde des gendarmes, et la population peut venir les contempler, voire les insulter pendant plusieurs heures.
  • (3) A la suite des travaux de Lavater sur la physiognomonie, certains criminologues du XIXe siècle ont établi des portraits-robots des parfaits criminels ; Achille Guillard prétendait que certains individus étaient dotés, dès leur naissance, de la marque de Caïn ; il faudra attendre la fin du siècle pour que ces hypothèses débouchent sur des techniques plus rigoureuses et moins spectaculaires : l’anthropométrie de Bertillon et l’étude des empreintes digitales.
  • Pierre Volut, Decize et son canton au XIXe siècle et à la Belle Epoque, p. 77.

1834 - Assassinat à Verneuil de Pierre RIZOT par André DUMAS

  • Cercy-la-Tour. Dans la nuit du 27 au 28 avril, le sieur Rizot Pierre, laboureur, âgé de 25 ans, a été assassiné à Verneuil ; l'auteur de ce crime est le nommé Dumas André, pionnier, âgé de 26 ans, lequel a été immédiatement arrêté et mis à la disposition de M. le Procureur du Roi à Nevers. On donne sur ce malheureux événement les détails suivants :
Le 27, à dix heures du soir, Rizot, Dumas et deux autres pionniers travaillant au canal du Nivernais, et revenant de Decize, arrivèrent à Verneuil où ils s'arrêtèrent pour dîner dans l'auberge du sieur Rista. Après le repas, et à la suite d'une discussion qu'avait provoquée une chanson, Rizot donna un coup de poing à Dumas qui, de suite, éteignant la chandelle, saisit un couteau, en porta plusieurs coups à Rizot, et s'élança hors de la maison. Le cabaretier ayant rallumé la chandelle, on vit le malheureux Rizot étendu mort et baigné dans son sang, qui coulait à grands flots de trois blessures affreuses, dont deux au menton et une à la gorge. Les témoins de cette horrible scène se sont rendus sur-le-champ chez le maire qui, aidé de la garde nationale, est parvenu à s'emparer du meurtrier. Interrogé s'il était l'auteur du crime, il a répondu affirmativement, en ajoutant qu'il avait agi sans savoir ce qu'il faisait, et en se rejetant sur son état d'ivresse. Les personnes qui connaissent parfaitement Dumas ont déclaré qu'il est d'un caractère violent, emporté, très méchant, et redouté de tous les habitants.
  • (L'Écho de la Nièvre, n°8, dimanche 4 Mai 1834)

Assises : Affaire Dumas à Verneuil

Cour d'assises de la Nièvre. Séance du 5 [août 1834] deuxième affaire.

  • André Dumas, âgé de 26 ans, terrassier, était accusé d'avoir donné la mort à un jeune homme de Cercy-la-Tour nommé Rizot. Le dimanche 27 avril au soir, Dumas et Rizot étaient entrés dans un cabaret de Verneuil. Là, une querelle s'étant engagée entre eux pour un motif assez futile, Rizot donna un coup de poing à Dumas, qui riposta en frappant son adversaire de trois coups de couteau, dont l'un l'atteignit à la gorge, ouvrit l'artère carotide, et occasionna sur-le-champ le décès de Rizot. Déclaré coupable par le jury, Dumas a été condamné à six mois de prison.
  • (L'Écho de la Nièvre, n°31 14 août 1834)
  • Relevé de Pierre Volut

1845 - Jarreau, Marie Meunier et le bébé

Cour d’assises de la Nièvre, audience du 24 février 1845.

Infanticide. Deux accusés.

Marie Meunier était depuis quinze mois au service de Jacques Jarreau, cultivateur à Colméry, lorsque, dans le nuit du 5 au 6 septembre dernier, elle accoucha mystérieusement d’un enfant du sexe féminin.

La grossesse de Marie Meunier était connue de tous, quoiqu’elle l’eût constamment cachée. Son état de pâleur et de faiblesse, le lendemain de l’accouchement, frappa tous les yeux ; on conçut des soupçons, l’autorité fut avertie : une information commença.

Marie Meunier, interrogée par M. le juge de paix de Donzy, essaya d’abord de nier. Mais vivement pressée par le magistrat, elle finit par le conduire dans une cave dépendant de l’habitation de son maître, où l’on trouva enfoui dans la terre, et recouvert de deux grosses pierres, le cadavre de l’enfant qu’elle avait mis au jour. Il était enfermé dans la partie inférieure d’un sac de grosse toile, la tête et les jambes fléchies vers le tronc, et le tout entouré d’une corde.

Cette découverte avait lieu le 20 septembre, et déjà le cadavre était arrivé extérieurement à un état de putréfaction fort avancé. Aussi l’on ne put découvrir s’il existait sur le corps quelque trace de violence. Toutefois, l’autopsie qui fut confiée à un homme de l’art, et l’examen du cerveau, injecté de sang, aussi bien que les expériences hydrostatiques qui furent faites sur le cœur et les poumons amenèrent cette conclusion du médecin que l’enfant était né à terme, viable, qu’il avait respiré, et que la mort avait été nécessairement le résultat d’une asphyxie par défaut d’air respirable.

Ceci démontré, restait à obtenir de la fille Meunier l’aveu de son crime. Elle nia encore.

Suivant elle, quand elle fut surprise par les douleurs de l’enfantement, elle appela à son aide Jacques Jarreau, le père de son enfant, couché près d’elle dans la même chambre. Jarreau se serait levé, elle l’aurait vu couper le fond d’un sac, et à peine accouchée, y placer l’enfant et disparaître avec lui. Vainement depuis elle lui aurait redemandé son enfant :

Il est mort, ne t’en occupe plus : voilà la réponse qu’elle obtenait. Ce n’était qu’au bout de quelques jours qu’il lui apprenait dans quel lieu son enfant était enseveli.

Jarreau, à son tour, tout en avouant ses liaisons avec sa servante, nie avoir eu connaissance de sa grossesse, nie avoir assisté à son accouchement. Si elle est accouchée dans la chambre qu’il occupe, c’est pendant son premier sommeil, et il n’a rien entendu. Et puis, dans le trajet de Colméry à la prison de Cosne, la fille Meunier lui a fait l’aveu qu’elle était sortie de la chambre pendant qu’il dormait, et était allée accoucher dans la grange. Impossible pour lui dès lors qu’il eût pris part à l’infanticide reproché à tous deux.

Telles sont les versions contradictoires des deux accusés, version qui ont servi de base à leurs différents systèmes de défense.

Mais l’accusation répondit à Marie Meunier :

Vous aviez conçu par avance la pensée du crime, car vous avez constamment celé votre grossesse. Vous, déjà mère d’un premier enfant qui absorbe toutes vos ressources, vous n’aviez rien préparé pour recevoir le second, qui devait être pour vous un fardeau bien lourd, et cette négligence implique de votre part le projet de vous en défaire.

Enfin, dans votre lit, sur les linges qui s’y sont trouvés, on a reconnu des traces de méconium. Donc l’enfant a séjourné dans votre lit ; donc il n’a pas été emporté à votre insu pendant que vous étiez au milieu de la chambre livrée aux douleurs de l’enfantement.

L’accusation répondait à Jarreau :

Vous n’avez pu ignorer la grossesse de Marie Meunier, puisque vous cohabitiez avec elle ; vous n’avez pu l’ignorer lorsque sans cesse on vous en avertissait par des propos railleurs.

Vous n’avez pu ignorer l’accouchement, car il a eu lieu en votre présence, dans un lit qui touche presque le vôtre, dans le cours d’une nuit, où vous-même avouez vous être levé deux fois.

Vous n’avez pu ignorer le crime, car ce n’est pas Marie Meunier seule qui a pu, au milieu des souffrances et de la faiblesse inséparables de sa position, placer l’enfant dans un sac, le couper, le lier, le porter dans la cave, lui creuser une fosse, après avoir arraché deux pierres pesantes et les replacer sur le cadavre.

M. Baille de Beauregard, avec une logique serrée mais empreinte de modération, a développé toutes les charges de l’accusation.

Me Girard et Me Lebas, à leur tour, dans l’intérêt des accusés, ont réfuté avec leur talent connu tous les arguments du ministère public. Leur ministère était d’autant plus difficile et pénible que les accusés se rejetaient le crime l’un à l’autre.

Après un résumé qui n’a pas duré moins de trois quarts d’heure, les jurés sont entrés dans la chambre de leurs délibérations. À sept heures un quart, ils ont rapporté un verdict affirmatif sur la question relative à Jacques Jarreau, et négatif sur les questions concernant Marie Meunier. En conséquence, cette dernière a été mise sur-le-champ en liberté.

Quant à Jarreau, déclaré coupable avec circonstances atténuantes, il a été condamné à quinze ans de travaux forcés, sans exposition.

  • (L’Écho de la Nièvre, samedi 1er mars 1845)
  • Relevé par Pierre Volut

1845 - Une querelle de famille aux conséquences mortelles

Le 25 juin, vers les huit heures du soir, le dénommé Bouillot Lazare, domicilié au village d’Avaux, commune de Villapourçon, qui depuis longtemps était animé d’une haine implacable contre son beau-frère Martin François, s’étant armé d’une cognée, se dirigea vers le domicile de Martin alors absent. Aperçu par sa sœur Bouillot Jeanne, femme Martin, cette dernière se hâta de fermer sa porte, afin de se soustraire aux coups du furieux. L’exaspération de Lazare redoubla lorsqu’il vit la porte de la maison de sa sœur résister aux efforts qu’il faisait pour l’enfoncer, et sourd aux remontrances de celle-ci, il dirigea ses attaques contre la croisée. Alors, dans sa terreur, Jeanne Bouillot saisit le fusil de son mari, ajusta Lazare Bouillot qui, atteint à la tête, tomba raide mort.

  • (L’Écho de la Nièvre, samedi 4 juillet 1845)
  • Relevé par Pierre Volut janvier 2022

1846 - Deux procès d'infanticides aux conséquences inverses

Le 13 décembre dernier, la fille Duc, domestique chez les époux Roblin, aubergistes à Nevers, se plaignit à sa maîtresse d’une indisposition subite. Celle-ci la fit coucher, et envoya plusieurs fois savoir de ses nouvelles : une première à midi, une seconde à deux heures, une troisième à six ou sept heures du soir.

Vers huit heures, ayant besoin du lit occupé momentanément par cette fille, et qui était destiné à un voyageur, Mme Roblin lui envoya dire de descendre et de reprendre sa couche habituelle près de la cuisine. La fille Duc ne tint compte de l’avertissement ; sa maîtresse insistant, elle descendit enfin, mais dans un état tel que la dame Roblin supposa à l’instant que sa domestique venait d’accoucher. Elle la fit replacer dans le lit qu’elle venait de quitter, l’interrogea, la sollicita de faire un aveu ; la fille Duc opposa des dénégations constantes. Une sage-femme, un médecin, la police furent appelés presque en même temps.

La sage-femme, arrivée la première, visita cette fille, qui n’était pas encore délivrée, lui donna ses soins, et lui demanda ce qu’elle avait fait de son enfant. Elle prétendit d’abord l’avoir placé sous une remise ; plusieurs personnes cherchèrent, mais en vain.

Le commissaire de police et le médecin arrivèrent sur ces entrefaites ; nouvelles questions, auxquelles la fille Duc opposa un silence obstiné. Enfin, après beaucoup de recherches infructueuses, le matelas ayant été soulevé, on trouva dans la paillasse du lit, la tête et la bouche enfoncées dans la paille, le cadavre d’un enfant nouveau-né, de sexe masculin, bien conformé et né à terme.

En présence de cette découverte, la fille Duc ne pouvait plus nier. Aux interpellations nouvelles qui lui furent adressées, elle prétendit que vers trois heures du soir elle était accouchée ; qu’au milieu des douleurs elle s’était évanouie ; qu’en reprenant ses sens quelques heures après, elle avait trouvé son enfant mort ; qu’elle l’avait placé d’abord près d’elle, puis, plus tard, et sans pouvoir bien rendre compte du sentiment qui l’avait fait agir, elle l’avait mis dans l’endroit où on l’a retrouvé.

Telle fut la version qu’elle présenta dès l’origine, et dans laquelle elle a persisté jusqu’à la fin.

L’examen et l’autopsie du cadavre démontrèrent, d’un autre côté, qu’il n’existait sur le corps aucune espèce de contusion ; que l’enfant était né viable, qu’il avait vécu au moins une demi-heure, et que la mort avait été le résultat d’une asphyxie par privation d’air. Le médecin a déposé de ces faits avec une conviction complète. Mais, en même temps, et sur les interpellations de la défense, il a avoué qu’en médecine légale il fallait bien admettre exceptionnellement certaines possibilités, telles que l’évanouissement d’une femme qui accouche, l’asphyxie d’un enfant tombé sur un oreiller, et trop faible pour se retourner. Et le défenseur, s’emparant de cette concession de l’homme de l’art, en a fait la base de son système de défense.

La cour avait posé la question d’homicide par imprudence. Les jurés ont répondu négativement sur la question d’infanticide, et affirmativement sur la question subsidiaire. Par suite de ce verdict, la cour a condamné Joséphine Duc à deux années d’emprisonnement, maximum de la peine.

Cour d’Assises de la Nièvre, audience du 11 février 1846.

  • (L’Echo du Nivernais, samedi 14 février 1846)
  • Relevé par Pierre Volut janvier 2022

Le 29 janvier, Gabrielle Bissat, domestique chez les époux Descourant, se plaignit d’être malade ; ses maîtres la firent coucher.

Depuis longtemps ils la soupçonnaient d’être enceinte ; à plusieurs reprises ils l’avaient questionnée, toujours elle avait nié.

Ce jour-là leurs soupçons prirent une nouvelle consistance ; ils montèrent plusieurs fois dans sa chambre. A la dernière, ils trouvèrent au pied du lit une mare de sang qui acheva de lever tous leurs doutes.

Interrogée de nouveau, la fille Bissat nia encore. Il ne fallut rien moins que la découverte du cadavre encore chaud d’un enfant nouveau-né, caché dans un coffre, sous des hardes, pour la contraindre à avouer sa grossesse.

A l’accusation d’infanticide qui s’éleva alors contre elle, elle répondit qu’au milieu des douleurs de l’enfantement, son enfant et elle étaient tombés au pied du lit ; que, privée assez longtemps de connaissance, elle avait trouvé son enfant mort quand elle avait repris ses sens ; que l’espoir de cacher sa honte l’avait portée alors à le dérober à tous les regards ; que, du reste, elle n’avait jamais eu la pensée de porter sur lui une main criminelle.

Mais l’enfant portait sur le cou un cercle violacé, qui faisait naître l’idée d’un crime. Un médecin fut appelé ; l’autopsie du cadavre eut lieu. La conclusion qu’en tira l’homme de l’art fut que l’enfant était né à terme, bien conformé, viable, et que la mort a été le résultat de l’asphyxie par strangulation.

Aux débats, le docteur a persisté dans son opinion, et l’accusée dans son système.

Me Wagnien, dans l’intérêt de la défense, a combattu la doctrine de l’homme de l’art, en lui opposant l’opinion d’autres médecins sur l’incertitude des expériences médico-légales. Il s’est ensuite livré à une longue dissertation sur les infanticides en général, et a lu plusieurs passages d’un célèbre physiologiste anglais qui a traité cette matière.

Les jurés se sont retirés à trois et heures et demie dans la salle de leurs délibérations ; dix minutes après, ils en ont rapporté un verdict négatif. La fille Bissat a été mise immédiatement en liberté.

Cour d’Assises de la Nièvre, audience du 15 février.

  • (L’Echo du Nivernais, mardi 17 février 1846)

Deux affaires similaires, avec des verdicts très différents. La seconde accusée a bénéficié d’un avocat habile et célèbre à Nevers, la première non. Dans ces procès, pas un mot n’a été prononcé sur la responsabilité des géniteurs des enfants.

  • Relevé par Pierre Volut janvier 2022

1847 - Mort pour une haie mitoyenne

Le sieur Jouanin père et le sieur Bazot, propriétaires tous deux en la commune de Moulins Engilbert, sont divisés au sujet d’une question de passage, dont la solution dépend d’un procès pendant au tribunal de Château Chinon.

François et Jean Bonnot sont fermiers de l’héritage de Jouanin, sur lequel le passage est réclamé. Jean Moreau, de son côté, était fermier de Bazot, et pour obéir aux ordres de son maître, traversait sans cesse ce passage. De là des querelles fréquentes, qui s’étaient traduites plus d’une fois entre les intéressés par des injures et des menaces.

Le 2 janvier dernier, Jean Moreau, qui avait comme toujours traversé le passage contesté pour se rendre au bois, s’en revenait le soir avec une charge de genêts. Arrivé au passage, il le trouve fermé par une haie sèche, et François Bonnot, de l’autre côté, qui la consolide en y plaçant de l’épine à l’aide d’une fourche.

Suivant l’accusation, Jean Moreau, voulant s’ouvrir une issue, aurait coupé la haie à coups de cognée. François Bonnot l’aurait frappé de sa fourche sur les doigts pour l’en empêcher ; Moreau, en cherchant à parer le coup avec sa cognée, aurait atteint Bonnot à la lèvre et lui aurait fait une légère blessure.

A ce moment, le fils Jouanin serait arrivé sur les lieux de la scène, aurait arraché la cognée des mains de Moreau, puis l’aurait frappé d’un pieu sur la tête. Moreau aurait poussé des cris : « Au secours ! On m’assassine ! » Les habitants du village seraient accourus ; Jean Bonnot serait arrivé à son tour, armé d’une fourche, en aurait porté un coup sur la tête de Moreau, et l’aurait abattu à ses pieds.

Mais les débats ont singulièrement atténué les faits.

Et d’abord, aucun témoin n’ayant déposé que François Bonnot eût frappé Moreau, le ministère public s’est désisté de l’accusation à son égard.

Quant à Jouanin, il n’y avait que les enfants de la victime qui prétendissent que cet accusé avait porté un coup de bâton à leur père ; encore leur déposition était-elle contradictoire et n’avait-elle pas toujours été la même ; tandis que tous les autres témoins déclaraient n’avoir en aucune façon vu Jouanin prendre part à cette scène.

Restait Jean Bonnot, qui ne niait point avoir donné un coup de fourche sur la tête de Moreau. Mais c’était alors que son frère, la figure en sang, fuyait devant Moreau qui le poursuivait, armé d’une fourche, et que, cédant à un sentiment bien légitime, il avait frappé Moreau pour sauver son frère dont il pouvait croire la vie en danger.

Malheureusement, ce coup avait été porté avec une telle violence que le crâne avait été brisé, et que le malheureux Moreau expira le lendemain.

Me Girerd, dans l’intérêt de Jouanin, et Me Victor Mérijot, dans celui des frères Bonnot, ont fait entendre des paroles chaleureuses et pleines de force pour la défense de leurs clients.

Les efforts ont eu un plein succès : les trois accusés ont été acquittés.

  • (L’Écho de la Nièvre, mardi 2 mars 1847)
  • Relevé par Pierre Volut janvier 2022