Nevers 1660-1790 Aspect de la ville

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Jusqu'à la Révolution l'ntérieur de la cité conserve un aspect moyenâgeux. Sur un terrain accidenté [not 1] les rues circulent tortueuses et resserrées au milieu de maisons antiques [not 2], avec des places réduites à de simples carrefours [not 3]. L'ensemble ne manque ni d'originalité ni de caractère. Mais si les villes anciennes sont intéressantes ou tout au moins curieuses pour le touriste ou l'artiste, elles imposent presque toujours aux habitants des classes populaires des inconvénients de toute sorte. A Nevers les grandes familles habitent des hôtels d'apparence quelquefois un peu sévère, mais qui renferment dans leurs murailles des cours spacieuses et de véritables jardins [not 4].

Quant au peuple, il vit dans des conditions de confort et d'hygiène déplorables.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles la plupart des artisans et des marchands habitent encore les vieilles masures que leurs ancêtres ont occupé au moyen âge. En 1750 [1] il est officiellement constaté que la plupart des maisons sont anciennes, basses, fort resserrées et mal commodes. Certaines rues de ce vieux Nevers existent encore aujourd'hui. On cite volontiers la demeure du menuisier poète Adam Billaut [not 5]. C'était une très petite maison avec un modeste étage et dans le grenier une sorte de mansarde. La madone et le ceps de vigne, qui ombrageait le cintre des fenêtres et grimpait autour de la Vierge, donnaient à l'ensemble une allure poétique et gracieuse, qui n'était pas du tout celle des maisons d'ouvriers. Des réparations multiples ont défiguré la façade et lui ont enlevé tout son caractère. Mieux vaut s'arrêter devant certaines maisons de la rue de la Parcheminerie [not 6], dont les boutiques basses et les baies cintrées donnent une idée plus exacte et moins attrayante de l'habitation des ouvriers d'autrefois.

Beaucoup de ces bâtisses, construites en bois plutôt qu'en pierre, se soutiennent à peine, bien qu'elles dépassent rarement un étage. En 1732 [2] un orage, que l'on qualifie d'ouragan, renverse d'un seul coup trois maisons près de la place St-Sébastien. Cet accident, qui fait des victimes, semble émouvoir les pouvoirs publics. Des enquêtes signalent à cette époque un nombre inouï d'habitations « ruineuses » ou qui « menacent une ruine évidente ». Dans tous les quartiers on s'occupe à démolir ou à étayer des maisons. Ici c'est un pignon ou une cheminée qui s'apprêtent à choir. Là c'est « une petite tour saillante » au coin de la demeure du sieur Callot, à l'angle de la rue Saint Etienne et de celle des Chapelains [3]. Callot devra soutenir son échauguette, dont la silhouette esthétique décore évidemment le quartier, mais serait dangereuse pour les passants. Le chirurgien Guytot, qui habite au coin de la rue des Boyaux [4], devra lui aussi faire mettre un pilier dans l'encoignure de sa maison, « pour éviter l'évasion de lad. encoignure ».

Le péril d'incendie n'est pas moins à redouter. Les pouvoirs publics veillent à l'entretien des cheminées avec d'autant plus de sévérité, que les moyens d'action contre le feu restent insuffisants. Jusqu'au XVIIIème siècle ce sont les couvreurs qui se chargent du service des incendies. Un véritable corps de pompiers n'est organisé qu'à partir de 1737 [5], et d'ailleurs le manque d'eau paralyse son action dans les rues un peu éloignées de la Nièvre et de la Loire, car la ville ne dispose à cette époque que de 15 puits publics et de 2 fontaines. Toutefois, si les incendies sont fréquents aux XVIIème et XVIIIème siècles, ils ne ravagent plus des rues entières comme en 1484[6].


Sources

  • Louis Gueneau, L'organisation du travail à Nevers au 17e et 18e siècle.
  • Publication Praynal (discussion) 23 mai 2021 à 07:31 (CEST)

Notes et références

Notes

  1. «Dans la ville on ne fait que monter et descendre », dit S. Locatelli.
  2. L'almanach de 1755 relève tous ces caractères et cherche à les excuser en disant que la ville est très ancienne
  3. Sauf la place qui s'étend devant le château et celle qui sert pour le marché aux bêtes.
  4. A plus forte raison ces demeures deviennent-elles agréables en dehors des remparts. On peut citer comme exemple la maison de Champs, la préfecture actuelle.
  5. Mort en 1662.
  6. Ce qu on appelle aujourd'hui la rue Adam Billaut, du nom du célèbre menuisier, n'était autrefois que le prolongement de la rue de la Parcheminerie. - Cf. dans l'album du Nivernais: la maison d'Adam Billaut.

References

  1. Nevers EE. 6
  2. Nièvre B. Pairie de Nevers. Police III, novembre 1732
  3. Nièvre 15. Pairie de Nevers. Police III, 27 janvier 1735.
  4. Nevers B. Pairie de Nevers. Police III 19 avril 1736
  5. Cf. Parmentier, op. cit. II, p. 87
  6. Cf. de Sainte-Marie, op. cit.