Chaluzy

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Une pauvre paroisse.

Chaluzy fut d'abord une villa [1] gallo-romaine appartenant à un certain Carolus établi au bord de la vallée de la Nièvre; l'église peut être datée du 12ème siècle mais nous savons peu de chose sur les premiers siècles de son existence. Chaluzy fut paroisse jusqu'à la Révolution. Elle était dédiée à Saint Symphorien, saint tourangeau dont la renommée avait dû remonter la Loire.

Le hameau de Chaluzy était réduit à quelques feux[2] mais les habitants d'Aubeterre, Trangy, Reméron, Les Penauilles, Grangebault, Gondières ... étaient paroissiens de Chaluzy dont la frontière avec les paroisses de Saint Lazare et des Montots, à la Baratte, était constituée par le ruisseau d'Aiguepasse.[3] Comme il était d'usage l'église était entourée d'un cimetière. Quand fut reconstruite, au 19ème siècle, Ia ligne du Tacot qui reliait Nevers à Saint Saulge et Saulieu, on trouva entre l'église et la route actuelle quantité d'ossements.

La cure se situait de l'autre côté du chemin bordant le cimetière et le presbytère fut reconstruit en 1716 par le curé Quartier qui tint à l'inscrire sur une pierre encore bien visible maintenant.

La paroisse était pauvre comme le prouvent les comptes de ses curés et le mémoire des «domaines, dimeries et directes du pariochiage de Chaluzy» qu'avait fait établir le curé Cotignon en 1609. Elle possédait cependant une partie de la forêt de Venille qu'on appelle toujours les «Usages de Chaluzy». A la Révolution, le dernier curé, Pautras, refusa de prêter le serment [4], il fut emprisonné à l'Abbaye Notre Dame [5] puis transféré dans une sinistre galiote où les prisonniers étaient entassés à Nantes. II y mourut de faim et de misère avec un grand nombre de ses confrères.

Une anecdote

Récusation par Me Marc Godard, prêtre, curé de Chaluzy, dans un procès entre lui et M. Jean Arquier, prêtre, curé de Lichy, pour raison de la possession de ladite cure de Chaluzy, contre M. [Pierre] Alixand, conseiller au présidial, qui était 1er frère de noble François Alixand, docteur en médecine, marie de demoiseille Marie Billault, fille de Me Simon Billault, notaire royal à Nevers, beau-frère dudit Arquier, et 2è cousin de Me François Sallonnyer, prêtre, curé de Saint Cy Fertrève, damoiselle Françoise Sallonnyer, sa mère, étant tante dudit Sallonnyer, contre lequel le requérant avait révoqué, le 24 janvier précédent, une permutation qu'il avait faite de la cure de Chaluzy pour celle de Saint Cy Fertrève, permutation "extorquée par les artifices du sieur Pierre" (rejetée par jugement du 11 septembre 1671)

L'abandon.

Après la Révolution, les autorités décidèrent de supprimer purement et simplement cette paroisse, descendant les cloches pour les fondre en canons et s'emparant du peu d'objets précieux que l'église contenait: vases sacrés et tableau représentant Saint Symphorien au dessus de l'autel; le reste dûment inventorié, mais sans valeur, fut brûlé et dispersé. Les paroissiens durent prendre le chemin de Saint Eloi, distant pour certains de 4 à 5 km. Ils en furent d'autant plus vexés qu'ils venaient de réunir, et largement, de quoi réparer leur église déjà en mauvais état. Le nouveau maire de Saint Eloi récupéra l'argent récolté et le consacra à la réparation de l'église...de Saint Eloi.

Le maire devait ensuite se porter acquéreur de Chaluzy, église, cimetière, maison curiale dans des circonstances paraissant douteuses ... et pour une somme très inférieure à l'estimation qui en avait été faite !

Désormais l'église devint tantôt grange tantôt écurie et n'eut droit à aucun entretien; les dalles furent sorties pour servir de socle aux batteuses et le mur nord éventré jusqu'au sol pour faciliter la rentrée des récoltes.

Chaluzy église porte.jpg

Ouverte à tous les vents, toiture percée, pierres gelées, voûtes s'écroulant, il devint dangereux d'y entrer. Aussi, son dernier propriétaire et l'exploitant acceptèrent de la céder pour un franc symbolique à l'Association des Amis du Vieux Chaluzy, constituée par Jean de Valmont en 1971, en vue de sa restauration.

La renaissance.

L'association reçut d'abord l'aide de la commune et de la Camosine [6] qui venait d'être fondée par le Préfet Gandouin. La Camosine décida de faire de Chaluzy sa première opération pilote et on notera que c'est la rosace du linteau de la porte de l'église qui lui sert d'emblème. L'association des Amis du Vieux Chaluzy multiplia les manifestations culturelles dont les bénéfices rejoignirent les cotisations de ses membres et les travaux les plus urgents commencèrent.

Enfin grâce au classement en tant que monument historique en 1974, l’État, le Département et la Région Bourgogne ont pu apporter une participation financière importante sans laquelle les gros travaux n'auraient pu être terminés. Ils furent réalisés sous la direction de l'architecte en chef des monuments historiques, Mr Colette.

Et maintenant.

Chaluzy église.jpg

En ce début de 3ème millénaire de nouveaux travaux ont été entrepris ; en 2006 : réfection de la toiture, nouvelle charpente et couverture sur le chœur, pose d'un paratonnerre, reprise de joints, assainissement des bas de murs...Ils ont été réalisés grâce au concours de l’État, du Département, de la commune de Saint Éloi et de la Camosine.

D'autre part les aménagements paysagers, parking, éclairage, enfouissement des câbles électriques ont été engagés. Un important programme de travaux a débuté en 2016 et se poursuivra pendant 4 ans, il porte sur la réfection des baies du clocher ainsi qu'à la réouverture de la porte latérale. La première tranche : la face nord du clocher et la réouverture de la porte est terminée.


Sources :

  • Association des Amis du Vieux Chaluzy
  • Sites web chaluzy.fr – atlas-roman.blogspot.fr



  1. propriété agricole
  2. Le feu désigne une habitation dans laquelle il y a une cheminée
  3. aussi appelé ruisseau du Guipasse
  4. exigé notamment par le fameux Fouché qui dirigeait la Nièvre
  5. qui abrite aujourd'hui le musée de Nevers
  6. Caisse pour les Monuments et les Sites de la Nièvre