Historique nivernais des comices

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Nés officiellement en 1833, les comices agricoles ont été des moments essentiels dans la révolution des campagnes.

« Appliquez-vous surtout à l’amélioration du sol, aux bons engrais, au développement des races chevalines, bovines, ovines et porcines?! Que ces comices soient pour vous des arènes pacifiques où le vainqueur, en en sortant, tendra la main au vaincu et fraternisera avec lui, dans l’espoir d’un succès meilleur. » Ces mots n’ont jamais été prononcés. Ils ont été couchés sur le papier, sous la plume de Gustave Flaubert. Le comice agricole dans Madame Bovary n’a rien d’anecdotique. Ce décor dit l’importance qu’ont pris ces moments au milieu du 19e siècle. Moments de fête, de divertissement, de sociabilité rurale, mais aussi de diffusion des nouvelles techniques et des pratiques agricoles qui permirent, au 19e siècle, une première « révolution agricole ».

Dans l’histoire de ces comices, la Nièvre tient une place à part. Les arrondissements de Cosne et de Clamecy (sous l’impulsion d’André Dupin, député de l’arrondissement de Clamecy et président de la Chambre des députés sous Louis Philippe), deviennent, en 1839, les premiers de France à organiser des comices agricoles. Des initiatives qui s’inscrivent toutefois dans une histoire : celle de la volonté d’améliorer les performances agricoles. Histoire qui s’est écrite depuis le XVIIIe siècle, par des hommes qui considéraient que l’agriculture ne pouvait être laissée au libre jeu de la nature.

Dès 1788 en France était créé, en ce sens, un premier Grand Prix d’Agriculture. Au même moment s’organisent les premiers comices agricoles autour de Paris. Comices interdits, comme tous les rassemblements corporatistes, en 1793, par la Convention. Mais qui reviennent quelques années plus tard. En 1820, sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur, Élie Decazes, et même quelques années plus tôt, en Bretagne (le premier comice moderne apparaît en Ille-et-Vilaine en 1817).

L’élan est donné, donc. Il faut attendre le début des années 1830 et le développement d’une vision plus performante de la production agricole pour qu’il prenne une autre dimension. Adolphe Thiers, ministre du Commerce et des Travaux publics, chargé de l’agriculture, appelle à la mise en place de « sociétés libres, volontaires, non fondées administrativement », se rapprochant « de l’institution des comices agricoles ». En 1833, le règlement destiné à créer officiellement les comices agricoles est promulgué.

Les arrondissements de Cosne et de Clamecy sont, donc, les premiers à s’organiser, à quelques semaines d’écart. Le 21 avril 1839, la Société agronomique de l’arrondissement de Cosne est créée. Suivie, le 9 juin 1839, du Comice d’arrondissement de Clamecy. Qui vise notamment à « répandre le plus possible les connaissances acquises sur l’amélioration des races de bestiaux au moyen d’un croisement bien combiné ». La date du comice est fixée le 9 juin à Saint Père, et le 8 septembre à Tannay.

Des jours de fête, oui. Avec leurs concours, on distribue les prix dans différentes catégories de labourage et d’élevage. Certains prix, à Tannay, ne sont pas distribués faute de candidats ou parce que les candidats ne sont pas assez méritants. Avec leurs animations, des danses notamment. Et avec leurs banquets. À Tannay toujours, à l’Hôtel de la Croix Blanche, deux cents personnes partagent le repas.

Les comices des arrondissements de Cosne et de Clamecy de 1839 ouvrent, en tout cas, une longue série. Dès les années 1840-1850, les quatre arrondissements de la Nièvre se dotent de sociétés et de comices agricoles. Aujourd’hui encore au début du 21ème siècle, ils restent des moments forts dans la vie des campagnes.


Source: Journal du Centre, 30 août 2015


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