« Arleuf » : différence entre les versions
m (a déplacé Villages Arleuf vers Arleuf) |
m (Compléments d'informations) |
||
| Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
'''Situation'''<br> | |||
Du nom ancien Aridus locus, l'une des plus considérables du Morvand, est située sur la rive droite de l'<u>[[Yonne]]</u>, à 8 kilomètres de <u>[[Château Chinon]]</u>. Elle occupe un sol généralement maigre et froid, d'où lui vint le nom d'Aride-Lieu, encore peu altéré. Sa population est de 3053 habitants (836 en 2010) et sa surface de 5976 hectares, dont 3500 sont en forêts. Le sommet de Brenet, le point le plus élevé de son territoire, comte 804 mètre au dessus du niveau de la mer. On y rencontre plusieurs torrents ou ruisseaux flottables, tous affluents de l'Yonne. Le Touron, qui sort d'un étang de ce nom, la Mothe (il existe, sous la chaussée de l'étang de La Mothe, des ruines que l'on croit être les restes d'un château ou d'une ancienne usine), la Proye et Préparny, sont les principaux. Une voie romaine, dont on retrouve des vestiges aux Pâquelins, la traversait de l'est à l'ouest. La route impériale de Nevers à Autun la parcourt dans le même sens. | |||
'''Vestiges'''<br> | |||
Outre cette antique voie, il existe, en plusieurs endroits, des restes gallo-romains. Aux Bardiaux, de Beardo, où le peuple croit qu'il y eut une ville, on a découvert de nombreuses médailles et d'autres objets curieux, qui furent vendus, en 1857, pour trente francs, à un colporteur. Parmi ces médailles, celles d'Auguste, de Vespasien, de Domitien, Adrien, Gallien, Julia-Paul, Salonin, Posthume, Victorin, Claude-le-Gothique, Quintilla, Numérien, Dioclétien, Magnance...<br> | |||
Au Champ-du-Clou, Clausum, sont des fossés profonds et réguliers, et des indices de souterrains, sur une vaste échelle. Là, le soc de la charrue met, à tout moment, au jour, des fragments de tuiles à rebords, des briques romaines et de pierres étrangères à la localité.<br> | |||
L'ancien château de Beauregard fut bâti sur les ruines d'une villa. Les bords du Touron se recommandent à la curiosité des antiquaires. On croit y reconnaître divers monuments celtiques. Le territoire de la commune renferme, notamment dans la forêt de Montarnu, du minerai de fer, qui paraît assez riche.<br> | |||
'''Histoire'''<br> | |||
Sous l'ancien régime, la paroisse d'Arleuf relevait, au civil, du comté de Château-Chinon, de l'élection et du grenier à sel de cette ville. En 1790, il y fut créé un chef-lieu de canton, avec justice de paix, et <u>[[Glux en Glenne|Glux]]</u> pour dépendance. Vaucoret en fut juge de paix; mais il fut supprimé en 1800, et réuni à celui de Château-Chinon. Au spirituel, elle dépendait du diocèse d'Autun et de l'archiprêtré d'Anost. Le patronage de la cure appartenait alors à l'évêque. Jean Baptiste Berthault, <u>[[Arleuf curés|curé d'Arleuf]]</u> pendant 34 ans, fut honoré, à cause de ses mérites, du titre d'archiprêtre. La révolution ne put ébranler sa foi, ni sa vertu. Il refusa courageusement le serment schismatique. Emprisonné à <u>[[Nevers]]</u>, puis transporté à <u>[[Constitution civile et clergé nivernais|Brest]]</u> par <u>[[La Loire|la Loire]]</u>, il y mourut martyr avec son frère Michel, <u>[[Glux en Glenne curés|curé de Glux]]</u>. Il était âgé de 63 ans.<br> | |||
L'importance de la paroisse d'Arleuf lui a valu d'être érigée, en 1827, en cure de deuxième classe. Elle était autrefois dans l'usage de se rendre, en procession générale, le lundi de Pâques à la chapelle de Faubouloin, le 1er mai à celle de Beauregard, et le jour de Saint-Jean-Baptiste à l'église de Roussillon.<br> | |||
Le chef-lieu, échelonné sur la route, au sommet des montagnes, n'est pas considérable, mais asses bien bâti. On y trouve une maison des sœurs de l'Enfant-Jésus, fondée en 1855 par le vicomte Foullon de Doué, propriétaire de La Tournelle, pour l’instruction des jeunes filles et la visite des malades. | |||
Dans les mauvais jours, de la révolution de 1789, l'<u>[[Arleuf église|église d'Arleuf]]</u> reçut de Temple décadaire et vit s'accomplir toutes les orgies du temps. Mais ces profanations ne furent le fait que de quelques exaltés. Le peuple resta fidèle à la religion de ses pères ; aussi, lorsque le schismatique Barillot, soi disant ministre du culte catholique, transféra, pour favoriser de plus en plus les institutions républicaines, l'office du dimanche au décadi, il y eut un cri général de réprobation, et il ne parut plus personne à ses sacrilèges cérémonies.<br> | |||
Lors de la proclamation de la république, en 1848, les gens d'Arleuf dans les anciens droits d'usage et pacage, dont un arrêt de la cour royale de Bourges, rendu en 1828, après 48 ans de débats, les avait tous déboutés, à l'exception de 7 familles, qui purent justifier clairement de leurs titres. Ces 7 familles étaient les descendants de Jean Bounot, du hameau de Montrion, aujourd'hui les Blandins, affranchi par Balthazar de La Tournelle, le 22 mai 1547, et auquel ce seigneur avait accordé d'amples droits d'usage et de pacage dans ses forêts. Ils se levèrent donc en masse et protèrent, armés de faux, de piques, de cognées, à Château-Chinon, où résidait le fondé de pouvoirs des propriétaires de La Tournelle. Mais reçux vigoureusement par la garde nationale de cette ville, ils regagnèrent, fort désappointés, leurs foyers.<br> | |||
'''La Tournelle'''<br> | |||
Près des forêts, au sud ouest du bourg, on remarque le château de La Tournelle, castellum de Tornellâ, si connu à cause de l'illustre famille, aujourd'hui éteinte, dont il fut le berceau. Au 15e siècle, son aspect était formidable : tours crénelées, donjon hérissé de mâchicoulis, murailles épaisses, fossés profonds, lourd pont levis, chapelle castrale, tout annonçait la demeure d'un haut et puissant seigneur. Ses fortifications semblaient défier l'ennemi le plus résolu. Néanmoins, l'armée de Louis XI, en guerre avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et comte de Château-Chinon, se présenta, au mois de juillet 1474, devant cette place et en forma le siège. Malgré les efforts d'une petite garnison, le château tomba au pouvoir de l'ennemi, qui le rasa. Arleuf fut brûlé et les habitants perdirent leurs biens en partie. On pense que ce château se trouvait alors dans le pré de La Mothe, où il existe des restes de fossés. Près de là est la fontaine de La Dame.<br> | |||
Reconstruit l'année suivante, le manoir ne présenta plus la même magnificence. Il est formé actuellement d'un grand corps de logis, flanqué de deux pavillons, et n'est que l'ombre de lui même. La longue avenue de tilleuls, par laquelle il communiquait avec Arleuf, fut abattue, en 1793, par l'acquéreur, Jean Marie Duvernoy, qui vendit aussi la belle grille de fer qu'on y voyait.<br> | |||
La terre de La Tournelle, seigneurie avec justice haute, moyenne et basse, était un ancien démembrement du comté de Château-Chinon, dont elle mouvait en plein fief. En cas d'aliénation, le suzerain percevait le quint denier en montant, c'est à dire, le quart du prix de la vente, « si mieulx il n'aimoit retenir ladicte terre en payant les loyaulx coûts ». Elle se composait de 14 domaines, d'une masse de forêts de plus de 8000 arpents et de 10 étangs servant au flottage.<br> | |||
Charles de La Tournelle la fit ériger en marquisat, au mois de juin 1680. Arleuf, Corancy, Chaumard et les chapelles de Beauregard et de Faubouloin formèrent les 5 clochers alors nécessaires pour une semblable érection. Sa haute justice prit le titre de bailliage et gruerie ; néanmoins elle continua de ressortir, par appel, à celui de Château-Chinon, et, de là, à l'exception de quelques familles, affranchies à titre particulier (Vincent Amyot et ses hoirs furent affranchis en 1506 - Jean Bonnot et les siens en 1547 - Jean Rollot en 1557 - Léonard et Montlevrain et se frères en 1555 - Guy de Fosse en 1577 - Philippe Baudeau, de la Vallée de Cours en 1578), étaient « mainmortables, serfs et de serve condition, corvéables et taillables à merci, une fois chacun an » ; ils n'échappèrent à cette triste condition qu'en 1789.<br> | |||
La seigneurie de La Tournelle appartenait, au 11e siècle, à la puissante maison de Château-Chinon, et formait ordinairement l'apanage du puîné de la famille. Seguin, le premier seigneur connu, qui en ait porté le nom, était un chevalier aussi distingué par sa piété que par sa noblesse. Il donna, en 1105, pour le remède de l'âme de Hugues, son père, et de celles de ses ancêtres, du consentement de Magnance, sa mère, de Guillaume le Fort, son beau père... à dieu et à St Martin de Nevers, les églises de Guipy, de St Germain et de St Didier sur Yonne, avec leurs dépendances. Pour reconnaître cette pieuse générosité, l'abbé de St Martin et les religieux du prieuré de Guipy l'admirent, lui et ses descendants et ascendants, en participation de leurs prières.<br> | |||
Seguin fut présent, en 1143, à la rédaction de la charte par laquelle Guillaume II, comte de Nevers, approuvait les dernières acquisitions du prieur de La Charité. L'année suivante, le premier jeudi de carême, in capite jejunii, il assista, au château d'Auxerre, à la donation que le comte fit aux religieux de St Marien. Il signa aussi une transaction, arrêtée par St Bernard, entre ce prince et l'évêque Humbault.<br> | |||
Au sortir de l'assemblée de Vézelay, en 1146, il se rendit dans sa terre de Biches, où il confirma, en présence de Geoffroy, évêque de Nevers, et d'un grand nombre de seigneurs, la donation qu'il avait faite aux moine de St Martin. Il y ajouta encore le 10e du droit de paisson des porcs dans ses bois de Guipy, d'Héry...<br> | |||
'''Poissons'''<br> | |||
Poissons, villa de Piscibus, dans une vallée, au nord d'Arleuf, était le siège d'une autre seigneurie en toute justice, qui reconnaissait la même mouvance. Elle appartenait aussi à la maison de La Tournelle, dont une branche prit ce nom. Etienne de La Tournelle, seigneur de Poissons, transigea, vers 1310, avec les enfants de Hugues de Diennat pour les droits prétendus par eux dans la maison de ce fief. Jean et Robert de Poissons en firent aveu au duc d'Athènes en 1351. Jean II, fils du premier, Hugues et Guillaume renouvelèrent ce devoir en 1396. Gillette, fille de ce dernier, porta cette seigneurie à Jean de Coussay, qui en prit le nom. Cette dame fit hommage, en 1444, pour Champfeur et Raunon.<br> | |||
'''Origine des patronymes'''<br> | |||
La commune d'Arleuf comprend beaucoup de hameaux portant presque tous le nom de leurs anciens habitants. Nous citerons, entre autres, les Barats, les Brenays, les Bouchoux, les Carnés, les Blandins, les Chaintres, les Bardeaux, les Gorys, les Manges, autrefois Mangematin, les Moreaux, les Mouillefers, les Pâquelins, les Rollots, les Trinquets, les Voucoux... Ces noms se rencontrent encore en grand nombre dans la population.<br> | |||
Les Carnés, au sud ouest, dans les bois, près de l'Yonne, sont connus par leurs blanchisseries de toile.<br> | |||
Les Pâquelins, à l'est, étaient traversés par l'ancienne voie romaine dont nous avons parlé. Des découvertes de médailles des empereurs Auguste, Vespasin, Domitien, Adrien, Dioclétien et de divers autres objets antiques, attestent en ce lieu le séjour des Romains. Ce hameau est renommé dans les environs à cause de ses excellents fromages.<br> | |||
Informations tirées de '''Le Morvand''' par [[Jean François Baudiau]] en 1867 | |||
==Relevé dans la presse== | ==Relevé dans la presse== | ||
*Incendie:<br>Le 30 avril, vers une heure du matin, un incendie s'est déclaré au hameau des Robins, commune d'Arleuf, et a détruit un corps de bâtiment comprenant deux maisons d'habitation, trois granges, trois écuries et une certaine quantité de fourrages, appartenant à MM. Bauer, Pasquelin, Blin, Pannetier.<br>Les pertes, évaluées à 7.300 francs sont couvertes par des assurances. | *Incendie:<br>Le 30 avril, vers une heure du matin, un incendie s'est déclaré au hameau des Robins, commune d'Arleuf, et a détruit un corps de bâtiment comprenant deux maisons d'habitation, trois granges, trois écuries et une certaine quantité de fourrages, appartenant à MM. Bauer, Pasquelin, Blin, Pannetier.<br>Les pertes, évaluées à 7.300 francs sont couvertes par des assurances. | ||
| Ligne 9 : | Ligne 46 : | ||
[[Catégorie:Villages]] | [[Catégorie:Villages]] | ||
[[Catégorie:Histoire au fil des siècles]] | |||
Version du 21 décembre 2013 à 06:47
Situation
Du nom ancien Aridus locus, l'une des plus considérables du Morvand, est située sur la rive droite de l'Yonne, à 8 kilomètres de Château Chinon. Elle occupe un sol généralement maigre et froid, d'où lui vint le nom d'Aride-Lieu, encore peu altéré. Sa population est de 3053 habitants (836 en 2010) et sa surface de 5976 hectares, dont 3500 sont en forêts. Le sommet de Brenet, le point le plus élevé de son territoire, comte 804 mètre au dessus du niveau de la mer. On y rencontre plusieurs torrents ou ruisseaux flottables, tous affluents de l'Yonne. Le Touron, qui sort d'un étang de ce nom, la Mothe (il existe, sous la chaussée de l'étang de La Mothe, des ruines que l'on croit être les restes d'un château ou d'une ancienne usine), la Proye et Préparny, sont les principaux. Une voie romaine, dont on retrouve des vestiges aux Pâquelins, la traversait de l'est à l'ouest. La route impériale de Nevers à Autun la parcourt dans le même sens.
Vestiges
Outre cette antique voie, il existe, en plusieurs endroits, des restes gallo-romains. Aux Bardiaux, de Beardo, où le peuple croit qu'il y eut une ville, on a découvert de nombreuses médailles et d'autres objets curieux, qui furent vendus, en 1857, pour trente francs, à un colporteur. Parmi ces médailles, celles d'Auguste, de Vespasien, de Domitien, Adrien, Gallien, Julia-Paul, Salonin, Posthume, Victorin, Claude-le-Gothique, Quintilla, Numérien, Dioclétien, Magnance...
Au Champ-du-Clou, Clausum, sont des fossés profonds et réguliers, et des indices de souterrains, sur une vaste échelle. Là, le soc de la charrue met, à tout moment, au jour, des fragments de tuiles à rebords, des briques romaines et de pierres étrangères à la localité.
L'ancien château de Beauregard fut bâti sur les ruines d'une villa. Les bords du Touron se recommandent à la curiosité des antiquaires. On croit y reconnaître divers monuments celtiques. Le territoire de la commune renferme, notamment dans la forêt de Montarnu, du minerai de fer, qui paraît assez riche.
Histoire
Sous l'ancien régime, la paroisse d'Arleuf relevait, au civil, du comté de Château-Chinon, de l'élection et du grenier à sel de cette ville. En 1790, il y fut créé un chef-lieu de canton, avec justice de paix, et Glux pour dépendance. Vaucoret en fut juge de paix; mais il fut supprimé en 1800, et réuni à celui de Château-Chinon. Au spirituel, elle dépendait du diocèse d'Autun et de l'archiprêtré d'Anost. Le patronage de la cure appartenait alors à l'évêque. Jean Baptiste Berthault, curé d'Arleuf pendant 34 ans, fut honoré, à cause de ses mérites, du titre d'archiprêtre. La révolution ne put ébranler sa foi, ni sa vertu. Il refusa courageusement le serment schismatique. Emprisonné à Nevers, puis transporté à Brest par la Loire, il y mourut martyr avec son frère Michel, curé de Glux. Il était âgé de 63 ans.
L'importance de la paroisse d'Arleuf lui a valu d'être érigée, en 1827, en cure de deuxième classe. Elle était autrefois dans l'usage de se rendre, en procession générale, le lundi de Pâques à la chapelle de Faubouloin, le 1er mai à celle de Beauregard, et le jour de Saint-Jean-Baptiste à l'église de Roussillon.
Le chef-lieu, échelonné sur la route, au sommet des montagnes, n'est pas considérable, mais asses bien bâti. On y trouve une maison des sœurs de l'Enfant-Jésus, fondée en 1855 par le vicomte Foullon de Doué, propriétaire de La Tournelle, pour l’instruction des jeunes filles et la visite des malades.
Dans les mauvais jours, de la révolution de 1789, l'église d'Arleuf reçut de Temple décadaire et vit s'accomplir toutes les orgies du temps. Mais ces profanations ne furent le fait que de quelques exaltés. Le peuple resta fidèle à la religion de ses pères ; aussi, lorsque le schismatique Barillot, soi disant ministre du culte catholique, transféra, pour favoriser de plus en plus les institutions républicaines, l'office du dimanche au décadi, il y eut un cri général de réprobation, et il ne parut plus personne à ses sacrilèges cérémonies.
Lors de la proclamation de la république, en 1848, les gens d'Arleuf dans les anciens droits d'usage et pacage, dont un arrêt de la cour royale de Bourges, rendu en 1828, après 48 ans de débats, les avait tous déboutés, à l'exception de 7 familles, qui purent justifier clairement de leurs titres. Ces 7 familles étaient les descendants de Jean Bounot, du hameau de Montrion, aujourd'hui les Blandins, affranchi par Balthazar de La Tournelle, le 22 mai 1547, et auquel ce seigneur avait accordé d'amples droits d'usage et de pacage dans ses forêts. Ils se levèrent donc en masse et protèrent, armés de faux, de piques, de cognées, à Château-Chinon, où résidait le fondé de pouvoirs des propriétaires de La Tournelle. Mais reçux vigoureusement par la garde nationale de cette ville, ils regagnèrent, fort désappointés, leurs foyers.
La Tournelle
Près des forêts, au sud ouest du bourg, on remarque le château de La Tournelle, castellum de Tornellâ, si connu à cause de l'illustre famille, aujourd'hui éteinte, dont il fut le berceau. Au 15e siècle, son aspect était formidable : tours crénelées, donjon hérissé de mâchicoulis, murailles épaisses, fossés profonds, lourd pont levis, chapelle castrale, tout annonçait la demeure d'un haut et puissant seigneur. Ses fortifications semblaient défier l'ennemi le plus résolu. Néanmoins, l'armée de Louis XI, en guerre avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et comte de Château-Chinon, se présenta, au mois de juillet 1474, devant cette place et en forma le siège. Malgré les efforts d'une petite garnison, le château tomba au pouvoir de l'ennemi, qui le rasa. Arleuf fut brûlé et les habitants perdirent leurs biens en partie. On pense que ce château se trouvait alors dans le pré de La Mothe, où il existe des restes de fossés. Près de là est la fontaine de La Dame.
Reconstruit l'année suivante, le manoir ne présenta plus la même magnificence. Il est formé actuellement d'un grand corps de logis, flanqué de deux pavillons, et n'est que l'ombre de lui même. La longue avenue de tilleuls, par laquelle il communiquait avec Arleuf, fut abattue, en 1793, par l'acquéreur, Jean Marie Duvernoy, qui vendit aussi la belle grille de fer qu'on y voyait.
La terre de La Tournelle, seigneurie avec justice haute, moyenne et basse, était un ancien démembrement du comté de Château-Chinon, dont elle mouvait en plein fief. En cas d'aliénation, le suzerain percevait le quint denier en montant, c'est à dire, le quart du prix de la vente, « si mieulx il n'aimoit retenir ladicte terre en payant les loyaulx coûts ». Elle se composait de 14 domaines, d'une masse de forêts de plus de 8000 arpents et de 10 étangs servant au flottage.
Charles de La Tournelle la fit ériger en marquisat, au mois de juin 1680. Arleuf, Corancy, Chaumard et les chapelles de Beauregard et de Faubouloin formèrent les 5 clochers alors nécessaires pour une semblable érection. Sa haute justice prit le titre de bailliage et gruerie ; néanmoins elle continua de ressortir, par appel, à celui de Château-Chinon, et, de là, à l'exception de quelques familles, affranchies à titre particulier (Vincent Amyot et ses hoirs furent affranchis en 1506 - Jean Bonnot et les siens en 1547 - Jean Rollot en 1557 - Léonard et Montlevrain et se frères en 1555 - Guy de Fosse en 1577 - Philippe Baudeau, de la Vallée de Cours en 1578), étaient « mainmortables, serfs et de serve condition, corvéables et taillables à merci, une fois chacun an » ; ils n'échappèrent à cette triste condition qu'en 1789.
La seigneurie de La Tournelle appartenait, au 11e siècle, à la puissante maison de Château-Chinon, et formait ordinairement l'apanage du puîné de la famille. Seguin, le premier seigneur connu, qui en ait porté le nom, était un chevalier aussi distingué par sa piété que par sa noblesse. Il donna, en 1105, pour le remède de l'âme de Hugues, son père, et de celles de ses ancêtres, du consentement de Magnance, sa mère, de Guillaume le Fort, son beau père... à dieu et à St Martin de Nevers, les églises de Guipy, de St Germain et de St Didier sur Yonne, avec leurs dépendances. Pour reconnaître cette pieuse générosité, l'abbé de St Martin et les religieux du prieuré de Guipy l'admirent, lui et ses descendants et ascendants, en participation de leurs prières.
Seguin fut présent, en 1143, à la rédaction de la charte par laquelle Guillaume II, comte de Nevers, approuvait les dernières acquisitions du prieur de La Charité. L'année suivante, le premier jeudi de carême, in capite jejunii, il assista, au château d'Auxerre, à la donation que le comte fit aux religieux de St Marien. Il signa aussi une transaction, arrêtée par St Bernard, entre ce prince et l'évêque Humbault.
Au sortir de l'assemblée de Vézelay, en 1146, il se rendit dans sa terre de Biches, où il confirma, en présence de Geoffroy, évêque de Nevers, et d'un grand nombre de seigneurs, la donation qu'il avait faite aux moine de St Martin. Il y ajouta encore le 10e du droit de paisson des porcs dans ses bois de Guipy, d'Héry...
Poissons
Poissons, villa de Piscibus, dans une vallée, au nord d'Arleuf, était le siège d'une autre seigneurie en toute justice, qui reconnaissait la même mouvance. Elle appartenait aussi à la maison de La Tournelle, dont une branche prit ce nom. Etienne de La Tournelle, seigneur de Poissons, transigea, vers 1310, avec les enfants de Hugues de Diennat pour les droits prétendus par eux dans la maison de ce fief. Jean et Robert de Poissons en firent aveu au duc d'Athènes en 1351. Jean II, fils du premier, Hugues et Guillaume renouvelèrent ce devoir en 1396. Gillette, fille de ce dernier, porta cette seigneurie à Jean de Coussay, qui en prit le nom. Cette dame fit hommage, en 1444, pour Champfeur et Raunon.
Origine des patronymes
La commune d'Arleuf comprend beaucoup de hameaux portant presque tous le nom de leurs anciens habitants. Nous citerons, entre autres, les Barats, les Brenays, les Bouchoux, les Carnés, les Blandins, les Chaintres, les Bardeaux, les Gorys, les Manges, autrefois Mangematin, les Moreaux, les Mouillefers, les Pâquelins, les Rollots, les Trinquets, les Voucoux... Ces noms se rencontrent encore en grand nombre dans la population.
Les Carnés, au sud ouest, dans les bois, près de l'Yonne, sont connus par leurs blanchisseries de toile.
Les Pâquelins, à l'est, étaient traversés par l'ancienne voie romaine dont nous avons parlé. Des découvertes de médailles des empereurs Auguste, Vespasin, Domitien, Adrien, Dioclétien et de divers autres objets antiques, attestent en ce lieu le séjour des Romains. Ce hameau est renommé dans les environs à cause de ses excellents fromages.
Informations tirées de Le Morvand par Jean François Baudiau en 1867
Relevé dans la presse
- Incendie:
Le 30 avril, vers une heure du matin, un incendie s'est déclaré au hameau des Robins, commune d'Arleuf, et a détruit un corps de bâtiment comprenant deux maisons d'habitation, trois granges, trois écuries et une certaine quantité de fourrages, appartenant à MM. Bauer, Pasquelin, Blin, Pannetier.
Les pertes, évaluées à 7.300 francs sont couvertes par des assurances.
- (Le Courrier de la Nièvre du 08/05/1904)
- Accident :
M. Jean Defosse, demeurant à Voucoux, commune d'Arleuf, a été enseveli sous un éboulement en travaillant sur la ligne de Corcelles à Château-Chinon, près de Fâchin.
Il a été admis d'urgence à l'hospice de Château-Chinon.
- (Le Courrier de la Nièvre du 14/06/1903)
- Vol :
La gendarmerie a ouvert une enquête au sujet de vols commis dans les cabanes construites dans les bois de Fragny, commune d'Arleuf. Ces cabanes étaient occupées par les terrassiers de la ligne de Corcelles à Château-Chinon.
Les vols commis s'élèvent à 60 fr. environ et consistent en linge et vêtements de travail.
- (Le Courrier de la Nièvre du 05/07/1903)