Saint Pierre le Moûtier

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  • Sancti Petri Monasterium, ville du troisième arrondissement communal du département de la Nièvre. Son nom dérive du monastère de bénédictins consacré à Saint Pierre, et qui était dans cette ville, et de Moustier ou Monastier, en latin du Moyen Âge Monasterium, qui signifie église des moines. Saint-Pierre-le-Moûtier doit l'origine de son établissement à une colonie des bénédictins de Saint-Martin d'Autun, qui, au huitième siècle, y construisirent un couvent. Ils préférèrent cet endroit pour se procurer des légumes, alors leur seule nourriture. Charles le Chauve étant à Bourges en 842, pendant que la guerre désolait l'Aquitaine, donna ce monastère à Meynard d'Estrées-Saint-Genoul ; mais Meynard et ses religieux, effrayés par les Normands, se réfugièrent à l'abbaye Notre-Dame de Nevers.
    Cette ville n'a jamais dépendu des comtes ou ducs de Nevers, mais elle appartenait d'ancienneté aux abbés de Saint-Martin d'Autun qui y établirent un prieuré dont le titulaire avait le droit de justice dans la ville et ses dépendances. En 1165, l'un de ces abbés, pour s'attirer la protection de Louis le Jeune, le pria de prendre en sa garde le prieuré de Saint-Pierre, en lui offrant de l'associer pour la moitié de la justice. Ce monarque accepta par lettres-patentes. Cette association ne dura pas longtemps : le roi se mit en possession de toute la justice dans la ville, ne laissant au prieur que le droit de justice dans son prieuré et dans quelques villages. Dans la suite, c'est-à-dire en 1222, lorsque les rois établirent des bailliages(1) et sénéchaussées fixes et perpétuels, pour juger des cas royaux et privilégiés, celui de Saint-Pierre, qui eut un ressort très étendu, fut un des premiers créés, avec ceux de Mâcon, Sens et Vermandois, et le prieur y conserva le titre de premier conseiller au bailliage de Saint-Pierre. L'Auvergne, le Bourbonnais, le Berry et le Nivernais en dépendaient, pour les cas royaux et privilégiés ; et les appels des justices de l'évêque, du chapitre de Nevers y étaient portés parce que l'évêque et le chapitre ne reconnaissaient d'autre suzerain que le roi qui avait le droit de régale. Cependant, en 1274 et 1319 le Berry étant du domaine royal, le bailliage de Saint-Pierre-le-Moûtier fut transféré à Bourges, et il n'y eut plus qu'un lieutenant pour la prévôté(2) de Saint-Pierre. Par la suite, le bailliage y fut recréé, mais avec un ressort beaucoup moins étendu. Au mois de janvier 1551, lorsque Henri II fit la première création des présidiaux(3), il en établit un au bailliage de Saint-Pierre, qui ne renfermait alors que Sancoins et Lerai en Berry, le comté de Château-Chinon, le bailliage de La Charité-sur-Loire, les justices de l'évêché, du chapitre, et du bourg de Saint-Etienne de Nevers, celle de Pouilly, la justice royale de Cusset ; mais seulement pour les premiers et deuxièmes chefs de l'édit des présidiaux, et en outre, tous les cas royaux et privilégiés de la province du Nivernais proprement dite, car le Donziais relevait du bailliage d'Auxerre.
    Quoique Saint-Pierre formât une enclave particulière, cette ville était du Nivernais ; elle était régie par la coutume de cette province, et dépendait de l'élection et du grenier à sel de Nevers.
    Lors de l'invasion des Anglais en France, sous les règnes de Charles VI et Charles VII, Saint-Pierre-le-Moûtier tomba au pouvoir des ennemis. En 1430 Charles VII forma le projet de reprendre cette ville. Il partit de Lagny, traversa la Seine à Bray et poursuivit sa marche vers la Loire. On commença par investir la ville ; on fit les approches de cette place, et la brèche en peu de jours fut en état d'être attaquée. La Pucelle d'Orléans était au siège, animant la valeur des troupes par ses discours et ses exemples. Les Français furent repoussés à un premier assaut. La seule Jeanne d'Arc ne pouvait se résoudre à la retraite : malgré toutes les exhortations possibles, elle protesta qu'elle n'abandonnerait pas son poste qu'elle n'eût achevé l'entreprise. Sa résolution rendit le courage aux troupes ; on revint à la charge avec furie. Les ennemis qui, jusque là, avaient montré tant de valeur, ne purent soutenir ce second assaut auquel, ils ne s'attendaient pas. Les Français, après une assez faible résistance, se rendirent maîtres de cette place.
    En 1590, Saint-Pierre-le-Moûtier passa entre les mains des ligueurs, et fut repris par le parti du roi.
  • Il y avait une collégiale dans cette ville ; elle fut fondée en 1520, par Dreux de Mello, chanoine de Saint-Cyr de Nevers. Ce fondateur était probablement un descendant de l'illustre maison de ce nom, qui posséda longtemps le comté de Château-Chinon. La fondation de la collégiale Saint-Pierre était de huit chanoines. Ils furent portés à douze en 1523 par Gui de Vaudreuil et le seigneur de Ville-Neuve ; mais il n'y en avait plus que quatre à l'époque de la Révolution, et encore n'y résidaient-ils pas depuis longtemps. La paroisse, sous le nom de Saint-Babyle, était hors la ville. Il y a aussi un hôpital.
    Le 14 février 1622, les augustins arrivèrent et furent fondés à Saint-Pierre-le-Moûtier. Eustache de Chéry, évêque de Nevers, posa la première pierre de leur église en 1650. En 1673 on fonda un collège dans leur couvent, qui ne s'est pas bien soutenu.
    Les ursulines y avaient aussi une maison fondée en 1626, pour l'éducation des jeunes filles. [...]
  • La population de Saint-Pierre est d'environ 2000 âmes. Cette ville est petite, assez bien bâtie. Elle est au-dessous de la chaussée d'un étang, entre deux montagnes formant un vallon donnant passage au vent du Sud, ce qui rend l'air malsain. Dépourvue de fontaines, l'eau n'y est pas bonne. Avant la Révolution, le bailliage qu'elle possédait la rendait vivante. Elle a été le chef-lieu d'un district. Elle est par 46 degrés 45 minutes et 8 secondes de latitude, et par 21 degrés 17 minutes et 18 secondes de longitude, à partir de l'Isle-de-Fer(4), ou 0 degré, 47 minutes et 18 secondes à partir de Paris, à une lieue et demie à l'Est de l'Allier, presqu'à l'extrémité du département de la Nièvre, sur la grande route de Paris à Lyon, entre Nevers et Moulins, à cinq lieues au S. de la première, et à sept N.O. de la seconde de ces deux villes. Elle a quelques forges dans ses environs. Son commerce consiste en blés, fourrages et bestiaux. Ses campagnes sont fertiles.

(1) Le bailliage était une unité administrative, judiciaire et fiscale ; il était administré par un bailli, officier représentant du roi. Dans les régions périphériques, ces unités étaient appelées sénéchaussées et administrées par des sénéchaux.
(2) La prévôté était le premier degré de la justice royale.
(3) En 1552, le roi Henri II a créé 60 présidiaux, circonscriptions judiciaires intermédiaires entre le bailliage et le Parlement.
(4) L'Ile de Fer, ou Hierro, est l'une des îles Canaries. Dans l'Antiquité, le géographe Ptolémée situait cette île comme le point occidental extrême. En réalité déjà plusieurs navigateurs phéniciens et scandinaves étaient allés plus à l'ouest. Le méridien de Ferro, ou de l'île de Fer, quelque temps en concurrence avec celui de Paris, a été abandonné pour le méridien de Greenwich.


Texte de Pierre Volut mis en page par Martine NOËL (discussion) 27 décembre 2020 à 11:59 (CET)

Relevé dans la presse

  • L'orage ;
    Au cours de l'orage du 30 mai, la foudre est tombée au domaine de Maison, et a tué deux bœufs appartenant à M . Milaveau, fermier.
(Le Courrier de la Nièvre du 07/06/1903)

  • Incendie :
    Dimanche soir, entre six et sept heures, un incendie dû à l'imprudence d'un enfant de cinq ans, a détruit deux plongeons de paille et un tombereau appartenant à M. Pierre Girard, fermier à Saint-Pierre-le-Moûtier.
    Les pertes évaluées à 500 fr. sont assurées.
(Le Courrier de la Nièvre du 05/07/1903)