Saint Léger des Vignes

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Les dommages de guerre

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  • Le dimanche premier décembre, Paris-Centre publie sur une colonne et demie en "Une" une longue lettre de M. L... P..., réponse à M. Vuillemin, rédacteur au journal. Cette lettre est une grave mise en cause des habitants de la commune de Saint-Léger.
    Revenons aux articles précédents qui ont déclenché cette polémique. Le 27 novembre, M. Vuillemin s'est interrogé sur l'attribution de fonds importants de dommages de guerre aux régions du Nord et de l'Est, afin de compenser la valeur des biens perdus par destruction. D'après lui, la France entière a souffert pour assurer le ravitaillement des troupes et l'équipement en matériel et munitions de guerre. Il trouve que les usines Schneider du Creusot, les entreprises d'armement de Bourges ou de Saint-Étienne ont rendu des services indispensables à notre armée ; si les subventions d'état sont uniquement versées aux usines des zones frontalières qui, elles, ont travaillé pour l'Allemagne pendant quatre ans, c'est injuste. L'auteur met en cause les industriels qui ont installé de grandes entreprises stratégiques à portée de main de l'ennemi(1). Il cite le principe adopté en 1871 par le gouvernement Thiers, après une guerre perdue : l'état a l'obligation morale de venir en aide à toute la population lésée par la guerre et de réparer les pertes dans la mesure du possible. Le Centre n'a pas été occupé par l'ennemi, mais il a perdu bon nombre de ses fils ; il a en outre accueilli plusieurs milliers de réfugiés, plusieurs dépôts de régiments, des Américains, des travailleurs coloniaux ; si certains ont profité de la guerre, beaucoup ont dû effectuer d'énormes efforts pour simplement survivre et ils ont maintenant droit à la solidarité nationale.
    M. L... P..., rédacteur à l'Est-Républicain n'est pas d'accord. Il s'est renseigné sur la commune de Saint-Léger où plusieurs Lorrains, soldats du 69e R.I. et civils, ont résidé ; et son constat est accablant : « Saint-Léger était en 1914 une localité assez misérable. La présence du dépôt du 69e lui a apporté une prospérité jusqu'alors insoupçonnée. Ses femmes, ses jeunes filles, sans aucune connaissance spéciale, ont été employées dans les bureaux de la guerre. Alors que tant d'autres Français vidaient leur bas de laine, les Léodegariens ont rempli le leur. » Une même critique concerne Nevers, où le prix des loyers a triplé et quadruplé...
    Paris-Centre rectifie en note de bas de page l'appréciation du journaliste lorrain. En 1914, Saint-Léger n'étais pas « une localité assez misérable » mais un bourg de 1789 habitants, faubourg ouvrier de la ville de Decize. Les activités industrielles et commerciales étaient nombreuses et variées : un grand atelier de bateaux, quatre carrières de plâtre en exploitation, une verrerie, une poterie, la gare P.L.M. de Decize, le port sur le canal du Nivernais.
    M. L... P... continue sa diatribe : « Le Nivernais a tiré du réfugié tout ce qu'il a pu, lui faisant payer les denrées à des prix exorbitants, le traitant rarement comme l'indigène. Je vous citerai en exemple une fillette se voyant refuser à Saint-Léger un litre de pétrole parce que Nancéenne, alors qu'on en délivrait devant elle un litre à l'une de ses camarades de classe parce que Léodegarienne... »
    Le 12 décembre, une nouvelle lettre est publiée par Paris-Centre ; cette fois, elle provient de M. Gaston Forzy, maire d'Autremencourt, dans l'Aisne. Il ne s'en prend pas à Saint-Léger, mais réagit sur une remarque de M. Vuillemot : les usines situées près des frontières n'ont pas été implantées par hasard, mais parce que c'est là que se trouvent les plus importants gisements de charbon et de fer ; il aurait été illusoire de vouloir les placer ailleurs. Ce qui serait plus judicieux ce serait d'organiser des assurances contre les risques de guerre, garanties par l'état. En conclusion, plutôt que d'opposer les provinces entre elles, le rédacteur de Paris-Centre attend les paiements de l'Allemagne...

(1) Cette critique sera reprise par la presse d'extrême-gauche, qui soulignera le double jeu de la famille de Wendel et des maîtres de forges lorrains, dont l'empire industriel s'étendait des deux côtés de la frontière.

Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par Martine NOËL (discussion) 21 décembre 2018 à 16:36 (CET)

Relevé dans la presse

  • Violation de domicile :
    La gendarmerie de Decize a dressé procès-verbal contre le nommé Nicolas D..., âgé de 39 ans, journalier à Sougy, pour violation du domicile particulier de M. Bertillot, maire de Saint-Léger-des-Vignes.
    D.... s'était introduit chez M. Bertillot et avait refusé de quitter son domicile et il a fallu l'intervention de la gendarmerie pour l'obliger à vider les lieux.
(Le Courrier de la Nièvre du 07/06/1903)