Pouvoir municipal

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Les rois sont d'accord avec les ducs pour travailler à la ruine des autorités municipale et ecclésiastique. La décadence de ces deux pouvoirs, déjà sensible dans les périodes qui précèdent, se poursuit et se précipite aux 17e et 18e siècles. Le pouvoir municipal a pour origine la charte communale de 1231, octroyée aux habitants de Nevers par le Comte Guy et la Comtesse Mathilde de Courtenay. Au 17e siècle, échevins et conseillers de la ville administrent toujours la cité. Ils gèrent ses finances. Ils ont des attributions judiciaires : juridiction criminelle sur les bourgeois de la ville, droit de police et de surveillance générale sur la vie économique. Après 1669, le roi leur délègue aussi, conformément aux règlement généraux, un droit de juridiction administrative sur les industries textiles, qui viennent d'être groupées en manufacture.(§ sur la manufacture de drap – à venir). Toutefois, à la fin de l'ancien régime, l'intendant de Moulins ne leur laisse plus aucune initiative et contrôle toute leur gestion.

Il revoit soigneusement les comptes de la ville et vise jusqu'au moindre mandement sur les octrois. Des gens de guerre arrivent-ils à Nevers, il se fait rendre compte de tous les détails du logement. Il intervient dans tous les détails de voirie.

Son attitude, quelquefois dure et hautaine, porte une grave atteinte au prestige des magistrats municipaux.

Le 14 juin 1722, l'intendant Doujat est en désaccord avec la ville à propos des rôles de capitation. Il écrit aux échevins de suivre ses instructions. « Ce n'est point à vous à pénétrer les raisons qu'a eues la Cour de faire un rosle particulier de la capitation des officiers et des privilégiés, ny de vous ériger en interprètes de mes ordonnances. Ainsi, je vous ordonne de réformer incessamment ce rosle » . C'est le principe de l'obéissance passive. Les échevins sur un ton très humble hasardent cette juste remontrance : « Le peu d'autorité que vous nous laissez nous met hors d'état de nous faire obéir » 2 septembre 1722

Entre les ducs et la ville, le vieux contrat de 1231 existe toujours en principe. C'est ainsi qu'en 1691, (Le registre de délibération de la ville manque à cette date) le duc Julien, qui s'est enfin décidé à faire son entrée dans sa capitale, reprend l'ancien cérémonial de ses prédécesseurs. Il paraît à l'hôtel de ville. Il jure de maintenir et de respecter les privilèges et anciennes libertés des habitants. De même, conformément à la charte, le grand bailli (Cf le serment du grand bailli Louis Antoine du Creuzet, 20 mars 1741) d'épée doit le serment aux échevins, quand il entre en charge. En maintes circonstances, les Mancini, même les ducs Julien et François, assurent les échevins de leur amitié.

Le 18 décembre 1719, c'est François en personne qui écrit : « Il n'y a rien, Messieurs, que je ne fasse pour votre service et pour celui de votre ville. Heureux si j'avais autant de crédit que de bonne volonté ».

Malheureusement, ces bonnes dispositions sont toujours passagères. Aux 17e et 18e siècles, les ducs ou leurs agents achèvent de reprendre en détail les « privilèges, franchises et immunités, accordés aux habitants et bourgeois » de la ville.

Ils accaparent d'abord les élections municipales et imposent leurs candidats, ce qui revient à annuler le principe des élections. (§ sur des droits politiques et administratifs, sur toutes ces questions relatives aux élections municipales, à la juridiction criminelle et au droit de police - à venir). Leurs prédécesseurs les Gonzagues n'étaient jamais allés si loin. Avec la création des offices municipaux, ils font admettre leurs propres fonctionnaires à l'échevinage. L'hôtel de ville devient ainsi une annexe du bailliage. Les échevins qui essaient de leur résister sont sévèrement rappelés à l'ordre, ainsi que l'atteste la correspondance ducale. Le premier Mancini tient trop souvent aux représentants de la ville un langage autoritaire, bien digne de celui qui mit tant d'âpreté à faire échouer la Phèdre de Racine.

En 1696, Julien écrit à propos de la translation du présidial de St-Pierre-le-Moutier : « J'ay différé mon voyage de Nevers, ma présence n'estant pas nécessaire pour obliger la ville à la translation du présidial, leur consentement m'estant indifférent, car on passera par-dessus la résolution qu'ils pourront prendre. Si les cabales et les brigues l'emportaient, ils auraient le déplaisir de s'y voir forcés, et de payer eux-mesmes les taxes auxquelles ils seraient imposés. Ce que je vous mande est une vérité constante, malheur à ceux qui ne le croiront pas... »

Le second met encore moins de ménagements dans l'exercice des droits qu'il a ou même qu'il n'a pas. En 1717, lors de sa grande querelle avec le pouvoir municipal, il prend ouvertement une attitude violente. Il parle de complots organisés contre lui par des criminels et des révoltés. Mais c'est lui qui fait cerner l'hôtel de ville, tandis que ses partisans se conduisent comme des cambrioleurs, mettent au pillage les archives municipales et s'introduisent avec effraction das un magasin de l'hôtel commun. Au 18e siècle, l'arbitraire ducal est d'ailleurs un peu limité et n'intervient plus après 1763 que dans la nomination des maires.