Mars 1918

Les informations dans la presse départementale

• Samedi 2 mars : Y aura-t-il un impôt sur les bénéfices de guerre ? demande le rédacteur du journal Le Socialiste Nivernais. Ce journal diffuse ensuite un encart publicitaire pour l'un de ses souscripteurs, Pierre Moine, directeur de l'Entreprise Générale de Travaux Publics, ciment armé, charpentes métalliques et en bois, Quai des Halles à Decize.

• Mardi 5 mars : La Tribune s'insurge contre la paix ignominieuse de Brest-Litowsk entre la Russie et l'Allemagne.

• Samedi 9 mars : Le tribunal correctionnel de Nevers condamne à un mois de prison pour coups et blessures les dénommés Lambert et Victor Vounckse, réfugiés belges à La Machine (La Tribune).
  Citation obtenue par Jean Bézard, de Devay : « A assuré d'une façon parfaite la liaison entre le commandant de compagnie et son chef de peloton pendant les combats du 8 au 15 septembre 1917 devant Verdun. »
  Les dangers de l'essence. À Lucenay, le chauffeur de M. Désiré Maître préparait l'automobile dans la cour. Tout à coup le feu prit dans la mécanique et en un clin d'œil enflamma la voiture toute entière.

• Dimanche 10 mars : M. Beley, restaurateur à Decize, prie ses nombreux clients de vouloir bien apporter leur pain pour la foire de mars.
  Plusieurs bombardements de Gothas sur Paris. Le 8 mars, ils ont tué 63 personnes, et le 11 mars 34.
  La réplique des aviateurs anglais et français a été le bombardement de Coblence, de Mayence et de Ludwigshafen.

• Mardi 12 mars : La première compagnie du 134^e R.I. (régiment de Mâcon), sous les ordres du lieutenant Latrasse, originaire de Decize, a obtenu une citation à l'ordre de la division pour une « brillante contre-attaque, menée le 18 février 1918, qui a dégagé le flanc d'un bataillon attaqué, délivré une section, fait huit prisonniers et permis de conserver des positions avancées sous le feu de l'ennemi. »

• Jeudi 14 mars : Citation à l'ordre de la brigade obtenue par l'artilleur Pierre Lapostolet, de Decize : « Grièvement blessé le 22 octobre 1917 en continuant à servir sa pièce sous un violent bombardement. » Ce soldat s'est engagé volontairement malgré l'ajournement décidé par le conseil militaire ; son frère aîné Louis est sous-lieutenant d'infanterie et vient d'être blessé.

• Samedi 16 mars : Un train de marchandises a déraillé à Béard, à cause de la chute sur la voie de plusieurs balles de foin. Le train Chagny-Nevers a été retardé de 2 h ½.
  Trois déserteurs du 13^e R.I. ont été arrêtés : Jean Alexandre Equilbec, Jean Roger Tigé et Pierre Chavasson ont été condamnés chacun à six mois de prison avec sursis.

• Dimanche 17 mars : Catastrophe dans une usine de grenades à La Courneuve, près de Paris. Une énorme explosion a fait de nombreux blessés. Elle aurait été entendue de plus de 100 kilomètres à la ronde. Les dégâts sont considérables.

• Samedi 23 mars : Certains fournisseurs des soldats américains affichent des prix prohibitifs. Les autorités font appel au patriotisme, il ne faut pas entacher les cordiales relations entre les deux pays.

• Mardi 26 mars : Un canon allemand à longue portée a bombardé Paris le 23 mars.
  Nos as de l'aviation ont accompli de nombreux exploits ces derniers jours.

• Samedi 30 mars : À Nevers, succès d'une exposition ethnographique qui présente les peuples du Centre Africain : 3255 entrées.
  Un incendie a détruit entièrement les baraquements de prisonniers de guerre près de la gare de Saincaize. La salle d'attente a également subi des dégâts. L'intervention des soldats américains a permis d'éteindre les flammes et de préserver les principaux bâtiments de la gare.
  Le Socialiste Nivernais publie des articles de défense des Indigènes contre le colonialisme.
  

Pendant toute la dernière semaine de mars et le début du mois d'avril, Paris-Centre publie en première page des nouvelles inquiétantes. Les Allemands, qui ont pu faire revenir de nombreux régiments du front de l'Est après les accords de Brest-Litovsk, lancent une grande offensive en Picardie et, parallèlement, ils multiplient les bombardements sur Paris et Londres.
Les gros titres alternent l'inquiétude et l'apaisement : « 40 divisions à l'assaut des lignes britanniques. Les Allemands occupent Nesles et Bapaume. L'offensive allemande serait-elle le Waterloo des Allemands ? L'ennemi est bloqué par nos vaillantes troupes. Formidable bataille aérienne. La progression de l'ennemi est arrêtée. Bataille pour Amiens. Nous reprenons Hangard-en-Santerre. La lutte d'artillerie succède aux combats d'infanterie. La bataille reprend avec une violence redoublée. Puissantes attaques allemandes entre La Bassée et Armentières. Les Gothas reviennent sur Paris... »

Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par Martine NOËL le 19 mars 2018