Maladrerie Saint-Lazare

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Au milieu du faubourg du Grand Mouësse à la sortie de Nevers vers Imphy existent actuellement encore quelques vestiges de cet établissement fondé en 849 par l’Évêque Heriman sur un terrain de plus de 22 hectares.

Au numéro 18 on peut apercevoir encore l'abside de l'église. avec deux fenêtres romanes (l'une obstruée permet cependant de distinguer la forme d'un vitrail - l'autre grillagée et une troisième ouverture de forme rectangulaire grillagée également.

Des bâtiments où logeaient les lépreux subsistent également ; transformés ils servent de maisons d'habitation.

La cour par laquelle on accède à ces bâtiments est très probablement l'emplacement de l'ancien cimetière qui a servi jusqu'en 1792 [not 1].

Un bazar-graineterie de construction récente, amoindrit ce qui est dommage, une partie des restes de la maladrerie Saint Lazare.

Toutefois, sur la façade de la partie de l'immeuble réservé au domicile du commerçant figure présentement encore le masque d'un lépreux noyé dans le ravalement restauré ; la toiture par contre parait être d'origine fort ancienne.

Voilà ce qui reste aujourd'hui des bâtiments consacrés au Saint Lazare, le plus associé à la maladie, car son nom évoque celui du pauvre couvert d'ulcères assis a la porte du mauvais riche. La foi religieuse associait d'instinct le saint protecteur aux ladres ou lépreux.

Fondée comme il vient d'être indiqué par l’Évêque Heriman, la léproserie reçoit en 1226 comme subsides du Comte Guy et de Mahaut sa femme le don de deux jours de foire, l'un la veille l'autre le 1er jour de la Saint Lazare.

En 1283, Guillaume, prêtre et recteur (nous disons aujourd'hui directeur) de Saint Lazare, réussit à faire constater ses droits sur certains héritages de Mouësse. En 1331, le mardi après la fête de la Nativité de Notre-Dame, Louis, Comte de Nevers, confirme, par une charte donnée dans la chapelle Sainte Madeleine de l'Hôpital, la cession des terres situées sur la paroisse de Chevenon dénommées les héritages de la Vignerie consentie par son père au profit de l'Hôpital, en échange des produits de la foire accordés depuis 1226.

Puis en 1570, à la mort de Jean de Villepinte, Maitre et curé de Saint-Lazare, les échevins (les ancêtres de nos magistrats municipaux) demandent au Doyen de l'Église de Nevers que l'administration de l'Hôpital soit confiée aux recteurs de l'Hôtel Dieu Saint Didier.

En 1572 Charles IX ordonne cette mesure, qui est mise en application en 1580 ; mais ce n'est que 10 ans après que le revenu de la cure et de l'hôpital sera divisé en 2 parts, l'une pour le curé, l'autre pour l'Hôtel Dieu.

Enfin, en 1696, la maladrerie est complètement réunie à l'Hôtel Dieu.

Ce qui subsiste des anciennes constructions permet de se faire une idée à peu près exacte du fonctionnement de la léproserie. Tout d'abord, l'église de dimensions restreintes semble dater du 11e siècle ; plus tard, elle devient église paroissiale. Au XlVe siècle, des additions ont été apportées à l'Église (bâtiment initial) de chaque côté de la nef et dans toute sa longueur, au moment où celle-ci fut reconnue trop exiguë pour les lépreux et surtout pour les fidèles de la paroisse. Devant la façade de l'église, et à proximité des maisons servant au logement du curé recteur :les frères et sœurs et des serviteurs de la maladrerie, il y avait un puits très ancien situé dans une vaste cour.

Des bâtiments étaient également prévus pour le bétail et l'exploitation.

Le curé était le recteur de l'Hôpital ; ceci résulte d'un acte du 24 Août 1450, qui fait état de Jean Lorchet prêtre. Surintendant de la léproserie, il reçoit aussi "les frères et les sœurs" qui se dévouent au soin des malades. La Cérémonie prévue à cet effet se pratiquait devant la porte de la chapelle.

Ces personnes, "frères ou sœurs", mues par piété et dévotion, étaient soumises à un règlement spécial, concernant le service des malades ainsi qu'à des exercices spirituels déterminés. Elles formaient de simples confréries placées sous l'autorité de l’Évêque.

L'installation proprement dite des locaux réservés aux malades doit concourir à diminuer autant que possible le contact avec les personnes saines pour éviter le danger de contagion. Par conséquent. le logement des malades se trouve à une certaine distance des locaux que nous venons d'énumérer. Ce l'autre côté de l'église, au fond d'un vaste terrain, un corps de bâtiment en équerre est édifié : c'était là "le logis des lépreux".

Ce corps de bâtiment, de construction ancienne présentait sur ses façades des fenêtres divisées en mureaux croisés, garnis d'une grille de fer à barreaux s'adaptant dans une barre en croix.

Toutes ces précautions étaient destinées a éviter les sorties au cours de la nuit ; les lépreux chaque soir étaient enfermés à clef du dehors. Ainsi, on avait l'assurance qu'ils ne pouvaient s'échapper ni par la porte, ni par la fenêtre. La sécurité publique était assurée...

Le bâtiment comprenait deux ailes, un côté réservé aux hommes, l'autre aux femmes. Le sous-sol était affecté aux caves et aux bûchers. Si des méfaits étaient commis, les lépreux étaient mis sous les verrous dans l'établissement comme le relate un acte du 26 septembre 1561[1]. Il fallait vraiment que les lépreux demeurent toujours isolés du reste de la population. Un grand jardin, toujours au nord et un puits complètent le bâtiment.

La léproserie possédait des terres très importantes qui formaient d'ailleurs l'essentiel de sa dotation. Riche et "bien rentée" la maladrerie avait également tout un matériel de culture et d'exploitation (bêtes, charrues, voitures, pressoirs etc...).

De ce fait les terres fournissaient "le pain et le vin", mais en plus, "le vêtement était également produit par la maison" : la laine d'un troupeau de brebis était façonnée en étoffe dans "le molin à draptz de Parreaut sur la rivière de Nyèvre".

La léproserie jouissait, en outre, de certains privilèges, tels que l'exemption d'impôts et le droit de prélever des redevances sur les marchandises vendues dans les foires.

Le lieu de sépulture de la maladrerie se trouvait dans l'Eglise et dans un cimetière installé probablement au nord de l'église.

Au moment de la Révolution le clocher fut abattu et l'Église fermée.

Enfin ce groupe de maisons devenues sans usage fut vendu comme bien national en août 1791.

Source

  • Revue Blanc Cassis n°56

Notes et références

Notes

  1. Car Saint Lazare restera paroisse

References

  1. Minutes Taillandier