Luzy
Histoire
S'est appelé successivement : Lisci villa, Luziacum et Lausia.
Des savants, écrit l'abbé Baudiau, ne sont pas d'accord ni sur l'origine de Luzy, ni sur l'étymologie de son nom. La Mothe-Tors, dans sa Bibracte, imprimée en 1688, prétend que l'un et l'autre sont dus à un noble Eduen appelé Liscus qui, le premier, y aurait bâti une magnifique villa ou maison de plaisance. Courtépée et plusieurs autres, s'appuyant sur une ancienne tradition populaire, ont prétendu que Luzy était autrefois pour les Eduens ce que l'Olympe était pour les Grecs, un lieu consacré à la joie et aux plaisirs publics, un rendez-vous pour la jeunesse celtique qui, à certaines époques, s'y livrait à la danse, à la musique, aux courses, d'où ludi (jeux) et dans la suite Luzy. Mais l'opinion qui nous semble la plus probable est celle qui fait dériver ce nom de deux mots celtiques : luz (étang) et zy (deux).
Certains archéologues y placent un collège de druides.
L'antiquité de Luzy, écrit de Soultrait, est attestée par les objets romains fort nombreux que l'on y a trouvés ; c'était un castrum qui, situé au-dessous de l'ancien camp de Dône, où l'Halène prend sa source, commandait le cours de cette rivière. On a découvert à Luzy des médailles de César, d'Antonin Le Pieux et de Gordien.
Située sur la rivière d'Haleine, sous-chef d'arrondissement. Elle possédait autrefois une élection, mais faisait partie du district de Moulins Engilbert, maintenant elle est chef-lieu de l'arrondissement de Château Chinon, avec un juge de paix, trois notaires, bureau d'enregistrement, receveur d'impositions qui touchent aussi celles de Savigny Poil Fol et de Tazilly etc... Ce canton, composé de neuf communes, contient une population de 9 261 habitants, parmi lesquels la commune de Luzy en possède 2 081 pour sa part.
Luzy était sous le régime féodal, une baronnie relevant du comté de Nevers, à cause de la châtellerie de Savigny Poil Fol. Bonne d'Artois, comtesse de Nevers l'acheta en 1418, pour 5 000 fr. d'or et son fils Charles 1er, de Bourgogne, la réunit en 1442 au comté de Nivernais, en vertu de ses lettres-patentes. Depuis ce moment jusqu'en 1789, elle n'a cessé d'en dépendre avec le titre de châtellerie. Il y avait alors un lieutenant du bailli de Nivernais, et les appels de ses jugements se portaient à sa pairie de Nevers.
Jean Germain, nommé à l'évêché de Nevers en 1430, qu'il avait mérité par ses grands talents, était né dans le fief de la Perrière, près de Luzy. Il était par sa naissance, serf du comte de Nevers, qui hérita de sa succession, au préjudice de ses parents et l'affranchissement de Jacob Germain, son père, prononcé et accordé en 1431, ne s'étendait pas à ses enfants, même engagés au servir de Dieu ; disposition rigoureuse, car, lorsque la souche est devenue franche, toutes les branches devraient l'être. Heureusement le régime féodal ne pèse plus sur nous, et le gouvernement paternel de nos rois nous accorde une liberté qui encourage les talents de tous genres.
Luzy possède une église qui dépend du diocèse d'Autun. Le sol des environs de Luzy est arénacé, la roche primitive en fait la base, et cependant il est très fertile en seigle de la meilleure qualité, en avoine et en pâturage dans lesquels s'engraisse d'une race de boeufs très estimée. On trouve aux environs des bois assez étendus, même en tirant vers Larochemillay, où les châtaigniers dominent. Mais ces bois n'ont pas encore obtenu beaucoup de valeur, faute de débouchés et d'usines pour les consommer.
Néanmoins Luzy, par sa position sur la rivière d'Alène Haleine, fait travailler quelques tanneries, et obtient un peu de commerce par le moyen de la route de Bourbon Lancy à Autun qui la traverse. Le marché s'y tient le mercredi de chaque semaine, et le commerce consiste en seigle, avoine, boeufs, cochons, moutons, cuirs tannés et vins, qui ne sont pas du pays, car il ne possède aucun vignoble, mais la commune de Lanty, qui n'en est qu'à deux lieues, ou de la Bourgogne, par entrepôt.
Il y a à Luzy quatre foires par an ; le 31 Mars, qui dure deux jours ; 25 Juin, deux jours ; le 22 Septembre, deux jours ; le 6 Décembre, deux jours.
Cette ville a donné le nom à une ancienne famille qui fut éteinte vers l'an 1250, par le mariage de Jeanne de Luzy, qui en était l'unique héritière, avec Jean de Château-Villain, fils de Hugues de Château-Villain et d'isabelle de Dreux. André Duchesne rapporte les fondations qu'elle fit, conjointement avec son mari, à l'église de Semur, en Bourgogne. Les seigneurs de Pélissac, de Bordes et de Pallier, prétendent être sortis de cette maison, et même en ont pris le nom qui met Jean-Pierre de Luzy, seigneur de la terre de Bordes la Fayolle, au nombre des nobles du Nivernais.
Source
- Mémoires pour servir à l'histoire du département de la Nièvre - J. B. Née de la Rochelle - 1827
- Le Morvan coeur de la France - J. Bruley - Tome III
- Transcripteur : Mabalivet (discussion) 24 avril 2020 à 13:48 (CEST)
Concours d'étymologie
Si Ovide vivait, quel beau sujet de métamorphoses !
Il existe aux confins du département de la Nièvre un petit pays qualifié ville par les uns, bourg par les autres et village par un grand nombre ; mais les indigènes tiennent pour ville. Admettons donc que Luzy soit une ville et que même Luzy fut jadis une ville fortifiée dont le nom – premier brandon de discorde – vient de ludere, jouer, d'où lusi, j'ai joué ; ou bien encore des mots celtiques luz, étang, marais, et zy, deux, et peut-être aussi de Liscus, vergobret d'Autun.
« Non pas, non pas, disent d'autres savants ; Luzy vient du basque lohitzun, traduit d'abord par lohitz, puis changé en loyz et luz, qui signifie marais, étang.
- Ignorants ! S'écrie un étymologiste patriote contemporain, ne savez-vous pas que Jacob (Genèse, chap. XXXV), étant venu avec son peuple à Luza, qui est dans la terre de Chanaan, et que l'on nomme Béthel, y éleva un monument que l'on nomma la Maison-Dieu (qui n'était pas le prétoire de M. le juge de paix le 7 juin courant).
Or, dit-il, luz ne doit pas signifier seulement marais ou étang, mais il doit emporter avec lui l'idée de quelque chose de brillant et de sacré. Bethels ou bétyles sont, en effet, des pierres sacrées, et notre Luzy devrait son nom et son origine à une pierre luzière ou bétyle, comme celle qu'éleva Jacob à Luza.
Puis l'étymologiste nous apprend que saint Jean a détrôné le dieu Luz ; que le culte de saint Jean est le culte de la lumière, du feu ; que Janus et saint Jean ne font qu'un ; que les deux fêtes de saint Jean (24 juin et 24 décembre) ne sont autre chose que la fête des solstices (secret révélé au troisième degré de la franc-maçonnerie) ; que le soleil se nommait janus et la lune juna ; donc Luzy vient de luz, lumière. Nous admettons sans peine cette origine, et nous allons plus loin : nous croyons même que c'est de Luzy que nous vient la lumière.
Source
- Le Journal de la Nièvre, 21 juin 1885. Texte communiqué par Pierre Volut
- Transcripteur :Martine NOËL (discussion) 26 octobre 2022 à 11:32 (CEST)
Notes et références
Notes