Les périodes de disettes

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Cependant les disettes sont fréquentes sous l'ancien régime. Il arrive que les récoltes soient insuffisantes, non seulement dans le Nivernais, mais dans le Bourbonnais et le Berry. En dépit de toutes les prières publiques et des processions spéciales, qui se renouvellent parfois avec une singulière fréquence, les années sont souvent mauvaises et le ciel inclément.

  • En 1660, des grêles et des gelées ravagent le Nivernais, déjà très éprouvé par les troubles de la Fronde.
  • En 1677, des pluies persistantes de printemps corrompent les blés.
  • En 1686 et 1688, les orages et la grêle dévastent les élections de Nevers et de Moulins.
  • En 1690, la récolte ne donne pas de quoi semer. Les calamités ne cessent pas jusqu'en 1694 et la disette devient inquiétante. Il est vrai qu'ensuite, aux dires de l'intendant Le Vayer, la situation s'améliore. Si les foins et l'avoine sont toujours insuffisant, les blés sont moins rares.

Mais de nouvelles intempéries surviennent.

  • En 1696, tout le mois de juin se passe en pluies. Impossible d'amasser les biens de la terre. Des prières de quarante heures et des processions réclament le beau temps. Au contraire au mois d'août, elles réclament la pluie, car la sécheresse est devenue intense.
  • En 1697, du mois de juin au mois d'août, de grandes processions avec l'évêque et les bâtons des confréries, demandent la fin des pluies. Des inondations de la Loire et de l'Allier détruisent les récoltes. Les marchés se dégarnissent de blé.
  • En 1698, l'inquiétude devient générale et n'est que trop justifiée, car cette année, l'intendant écrit que la récolte est partout des deux tiers inférieure à celle de 1697, qui était cependant très médiocre. Dans le Morvan, les paysans n'ont recueillie qu'un peu d'avoine, qui sera bientôt consommé par le service des étapes et celui des quartiers d'hiver. Si le prix des grains a baissé du côté du Forez et du Lyonnais, à l'égard des villes de Moulins et de Nevers, il a augmenté de moitié, ce qui alarme beaucoup le menu peuple et les troupes en garnison. Le Vayer a visité quelques granges et fait battre les grains devant lui : le battage rend peu. Le 28 novembre, il écrit que les temps sont encore plus durs qu'en 1694. Le mal est surtout inquiétant dans les pays du Morvan et de Nevers. Les marchés de cette ville ne sont plus fournis. La dernière fois, il n'est pas venu 30 boisseaux de blé. Les fermiers des carrosses, dont les chevaux manquent de fourrages, adressent une plainte au Contrôleur général. Toutefois, le 10 décembre, Le Vayer écrit que l'inquiétude pour les blés diminue. Les grains sont un peu moins rares au marché de Nevers.
  • En 1699, la population passe par des alternatives de tranquillité et de crainte. D'abord au printemps, les blés ont bonne apparence, mais les chaleurs et la sécheresse de l'été viennent tout compromettre, bien que les échevins en robe rouge participent aux processions. Puis les récoltes sont meilleures avec les premières années du 18e siècle, malgré quelques gelées, quelques grêles, orages ou débordements de rivières.
  • En 1707, les malheurs recommencent avec les mauvaises grêles d'été et la grande crue d'octobre. L'évêque de Nevers écrit à l'intendant que l'inondation de la Loire et de l'Allier a tout perdu : les terres sont couvertes de sable et de gravier de deux ou trois pieds et il est impossible qu'on puisse les emblaver de quelques années : beaucoup de bestiaux ont été noyés. Les eaux ont été si hautes qu'elles ont mouillé les bleds qui étaient dans les granges.
  • En 1709, toutes les calamités se déchaînent. Le jour des Rois, l'hiver commença, écrit le Nivernais Callot, et fut si violent pendant près d'un mois que tous les gros bleds furent perdus et gelés. C'est pourquoi sur le milieu de la dite année les bleds furent extrêmement rares et chers. Après les rigueurs de l'hiver, c'est au printemps le débordement des rivières de Loire, Allier, Nièvre, Aron et autres de la province de Nivernais. Enfin des grêles comme celle de 5 juin et de nouvelles crues achèvent le désastre. La famine est complète et persiste quelques années.
  • En 1711, il est vrai, l'intendant écrit qu'il a trouvé les moissons de seigles et de froments assez bien préparées.
  • Juillet 1712, les temps restent défavorables, grêles
  • 1713, pluies persistantes
  • 1714, neiges, grésils et gelées aux mois d'avril et de mai
  • Après 1715, les conditions deviennent meilleures.
  • Toutefois l'année 1720, qui est regardée comme heureuse, n'est aux dires de l'intendant qu'une année moyenne.
  • De 1722 à 1724, de grandes sécheresses font beaucoup de tort au pays. Une véritable crise économique sévit en 1724.
  • Cependant, la disette ne reparait qu'en 1739. L'année se termine par des froids rigoureux.
  • En mai 1740, des gelées tardives détruisent les blés dans le Nivernais comme dans beaucoup d'autres provinces.
  • En 1741, les récoltes sont encore très insuffisantes.
  • Après 1742 surviennent quelques années plus favorables avec des étés chauds et secs,
  • En 1747, une nouvelle période de disette s'ouvre en 1747.

Désormais, jusqu'à la révolution, les périodes d'abondance ne se rencontrent plus. Les récoltes seront plus ou moins déficitaires, suivant que les accidents atmosphériques seront plus ou moins dangereux.

  • En juin 1751 et en juillet 1756, des pluies excessives provoquent des inondations dans la vallée de Nièvre
  • En 1755, au contraire, la sécheresse arrête les moulins
  • En 1761, elle est si prolongée qu'elle tarit à Nevers plusieurs puits publics.
  • L'année 1766 débute par des froids intenses, qui gèlent l'encre au bout de la plume et la couleur dans les pinceaux.
  • En 1769 au cours de l'été, la grêle dévaste la ville et les environs.
  • L'hiver de 1770 à 1771 est particulièrement dur.
  • La famine s'accentue jusqu'en 1775.
  • Après 1777, nouveaux accidents
  • Les sécheresses arrêtent les moulins en août et septembre 1778, en 1781, 1783 et 1785.
  • An 1779, la grêle ravage encore la ville et la banlieue.
  • Au mois de mars 1781, de grands vents brisent les arbres et renversent les cheminées
  • En mai 1782, des pluies continuelles endommagent les biens de la terre, empêchent l'ensemencement de la plus grande partie des petits bleds dans toute cette province et retardent considérablement les premières cultures et préparation des terres destinées à recevoir la semence des gros bleds, objet de l'espérance de la récolte de 1783. Le 19 mai 1782, jour de Pentecôte, l'évêque ordonne des prières et des processions pour le lendemain lundi en l'église cathédrale, et les jours suivants dans toutes les églises et communautés de cette ville, en vue d'obtenir un temps plus favorable.
  • Pendant l'hiver de 1783 à 1784, la neige tombe en abondance et reste longtemps sur la terre.
  • L'été de 1786 est marqué par des orages, qui entrainent la terre des coteaux et couvrent de sable le foin des prairies.
  • L'hiver de 1788 à 1789 est si rigoureux que la Nièvre est entièrement prise par les glaces et que les roues des moulins ne peuvent plus tourner. Au printemps de l'année 1789, la crise économique arrive à son comble.


Tous ces renseignements sont tirés du manuscrit des Callot, de la correspondance des intendants et des registres de police ou de délibérations de la ville de Nevers.