Janvier 1917

De Wiki58
Aller à la navigationAller à la recherche
Guerre 1914-1918 57.jpg
Guerre 1914-1918 148.jpg

A l'Arrière.

Les informations diffusées par trois journaux départementaux

La Tribune : 3 parutions par semaine, mercredi, vendredi et dimanche, sur deux pages ; après l'été, le journal paraît mardi, jeudi et dimanche ;
Paris-Centre, quotidien distribué dans cinq départements du Centre : Nièvre, Cher, Loiret, Saône-et-Loire et Allier, et à Paris ; 2 à 4 pages ; l'information strictement nivernaise se réduit souvent à une colonne consacrée à Nevers ; de rares brèves concernent le canton de Decize, citations de soldats et faits divers ;
La Semaine Religieuse du Diocèse de Nevers, hebdomadaire paraissant le samedi.

Des communiqués militaires officiels sont extraits de trois hebdomadaires nationaux : L'Illustration, Le Miroir et Le Pays de France.

  • Lundi 1er janvier : On apprend le torpillage du cuirassé Le Gaulois au large de la Crète, le 27 décembre dernier. L'équipage a pu quitter le navire, il n'y a eu que quatre morts : un noyé et trois tués par le choc de la torpille.
  • Mardi 2 janvier : Le mage Grigori Raspoutine a été assassiné à Pétrograd par le prince Youssoupoff.
    L'ancien ministre Joseph Caillaux est en visite en Italie ; il tente de séparer l'Autriche de l'Allemagne. Ses démarches diplomatiques officieuses vont lui attirer la haine de Clémenceau et il sera accusé de trahison.
  • Jeudi 4 janvier : Décès de Pierre Vigneron, propriétaire à Devay. Il était médaillé de 1870.
  • Vendredi 5 janvier : « Voici 1917 qui se présente et vient au monde dans une longue robe de sang... »
  • Samedi 6 janvier : Des propositions de paix ont été faites par l'Allemagne. Aristide Briand répond négativement car les Alliés exigent que l'Allemagne paie des réparations pour les dégâts qu'elle a provoqués et l'assurance d'une paix solide pour l'avenir.
    Drame conjugal à la gare de Nevers, sur le quai de la petite vitesse. M. D... causait avec Mme F... Survient M. F... armé d'un petit revolver ; il tire sur M. D... et l'atteint à la tête. La victime est hospitalisée, ses jours ne sont pas en danger. M. F... s'est mis à la disposition de la justice.
  • Mardi 9 janvier : Des troubles ont éclaté en Grèce. Le ministre Vénizelos, partisan de l'alliance avec la France et la Grande-Bretagne, s'oppose au roi Constantin, proche de l'Allemagne par ses liens familiaux. Les partisans de Vénizelos contrôlent Salonique, le Nord de la Grèce, la Crète et plusieurs îles.
  • Vendredi 12 janvier : À Cercy-la-Tour, on n'oublie pas nos braves soldats indigènes. Pendant la belle saison, plusieurs centaines de Sénégalais ont travaillé sur un chantier militaire près de la gare. Maintenant, ils sont partis sur d'autres chantiers près du front. Les marraines de guerre cercycoises leur envoient des colis.
Le mutilé aux champs, dessin de Louis Sabattier
  • Samedi 13 janvier : L'Œuvre Nivernaise des Mutilés de Guerre permet aux soldats handicapés de se reclasser dans la société. Plusieurs apprentis ont été diplômés récemment, ils ont reçu une subvention de 100 francs et se sont établis : un menuisier, un comptable embauché dans une épicerie de Nevers, un autre comptable employé par une factorerie du Congo.
  • Dimanche 14 janvier : Un arrêté préfectoral interdit la circulation des automobiles pendant la nuit.
  • Vendredi 19 janvier : Taxation du sucre. Des carnets de consommation seront distribués en février. Chaque consommateur n'aura droit qu'à 750 grammes par mois, et recevra trois coupons de 250 g.
  • Mardi 23 janvier : Des grèves ont éclaté dans plusieurs usines de munitions près de Paris.
  • Mercredi 24 janvier : Le président américain Wilson a proposé dans un discours un programme de paix en 14 points ; au-delà de la fin de la guerre, il envisage le droit des peuples à disposer de leur propre indépendance, et l'organisation d'une Société des Nations chargée de conserver la paix. Cette Pax americana soulève des réactions indignées dans les milieux conservateurs français qui ne songent qu'à écraser l'Allemagne.
  • Vendredi 26 janvier : Le tribunal correctionnel de Nevers vient de juger une affaire de mœurs originale, l'entretien d'une concubine au domicile conjugal. Pierre Besse, âgé de 33 ans, soldat à la 8e Section des Commis et Ouvriers, et Camille Louise Decor, marchande foraine âgée de 23 ans, filaient le parfait amour, mais d'une manière illégale, puisqu'il est apparu que Pierre Besse était déjà marié. Les deux tourtereaux ont écopé chacun d'une amende de 100 francs.
  • Samedi 27 janvier : « Jésus chez les poilus ». Théodore Botrel a composé une nouvelle chanson sur l'air de « Jésus chez les Bretons » :


« Si Jésus veut renaître au monde
Pour terminer la lutte immonde,
Qu'il renaisse, le Dieu si doux,
Aux tranchées, sur la paille blonde,
Chez nous.
[...] Nous lui creuserons dans le sable
Ou dans le roc même, un abri
Et lui ferons un confortable
Gourbi. »

  • Dimanche 28 janvier : L'interdiction de l'alcool est difficile à appliquer. Les repas servis par les restaurants seront désormais limités à deux plats, auxquels peuvent s'ajouter une soupe et un fromage ou un dessert.
    À Châteauneuf-sur-Cher, une catastrophe ferroviaire a provoqué la mort de 18 passagers.
  • Mercredi 31 janvier : À Nevers, deux associations de solidarité avec les combattants viennent d'être créées : l'Union Fraternelle Militaire et La Fraternité Militaire.

La situation militaire au début de l'année 1917 (L'Illustration, n° 3853 à 3857)

  • Deux conférences diplomatiques.
Depuis les derniers jours de l'année 1916, deux importantes conférences ont réuni des représentants des pays alliés. À Londres le 27 décembre, puis à Rome le 6 janvier, le premier ministre britannique Lloyd George, Lord Curzon, Lord Milner, MM. Ribot et Thomas, les généraux Lyautey, Sarrail, Robertson et Cadorna ont élaboré de nouveaux plans de guerre. Après deux ans et demi de conflit, ce faisceau unique de décision est l'indispensable condition du succès.
  • Période d'attente
  • Après le nouveau bond en avant au nord de Verdun, du 12 au 15 décembre 1916, qui s'est concrétisé par la conquête de Louvemont et Bezonvaux, au nord du fort de Douaumont, par 11387 prisonniers ennemis, par la prise ou la destruction de 115 canons, de 44 minenwerfer, de 107 mitrailleuses et de divers matériels, nos troupes ont besoin d'un peu de repos afin de préparer de grandes offensives au printemps.
    Au début du mois, l'ennemi a lancé plusieurs attaques dans la Woevre, et près d'Armentières et de Loos, mais il a été repoussé facilement.
    Le 25 janvier, les Allemands ont tenté une action vigoureuse sur la rive gauche de la Meuse. A la cote 304, ils ont pu pénétrer sur 500 mètres dans notre tranchée de première ligne. Mais, dès le matin du 26, une contre-attaque nous a rendu la plus grande partie des éléments perdus.
  • Le front roumain
  • Les troupes germano-bulgares ont progressé en Valachie. Plusieurs villes importantes, comme Braila, sont tombées entre leurs mains. Nos alliés ont dû évacuer la Dobroudja, malgré une courageuse résistance, et se replier sur le Danube.
  • Sur les autres fronts
  • La lutte se poursuit autour de Riga. Les Russes parviennent à vaincre dans les marais des éléments avancés de l'armée allemande.
    En Italie, dans le Trentin et les Alpes Juliennes, malgré les neiges et le brouillard, les deux armées adverses se défient par de violentes canonnades et des explosions de mines.
    En Mésopotamie, des troupes indiennes ont enlevé d'importants retranchements turcs sur la rive droite du Tigre.
    L'aviation française est fière de ses as. Le lieutenant Guynemer a abattu 4 avions ennemis en une seule journée ; il en compte actuellement 30 à son actif. Le lieutenant Heurtaux est passé de 17 à 19. Trois nouveaux as se sont distingués : le lieutenant Gastin, l'adjudant Jailler et le maréchal des logis Hauss.
  • Une vague d'or.
  • « Le flot de sang qui coule sur l'Europe se change en vague d'or sur l'Amérique... » L'image est brutale, mais vraie. Elle s'étale depuis trois mois dans tous les journaux, dans tous les magazines du Nouveau Monde. Elle frappe le regard du voyageur le moins perspicace, dès qu'il a franchi la passe de Sandy Hook et mis le pied sur le quai de l'Hudson.
    Venons aux faits. Dès les derniers mois de 1914, les commandes affluent aux États-Unis. Les Alliés ont besoin de tout et achètent de tout. Mules, chevaux, bétail, fer, cuivre, acier, cuir, sucre, lait condensé, acides, explosifs, produits chimiques, caoutchouc, automobiles... Si bien que les États-Unis détiennent actuellement dans leurs banques plus de 13 milliards de francs-or, soit un tiers du stock d'or du monde entier.
    Les conséquences sont bénéfiques pour les entreprises et pour les ouvriers spécialisés (skinned), dont les revenus s'envolent, il n'y a plus de chômeurs (unemployed). Mais les prix s'envolent également et les plus pauvres, les petits paysans, sont victimes de cette fièvre.

Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par Martine NOËL 15 janvier 2017