Insurrection de Clamecy 1851 - 1ère partie

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Avant-propos

Il était peu de départements où les idées républicaines eussent trouvé plus de défenseurs nombreux et dévoués que dans celui de la Nièvre. Les votes de ce département pour l’Assemblée constituante et pour la Législative en avaient été la preuve éclatante.

A la fin de 1851, la situation était excessivement tendue dans la Nièvre. La population des villes et de la majeure partie des campagnes y était presque entièrement acquise aux idées démocratiques les plus avancées. Depuis que la loi du 31 mai avait posé pour 1852 la redoutable éventualité de la guerre civile, des sociétés secrètes organisées par des hommes du parti républicain avancé avaient couvert le pays de leurs ramifications. Ces sociétés secrètes avaient des affiliés dans les moindres hameaux. La situation de l’autorité était difficile en présence de cette organisation redoutable. Elle n’ avait, en dehors de la force armée, d’autre point d’appui qu’une partie de la bourgeoisie effrayée du progrès des idées révolutionnaires, tremblant pour sa sécurité mais incapable de se mesurer avec ses adversaires.

Début des troubles

Dès le mois d’octobre des troubles coïncidant avec ceux du Cher avaient amené la mise en état de siège du département. Cette mesure, ainsi que des arrestations importantes opérées à Nevers et à Cosne, avaient désorganisé le parti démocratique dans ces deux arrondissements et y avaient rétabli un calme relatif. Il n'en était pas de même dans celui de Clamecy. La population de cette ville s’était scindée en deux camps ennemis prêts à s’entre-déchirer. Les haines de parti y avaient pris un degré de violence et d âpreté inconnu dans les grandes villes où des ressentiments privés se mêlent rarement aux luttes politiques. Le parti républicain avait pour lui le nombre et l’audace, le parti réactionnaire avait l’autorité et les positions officielles. La bourgeoisie riche appartenait presque entière à ce dernier parti et ses terreurs n’avaient pas de bornes. Elle se croyait menacée des plus affreux excès au jour de la victoire d’ennemis exaspérés par les persécutions dirigées contre eux depuis 1849. Au moment du Coup d’État, la lutte politique était dans toute son ardeur à Clamecy.

L’état de siège, des poursuites politiques fréquentes, des condamnations souvent répétées, loin de décourager le parti démocratique ne faisaient que l’entretenir dans un perpétuel état d’exaltation. Le sous-préfet, M. Saulnier, arrivé depuis peu de temps à Clamecy connaissait mal la ville et n’avait pu y acquérir une grande influence. Le maire, M Legeay était un homme estimé, il appartenait au parti conservateur. Le fonctionnaire le plus influent était sans contredit le procureur de la République M. Baille-Beauregard. La lutte ardente qu’il soutenait contre le parti démocratique, les fréquentes poursuites qu’il exerçait, sa haine violente contre tout ce qui tenait à la République, l’animosité qu’on lui portait, avaient fait du procureur de la République le véritable chef du « parti de l’ordre » à Clamecy. Il accueillit avec enthousiasme le Coup d’État et la bourgeoisie riche partagea bientôt ce sentiment. Le premier moment de surprise passé elle ressentit une joie immense de voir se dénouer la crise et se dissiper ses terreurs. Personne ne crut sérieusement que le parti républicain, abattu dans Paris, essayât de lutter à Clamecy. Erreur qui amena de désastreuses conséquences.

Le procureur de la République résolut dès le 3, c’est-à-dire à la première nouvelle du Coup d’État, de faire arrêter et incarcérer les chefs les plus influents du parti républicain. Une liste en fut dressée et, le secret mal gardé, ne tarda pas à se répandre. Dès le lendemain, tous les intéressés étaient avertis de ce qui les menaçait. Avec l’échafaud ou Cayenne en perspective, ils n’hésitèrent pas à affirmer le droit de résister, les armes à la main, à la violation de la Constitution.

Les premiers hommes du parti républicain

C’étaient d’abord les Millelot. Millelot père était un homme de cinquante quatre ans, négociant, juge au Tribunal de commerce, jouissant de l’estime générale. Son influence était grande dans la contrée où il avait été l’un des propagateurs des idées républicaines.

Son fils aîné Eugène, âgé de vingt-huit ans, était le plus énergique des chefs du parti. C’était une nature fougueuse et passionnée avec une intelligence remarquable et un courage à toute épreuve. Ses convictions républicaines étaient presque du fanatisme. Il devait être le promoteur et, plus tard, l’une des plus nobles victimes de ce tragique mouvement.

Numa Millelot son frère, âgé de vingt sept ans, était un jeune homme enthousiaste et aussi courageux et dévoué que son frère aîné à la République.

Jean Baptiste Guerbet, négociant, riche et homme intelligent et convaincu jouissait d’une grande popularité.

Pierre Séroude, peintre, ancien militaire était un homme d’action résolu et énergique.

MM. Rousseau et Moreau étaient deux hommes de loi très dévoués à leurs opinions mais peu propres à diriger un mouvement révolutionnaire. Ils ne devaient y prendre qu’une part assez restreinte.

Quelques autres citoyens, moins influents que ceux-ci, devaient cependant jouer un rôle très actif.

Gannier, dont le café était le lieu ordinaire de réunion de la bourgeoisie démocratique.

Coquard qui répondait à l’interrogatoire :

« La Constitution était confiée au patriotisme des citoyens ; elle était foulée aux pieds je me suis levé pour la défendre ».

Denis Kock dont l’auberge était pour les ouvriers ce que le café Gannier était pour les bourgeois. Homme de cour qui montra autant d’humanité que de bravoure pendant l’insurrection.

Casimir Gonnat le tanneur, Bazile Guillien Bretagne Cornu Durand-Delune etc.

Source

  • La province en décembre 1851, étude historique sur le coup d’État par Eugène Ténot (1870)
  • Martine NOËL (discussion) 29 mai 2021 à 11:10 (CEST)

Notes et références

Notes


References