Canal du Touron

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Il était situé sur la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Loire et de l'Yonne, dans la forêt de Fragny près d'Arleuf.

Une tranchée de 500 m de long, profonde de 4 à 6 m et large de 15 m fut creusée semble t-il par des mineurs celtes pour en extraire de l'or et de l'argent. En se remplissant d'eau après l'exploitation, elle devint plutôt un réservoir qu'un canal.

Les romains l'auraient pourtant aménagée ensuite pour détourner l'eau du Touron (coté Yonne) et alimenter les fontaines salées et le ruisseau des Malpeines (coté Loire), tributaire de La Celle et finalement l'Arroux et la ville d'Autun.

Plus tard, le sens du courant fut à nouveau inversé, le ruisseau des Malpeines et les étangs proches alimentèrent le Touron pour faciliter le flottage coté Yonne.

Aujourd'hui, c'est un paisible lieu de promenade qui jouxte le chemin de randonnée Bibracte-Alésia.

  • Source : C. Pequinot et G. Picard, Académie du Morvan




Comme l'affluent de la Loire ne présentait pas, en toute saison, un flot suffisant pour assurer les transports de bois, on dévia sur son cours nombre de sources et de ruisseaux s'épanchant normalement sur d'autres versants. Ainsi du Touron, petit torrent qui prend sa source au-dessus dArleuf et qui, naturellement, draine les eaux de la partie sud du massif forestier d'Anost vers l'Yonne où il se jette auprès du château de Salorges. Profi-tant d'un léger affaissement, à cet endroit, de la ligne de partage des eaux, les Romains ont fort habilement établi un système de canaux qui a dévié les eaux de la source du Touron vers celles des Fontaines Salées qui, elles, s'épanchent sur le versant Loire.

Il faut attendre le milieu du 16ème siècle pour que soit perfectionné le principe et les techniques de flottage du bois

Et c'est là que l'on retrouve notre Touron qui fut l'un des tout premiers ainsi domestiqué. Mais le plus drôle c'est que l'on s'aperçut bien vite que, malgré ses réservoirs, son débit n'était pas assez important pour permettre un flottage aisé. Que fit-on alors ? Exactement l'inverse de ce qu'avaient fait les Romains, plus de quinze siècles plus tôt. On dévia les eaux des "Fontaines Salées" vers le Touron, les faisant passer de versant Loire en versant Yonne.

Des étangs ont été aménagés afin de stocker de l'eau et, par un système de pelle, de pouvoir les vider pour augmenter le flot dans les ruisseaux ou les rivières. Les étangs, situés dans les environs et ayant servi au flottage, étaient l'étang du Touron sur le ruisseau et le canal du Touron, les étangs de Reinache, de Bruis, de Pierre Eioy sur la rivière la Reinache, l'étang des Golots sur le ruisseau des Golots, l'étang de Vernay, l'étang Brochot sur le ruisseau de Vernay, tous ces étangs, se vidant dans des rivières et se jetant dans l'Yonne. A notre époque, il est encore possible de voir en certains endroits tout ou partie de la digue ayant servi à retenir l'eau.




A proximité de la localité des Bardiaux, un étrange dispositif hydraulique mérite de retenir l'attention, c'est le canal du Touron, dont la renommée attribue l'aménagement aux Romains. A 1 200 m des Bardiaux, il se présente comme une profonde tranchée de 500 m de long, 20 à 30 m de large et 8 à 10 m de profondeur, soit un volume creux de l'ordre de 100 000 m3. Ce "château d'eau", creusé par la ligne de partage des eaux du massif, était alimenté par un captage toujours visible, en forme de rigole talutée, qui suit du nord au sud le "grand chemin de Saulieu", tantôt à sa droite, tantôt à sa gauche. Le nivellement de l'ouvrage montre que son trop-plein pouvait s'écouler à cha-cune de ses extrémités, soit à l'est, soit à l'ouest, de telle sorte que rien ne permet d'affirmer actuellement que ce réservoir était relié à Autun par un aqueduc à ciel ouvert dont quelques éléments sont encore visibles le long de la route 78 dans l'approche immédiate de la ville. Il reste que le canal du Touron pouvait à tout moment libérer plus de 100 000 m3, ce qui n'aurait pas manqué d'élever notablement le niveau du réseau hydrographique local. Mais il faut exclure l'idée que cette masse d'eau était destinée à l'alimentation de la ville gallo-romaine d'Autun, car celle-ci possédait des aqueducs couverts, des sources et des puits intra-muros parfaitement connus.




A 2 km 500 au nord-est du théâtre des Bardiaux, le long de la voie Bibracte-Alésia, entre cette dernière et la D177, se trouve un étrange ouvrage. C’est une immense tranchée, mesurant plus de 50 mètres de longueur, une vingtaine de mètres de largeur et 10 à 12 mètres de profondeur. Elle a été utilisée au cours des derniers siècles comme retenue d’eau. La voie d’Alésia elle-même sert de chaussée à cette sorte d’étang artificiel, qui s’écoule en direction de l’ouest, vers l’Yonne. Mais il pourrait aussi s’écouler vers l’est, par le ruisseau des Malpeines, sur la rivières de la Celle , bassin versant de la Loire. Le canal se trouve en effet sur la ligne de partage des eaux. Comme un canal supposé romain (long d’une dizaine de kilomètres), capte les eaux de la Celle pour les amener sous les murs d’Autun, on a pensé que le « canal » du Touron était également un ouvrage gallo-romain destiné à renforcer le débit de la Celle en lui apportant les eaux du Haut Morvan. Le percement du côté de l’Yonne ne serait intervenu que beaucoup plus tard dans le but d’apporter une eau supplémentaire pour le flottage du bois jusqu’à l’Yonne.

Aux abords du canal du Touron, et spécialement au nord de celui-ci, en direction de la commune d’Anost, la voie Bibracte-Alésia constitue un itinéraire de promenade agréable. On ne manquera pas de remarquer, en plusieurs endroits, qu’elle a maintenu une emprise d’au moins huit mètres avec deux fossés latéraux encore bien marqués. A l’arrivée vers la limite communale d’Anost, on trouve à nouveau, sur le côté ouest, une tranchée de dimensions moindres que le canal du Touron, mais néanmoins imposantes. Elle pouvait capter les eaux d’une puissante source toute proche. Une suite de fossés emmène finalement cette réserve jusqu’au canal du Touron.