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Testament de Mahaut de Courtenay - 1257

Recueilli par M. Louis Bougier, professeur agrégé d'Histoire et traduit par Mlle Marie Bourgier, licenciée ès-lettres.


Au nom de la Sainte et indivisible Trinité, ainsi soit-il.
Nous, Mathilde, comtesse de Nevers, faisons savoir à tous que nous, étant en état de veuvage, saine d'esprit, ayant préalablement délibéré d'une façon diligente en notre âme, ordonnons, disposons et faisons notre testament, dernières dispositions ou volonté, de quelque nom qu'on l'appelle, et ordonnons qu'il soit mis en écrit de la façon suivante. D'autant plus que l'esprit humain, et particulièrement celui de la femme quand elle est investie d'un pouvoir séculier, est faillible et se laisse entraîner à des choses multiples et contraires.
C'est pourquoi nous voulons et prescrivons que si quelque chose nous est parvenu injustement ou indûment de quelque façon que ce soit, d'où notre âme puisse se trouver en état de péché, que cela soit restitué par nos héritiers ou nos successeurs à cette ou à ces personnes à qui ces biens appartenaient et à qui ils auraient été enlevés ou extorqués. Toutefois déclaration préalable sera faite soit par le plaignant, soit par les plaignants, simplement et sans apparence de justice, par devant Monseigneur l'évêque ou même par devant l'archevêque, comment et de quelle façon elle est parvenue à nous indûment et injustement. En outre, en vue de l'anniversaire de notre mort et de celle de nos époux et prédécesseurs qui doit être célébré à perpétuité chaque année et dans de nombreuses églises et monastères, nous donnons et concédons à perpétuité aux églises et lieux saints cités plus bas les revenus annuels à toucher dorénavant selon qu'il est dit plus au long dans les lettres, nous voulons que par ce testament nôtre, elles aient et perçoivent les revenus que nous leur avons assignés, à savoir :br>

A l'église Saint Cyr de Nevers, 10 livres ; l'église de Saint Etienne d'Auxerre, 10 livres ; l'église de la Fermeté, diocèse de Nevers, 10 livres ; l'église des nonnes de Marcigny, 100 sous ; l'abbaye de Sept-Fons, 100 sous ; la Maison d'Aponnay, 100 sous ; l'abbaye de Bellevaux, 10 livres ; la Maison de Faye, 40 sous ; les nonnes de Decize, 10 livres ; l'abbaye de Saint Martin de Nevers, 100 sous ; l'abbaye de Vézelay, 10 livres ; l'église de Sainte Marie de la Charité, 10 livres ; l'abbaye de Cluny, 15 livres ; l'abbaye de Molèmes, 100 sous ; l'abbaye de Poultiers, 60 sous ; l'abbaye de Cure, 100 sous ; l'abbaye de Corbigny, 100 sous ; l'abbaye de Quincy, 100 sous ; l'abbaye de Pontigny, 10 livres ; l'abbaye de Regny, 100 sous ; l'abbaye de Bourras, 100 sous ; l'hôpital des Allemands d'Orbe, 100 sous ; l'abbaye de Crisenon, 60 sous ; l'abbaye des Iles, près d'Auxerre, 100 sous ; la Maison de Bellery, 10 livres ; la Maison de Fontenet, près de Corvol, 40 sous ; l'abbaye de Saint Germain d'Auxerre, 60 sous ; la Maison de Val de Choux, 60 sous ; la Maison des lépreux de Bouchet sous Montenoison, 30 sous ; la Maison des lépreux de Donzy, 30 sous ; l'abbaye des Roches, 100 sous ; l'abbaye de Saint Satur, 60 sous ; la Maison des lépreux de Decize, 40 sous ; la Maison des Bonshommes de Grandmont, près de Limoges, 40 sous ; l'abbaye de Fontevrault, 10 livres ; l'église de Saint Martin de Clamecy, 100 sous ; l'abbaye de Saint Michel de Tonnerre, 100 sous ; l'église de Saint Loup de Saint, 60 sous ; les nonnes de Lésigny, 4 muids de vin de Tonnerre ; l'église de Montenoison, 20 livres ; l'église Am...10 sous ; la Maison de Saint Nicolas de Révillon, près d'Entrains, 10 livres.

En outre, je lègue en plus de ces choses ; aux Maisons-Dieu et hôpitaux de pauvres de notre comté de Nevers, 50 livres à distribuer aux églises et personnes pauvres par les mains de nos exécutions, qui seront nommés ci-dessous, pour acheter les choses qui dans les lieux dits seront nécessaires aux personnes existant dans notre terre, selon qu'ils jugeront que cela importe au salut de notre âme et à l'acquittement des legs ainsi qu'il a été dit plus haut.
Pour accomplir fidèlement ce qui est dit ci-dessus, nous instituons exécuteurs de notre testament les vénérables pères de Dieu, Monseigneur l'archevêque de Sens, les évêques d'Auxerre et Nevers et, en outre, notre sire le roi de France ou son mandataire pour ce spécialement constitué par lui. Que s'ils ne peuvent tous ou ne veulent prendre part à l'accomplissement de ces choses, que deux d'entre eux, ou tout au moins un, l'exécutent.
Et pour que nos exécutions testamentaires puissent plus facilement et librement effectuer toutes ces volontés, nous obligeons tous nos biens meubles et immeubles, où qu'ils soient, jusqu'à ce qu'il ait été fait pleine restitution des choses que nous avons eues et acquises mal et que soient payés les legs ainsi qu'il a été dit plus haut. Et pour parfaire au moyen de nos biens meubles et immeubles, nous donnons pleins pouvoirs à nos exécuteurs testamentaires. En outre, nous donnons à ces mêmes exécuteurs pouvoir, s'il arrive à l'un ou à plusieurs d'entre eux de décéder, que leurs survivants aient la faculté d'instituer une autre ou plusieurs personnes pour accomplir fidèlement toutes les choses susdites.
Nous voulons aussi que si, par hasard, nous avons institué par ailleurs pour la totalité ou une partie de nos biens, cette institution soit complètement nulle et de nul effet, mais que la présente obtienne plein pouvoir.
En outre, comme par la grâce de Dieu, nous avons construit de nos deniers dans notre comté de Nevers l'abbaye du Réconfort de la Bienheureuse Vierge Marie, sise près de Monceaux, de l'ordre de Citeaux, dans le diocèse d'Autun, et comme nous avons choisi notre sépulture dans cette abbaye, voulant et requerrant qu'après notre décés, chaque jour, à perpétuité, une messe pour les défunts soit célébrée pour le rachat de notre âme dans ladite abbaye nonobstant nos lettres ou nos promesses faites ou données à l'abbaye de Pontigny, de l'orde de Citeaux, diocèse d'Auxerre, et nonobstant notre sépulture choisie à cet endroit parce que nous n'avions pas encore construit la susdite abbaye.

A cette rédaction de notre testament étaient présents :
Guillaume, archidiacre de l'église d'Auxerre ; frère Guillaume, prieur de l'Epeau ; frère Pierre de Bormeset ; frère Pierre de Villers, de l'ordre des Frères Mineurs ; sieur Jean de Sellenay ; le sire de Beaumont, chevalier ; le sire Baudoin de Pressures, chevalier, et Etinne de Decize, notre clerc et chanoine de Clamecy.

Donné à Coulanges sur Yonne et scellé l'an de grâce MCCLVII, le jeudi après l'octave de Saint-Martin d'été. ( 12 Juillet 1257 ).


Quelques jours plus tard, c'est-à-dire le 29 Juillet 1257, à Coulanges sur Yonne, Mahaut de Courtenay, comtesse de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre mourait à l'âge de soixante douze ans.

  • Source : Promenades en Morvan 2/ Louis Albert Morlon - Gallica, pages 71, 72,73<br<
  • transcripteur : Mabalivet (discussion) 27 avril 2020 à 16:09 (CEST)