Nevers rue des Récollets

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RUE DES RÉCOLLETS à NEVERS

  • Cette rue, qui monte au Château, fut successivement désignée sous ces noms : vicus de Castro, 1323 ; rua Castri ou rue du Chastel, 1400 ; rue du Chasteaulx, 1436 ; rue montant au Château, 1493(1) ; rue des Cordeliers, 1515 ; rue des Récollets, 1600. Sur le plan de 1788, concernant la place Ducale(2) et sur celui de 1790, la rue des Marmousets se prolonge jusqu'à la place des Récollets. Il s'agit évidemment d'une erreur. Pendant la Révolution, elle est appelée tantôt montée du Château, tantôt descente du Château. En l'an VIII, on dit rue des ci-devant Récollets.
    Tout auprès de la rue des Récollets, se trouvait la rue de la Cordouanerie ou de la Savaterie qui existait en 1400 et qui disparut à la fin du XVIe siècle(3).
    Derrière la rue de la Cordouannerie (ou Cordonnerie), existait, en 1461, une petite « ruette » par laquelle on descendait à la rue de la Coutellerie.
    Le 3 septembre 1362, à Bourges, Louis de Flandre, comte de Nevers, donna aux Cordeliers ou Frères mineurs, dont le couvent avait été ruiné par les Anglais une place en l'hostel de son chastel de Nevers et ès circonstances et appartenances d'icelluy pour y fonder et édifier leur église. Cet emplacement est ce que divers auteurs nomment le Château de Gloriette. Les Cordeliers prirent possession, le l6 avril 1363.
    La première pierre de leur église fut posée au mois de juin 1371 et l'édifice dédié à saint Pierre et saint Paul en 1404. Quelques années plus tard, Madame de Nevers rendit cent francs à Etienne Buteux, bailli de Donzy, qui les lui avait prêtés pour acheter une verrière dont elle avait fait cadeau aux Cordeliers de Nevers. Le 15 décembre 1582, le Comte de Nevers leur donna une petite cour qui se trouvait devant leur église.
    Le 27 mai 1515, Charlotte de Bourbon, comtesse douairière de Nevers, testant à Fontevrault, donna 1.200 livres pour être employées à l'édifice et façon d'une sépulture sur le lieu où est inhumé Engilbert de Clèves, comte de Nevers, en l'église des Cordeliers de Nevers.
    En 1518, les Observantins remplaçaient les Cordeliers. Par son testament du 30 juillet 1521, Charles de Clèves, comte de Nevers, élit sa sépulture aux Cordeliers de Nevers, au lieu où son père est inhumé. Il était alors prisonnier au Louvre et mourut le 27 août.
    Le 9 juin 1534, Marie d'Albret ordonna sa propre inhumation dans la chapelle où repose feu son époux, en l'église des Frères Mineurs de Nevers. Elle mourut le 27 octobre 1549.
    Les Observantins furent expulsés en 1586 par l'évêque de Nevers et remplacés par des Cordeliers réformés d'Italie qui comprenaient plusieurs membres de la famille de Gonzague. Ces moines ne parlant pas français et ne pouvant rendre aucun service, durent s'en aller et les Récollets vinrent dans le couvent le 7 septembre 1597. C'est depuis cette époque que la rue prit le nom de rue ou montée des Récollets.
    N° 30 : Cour des Récollets, dans laquelle on voit encore les restes des bâtiments claustraux. Le 30 septembre 1612, Charles de Gonzague donna aux Récollets une maison pour agrandir leur jardin. Un grand mur allant depuis le portail de la cour jusqu'à l'endroit où se trouve actuellement la maison portant le n° 20, servait de clôture à ce jardin.
    L'église avait huit chapelles : cinq du côté du cloître, trois du côté de la rue. Elle était de dimensions considérables et l'emplacement de la maison n° 32 en faisait partie. La nef occupait même le parterre de l'hôtel Marandat (n° 4 de la place des Récollets). Le 16 août 1788, l'Assemblée provinciale du Nivernais tint sa première séance en la bibliothèque des Récollets et, le 12 juillet 1790, les électeurs des divers districts du département s'assemblèrent dans l'église où, après avoir entendu la messe du Saint-Esprit, ils procédèrent à l'élection des administrateurs de la Nièvre. Cette église servit à divers usages pendant la Révolution : ateliers, local de la Société populaire, magasin aux grains, puis vendue le 2 messidor an IV (21 juin 1796). Le clocher avait été vendu en 1793. Une chapelle, qui faisait saillie sur la rue, fut abattue en 1856.
    Au mois d'août 1879, les travaux entrepris dans la maison Maratray qui occupe une partie de l'ancienne église, mirent à découvert les débris d'un magnifique tombeau en marbre noir de la fin du XIIIe siècle, celui d'Yolande de Bourgogne, comtesse de Nevers, décédée en 1280 et dont le corps avait été apporté du couvent de la rue de la Chaussée(4).
    Nos 13 et 15 : ancien hôtel de Fontenay. En 1508, on dit « dans la rue du Château est la maison de maître Henry de Fontenay, chanoine et grand archidiacre de l'église de Nevers ». L'hôtel actuel est du XVIIe siècle. On y remarque un beau portail à colonnes doriques. Des écussons, dont celui de la famille de Soultrait, se voient de la cour, au-dessus de plusieurs portes.
    N° 7 : Maison du XIIe ou du XIIIe siècle avec pignon à redents très élevé. Elle passe, sans preuves et même sans probabilité, pour avoir été l'atelier monétaire des comtes(5). Dans l'intérieur, intéressante rampe d'escalier en fer forgé. Vers 1835, cette maison était habitée par un pauvre instituteur qui, quelques années plus tard, put l'acquérir, ainsi qu'un petit bien aux environs de Nevers. Naturellement on dit qu'il avait trouvé un trésor dans les caves.
    La Tour Saint-Michel de l'enceinte romaine se trouvait derrière cette maison ; elle fut démolie lors de la construction de la rue Impériale. (Voir rue du Commerce).
    Dans les décombres, on trouva des armoiries de la maison de Clèves. C'est à côté de cette tour que se trouvait la porte de la Cité.

    (1) En 1493, on pave en la rue montant au château, jusqu'à la maison des hoirs de feu Hugues de Pougues, où se tient l'école.
    (2) Actuelle place de la République.
    (3) En 1535, il y avait, dans la rue de la Savaterie, à l'enseigne Saint-Roc, un libraire qui vendait le Coutumier de Nivernois.
    (4) Actuelle rue Paul Vaillant Couturier.
    (5) Dans l'escalier on a placé une plaque portant ces mots :

    XIIIe SIÈCLE
    HOTEL
    DES
    MONNAIES


    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1927/T29