Nevers rue Saint Arigle

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RUE SAINT-ARIGLE à NEVERS

Rue Saint Arigle et le marché
  • L'emplacement du marché Saint-Arigle, situé entre les rues de Nièvre et Saint-Arigle d'une part, du Pont-Cizeau et Saint-Vincent d'autre part, fut primitivement occupé, croit-on, par un temple gallo-romain avant de l'être par l'église de Saint-Vincent. Ce serait Agricole, Arigle ou Saint-Arigle, évêque de Nevers de 580 à 594, qui aurait placé sous le vocable de Saint-Vincent la primitive église. Tout à côté s'éleva une abbaye de filles, la plus ancienne de Nevers. Le monastère de Saint-Vincent prit le nom de Saint-Arigle après 841. Dévastée à plusieurs époques, l'église était complètement détruite vers la fin du IXe siècle. Rebâtie sur ses anciennes fondations, elle fut érigée en paroisse le 6 avril 1075 par l'évêque Hugues III de Champallement, qui la donna aux chanoines de la cathédrale. Elle avait quatre travées et son porche faisait face à la rue Saint-Vincent.
    Fromond, évêque de 1121 à 1145, réunit au seul monastère de Notre-Dame les religieuses de Saint-Arigle, Saint-Laurent, Saint-Trohé et Saint-Genest.
    En 1308, on cite le vicus sancti Agricoli et, en 1436, diverses rues touchant Saint-Arigle : rue devers Saint-Arigle ; rue darrière Saint-Arigle, rue d'emprès l'église Saint-Arigle.
    Une croix fut plantée à côté de l'église et son souvenir est rappelé dans l'ordonnance de Charles de Bourgogne du 24 mars 1461, disant : qu' « au droit de la Croix Saint-Arille ou soulait » estre anciennement le marché du blé, sera le marché des « noix et du poisson ».
    En 1524, on dit la grande rue devant la Croix Saint-Arigle.
    D'après une inscription qui se trouve au Musée lapidaire et qui porte la date de 1539, il y avait dix-huit prêtres habitués de l'église Saint-Arigle. En 1743, la ville fit démolir une maison attenant à la cure. Le cimetière fut détruit des deux côtés. Le 17 août 1791, les Administrateurs du département autorisèrent la commune à démolir l'église qui, d'ailleurs, supprimée comme paroisse, menaçait ruine, et à faire de son emplacement une place publique, « ladite église obstruant les deux passages par où arrivaient les approvisionnements à la ville, tellement qu'il était impossible d'y voiturer ». Lorsqu'on procéda à la démolition, on trouva plusieurs monnaies, dont une pièce d'or portant d'un côté trois fleurs de lys placées en coeur entre lesquelles étaient trois couronnes, et la légende : Damianus Krawinckel ; de l'autre côté, un globe de l'Empire autour duquel était écrit Pfennige rechen.
    La place laissée vide par la démolition de l'église et du cimetière fut convertie en marché et devint la Place aux Provisions.
    En 1825, on décida la construction du marché Saint-Arigle ou Revenderie, mais on ne trouva pas d'adjudicataire à cause du paiement tardif des dettes de la ville. M. Tiersonnier s'offrit alors à faire faire les travaux estimés 65.000 fr. C'est en 1833 qu'ils furent exécutés. Tout le sous-sol fut bouleversé, mais personne ne fit attention aux sarcophages trouvés et qui furent détruits ; parmi eux se trouvait, croit-on, celui de Saint-Arigle portant à sa partie antérieure huit croix latines, dont trois grandes et cinq petites.
    Le peintre nivernais Martin des Amoignes nous a conservé le souvenir de ce vieux marché en bois. La fontaine centrale, vendue à un particulier, fut réédifiée à Chauprix, commune de Nolay.
    En février 1898, quand on commença la reconstruction du marché neuf on aurait pu, par des fouilles bien conduites, faire des trouvailles importantes ; mais l'entrepreneur n'était pas autorisé à sortir des lignes qui lui étaient tracées. M. Lucien GUENEAU a raconté, dans les Mémoires de la Société Académique du Nivernais de 1899 ce qu'il avait pu voir et mettre de côté avec M. Alfred Manuel, voisin des travaux. Il donne des détails fort intéressants sur six sarcophages qui semblent remonter au VIème siècle, sur les restes d'une dalle funéraire brisée, portant, en lettres gothiques, l'inscription : il trépassa le mardi devant la saint Ladre mil deux cent quatre-vingt-neuf ; sur deux fûts de colonnes et un fragment de chapiteau du XIIIème siècle ; sur de nombreuses monnaies romaines de Tibère, Trajan, Hadrien, Antonin, Septime Sévère, Probus, Maximien Hercule, Constance, Valens, Constantin II, Gratien, Faustine jeune, Colonie de Nîmes, Auguste et Agrippa, etc., enfin sur un petit tournois d'Henri VI et un douzain de Louis XII.

    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais -1927/T29