Nevers rue Saint-Sauveur

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RUE SAINT-SAUVEUR à NEVERS

  • C'est l'actuelle rue Jacques-Gallois. Elle faisait autrefois partie de la Grande rue du Calvaire. Elle est citée, en 1436, dans les comptes de la ville et, en 1855, dans le plan d'alignement.
    Le prieuré Saint-Sauveur occupait le terrain compris entre la rue d'Auvergne(1) et la place Mossé dans un sens, les rues du Calvaire et de la Cathédrale dans l'autre. Il aurait, d'après la légende, était fondé à la prière de l'évêque Saint Jérôme par Charlemagne(2) et une des filles de cet empereur, morte à Nevers, y aurait été enterrée. Ruiné comme les autres maisons religieuses, il fut rétabli par l'évêque Hugues-le-Grand au XIe siècle, et donné, en 1405, à l'abbaye de Cluny. Les bénédictins s'y maintinrent jusqu'en 1709, malgré une violente querelle en 1658 avec l'évêque de Chéry, à qui ils refusaient l'entrée de leur église. L'évêque eut recours à la force, fit enfoncer les portes et battre le prieur, après quoi il donna la confirmation.
    Après 1709, l'évêque Bargedé fit du couvent un grand séminaire confié d'abord aux jésuites, puis, après 1762, à des prêtres séculiers.
    A la Révolution, on en fit, après l'abbaye Notre-Dame, une prison pour les prêtres insermentés. Le séminaire y fut rétabli en 1823, sans cependant que l'église fût rendue au culte public.
    En 1850, la ville acheta le reste des bâtiments dont elle fit une caserne supplémentaire et, après 1870, une école.
    L'église appartenait au roman fleuri (XIIe siècle). Elle était à la fois prieurale et paroissiale. La paroisse était appelée tantôt Saint-Sauveur, tantôt Saint-Sylvestre.
    Dès 1218, il y avait des contestations entre les religieux de Saint-Sauveur et le prêtre séculier desservant cette église.
    Elle resta paroissiale jusqu'en 1791, époque à laquelle elle fut réunie à celle de Saint-Cyr, nouvellement créée. La paroisse de Saint-Sauveur comptait à cette date 761 âmes, plus 150 des Chaumes-de-Loire, c'est-à-dire de la rive gauche, qui lui appartenaient tous les deux ans, alternativement avec Saint-Genest.
    L'église Saint-Sauveur fut alors vendue comme bien national. Elle s'écroula le 15 février 1838. Le reste d'un portail roman alvéolé de style auvergnat, quelques colonnes faites autour comme à Saint-Etienne, sont encore en place. Le tympan, plusieurs chapiteaux et fragments de sculptures sont au musée de la Porte du Croux ; quelques-uns représentent des animaux jouant d'un instrument de musique, d'autres sont inexpliqués.
    Le cimetière qui bordait l'église, au sud, gênait l'accès du pont ; il fut d'abord rétréci, puis, en 1738, reporté entre les deux ponts de Loire ; supprimé encore une fois, lors de la reconstruction du pont, en 1768, il fut placé sur le plateau, derrière la chapelle de la Bonne-Dame.
    La maison curiale de Saint-Sauveur était sise rue du Guichet, n° 289, et rue de Loire, n° 290.
    Le quartier de Saint-Sauveur était spécialement celui des émailleurs auxquels les nombreuses auberges voisines (Saint-Louis, Grand-Monarque, Image-Notre-Dame, Fleurie-Lys...) fournissaient une clientèle que leurs femmes et leurs filles allaient solliciter aux heures des repas. Le plus ancien de ces artistes paraît être Dagu, cité en 1577. Cette industrie a complètement disparu.
    On a déjà cité la chapelle N.-D. de la Colombe ou du Bout-du-Pont ou encore de Sainte-Solange, non loin de laquelle se trouvait aussi la croix des Pèlerins. On s'y rendait en pèlerinage le lundi de la Pentecôte, origine probable de l'apport de Sermoise.

    (1) Actuelle rue Albert Morlon.
    (2) Pépin-le-Bref, père de Charlemagne, fit de Nevers, trois ans de suite, sa base d'opération contre les Aquitains (vers 760).


    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1928/T30