Nevers rue Saint-Genest

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RUE SAINT-GENEST à NEVERS

  • Citée en 1777 sous le nom de rue Saint-Genès, elle était auparavant une fraction de la rue de la Tartre(1), jadis centre du quartier des faïenciers. Les maisons de numéros impairs sont sur l'emplacement des fossés de l'enceinte gallo-romaine et masquent des restes de ses murailles ; le bloc des numéros pairs est bordé à l'ouest par une portion assez bien conservée du rempart de Pierre de Courtenay, avec deux anciennes tours : tour du Havre et tour Saint-Révérien.
    Les numéros des maisons indiqués par du Broc de Segange (La faïence, etc.) ont été changés, le côté pair de la rue étant devenu impair et réciproquement par suite de l'inversion de l'origine du numérotage.
    N° 8 : Bâtiment du commencement du XVIIe siècle, ancienne faïencerie de l'Autruche, fondée par les Custode (cités en 1632), abandonnée au commencement du XIXe siècle ; on y tenta sans succès (Ristori, vers 1855) de rénover la fabrication artistique.
    N° 14 : Ancienne église Saint-Genest, de la fin du XIIe siècle, très défigurée, transformée en établissement industriel, successivement brasserie, magasin à vins, garage d'automobiles. La seule partie encore intéressante est le portail sud, très mutilé, sur la cour ; d'après Viollet-le-Duc il peut « être considéré comme un chef-d'œuvre pour ses bonnes proportions, la beauté et la sobriété de ses sculptures ». Voir ses chapiteaux et surtout le linteau supérieur, représentant les douze apôtres à propos de l'un desquels Mérimée a dit avec quelque exagération : Cette figure « est revêtue d'une draperie longue et plissée, si parfaitement rendue et jetée avec tant de grâce qu'elle fait penser à celle de la frise du Parthénon ».

    L'église a été paroissiale jusqu'à la Révolution. Elle comptait 894 paroissiens, dont 150 des Chaumes de Loire, ne lui appartenaient qu'un an sur deux ; l'autre année, ils ressortissaient à Saint-Sauveur. Elle fut desservie, jusqu'en 1565, par quatre curés à la fois. Elle renfermait de nombreuses sépultures, surtout de faïenciers ; des fouilles y ont fait trouver, en 1857, plusieurs sarcophages monolithes superposés sur trois couches ; tous ont été brisés. Le clocher a été démoli en l'an II ; sa flèche était garnie de tuiles émaillées, de diverses couleurs.
    N° 16 : Passe pour avoir été, au commencement du XIXe siècle, une fonderie de boulets de canon. N° 17 bis : Emplacement de la faïencerie de l' Ecce Homo, fondée vers 1640, par Nicolas Estienne, citée en 1652, et qui appartint longtemps à M. Bonneau-Lestang. Elle était surmontée d'un bel épi de toiture. Elle fut démolie en 1875.
    N° 18 : Cour de l'Abbaye. La municipalité de Nevers siégea dans l'abbaye quelque temps pendant les premières années de la Révolution, puis les locaux servirent en 1792-93 de prison pour les prêtres insermentés ; ils devaient ensuite être aménagés, en même temps que l'église Saint-Laurent, pour un dépôt de remonte, mais les travaux ne furent pas exécutés ; on y plaça seulement le jardin botanique expulsé des Minimes ; enfin le tout fut vendu par lots 29.380 livres.
    Nos 19, 21 : Emplacement de la faïencerie des Conrade. Elle est citée en 1602. Un Conrade, gentilhomme du duc, avait été naturalisé en 1578.
    N° 20 : Ce fut, jusqu'en 1903, une vieille maison pittoresque, à deux étages, construite en pans de bois, du XIVe ou du XVe siècle, et qu'on disait avoir été l'habitation du portier de l'abbaye.

    L'abbaye Notre-Dame, au moyen âge, eut comme dépendance le prieuré de Notre-Dame du Montot(2). En 1407, les échevins s'y rendirent en procession et offrirent douze torches de cire de douze livres pour obtenir la paix de l'Église et du royaume et aussi pour que le duc de Bourgogne, alors suzerain du Nivernais, fût vainqueur des Liégeois. En 1474, même procession pour obtenir la cessation de la peste. Au milieu du XVIIIe siècle, il reste encore une petite chapelle qui sert de but de pèlerinage le lundi de Pâques. Ce n'est plus aujourd'hui qu'une loge de vignes, mais la fête de Mouësse a toujours lieu au jour précité.
    La Croix du Montot, probablement à la bifurcation des routes d'Imphy et de Saint-Saulge, était l'une des cinq qui délimitaient au moyen âge le territoire de la commune de Nevers(3).

    (1) Actuelle rue du 14 juillet.
    (2) A la Baratte, petite éminence entre la route d'Imphy et la Loire.
    (3) Les autres étaient au Pont-Saint-Ours ; au pont de Mauchamp ou Monchamp, croisée de la route de Paris, par le chemin Fourchambault-Varennes ; au port de Conflans (pied des Montapins, en face le Bec-d'AUier) ; à l'Orme-Pouilleux, route de Lyon, à l'origine des chemins vers Challuy à Gain, soit à peu près le pont du Canal.


    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1928/T30