Nevers rue Paul Vaillant Couturier

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RUE PAUL VAILLANT COUTURIER à NEVERS (Anciennement Rue Félix Faure)

  • L'antique rue de la Chaussée est devenue la rue Félix-Faure par décision municipale du 31 mai 1899.
    Tout ce qu'on appelait faubourg de la Chaussée, de la porte de Paris à la rue Gresset, était en jardins maraîchers.
    Ce nom de Chaussée vient, à n'en pas douter, de la chaussée de l'étang, qui s'étendait du Parc à la porte de la Barre et couvrait les jardins de la Préfecture et de l'Hôpital.
    On trouvait là, en 1400, la rue ès Bergers sur la Chaucée ès Cordeliers.
    En 1586, on indiquait un jardin assis à la Chaulsée aux Cordelliers, tenant à une rue allant de la Porte des Ardilliers à la Chaulsée et à la grande rue de la Corderye.
    En 1734, on dit la Chaussée aux Minimes, anciennement des Cordeliers et on cite le finage de la Corderie, proche le couvent des R. P. Minimes.
    Pendant la peste, qui régna fort souvent à Nevers, de 1518 à 1569, on envoya les pestiférés hors la ville, dans une maison à la Chaussée, appartenant au prieur de Saint-Etienne, et on les y fit soigner. En 1531, on délogea même un nommé Jean Furgi pour y mettre les malheureux contaminés. N'oublions pas que, pendant quelques années, à partir de 1606, la route de Paris abandonna la Porte des Ardilliers pour traverser le faubourg de la Chaussée, en venant de Pougues.
    C'est en 1252, dit-on, que les Cordeliers ou Frères Mineurs furent appelés à Nevers par Mahaut de Courtenay. Par son testament, fait à Decize en mai 1280, Yolande de Bourgogne élit sa sépulture dans le monastère des Cordeliers, sis à la Chaussée. Ce monastère fut ruiné par les Anglais, et les Cordeliers se trouvèrent à peu près sans asile. En 1362, Louis de Flandre, comte de Nevers, leur donna son château de Gloriette pour s'y installer. On finit de détruire le Couvent de la Chaussée en 1339, mais il est probable que les pierres restèrent en place, car, en 1425, la ville en prit 90 charretées pour hausser le mur du parquet des Ardilliers. L'endroit était destiné à recevoir un autre couvent.
    Marié depuis six ans avec Catherine de Lorraine et n'ayant pas d'enfants, le duc Charles de Gonzague fit vœu de consacrer à saint François de Paule, fondateur de l'ordre des Minimes, le premier enfant mâle qui lui naîtrait (1), et de bâtir un couvent de Minimes à la Chaussée, près la porte des Ardilliers. La duchesse étant devenue enceinte, on fut persuadé que l'enfant à naître serait un garçon et, le 10 juin 1607, peu de temps avant l'accouchement, un contrat régulier fut passé. On se mit aussitôt au travail et, en 1611, l'église était consacrée. Elle était de plan carré. On admirait sa façade élégante flanquée de deux petites ailes renfermant des escaliers. Le principal autel était formé de quatre colonnes de.marbre vert ; le tabernacle était soutenu par quatre colonnes d'albâtre (2). Plus tard, l'église renferma plusieurs tombes des membres de la maison de Gonzague. Le 19 mai 1648, la ville permit aux Minimes d'élever de quatre pieds le terrain le long de leurs murailles et de planter des pierres pour empêcher les voitures d'en approcher. Le 24 janvier 1785, le duc de Nivernais, comme seigneur et fondateur du couvent, consentit à ce que tous ses droits sur ce monastère fussent transférés à l'Hôtel-Dieu quand ledit monastère cesserait d'exister, ce qui ne tarda pas à arriver.
  • Déjà, avant la Révolution (1786), l'évêque de Séguiran voulait supprimer le couvent où il ne restait qu'un moine, quelquefois deux, jamais plus. On pensait y mettre les enfants trouvés.
    La nation s'empara du couvent, malgré les réclamations de l'Hôtel-Dieu. L'église fut d'abord affermée à divers citoyens (3) qui y firent célébrer le culte par des prêtres non assermentés.
    Le soir du 14 juillet 1792, sous l'excitation des discours de divers prêtres constitutionnels, la foule se porta à des excès dans l'église même, brisa les chaises, etc. Le Conseil général dut faire fermer l'église (11 août 1792).
    Après l'installation de l'École centrale (juillet 1796), un jardin botanique fut, un instant, établi dans l'enclos, aux frais du département. Plus tard, le Gouvernement logea des prisonniers de guerre dans l'église et se servit des cours et jardins pour des manœuvres de cavalerie. En 1815, les alliés installèrent, par réquisition, dans l'église des Minimes, des ateliers de cordonniers et de chemisières.
    Cette église servit ensuite de magasins à fourrages pour la cavalerie. La caserne étant transférée route de Fourchambault, le Conseil municipal, par délibération du 16 février 1886, mit au concours un projet de restauration de l'église des Minimes pour y installer un musée. Quinze architectes répondirent à l'appel, ce qui doit laisser supposer qu'ils étaient sûrs de pouvoir opérer la restauration dans de bonnes conditions. Tout donnait donc à croire que ce bel édifice pouvait être conservé et parfaitement utilisé. Un nouveau Conseil municipal décida, le 5 septembre 1889, la démolition pure et simple. Les sculptures de l'ancienne façade des Minimes furent placées dans le jardin de l'Hospice de Nevers où elles étaient encore au commencement de l'année 1906 (4). Les maisons nos 2, 4 et 6 ont été construites sur l'emplacement de l'église.
    N° 15. Prison départementale. C'est en 1857 que les prisonniers y furent amenés de l'ancienne prison. Au mois de janvier 1872, il y eut, dans la prison de Nevers, 120 détenus, condamnés à la suite de l'insurrection de la commune de Paris.
    N° 44. Manufacture de chaussures Bougriaut.

(1) Cet enfant fut François de Paule de Gonzague, né le 7 août 1607, inhumé dans l'église des Minimes le 15 novembre 1622.
(2) On prétend que cet autel fut transporté en l'église Saint-Père en 1802 ou 1804.
(3) Gilbert-Marie Pinet, Lazare Pannecet-le-Jeune, Marie-Edouard Lempereur, Marius Rondet, Théodore Villars et François Gœury (analyses des délibérations du Conseil général, t. I, p. 299).
(4) M. de Barrau acquit, pour cent francs, la façade et la fit réédifier en partie dans son parc d'Imphy
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Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1925/T27