Nevers rue Jeanne d'Arc

RUE JEANNE D'ARC à NEVERS

• Jadis nommée rue au Loup, peut-être en souvenir de saint Loup qui vécut auprès de Nevers. C'était alors un sentier tortueux, étroit, bordé de haies. De 1810 à 1840, la rue était impraticable, encombrée par les détritus de l'abattoir. C'était dans cette rue, près d'une pauvre maison, que les duellistes, notamment sous l'Empire et la Restauration, se donnaient rendez-vous. De là l'expression locale : « Si tu n'es pas content de moi, va m'attendre en haut du Parc ! » Le premier duel qu'on connaît remonte à 898 ; le comte de Nevers, Rathier, accusé d'un méfait par le chevalier Alicier, se battit avec lui près de Saint-Gildard. Ils se tuèrent mutuellement. Le dernier, en 1838, eut lieu entre le préfet Badouix et un électeur qui l'avait injurié pendant une orageuse période électorale. Il fut moins sanglant. Le 4 novembre, les adversaires étaient sur le terrain, quand l'évêque Naudo arriva tout essoufflé et parvint à les calmer. Le préfet, toutefois, fit comprendre qu'il remettait l'affaire à huitaine, afin de laisser les élections se faire ; mais, s'étant aperçu que son insulteur ne savait même pas se mettre en garde, il s'écria, dit-on : « Voilà un homme dont la vie m'appartient ; qu'il demande pardon à tous et s'excuse d'avoir mal agi à mon égard et je le laisse aller ! » Ainsi fut fait.
  Le dépôt des poudres pour le Nivernais et les provinces voisines fut, au XVIII^e siècle, à la Tour-Neuve ; transporté à Saint-Gildard⁽¹⁾, dont la chapelle fut démolie en 1784, puis à la Porte-du-Croux pendant la Révolution, il revint à la Tour-Neuve. En 1839, il fut placé dans une construction spéciale de la rue au Loup, qu'on appela rue de la Poudrière en 1877, puis rue Jeanne-d'Arc en 1899. La poudrière ayant été transportée près du cimetière, les terrains de l'emplacement précédent furent acquis par l'évêché qui y fit construire de nouveaux bâtiments pour l'Institution Saint-Cyr, dirigée par des prêtres et jusqu'alors installée rue de l'Oratoire. L'inauguration eut lieu en 1895.
  La rue a été mise en état de viabilité et garnie d'égouts en 1909.
  N° 14 bis, Bureaux de la Compagnie P.-L.-M. (Inspection principale de l'Exploitation et 9^e Arrondissement de la Voie).
  N° 22, Institution Saint-Cyr.
  
  (1) Le 17 août 1791, le département autorise la commune à faire disparaître du magasin des poudres, situé dans la vigne de Saint-Gildard, tous les bâtiments qui peuvent nuire à la sûreté.
  
  Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1926/T28