Nevers place Guy Coquille
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PLACE GUY COQUILLE à NEVERS
- Cette place, qui est plutôt une rue plus large que les autres, occupe l'emplacement de l'ancienne Église et du cimetière de Saint-Pierre.
L'église bâtie, croit-on, par Pépin-le-Bref, fut reconstruite à la fin du XIIe siècle. C'est dans cette église que fut enterré notre célèbre jurisconsulte Guy Coquille, né à Decize, le 11 novembre 1523, mort à Nevers le 11 mars 1603.
Le cimetière était situé derrière l'église, à l'est ; il existait encore en 1507.
La rue Saint-Père, à côté de l'église, est citée en 1436.
C'est devant l'église que se tenait le marché aux tonneaux, cuves, etc. et, derrière, après la suppression du cimetière, était le marché au foin.
En 1680, la partie comprise entre l'église et la rue de la Coëfferie est appelée place Saint-Pierre. C'est là que débutèrent les Sœurs de la Charité. En 1757, la ville, désirant acheter leur maison pour en faire un hôtel commun, le projet avorta(1).
Derrière l'église se trouvaient la Croix du Foin, qui fut détruite vers 1760, et un puits qui existait encore en 1780.
Dans la nuit du 4 au 5 février 1771, une partie de la voûte de l'église s'écroula. Comme les murs, lézardés et détériorés par un incendie, menaçaient ruine, on mit en adjudication la démolition de l'édifice. Ce ne fut cependant que le 23 février 1783 que les échevins demandèrent la disparition de l'église, inutile aux paroissiens qui se trouvaient au milieu de quatre autres paroisses(2). L'évêque ayant prononcé une sentence d'interdit le 3 avril, quatre jours après, les vases et objets du culte furent transportés dans la chapelle du Collège qui releva le nom de Saint-Pierre.
Le 24 juin, la destruction fut définitivement arrêtée. Le portail de cette église était décoré, entre autres sculptures, de la statue d'une reine largement pattée comme les oies et qu'on nommait la reine Pédauque. On ne connaissait en France que trois autres statues de ce genre : celles du prieuré de Saint-Pourçain en Auvergne, de l'abbaye de Saint-Bénigne à Dijon, et de l'abbaye de Nesle, transférée à Villenauxe, en Champagne.
Pendant de longues années, la place Guy-Coquille fut occupée, chaque matin, par le marché aux légumes et, ainsi que le dit M. de Sainte-Marie dans ses Recherches historiques sur Nevers, p. 450, « les revendeuses foulent tous les jours, d'un pied insouciant, les cendres d'un des hommes les plus célèbres qu'ait produit le Nivernais(3).
En haut de la place, un peu en arrière de l'alignement de la rue du Commerce(4), exista longtemps un beau puits qui fut comblé en 1836. A quelques pas plus bas, sur l'emplacement d'un arbre de la Liberté, on éleva, en l'an II, un piédestal de 1 m. 30 de hauteur, surmonté d'une déesse de la Liberté, le casque en tête, la lance à la main droite, le poing appuyé sur la hanche et un chat, emblème de la vigilance, se dressant le long de sa jambe. Cette statue, due au sculpteur Chêne, avait 2 m. 30 de hauteur ; elle était entourée d'une balustrade en fer provenant de l'église Saint-Etienne. Un factionnaire placé devant montait la garde en permanence. En l'an III, « considérant que le chat a toujours été regardé comme le symbole de la perfidie ; que cet emblème peut fournir à la malveillance des expressions peu mesurées », on fit disparaître le chat. Peu après, la statue fut placée dans la salle du Conseil de la Commune, ensuite au Cercle constitutionnel église Saint-Didier, enfin ramenée, en l'an VII, à la municipalité. Après avoir été promenée dans beaucoup de processions civiques, elle disparut finalement sans laisser de traces.
Dans les premiers jours de mars 1900, la Compagnie des Eaux ayant ouvert, dans le milieu de la place, depuis le bas jusqu'en haut, une tranchée pour la vérification de ses tuyaux, on trouva, outre de nombreux os de morts, un squelette tout entier, à la hauteur de la maison n° 4, divers fragments de tuiles romaines, un vase à parfum, une médaille de Tétricus et, plus haut, un cercueil en pierre, tout entier, qui fut brisé.
Sous les maisons portant les nos 7 et 9 se voient des caves fort intéressantes, que certaines personnes considèrent, à tort, comme des cryptes de l'église Saint-Père.
(1) En 1759, Sœur Pétronille Vanoque, supérieure générale des Sœurs de La Charité, afferma pour six ans aux maire et échevins de la ville une grande salle sise à main gauche de l'entrée de la maison desdites Sœurs qui a son aspect, par deux grandes croisées, sur la place de Saint-Père, ladite salle devant servir de salle d'audience pour la juridiction consulaire de la ville, moyennant 120 livres par an, payables à Noël et à la Saint-Jean.
(2) Saint-Etienne, Saint-Victor, Saint-Arigle et Saint-Martin.
(3) C'est par un arrêté de l'administration municipale du 11 brumaire an VI (1er novembre 1797) que les approvisionneurs en beurre, fromage, œufs, fruits et légumes durent continuer d'étaler leurs marchandises sur les places ordinaires dites de Saint-Père et de la Volaille, tandis que les revendeurs habituels desdites marchandises doivent tenir leur échoppe sur la place ci-devant Saint-Arigle appelée place des Provisions.
(4) Actuelle Rue François Mitterrand.
Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1925/T27