Nevers place Carnot

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C'est par délibération municipale du 31 mai 1899 que la place de la Halle a disparu des désignations publiques.
Le marché couvert auquel on a donné le nom du Président Carnot, occupe l'emplacement de l'Hôtel-Dieu Saint-Didier et de son cimetière. Les derniers restes de cet Hôtel-Dieu ont été démolis vers 1862. On a construit sur son emplacement une halle aux blés qui, par suite d'une délibération municipale du 28 novembre 1894 a été transformée en marché couvert avec augmentation de deux galeries latérales et d'une travée.
La première pierre de cette adjonction fut posée officiellement par le maire le 14 septembre 1895. Pendant les travaux on a trouvé un grand bronze de Faustine la mère qui devint la propriété de M. Alfred Manuel.
La maison du coin, près de la maison portant le n° 2, reconstruite par le Dr Thomas père, et qui servit jadis de grenier à sel, était affecté au Marché-aux-Bêtes. C'était près de là que se dressait la potence pour les condamnés à être pendus.
En 1417, saint Vincent Ferrier prêcha pendant neuf jours sur ce marché.
Par son ordonnance du 25 mars 1461, Charles de Bourgogne, comte de Nevers fixa le marché aux bêtes, près de l'église Saint-Didier. Le Marché-aux-Pourceaux n'était pas loin. En 1592 on dit le Marché-aux-Bestes ; en 1689, place du Marché-aux-Bestes ; en 1786, place du Grenier-à-Sel ; en 1793, place du Marché-au-Blé ; en l'an IV, place de l'Hospice-National ; puis, plus tard, place Desaix.
L'église Saint-Didier fut condamnée à être démolie en l'an VIII, parce qu'il ne devait plus subsister qu'un seul Hôpital. L'hospice fut transformé en halle, et le 24 fructidor le préfet écrivit au maire de « faire publier le matin au son de la caisse que le premier marché du 4 vendémiaire se tiendra place Desaix, dans la halle couverte ».
Le haut de la place fut dégagé vers 1813, à la suite d'une souscription faite entre les riverains.
A la fin de 1817, une croix monumentale y fut élevée. C'était le résultat d'une mission très suivie ; et, tout naturellement, on baptisa la place du nom de place de la Mission. Elle conserva ce nom jusqu'en 1830. La croix fut alors portée à la cathédrale puis, plus tard, au cimetière, et la place prit le nom de place de la Halle.
Sous la croix on avait placé en 1817 un plateau commémoratif en faïence de Nevers qui fut découvert en 1875 lors de la démolition du bureau central d'octroi. Sur la face se voit le calvaire en élévation et plan. Au-dessus se trouve cette inscription :

O CRUX AVE SPES UNICA


Au bas on lit :

PLACE DE LA MISSION


Au dos se voit cette longue inscription :

CETTE CROIX A ÉTÉ ÉLEVÉE LE 23 MAI MDCCCXVIII PAR LA PIÉTÉ DES FIDÈLES HABITANTS DE CETTE VILLE, A LA SUITE D'UNE MISSION DIRIGÉE PAR MM. THOMAS, ALORIO, CAILLAT, CANIER, ROUBI, LADAVIÈRE ET PETIT, MISSIONNAIRES. L'EMPLACEMENT DE CE MONUMENT A ÉTÉ BÉNI PAR M. L'ABBÉ GROULT, VICAIRE GÉNÉRAL DU DÉPARTEMENT EN PRÉSENCE DU CLERGÉ ET DE TOUTES LES AUTORITÉS CIVILES ET MILITAIRES. M. LE BARON DE VAINES ETANT PRÉFET DE CE DÉPARTEMENT, M. MAUBLANC DE LA VAIVRE, MAIRE. M. LALLIER, ANCIEN INGÉNIEUR EN CHEF, A DIRIGÉ LES TRAVAUX.

Le bureau d'octroi du Parc, qui remplaça le calvaire se composait d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage. Quatre colonnes soutenaient un balcon de pierre placé au-dessus de la porte.
En 1843, on trouva entre le Parc et la Halle un grand bronze d'Hadrien, deux petits bronzes de Constantin et un petit bronze de Constans. L'Almanach de la Nièvre de 1844, dit qu'un denier d'argent de Charlemagne fut trouvé au coin de la Halle aux blés, près le Parc, à l'entrée d'un souterrain (ce souterrain existe certainement encore. Il allait du château ducal à Saint-Gildard et à la Passière).
A l'endroit où était le cimetière de Saint-Didier, des ouvriers furent occupés, en 1874, à pratiquer une longue tranchée. Arrivés à l'angle qui regarde le septentrion, ils découvrirent les couches noirâtres d'un puits funéraire rempli d'ossements, puis rencontrèrent d'anciennes substructions gallo-romaines. Bientôt ils rejetèrent parmi les terrées des fragments nombreux de poteries offrant une remarquable variété de formes et de couleurs ; leurs ornements que l'ébauchoir a mouchetés ou pointillés, la finesse de la pâte, tout mérita l'attention de M. Roubet. Parmi ces débris de poteries diverses, le chercheur qu'était M. Roubet finit par découvrir deux fonds de vases qui portaient l'empreinte sigillée du mot ABRIIXTA. Ces estampilles avaient dû être produites par deux cachets distincts, la forme de certaines lettres n'étant pas complètement identique. Ces estampilles n'étaient précédées ni suivies des sigles OF (officium) ou M (manu). Le Conservateur du Musée de Saint-Germain ne connaissait pas cette marque.
Le 11 mars 1872, on installa dans un pavillon de la Halle une Ecole municipale de dessin et de mathématiques, pour l'application des Beaux-Arts à l'industrie. L'enseignement consistait en un cours de dessin en trois divisions, un cours de sculpture, de céramique, de dessin linéaire, de perspective et de mathématiques.
N° 4. Il y avait là, au moyen âge, un hôtel, curieusement restitué par M. Massillon-Rouvet.
Les maisons du bas de la place, vers la rue La-Fayette, ont été démolies en 1912 pour la construction de la Caisse d'Épargne. Ces maisons avaient des façades modernes qui ne permettaient pas de juger qu'elles étaient fort anciennes et dataient probablement du XV ème siècle. La nouvelle Caisse d'Épargne, construite dans le style du palais Ducal, est ornée de statues et de bas-reliefs dus à notre confrère M. Alix Marquet.

Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1924/T26 et 1928/T30