Nevers 1660-1790 Transformation et modernisation

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Contre tous ces abus un seul remède est possible, transformer et « moderniser » la ville. En principe toutes les constructions nouvelles doivent être aménagées conformément aux ordonnances et aux prescriptions de la Coutume du Nivernais [1], mais ces constructions ne sont pas fréquentes à l'intérieur des remparts.

Il faut signaler toutefois quelques grands travaux d'édilité, quelques trouées à travers les vieilles rues, pour faciliter la circulation et donner un peu d'air. En 1740 la ville élabore un projet grandiose d'embellissement, qui lui vaut tout au moins la reconstruction de la porte de Paris et des quais de Loire. Certaines rues sont élargies ou rectifiées, comme en 1785 la rue du Charnier, qui formait « la jonction entre la route de Prémery, celle de Decize et même celle de Paris ». Certaines places prennent des proportions plus considérables. Vers 1759 le passage du roi à Nevers provoque la démolition de la chapelle St-Sébastien et de quelques maisons voisines, qui rendaient la circulation dangereuse dans ce carrefour, le plus fréquenté de la ville. En 1771 l'église St-Pierre, qui tombait en ruines, est également démolie, ce qui permet d'agrandir la place Guy-Coquille actuelle.

Les cimetières sont transférés au dehors. C'est d'abord en 1738 le cimetière St-Sauveur, qui gênait l'accès des ponts de Loire, puis en 1743 le cimetière St-Arigle, qui gênait les abords du pont Cizeau. En 1776 la ville fait planter des arbres et des charmilles sur la rive gauche du fleuve. Avec le Parc et le Ravelin du pont Cizeau les Nivernais disposent désormais de trois promenades publiques [2].

Toutefois la ville de Nevers au XVIIIème siècle est encore très mal percée. La rue actuelle du Commerce n'existe pas. Aucune artère centrale n'ouvre de communication entre la place St-Sébastien et la Loire. Mais comment les Nivernais de ce temps-là auraient-ils assez d'argent pour mener à bien ces travaux, quand ils ne sont même plus en état de réparer leur hôtel de ville ? Vers 1760 l'hôtel commun tombe de vétusté, « estant étayé de tous costés». Il faut l'évacuer- par crainte d'accident. Les échevins déménagent et se transportent successivement chez le sieur Gascoing de Demeurs et chez l'abbé de St-Martin [3]

D'autres mesures moins grandioses ne sont pas moins utiles. A partir de 1776, l'éclairage des rues pendant la nuit est assuré par des réverbères. L'année suivante ordre est donné de numéroter les maisons. Ce travail allait être « fort habilement exécuté en grands chiffres très hardiment tracés », que l'on voit encore dans toutes les anciennes rues. A la même époque le sieur Claude Grassot grave également dans la pierre les noms des rues et des places, et quelques-unes de ces inscriptions existent encore aujourd'hui [4].

En dehors des remparts les conditions sont un peu différentes. Les maisons se dispersent au milieu des terres, ce qui donne aux faubourgs une physionomie agricole et villageoise. D'ailleurs de nombreux cultivateurs ou vignerons habitent à l'intérieur même de la ville, avec leurs granges et leurs « vinées ». La marine de Nevers s'entasse entre les divers bras de la Nièvre. Les maisons, bâties sur l'eau, ont d'ordinaire leur galerie et leur port. Les bateliers passent directement de leur logis dans leur barque. Des passerelles enjambent l'eau et permettent aux piétons de circuler dans cette nouvelle Venise. La rue des Pâtis conserve encore son aspect d'autrefois. C'est l'une des évocations les plus saisissantes de l'ancien monde des travailleurs nivernais.


Sources

  • Louis Gueneau, L'organisation du travail à Nevers au 17e et 18e siècle.
  • Publication Praynal (discussion) 23 mai 2021 à 10:23 (CEST)

Notes et références

Notes


References

  1. Coutume du Nivernais, Edition Dupin, ch. X : Des servitudes réelles ; certaines obligations concernent les propriétaires de maisons à Nevers. Art. 28. Dedans les murs de la ville et cité de Nevers l'on ne peut nourrir pourceaux, truies, boucs, chèvres, cochons, chevreaux, et autres semblables bêtes, sur peine (d'amende, et aussi aux villes de Clamecy et Decize. Art. 19. Es grandes rues de lad. cité de Nevers et autres villes dud. pays, l'on ne peut tenir fumiers et ordures plus haut d'un jour sous peine d'amende. Art. 22. - Désormais l'on ne pourra faire avances de bâtimens sur les rues desd. cités et villes, ni éviers, tuyaux de cuisine répandant sur les rues par le haut mais seulement par le bas... Art. 23. Aussi désormais ne se pourront faire entrées de caves ou degrés aboutissant sur lesd. rues, sur telles peines que dessus. Art 24. Et quant aux avancemens de bâtimens, éviers et tuyaux de cuisine, entrées de caves ou degrés aboutissans sur les rues desd. villes faits par ci-devant et d'ancienneté, ils ne pourront être refaits ni réparés
  2. . Rue du Charnier, Nevers BB. 45, f. 318 v. - Chapelle St-Sébastien et église St- Pierre, Nevers DD. 6 - Cimetières DD. 7. - Promenade des ponts de Loire, Nevers BB. 45, f. 125
  3. En vertu d'un contrat du 25 avril 1779 (Ch. des not., min. Gourjon), le sieur Gascoing loue aux échevins moyennant 1.000 l. par an les appartements situés au 1er étage de l'hôtel de Demeurs, rue St-Martin
  4. Eclairage des rues, Nevers BB. 45, f. 121 - Numérotage, BB. 45 f. 178 v. - cf. Almanach de la Nièvre -1876-77-78 et 79. Abbé Boutillier: Les rues de Nevers. Nous avons également utilisé des cahiers manuscrits sur les rues de Nevers, communiqués par M. V. Gueneau