Nevers 1660-1790 Remparts et fortifications

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Au XVIIème siècle la ville de Nevers est encore étroitement encerclée dans un rempart d'apparence redoutable. L'Ulysse français [1]écrit que « les murailles sont remparées de plusieurs grosses tours et défendues de fossés profonds et effroyables. Et ce qui la met davantage à couvert des surprises, c'est qu'elle n'a point de faubourgs, toutes les maisons estans renfermées dans l'enceinte ». D'après les anciens plans gravés par Belleforest en 1575, Blaeuw en 1505 et Tassin en 1630 [2], les 4 quartiers de Nevers [not 1] se pressent à l'intérieur des remparts, dont la longueur ne dépasse pas 1700 toises. Seuls les mariniers de Loire, pour des raisons de métier ont établi leurs habitations en dehors des murs, au confluent du fleuve et de la Nièvre, et c'est à peine si le faubourg de Mouesse commence à se constituer le long du chemin qui mène à Decize.

Ces remparts, percés de 7 portes [not 2], flanquées de 15 tours et de quelques bastions comme les ravelins de la Porte du Croux et du Pont Cizeau, ajoutent un élément d'architecture militaire au pittoresque de la ville. Il est vrai que cet appareil militaire, qui date de la fin du XIIème siècle, n'a plus d'autre utilité sous le règne de Louis XIV que de constituer une barrière d'octroi. Au XVIIème siècle les Nivernais accaparent les murs et les fossés avec ou sans autorisation et les adaptent à tous les besoins du commerce et de l'industrie. Les fossés se transforment en jardins, où les artisans récoltent leurs légumes. Des cordiers y tordent le chanvre [3]. Des marchands de bois y aménagent leurs chantiers [4]. Des boucliers font paître leur bétail dans les espaces qui restent libres. Les habitants finissent même par se loger dans tous les « espaces vuides » des remparts et des tours. D'ordinaire il consentent à payer de minimes redevances et promettent de tenir en bon état les locaux qu'ils occupent [5].

Pendant les guerres de la Ligue d'Augsbourg Louis XIV, à court d'argent, encourage ces procédés. En 1695 [6] il ordonne la vente et aliénation de tout ce qui sert à la clôture et à la fortification des villes de l'intérieur. En 1696 il consacre moyennant finances les accaparements antérieurs. Un état, énumérant tous ceux qui occupent quelque portion des remparts, fossés et tours de la ville de Nevers, ne compte pas moins de 58 articles, où la plupart des métiers nivernais se trouvent représentés [7]. A la veille de la Révolution une partie des remparts est ainsi englobée dans les propriétés privées et plus ou moins remaniée par les particuliers et les communautés religieuses [8]. Tout le resté est en ruine ou même a totalement disparu. Les pouvoirs publics à Nevers se désintéressent des fortifications et, sauf dans certaines circonstances exceptionnelles, ne se soucient pas de réparer leurs brèches [9]. Ils jettent à bas les ruines au lieu de les relever. Ils se débarrassent d'abord des ponts-levis, des flèches et bascules, qui tombent de vétusté sur la tête des passants [10], puis ils s'attaquent aux portes et aux corps de garde, dont les voûtes ébranlées pair le charroi menacent de s'effondrer ou dont les dimensions exigües ne sont plus en rapport avec les exigences du commerce [11].

A la fin du XVIIIème siècle deux portes seulement restent debout et se perpétueront jusqu'à nous : la porte de Paris, reconstituée dans un style banal, et la porte du Croux, dernier vestige d'une architecture qui savait allier à la puissance militaire l'élégance artistique. Quelques tours et des portions de mur ont également disparu, si bien qu'on ne sait déjà plus quel est l'emplacement de la tour Crénelée et de la tour de Luzarches, ou même si elles ont réellement existé [12]. A mesure que la population augmente, elle doit faire éclater sa ceinture de pierre.

Sur les plans dessinés en 1790 [13], de vastes trouées s'ouvrent dans les remparts, au nord entre le Parc et la Porte de Paris, à l'est au voisinage de la porte de la Barre, au sud le long des quais de Loire et de Nièvre. Des quartiers nouveaux prolongent la ville au dehors. Les faubourgs de Paris et de la Chaussée, du Carrefour et de Ste-Vallière sont à peu près constitués. La région des Patureaux, à proximité de Mouesse et du Ravelin, se couvre de maisons. Ces changements s'opèrent surtout dans la seconde moitié du siècle, car un plan de 1759 [14] esl à peu près semblable à ceux de Belleforest et de Tassin.


Sources

  • Louis Gueneau, L'organisation du travail à Nevers au 17e et 18e siècle.
  • Publication Praynal (discussion) 22 mai 2021 à 17:39 (CEST)

Notes et références

Notes

  1. Quartiers de Loire, Nièvre, Barre et Croux.
  2. Portes de Loire, du Croux, Porle-Neuve, Portes des Ardilliers ou de Paris, de la Barre, de Nièvre, du Pont-Cizeau

References

  1. Coulon : L'Ulysse François ou le Voyage de France. Paris, 1643.
  2. Cf l'Album du Nivernais et la Nièvre à travers le passé.
  3. Nevers, CC 360
  4. Ch. des Not.,Min. Chevallier, 24 avril 1685
  5. En 1677. Nevers, CC. 360 un mégissier, Simon Chambon, « chargé d'enfants et dans la nécessité» ne pouvant plus arriver à payer son loyer, demande à s'installer dans le corps de garde de Nièvre, ce qui lui est accordé moyennant un cens annuel de 5 sols – En 1663 (Nevers BB 26, f 357) Nicolas Jouanin savetier, s'établit dans un « petit renfoncement » qui est au-dessous du corps de garde de la porte de la Barre « pour y travailler de jour de son mestier de savetier » Il paiera 3 I. en entrant, et versera ensuite à la Noël de chaque année 18 deniers de cens et rente suivant la coutume du Nivernais. A cette époque, plusieurs savetiers installent leurs échoppes dans des conditions analogues. - On peut encore citer en 1675 (Nevers BB. 29, f16) un marchand, Etienne Cougnet, qui prend à bail la tour de la Boullerie moyennant 5 sols de rente
  6. Sur toute cette question, Cf. Nevers CC. 360
  7. Nevers BB. 34, f. 75 v.
  8. Par exemple en 1767 (Nevers BB. 15, f. 266) les Carmélites sont autorisées à faire entrer dans leur cloître toute la partie du fossé et du mur qui touche à leur jardin
  9. Par exemple en 1721-1722, avec la peste de Marseille, les murailles sont remises en état, afin de mieux assurer la clôture et la protection de la ville. Nevers BB. 38
  10. En 1697 suppression de tous ces objets devant les portes de Loire, de la Barre, de Nièvre et des Ardilliers. Nevers BB. 34, f 117
  11. La porte de Loire était si basse que les grosses voitures qui faisaient le charroi et la poste de Paris à Lyon passaient difficilement. La porte de la Barre gênait Babeau de la Chaussade qui ne pouvait plus y faire passer ses ancres. Les portes de Loire, des Ardilliers et du Pont-Cizeau furent démolies vers 1734, celles de Nièvre et de la Barre vers 1770. - Parmentier : Archives de Nevers, II, p. 104. - Nevers BB. 41, f. 76. - 44, f. 24 et DD. 9
  12. Cf. Parmentier, op. cit. Il, p. 111
  13. Cf. Amédée Julien, op. cit. planche 10, et surtout un plan de Monet (communiqué par M. Victor Gueneau, président de la société académique de Nevers).
  14. Cf. Amédée Julien, op. cit. planche 9