Nevers 1660-1790 Hygiène et sécurité

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Quand la sécurité est à peine assurée, comment serait-il possible de se préoccuper des questions de confort et d'hygiène? Partout l'air est malsain et la lumière diffuse. Le ciel trop humide est presque toujours chargé de nuages et de brumes. Les rues sont étroites et mal tenues. Aucun souci de l'alignement. Partout des recoins et des avancements avec des entrées de caves ou des marches d'escaliers qui empiètent sur le chemin. Les rues qui avoisinent la cathédrale ne sont que sablées, pour éviter les accidents [1], car la pente est trop forte. Les autres sont généralement pavées, ainsi que les ponts et les quais de Loire, les abords du terrain des foires et ceux du Ravelin [2]. Mais ce pavage, qui est à la charge de la ville sur les places publiques, et partout ailleurs à la charge des propriétaires riverains, est des plus médiocres, car il y a souvent négligence de la part de la ville, et mauvaise volonté de la part des habitants. En 1712[3]le pavé de la porte et des ponts de Loire est si délabré que le passage devient dangereux. De temps à autre il est remédié à ce désordre par des adjudications à des paveurs, dont les frais se partagent suivant les endroits entre les propriétaires et la ville [4]. D'ordinaire on attend le passage de quelque grand seigneur. En 1701, en l'honneur des « princes les enfants de France » et pour éviter les accidents, on se hâte de mettre en état les rues où le cortège doit passer. Mêmes précautions en 1715 avec le comte de Toulouse, en 1753 avec « Madame Infante » [5].


Alors que l'entretien de la voie publique est déjà très difficile, les habitants conservent des coutumes fâcheuses [6]. Spéculant sans doute sur le prochain orage et la pente naturelle des rues, ils abandonnent au ruisseau les immondices des maisons et les eaux grasses des éviers. Certains particuliers s'obstinent à pratiquer en pleine ville l'élevage du porc. Il ne faut donc pas s'étonner des appréciations de certains voyageurs. Sébastien Locatelli déclare qu'il y a partout de la boue à Nevers. Arthur Young, habitué à la propreté des villes du Nord, est particulièrement sévère et trouve le contraste choquant entre cette boue intérieure et la fière apparence de la cité [7]. Certains noms de rues (rue des Fangeats et rue des Fumiers), sont remarquablement appropriés. En raison même de la topographie de Nevers les bas quartiers, de la porte du Croux au bourg St-Etienne, sont les plus éprouvés. Arrive-t-il un orage? Les eaux entraînent les immondices des rues plus élevées dans les rues plus basses. Les habitants de ces quartiers ne cessent de protester. En 1714 ceux de la rue Grelu [8] déclarent que leur rue est « un égout, qui reçoit les eaux de la plus grande partie de la ville ». En 1763 ceux de la rue Baille [9] disent également que leur rue est un « aqueduc et l'égout le plus considérable de la ville ». Les eaux arrachent les pavés, pourrissent les murs, inondent les caves. A la Croix du Bourg, dans le quartier de la Barre, un véritable égout souterrain se déverse dans la rue du Clou, mais comme la pente est insuffisante, l'engorgement est fréquent. En 1783 [10] les eaux s'accumulent en quantité considérable, mêlées à toutes sortes d'immondices, et répandent partout une infection dangereuse.


Sources

  • Louis Gueneau, L'organisation du travail à Nevers au 17e et 18e siècle.
  • Publication Praynal (discussion) 23 mai 2021 à 10:04 (CEST)

Notes et références

Notes


References

  1. Nevers CC. 305
  2. Nevers CC. 311, 319, 332
  3. Nevers BB. 36, f. 62
  4. Nevers CC. passim. et Nièvre B. Pairie de Nevers, Police, passim.
  5. 1701; Nevers BB. 35, f. 36 v. - 1715, BB. 37, f. 96. - 1753 CC 328
  6. Nièvre B. Pairie de Nevers. Police passim.
  7. Voyages en France, 1er janvier 1790
  8. Nevers BB. 37, f 83 - cette rue aboutissait à la Loire
  9. Paroisse St-Arigle, quartier de Nièvre. - Nevers BB. 43, f.337 et 356 - Nevers DD 15
  10. Nevers BB. 45. f. 260 v. - CC. 341