Mathé Georges

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Georges Mathé. Sommité mondiale de la Recherche médicale.

« Décès du professeur Georges Mathé, un pilier de la cancérologie et de l’hématologie, à l’origine de la création de l’INSERM. »

  • C’est ainsi que cet institut annonçait la disparition, le 15 octobre 2010, de Georges-Adrien Francis MATHE, à l’hôpital Paul Brousse à Paris, ce même hôpital où il avait fondé l’Institut de Cancérologie et d’Immunogénétique qu’il dirigea jusqu’à sa retraite, en 1990.
  • Georges Mathé était né en 1922, le 9 juillet, dans la maison familiale de La Velotte à Sermages dans la Nièvre, où son grand-père avait été aubergiste et son père négociant. Après avoir fréquenté l’école primaire du village, il fait ses études secondaires au lycée Banville de Moulins Allier où il obtient un baccalauréat de Philosophie et un de mathématiques. En 1941 il s’engage dans les Forces françaises de l’Intérieur.
  • D’abord externe des hôpitaux de 1945 à 1947, il est reçu premier au concours d’Internat en 1948, et entre dans le service du professeur Chevallier à Broussais où il se forme à l’hématologie et obtient, un diplôme dans cette spécialité l’année suivante, puis un certificat de biochimie. Il passe ensuite une année dans le service du professeur Louis Pasteur Valéry-Radot et, « pour gagner ma vie, dit-il, je faisais le technicien de laboratoire ce qui fait que je connaissais mieux les cellules que la plupart des cytologistes avec lesquels je travaillais ». Il obtient la médaille d’argent en 1952, avec son doctorat en médecine.
  • Recruté alors par le professeur Debré où le pédiatre Jean Bernard, s’occupe plus spécialement des enfants atteints de leucémie, Georges Mathé souhaite aller aux Etats-Unis pour voir où en est la recherche sur cette maladie alors implacable. Mais les résultats obtenus par chimiothérapie le laissent insatisfait. De retour en France, il repart faire des stages dans des laboratoires anglais (ne connaissant pas la langue, il l’apprend en quelques mois) et hollandais où il peut travailler à la greffe de moelle osseuse ; puis il continue à travailler sur les leucémies de l’enfant avec le professeur Jean Bernard. Il ne tarde pas à devenir, en 1955, directeur adjoint du Centre de recherche sur les leucémies et les maladies du sang à l’hôpital Saint-Louis, occupe, de 1958 à 1966, le poste de professeur agrégé de carcinologie(1). On le retrouve, en 1961, également chef de service d’hématologie à l’Institut Gustave Roussy puis directeur du Centre de recherche cancérologie de l’Association Claude Bernard.

1959 : Première greffe de moelle osseuse chez l’homme

  • Mais nous devons faire un léger retour en arrière pour évoquer une date capitale dans l’histoire de la Recherche : 1959. Cette année-là, un accident survenu dans la centrale nucléaire de Vinca en Yougoslavie provoque l’irradiation de six chercheurs qu’on transporte d’urgence à Paris et que le professeur fait admettre à Curie. Entre le 11 et le 20 novembre, Georges Mathé va pratiquer sur eux les premières greffes de moelle osseuse. Quatre des six accidentés sont sauvés. C’est une grande première mondiale, jamais une greffe de moelle osseuse n’avait été tentée chez l’homme.
  • En 1964 il fonde et dirigera pendant 20 ans l’Institut de cancérologie et d’immunogénétique à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif (ICIG) qui sera rattaché ensuite à l’INSERM et cette même année, ce travailleur infatigable, devenant conseiller du ministre de la Santé Raymond Marcellin, obtient la création de l’Institut national de la santé et de la Recherche (l’INSERM). Puis il participe activement à la mise en place, à Lyon, du CIRC (Centre International de la Recherche) « décidé par le général (de Gaulle)…qui a toujours été un soutien sans faille pour la recherche médicale ». Georges Mathé crée ensuite l’organisation européenne de Recherche du traitement du cancer (OERTC) qui est encore actuellement la première institution de Recherche coopérative européenne.
  • De 1966 à 1990 il est titulaire de la chaire de cancérologie expérimentale à la faculté de médecine de Paris et de 1980 à 1990 chef de service des maladies sanguines et tumorales de l’hôpital Paul Brousse tout en étant consultant à l’hôpital de Sofia (Bulgarie).

Plus de mille articles

  • Il a, dit-on, publié plus de mille articles. On est en effet étonné de noter qu’en dehors de sa participation à des ouvrages avec d’autres confrères, des conférences multiples qu’il faisait dans tous les pays étrangers, du Chili à l’Espagne et d’Israël au Pérou, la liste de ses « publications originales » affiche chaque année, de 1950 à 1966 (année de la parution de cette étude)(2) de 19 à 34 titres qui jalonnent le cheminement de sa recherche.

Les distinctions

  • Elles sont nombreuses : Commandeur de la Légion d’honneur, Grand Officier dans l’Ordre national du mérite, il a reçu la médaille d’or de l’Internat des hôpitaux de Paris, le prix Roy-Vaucouloux de l’Académie des Sciences, le prix Jaffé de l’Université de Paris, le prix Léopold Griffuel en 1994, le prix Médawar en 2002, avec René Küss, pour leur rôle de pionniers des transplantations (reins et moelle osseuse), et en 2004 la Grande médaille de l’Académie nationale de médecine. Ajoutons plusieurs distinctions similaires en Allemagne, Italie et en Yougoslavie. Le Centre anticancéreux de Belgrade porte, depuis 2007 le nom de Georges MATHE.
  • Chercheur infatigable, écrivain, Georges Mathé confiait, en 1994 à la journaliste Baya Berg qu’il avait aussi de nombreuses autres passions, telles que la cuisine, le cinéma, l’opéra, la politique…Par delà les critiques qui lui ont été adressées concernant son caractère, il se définissait lui-même ainsi : « Je suis un moraliste avec mes trois maîtres : Socrate, le Christ et Mishima »
  • Mais ce que nous retiendrons de lui c’est l’extraordinaire impulsion qu’il a donnée à la Recherche médicale française et internationale.

(1) Son agrégation, il la réussit brillamment alors que depuis deux ans, il souffre d’une hépatite B contractée « en faisant une greffe de moelle osseuse chez Jean Bernard. »
(2) Titres et Travaux scientifiques du docteur Georges Mathé Editions médicales Flammarion 1966.


Georges Mathé est le quatrième enfant en partant de la droite du rang du haut.
  • Sources :
    Internet : compilation d’entretiens réalisés en 1989 avec J.P. Gaudillière, en 1999 et 2001 avec C. Regal et Histoire de l’Inserm.
    Titres et travaux scientifiques du docteur Georges Mathé Editions médicales Flammarion 1966) suivi d’une « Analyse des travaux » par le professeur lui-même. (Académie du Morvan)
    Article de Baya Berg « Le prix Léopold Griffuel » dont est extraite la photo ci-dessus.
    Article paru dans « Des Morvandiaux de l’Ombre à la Lumière » : Georges Mathé, cancérologue. (avril 2010)

    Article soumis à Madame Mathé.
    Photo de classe communiquée à Jacqueline BERNARD par Jacques SIMONOT maire de Sermages de 2001 à 2014.

Texte communiqué par Jacqueline BERNARD.
Martine NOËL 15 janvier 2017