Les entreprises privées

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Retour La Métallurgie du Nivernais

Bien que les nobles puissent pratiquer la métallurgie comme d'ailleurs la plupart des grandes industries sans déroger, ce sont au 17e siècle les riches bourgeois de Nevers, qui accaparent le commerce des fers. En première ligne, il faut citer Jean Thomas, dit Maslin. Cette homme actif et entreprenant semble avoir eu des débuts modestes. Il est d'abord épicier-cirier. Il amasse quelques capitaux, qu'il emploie bientôt à diverses opérations commerciales et industrielles. Il devient surtout maître des forges. Il fait de la vallée de l'Ixeure, entre Imphy et St Benin d'Azy, le principal centre de ses entreprises. A diverse dates on le trouve à Cigogne, à Valotte, au Bouchot, à Sardolles. Puis il étend son action dans la vallée de la Nièvre avec le fourneau de Chantemerle, la forge de Demeurs, celles de Guérigny et de Bizy. Il va même à Nolay, à Poiseux, à Sichamps exploiter les fourneaux de Moulin Billourd ou de la Belouze, les forges de la Meulle et de la Place et fait preuve partout d'une activité infatigable.

  • Thomas Maslin n'est pas propriétaire de ses usines. Il est fermier de certaines communautés religieuses ou de certains seigneurs. Les conditions sont très diverses. Religieux et seigneurs sont quelquefois très exigeants et prétendent avoir une large part dans les bénéfices du fermier. Comme exemple de ces contrats on peut citer celui du 5 août 1679 (Minutes Chevallier), conclue entre Jacques Gascoing, 'écuyer, seigneur de Demeurs'. Gascoing cède à Maslin pendant 3 ans à partir du 20 courant, l'exploitation du fourneau de Chantemerle et de la forge de Demeurs. L'accense n'est pas fixe mais proportionnelle au travail. Maslin paiera 'pour le droit de chacun millier de fer en gueuse qu'il fera faire et couler au dit fourneau 20 sols tournois et pour le forgeage de chacun millier de fer forgé 40 sols'. Les réparations des bâtiments 'grandes et menues' seront à la charge de Gascoing, mais si les bâtiments viennent à brûler par la faite des ouvriers, Maslin sera tenu de les rétablir. Gascoing s'engage à fournir tout le matériel nécessaire : marteaux, enclumes, cames, chaudières..., mais le fermier devra l'entretenir et le laisser en bon état. Les outils en fer seront pesés tant au début qu'à la fin du bail, Maslin devant restituer à peu près le même poids d'outils. Quant aux soufflets, ils seront 'appréciés par estimation de prud'hommes'. Dans la basse-cour, Maslin aura la jouissance d'une grange et de plusieurs chambres où logeront son clerc et ses forgerons. De grandes quantités de mine se trouvent 'sur la place' du fourneau de Chantemerle. Elles seront mesurées à frais communs, et Maslin les paiera au tarif suivant : la mine de Nanjan 42 sols le tonneau, celle du bois de Poiseux 43 sols, et celle du bois de l'Abbesse 24 sols, la teneur en fer étant très variable suivant les endroits. A la fin du bail Gascoing reprendra à son compte et au prix d'achat les mines qui resteront sur la place du fourneau ou dans les crots et lavoirs, ainsi que les bois qui seront soit debout, soit en cordes ou en charbons. Enfin Gascoing et Maslin font procéder à l'estimation des équipages avec le concours d'un marchand, Charles Faulquier, et d'un charron, Léonard Boyan, choisis comme experts. Au total, 100 charrois de foin, 8 mulets, 4 chevaux, 1 chariot, 1 charrette, 1 banne et un tombereau sont estimés 2 000 liards. Maslin verse immédiatement la somme. En cas de difficultés et de conflits, bailleur et fermier s'engagent à ne pas reconnaître d'autre juridiction que celle du bailli du Nivernais.
  • Il arrive aussi que la situation financière de certains seigneurs ne soit pas très brillante et qu'ils soient obligés de faire des concessions. Le 8 mars 1683, Thomas Maslin passe un marché plus avantageux avec les sieurs de Berthier, écuyers, seigneurs de Bizy et Contre. Il prend à bail pour une durée de 6 ans à partir du 1 janvier prochain l'étang de Bizy, le fourneau et la forge établis sur la chaussée de l'étang avec tous les bâtiments, terres et près qui en dépendent. Les près, dont le contrat donne la liste, produisent 50 charrois de foin par an. Le matériel sera estimé 'par gens à ce cognoissant', et choisis d'un commun accord. Les bailleurs mettront tous les bâtiments en état avant le 1er janvier, et Maslin devra les rendre dans les mêmes conditions, 'acavoir les couvertures, en sorte qu'il ne pleuve pas dans les bastiments, et les roues des forges, tournantes, virantes et faisant fer'. Maslin sera autorisé à tirer des mines et de la castine dans tous les bois des sieurs de Berthier à l'usage du fourneau de Bizy seulement et non pas de ceux que Maslin exploite dans les paroisses voisines. Il fera 'grapper et laver' les mines à la fontaine des Mougnes, qui appartient aussi aux sieurs de Berthier, à condition toutefois d'établir un fossé au dessous des lavoirs, afin d'arrêter la boue qui non seulement contaminerait les eaux, mais comblerait les biefs établis en aval.
  • Quant à la fourniture des bois et charbons, les bailleurs promettent à leur fermier de lui réserver toutes leurs coupes, à raison de 35 liards 'pour chacun cent de cordes'. Le prix de l'accense en dehors de ces fournitures de bois est fixé à 850 liards par an. Maslin acquittera au précédent fermier certaines sommes que lui doivent les propriétaires. Il s'engage à leur faire diverses avances et donnera 100 liards d'épingles aux demoiselles de Berthier. Il aura le droit de pêche sur l'étang, mais à chaque pêche, il donnera aux seigneurs un demi-cent de carpes. Il partagera avec eux les frais d'entretien de la chaussée. Maslin pourra, s'il le veut, agrandir les maisons des forgerons et ouvriers: le prix de ces améliorations lui sera compté sur le bail de la 3e et 4e années, quand la situation financière des propriétaires sera un peu rétablie. Il fera monter à ses frais un bocard pour exploiter les laitiers. En somme, Jean Thomas, dit Maslin, spécule ici sur la gène de certains seigneurs, qui incapables de faire valoir leurs exploitations, ne sont même pas en état de faire face aux engagements, qu'ils prennent à l'égard de leurs fermiers.
  • Ces contrats impliquent nettement une prise de possession, mais en raison de l'étendue de son commerce, Maslin ne peut suffire à tout. En dehors de ses exploitations personnelles, il enrôle une foule de petits marchands et d'ouvriers, dont il est plus ou moins le bailleur de fonds. Mais il faut distinguer entre forges et fourneaux. L'exploitation d'un fourneau est chose difficile et qui exige des capitaux importants avec toutes sortes de risques. Des équipes nombreuses de manœuvres sont nécessaires pour la préparation et le charroi des mines, de la castine et du charbon. Au contraire, une forge est facile à exploiter, car la transformation de la fonte en fer et en acier se fait à bon compte. Maslin prendra donc à bail surtout des fourneaux. Il s'annexera des maîtres de forges, qui travailleront à son compte, en recevant de lui la fonte en gueuses et des avances d'argent.
  • Tel est par exemple le contrat du 26 septembre 1693 conclu avec un marchand de Nolay, Jean Thibaudat, qui devient fermier de la forge de la Place à partir de la St Martin d'hiver prochaine avec le concours de Maslin. Celui-ci lui avance d'abord 570 liards pour s'installer et commencer ses achats de charbon. Il lui fournira la fonte en gueuses à raison de 25 liards 10 sols le millier. La livraison se fera au fourneau du moulin Billourd ou à celui de la Belouse, qui dépendent tous deux de Maslin et se trouvent dans le voisinage de la forge de la Place. Par contre, de la St Martin d'hiver prochaine à la St Jean Baptiste qui suit, Thibaudat promet de réserver à son bailleur de fonds et de lui livrer à Nevers sans pouvoir livrer à d'autres, tous les ballons d'acier 'fin et mol', qu'il fabriquera dans sa forge, à raison de 8 liards le ballon d'acier rendu conduit, chaque ballon étant composé de 150 billes et pesant 95 ou 96 livres. Maslin retiendra sur ces livraison les sommes qu'il a avancées et pourra ne verser que 20 liards par millier d'acier reçu à Nevers, le millier étant composé de 10 ballons. Dans le même délai, Thibaudat s'engage à livrer dans les mêmes conditions tous les clous fabriqués chez lui, clous de charrette, clous de 19 à 20 livres ou de 24 à 25 livres la grosse. Maslin achètera les clous de charrette à raison de 11 liards le cent, mais il ne paiera que 5 liards et comptera le surplus avec les fournitures de fonte en gueuses. Quant aux clous de 19 à 20 livres, Maslin les achètera 50 sols la grosse, et 3 liards les autres. Il est entendu que la servitude de Thibaudat ne se prolongera pas au delà de la St Jean Baptiste de l'année 1696, et qu'ensuite il pourra trafiquer avec n'importe qui.
  • Mais il faut pour cela que ses dettes soient éteintes, or c'est ce qui n'arrive pas. Dans un acte du 12 juillet 1697, Thibaudat et Maslin établissent leurs comptes. Thibaudat est encore redevable à cette époque de 773 liards et 9 sols. Pour s'acquitter, il doit encore promettre à son bailleur de fonds tous son acier en billes. Il ne fera aucun marché avec d'autres, tant que son passif ne sera pas liquidé. Ainsi, les grand brasseurs d'affaires comme Maslin font aux petits marchands des conditions avantageuses en apparence, draconiennes en réalité. Sans capitaux sérieux, il est difficile de subvenir aux frais multiples d'une usine, achat de matériaux, salaire des ouvriers, charrois. Après avoir emprunté les fonds nécessaires à leur premier établissement, les petits fermiers n'arrivent pas à équilibrer leur budget. Ils doivent se contenter de gré ou de force d'être les hommes d'affaires, les intendants des grands industriels.
  • Quelquefois ces petits fermiers d'abord indépendants font de mauvaises affaires et sont obligés de réclamer eux-mêmes cette protection, afin d'échapper à la ruine. Dans un contrat du 12 mai 1672, Jean Bardin, 'notaire au duché de Nivernois, procureur fiscal de la terre de Cigogne et fermier du dit Cigogne', qui avait essayé de faire valoir la forge du pont d'Izy et celle de Francon, est obligé de s'en remettre à Maslin qui fait valoir le fourneau de Valotte à proximité. Pendant 6 ans à partir de la St Martin d'hiver prochaine, ce fourneau devra livrer à raison de 28 liards le millier toutes les fontes en gueuses, que les deux forges pourront transformer. Les avances de Maslin sont encore plus considérables avec Bardin qu'avec Thibaudat, car il promet des fournitures de charbon et de matériel. Il donnera 400 bannes de charbon par an, à prendre dans les bois du scieur Déchery, seigneur de Beaumont, à raison de 3 liards 18 sols la banne et tous les ans deux enclumes du poids de 7 à 800 livres chacune. Pour éviter tout chômage Bardin veillera à ce que ces fournitures de fonte et de charbon soient faites exactement. De son côté, il promet à Maslin tous ses aciers et fers d'échantillon plats ou carrés, l'acier à raison de 9 liards 5 sols le ballon. 'Le dit acier assorti sçavoir les ¾ de tin et un de mol du compte de 150 billes et du poids de 93 et 96 livres', le fer d'échantillon à raison de 85 liards le millier 'pesé à 106 pour 100'. Fers et aciers seront livrables à Nevers : Maslin paiera les droits de la marque des fers mais ne versera comptant que 40 sols sur chaque ballon d'acier ou chaque cent de fer d'échantillon, en raison des avances qu'il a faites et des frais dont il s'est chargé, car c'est lui qui a payé l'accense des forges au seigneur de Cigogne. Il est bien entendu que le contrat a un caractère exclusif. Pendant 6 ans, Bardin ne pourra faire aucun marché directement ou indirectement avec d'autres que son bailleur de fonds. De même, les effets et le matériel des forges demeureront spécialement affectés à la garantie des intérêts de Maslin à l'exclusion de tous autres. Bardin cesse d'être indépendant et n'est plus qu'un commis entre les mains de la grande finance. S'il est difficile de se débarrasser de l'hégémonie de Maslin, il est tout aussi malaisé de lui faire concurrence. Les concurrents peu fortunés se trouvent bientôt réduits à l'état de vassaux.
  • Maslin embrigade aussi des ouvriers, qi'l met à la tête de certaines forges dans des condition analogues. Le 24 novembre 1696, il s'entend avec Philippe Goubault, maître affineur à Prémery. Celui-ci s'engage à prendre la direction de la forge neuve de Valotte, paroisse d'Azy, pour une durée de 5 ans et 7 mois à partir du 1er décembre prochain. Il travaillera de son métier d'affineur et réunira tous les ouvriers nécessaires à l'exploitation de la forge. Il réservera tous ses fers à Maslin, qui lui fournira la fonte et le charbon. Maslin et Goubault établiront chaque quinzaine le compte des fournitures et des livraisons. Si Goubault donne du fer forgé 'de bon', c'est-à-dire en supplément, ce fer lui sera payé à raison de 30 liards le millier; si au contraire il y a un déficit, l'affineur devra payer au prix que l'on achètera 'pour lors des marchands de Nevers'. Si Goubualt fait des économies de charbon, Maslin lui versera 100 sols par banne de supplément; s'il y a déficit, c'est lui au contraire qui paiera les 5 liards. Maslin lui avance immédiatement 100 liards pour l'aider à embaucher ses ouvriers. La somme sera rabattue ' à fur et mesure des livraisons'. Une clause permet la rupture du contrat ' à moitié terme', avec signification 3 mois d'avance.
  • Il est probable que Gaubault pensait faire une bonne opération financière. Par suite de ses arrangements avec Maslin, il éludait la plupart des risques de sa profession. Il escomptait sans doute un fort rendement et des bénéfices sensibles. Mais il est évident que Maslin avait calculé ses chiffres de manière que les bonis fussent rares. Bientôt, il n'est plus question de Goubault à la forge de Valotte. Le 16 septembre 1698, Maslin donne l'usine à un maître marteleur, Germain Foulon, qu'il embauche de la même manière. Avec cette méthode, il n'est pas personnellement tracassé par le recrutement des ouvriers et les menus détails de la vie journalière d'une forge.
  • D'ailleurs, ici encore, certains ouvriers, d'abord indépendants, finissent par s'entendre avec les grands financiers. A défaut de liberté, ils ont du moins des débouchés assurés. S'ils ont la certitude de ne pas s'enrichir, ils ont également celle de ne pas se ruiner. Le 3 janvier 1679, Guillaume Chartier et Claude Morin, maîtres forgerons, fermiers des forges du Bouchot, s'engagent envers Maslin à lui livrer pendant un an sur le port d'Imphy tout le fer carré et plat qu'ils auront préparé, 50 milliers pour le moins, à raison de 73 livres le millier. Mais comme Maslin doit leur fournir pour la fabrication de chaque millier de fer 16 cents de fonte en gueuses, à 27 liards du millier, il ne paiera aux associés que la différence entre le prix de la fonte et celui du fer. Il leur avancera aussi la somme de 100 liards. Le contrat est exclusif, mais la courte durée du marché sauvegarde en partie l'indépendance des fermiers.
  • Quand toutes ces exploitations directes ou indirectes sont insuffisantes, Maslin fait des commandes aux industrils étrangers comme tout marchand peut en faire. Le mode de paiement varie suivant les contrats. Le 24 mars 1681, une forge de Champvert doit lui livrer sur les ports d'Harlot et d'Imphy 17 milliers de fer forgé à 73 liards le millier : Maslin paie moitié en argent, moitié en livraison de fonte. Le 2 octobre 1683, il prend à Imphy 20 milliers de fer d'échantillon à raison de 77 liards le millier. Maslin paie en argent et comptant. Mais en générale, il préfère le troc de marchandises, ce qui lui permet de faire travailler ses usines.
  • Sans les forges et fourneaux que Maslin exploite directement, il doit recruter lui-même ses ouvriers et conclure une foule de contrats particuliers. L'embauchage des ouvriers de métiers, chauffeurs, affineurs, marteleurs, est assez peu connu, car les conditions sont presque toujours orales, ou quand elles son écrites, elles ne sont pas toujours précises. Le 9 décembre 1698 Etienne Foulon, 'chauffeur de fer' s'engage envers Maslin à venir travailler pendant un an de son métier de chauffeur à la forge de Valotte, et Maslin 'a promis payer au dit Faulon ses façons suivant et ainsi que l'on paye ordinairement aux ouvriers de pareil emploi' ce qui est une formule un peu vague. Le chauffeur reçoit 40 liards d'avance.
  • L'extraction de la mine et de la castine, la fourniture du charbon et les charrois sont mieux connus. Les fourneaux prennent la mine, d'abord dans les terres des seigneurs propriétaires, et si les quantités sont insuffisantes, dans les terres voisines. D'après l'ordonnance de 1680, l'extraction est libre. Ceux qui possèdent du minerai dans leurs fonds doivent l'exploiter, ou bien permettre 'au propriétaire du plus prochain fourneau et à son défaut aux autres propriétaires de fourneaux de proche en proche d'ouvrir la terre et d'en tirer la mine de fer'. L'ordonnance leur accorde pour tout dédommagement 'un sol par chacun tonneau de mine de 500 livres pesant'. L'arrêt du Conseil du 7 avril 1786 élève ce taux à 2 sols 6 deniers. Les mineurs doivent combler leurs puits et fossés. La mine est abondante dans tous les plateaux boisés qui s'étendent de Pougues à Imphy, de chaque côté de l'Ixeure et de la Nièvre.
  • Les industriels embauchent des équipes de mineurs, qui tirent et lavent le minerai. Le plus souvent l'extraction se fait à ciel ouvert, car la mine est à fleur de terre. Dans tous les villages voisins de Nevers et même à Chaluzy aux portes de la ville, des paysans s'occupent à ces travaux. D'ordinaire les propriétaires de fourneaux s’entendent avec un ou plusieurs chefs d'équipe, qui recrutent eux-mêmes leurs compagnons. Les mineurs s’engagent à alimenter pendant un certain temps un fourneau déterminé, de telle sorte qu'il ne chôme jamais. Les lieux d'extraction sont presque toujours désignés, car la qualité est très variable suivant les endroits. Les mineurs se font avancer une partie de leur outillage, pics pour tirer le minerai, cordes pour l'extraction, chaudières pour le lavage. Quand la mine est nette et lavée, le paiement se fait suivant deux méthodes différents ; tantôt d'après la quantité de mine apportée sur le carreau de l'usine (les prix varient alors, suivant la teneur en fer, de 15 à 15 sols au 17e siècle) ; tantôt d'après la quantité de fonte que la mien a produite (les prix varient d'après certains textes de 30 à 45 sols 'par millier de fer en fonte'). Quelquefois l'avalage est distinct de l'extraction. Le 30 octobre 1688, Maslin paie 'l'avalge de minerais au lavouër' de Poiseux 5 sols par tonneau de mine.
  • Pour traiter le minerai, des quantités énormes de charbon de bois sont nécessaires. Il est vrai que les forêts sont immenses dans toute la banlieue de Nevers. Elles appartiennent surtout à des seigneurs et à de communautés religieuses. Les grands industriels comme Maslin font des marchés très importants et doivent souvent s’improviser marchands de bois. D'ordinaire les paiements se font d'avance ou avec de gros acomptes, car les métallurgistes sont obligés de se disputer les coupes, et les propriétaires vendent à celui qui fait les conditions les plus avantageuses.
  • Tantôt il s'agit d'une étendue déterminée de bois à exploiter. D'après un compte final établi le 28 février 1693 et qui clôt diverses opérations commencées en 1688, Maslin a exploité dans les bois des seigneurs de Lichy, sur le territoir de Parigny les Vaux, 305 arpents à raison de 18 liards l'arpent. Mais comme il ne s'agit que de bois 'propres à faire charbon', les industriels préfèrent acheter à la corde. Le 13 novembre 1682 'dame Reine Saultreau' cède à Maslin toutes les cordes de bois propres à faire charbon, qu'il pourra faire couper dans un bois à elle appartenant, appelé le bois des Carreaux, et dan un autre appelé le Buisson Moreau, 'assis en la paroisse de St Martin d'Ourouer, les dites codres pleines, de la longueur et hauteur accoustumées, sçavoir de 8 pieds de long et de 4 pieds de haut, le bois de longueur de 2 pieds entre les deux coupes'. Maslin aura un an pour faire la coupe, et l'année suivante pour faire le charbon. Le bois sera exploité 'à tire d'aire' et les charbons cuits 'dans les places anciennes'. La cuisson ne pourra commencer qu'après l'entière exploitation du bois, et après que toutes les cordes auront été comptées en présence de la dame Saultreau ou de son préposé, car les maîtres de forges ont souvent l'habitude d'enlever plus de bois qu'ils n'en comptent. Le pris est de 7 sols la corde en comptant 104 pour 100. Maslin donne immédiatement 450 liards et versera le surplus à la St Jean Baptiste prochaine. Comme 'épingles' il apporte un louis d'or et une chaudière de fonte.
  • Le nombre des cordes de bois peut enfin être expressément indiqué. Le 30 octobre 1682 Maslin s'entend avec Eustache de Berthier, qui lui promet 1 100 cordes 'à faire charbon, à les prendre dans un bois appelé Château Gaillard assis en la paroisse de Parigny', à raison de 7 sols tournois la corde, à compter de 104 pour 100. Un délai d'un an est accordé à Maslin. S'il ne trouve pas son compte dans le bois Gaillard, Berthier donnera le surplus 'ailleurs de mesme proximité', car il est avantageux que les coupes de bois ne soient pas trop éloignées des fourneaux qu'elles doivent alimenter. Maslin fait des commandes plus ou moins considérables partout où il trouve du bois à acheter même quand il s'agit de quelques cordes seulement. Il traite avec de petites gens, forgerons, laboureurs, vignerons.
  • Quand les bûcherons ont préparé les cordes de bois, les charbonniers commencent le cuisage. Le 18 février 1689, Maslin embauche Etienne Machecourt, charbonnier à Nolay, dans les bois de Lichy. Machecourt restera tant que durera l'exploitation. Il devra chaque année convertir en charbon la quantité de 4 000 cordes de bois au mois, et rendre une banne de charbon pour 4 cordes, la banne étant de 15 poinçons. Il recevra 1 sol pour le levage de chaque corde et 20 sols tant pour le dressage que pour le cuisage de chaque banne. Si Machecourt donne du charbon 'de bon', c'est-à-dire en supplément, il touchera 24 sols par banne. S'il y a déficit au contraire, c'est le charbonnier qui paiera les 24 sols. Machecourt ne pourra faire aucune livraison à d'autres industriels sous peine de 200 liards d'indemnité. La condition est essentielle. Il est dit que sans cette clause, le contrat n’aurait pas été conclu. Ce charbonnier n'est en somme qu'un manœuvre étroitement embrigadé. Il est vrai qu'au bout d'un an le contrat peut être rompu si Machecourt le demande.
  • Quelquefois, les maîtres de forges ne sont pas obligés de prendre des charbonniers à leur compte. Ceux qui vendent les cordes de bois se chargent des opérations de cuisage. Le 20 novembre 1685, Maslin achète à Jean Couturier, meunier à Contre, les charbons qui proviendront de 108 cordes de bois coupées dans un buisson que celui-ci possède sur le territoire d'Urzy. Le prix est de 4 liards la banne, en comptant 21 pour 20. Maslin avancera à Couturier toutes les sommes nécessaires au levage et dressage des cordes de bois, au cuisage des charbons. Ces conditions sont avantageuses pour les propriétaires. Les métallurgistes y sont contraints sans doute par la concurrence.
  • Ils préfèrent, quand la chose est possible, acheter le charbon tout préparé, sans avoir à intervenir dans le cuisage. A cette époque, les maître charbonniers sont nombreux dans la banlieue de Nevers. Ils achètent des cordes ou des coupes de bois et travaillent en toute liberté. Les forges et fourneaux sont leurs principaux clients. Le prix le plus ordinaire au 17e siècle et de 4 liards. Tantôt, les charbonniers vendent un nombre déterminé de bannes, tantôt ils s'engagent à fournir pendant un certain temps tous les charbons qu'ils auront préparés, les fourneaux de cuisage étant aussi rapprochés que possible des usines à alimenter. C'est toujours et partout la même préoccupation de lien au service des industries métallurgiques tout un monde de manœuvres et d'ouvriers.
  • Ces intentions sont encore plus visibles dans les charrois. Le transport des mines et des charbons à travers les bois et les terres, hiver comme été, use rapidement voitures et attelages et rebute les charretiers. Toutes les fois qu'il le peut, Maslin traite avec des paysans occupés sur ses terres. Il les emploie à ces travaux pendant les loisirs que laisse la culture. Par contrat du 30 octobre 1688, Jean Baillard, laboureur à Frasnay les Chanoines et fermier de Maslin, s'engage ainsi pendant un an à conduire des mines du lavoir de Poiseux au fourneau du Moulin Billourd. Il recevra 20 sols par tonneau de minerai. Maslin lui prête 2 mulets et 6 chevaux estimés 370 liards au total et qu'il sera tenu de lui rendre en bon état.
  • Mais les maîtres de forges doivent surtout s'adresser à des étrangers. En raison de l'activité industrielle et commerciale de la contrée, dans tous les villages beaucoup de paysans s'occupent de charroi plus que de culture. Le 1er avril 1690, Maslin s'entend avec Pierre Daniel, laboureur et voiturier à Balleray. Pendant 4 ans à partir du 1er mai prochain, Daniel conduira aux lavoirs puis au fourneau de Billourd toutes les mines tirées des 'minerets' de Poiseux. Il sera tenu de transporter au moins 4 tonneaux par jour, à raison de 25 sols le tonneau. La mine sera tous les 2 mois 'mesurée à poinçon de jauge juste l'un comble et l'autre râpé à la manière accoustumée'. Maslin doit prêter à son voiturier 6 chevaux ou mulets, qui seront estimés 'par gens à ce cognoissant'. Il lui avancera 150 liards afin qu'il puisse compléter ses équipages. Mais il lui retiendra toutes ces avances dans les comptes de quinzaines en échelonnant les retenues sur 3 années. Pour éviter toute erreur ou discussion, Daniel aura un livre, où toutes les opérations seront consignées' soit de la main du dit Maslin ou de celle de son clerc, auquel foi sera ajoutée comme si lui mesme l'avoit escrit, et seront les feuillets du dit livret cotés et paraphés de la main du dit sieur Maslin'. Dans le cas où 'le mineret viendroit à évaser ou qu'il se se trouveroit plus de mines' le marché sera rompu sans dommages-intérêts, mais Daniel sera occupé à d'autres charrois.
  • Le 3 mai Daniel reconnaît avoir reçu de Maslin 3 chevaux et 3 mulets avec leurs bâts, 'plus un cheval avec son harnois et un tombereau mont sur des roues embattues de fer avec l'essieu aussi de de fer', le tout estimé à 400 liards. Le 2 juin 1694, à l'échéance du contrat Daniel et Maslin établissent le compte final. Le voiturier se reconnaît débiteur d'une somme de 532 liards 8 sols et 6 deniers. Il a bien restitué une partie des avances qui lui avaient été faites, mais il a été obligé récemment de recourir à la bourse du maître de forges pour compléter ses attelages et acheter des bœufs de trait. Il est entendu que les bœufs en question, les 9 mulets et les 3 chevaux du voiturier garantissent les dettes de Daniel, qui ne pourra rien vendre 'sans l'exprès concentement et par escrit du dit sieur Maslin'. Pour s'acquitter Daniel doit rester au service de son bailleur de fonds. Il s'engage encore à voiturer des mines pendant un an jusqu'au 1er mai prochain. Mais il pourra faire aussi des charrois de charbon pour un seigneur voisin et ne sera tenu qu'au chiffre de 3 tonneaux de mine par jour, quand il aura des charbons à conduire. Il sera payé comme précédemment chaque quinzaine, Maslin retenant le tiers du prix pour retirer ses avances. Le 18 octobre 1698 Daniel est toujours au service du marchand de fer et lui doit encore 95 liards. Comme il trouve sans doute ces conditions tyranniques, il passe au service d'une usine de Beaumont la Ferrière, mais pour se dégager il doit payer Maslin avec des avances que lui fait son nouvel entrepreneur.
  • Les charrois comme l'extraction des mines se paient quelquefois d'après la quantité de fonte qui sort du fourneau. Ici encore les prix varient avec la distance et la difficulté des chemins. D'après certains textes les chiffres oscillent de 35 à 50 sols par millier de fonte. Mais le mode d'embauchage est presque toujours le même. Les métallurgistes enrôlent des paysans, qui pensent faire des marchés avantageux, car on leur met tout le matériel en main. Sans doute quelques voituriers, que le hasard favorise, y trouvent leur compte, mais les risques sont nombreux. Le charretier est toujours exposé à perdre ses attelages dans les fondrières. Alors non seulement il ne liquide pas les avances qu'on leur a faites, mais il est obligé d’emprunter encore. A la fin du bail, son déficit loin de diminuer augmente. Il doit continuer le service sous peine de voir saisir et confisquer tout son avoir, et tombe dans un véritable servage. Les industriels s'assurent ainsi à bon compte des serviteurs dévoués.
  • Avec les charrois de charbon dans les fourneaux et les forges, les méthodes ne sont pas différentes. Le 6 mars 1683 Maslin prend à son service Christophe Leblanc, laboureur à Parigny le Vaux, qui s'engage à voiturer 'avec un harnois de 5 à 6 bestes' tous les charbons de bois, que Maslin fer conduire à ses usines 'pendant tout le temps que le dit Maslin jouira de la ferme de Demeurs, sans que pendant le dit temps le dit Leblanc puisse faire aucunes voitures dud dit harnois et chevaux pour autres personnes que pour le dit sieur Maslin ; laquelle claus est essentielle dans le présent traité, lequel autrement n'eust esté fait'. Leblanc recevra 20 sols par banne de charbon. Il sera payé à la fin de chaque quinzaine. Maslin lui avance 90 liards pour lui permettre de compléter ses attelages et prend à son compte certaines sommes que le sieur Gascoing de Demeurs avait avancées à Leblanc pour des motifs identiques. Avec un même charretier les tarifs varient suivant la distance des divers dépôts de charbon.
  • Les voituriers par terre amènent aussi les fontes en gueuses des fourneaux dans les forges, ainsi que les fers et aciers dès forges dans les magasins que Maslin possède à Nevers ou sur les différents ports de Loire. Les ports d'Imphy, d'Harlot et de la Maison rouge (St Eloy) sont avec le port de Nevers les principaux débouchés des fers des Amognes. Ces charrois sont d'ailleurs plus commodes et les conditions moins tyranniques. Le 13 novembre 1683 robert Léveillé, demeurant à Rigny, s'engage à conduire toutes les fontes du moulin Billourd à la grosse forge de Guérigny, 'dans le jour de Noël prochain', moyennant 45 sols par gueuse. Léveillé reçoit 30 sols 'pour les vins du présent marché'.
  • Avec les expéditions au dehors les voituriers par eau interviennent. C'est par la Loire surtout que se font les livraisons. Le commerce de Maslin rayonne à travers toute la France, car les industries nivernaises ont alors une importance vraiment nationale. Tous les principaux marchands des provinces ont des représentants à Nevers. Maslin conclut des marchés soit avec des particuliers, soit avec des administrations d’État, civiles ou militaires. Tantôt c'est le sieur Nicolas Poitevin, architecte ordinaire des bâtiments du roi, tantôt c'est le sieur de Fraissinel, adjudiciaire général de tous les fers propres à la marine au port de Rochefort. Il expédie les fontes en gueuses, les ballons d'acier, le fer forgé, le fer d'échantillon, ou le métal travaillé en objets de caractère pacifique ou guerrier. Il vend le fer forgé 75 à 80 liards le millier, le fer d'échantillon 90 à 100 liards, les boulets de tous calibres 45 liards le millier et les grenades de 2 livres à 2 livres et demie 70 liards. Il fait sur toutes ces transactions d'importants bénéfices.
  • En somme Thomas Maslin était arrivé à la fin du 17 siècle à réaliser un véritable trust du fer dans la banlieue de Nevers. Il avait sous ses ordres une armée de clercs et de commis, avec quelques associés comme le sieur Etienne Chatlelain. Le trafic des fers ne suffisait même pas à son activité. Par suite de ses relations incessantes avec les seigneurs et les paysans, il était amené à faire aussi le commerce des bois et celui des grains.
  • En dehors de Maslin et d’Étienne Chatelain, d'autres marchands comme Charles et Etienne Vaillant, Jean Pérude ou Léonard Lion, s'occupent aussi du commerce des fers. Ils ont à Nevers leurs bureaux et leurs magasins. Léonard Lion, contrôleur au grenier à sel, est le principal concurrent de Maslin. Certains de ses contrats sont intéressants, car ils sont conclus avec des seigneurs qui essaient de faire de la métallurgie à leur compte et de s'enrichir comme les bourgeois. C'est ainsi que le seigneur de Valotte, au lieu d'affermer ses usines, a voulu les exploiter lui-même : mais comme il manquait d'expérience et d'argent il a dû recourir à la collaboration de Léonard Lion. Après lui, sa veuve, Jeanne de Changy continue les marchés. Léonard Lion fournit tout ce qui est nécessaire aux entreprises et reçoit tout le fer fabriqué. Le seigneur et sa veuve sont donc assimilés à ces forgerons, que nous avons vu travailler pour le compte de Maslin. Léonard Lion se fait des conditions aussi avantageuses que possible. Il élève le prix des fournitures et abaisse le prix des objets manufacturés. A sa mort, le seigneur de Valotte devait à Léonard Lion 9 604 liards et 15 sols. D'après un compte du 19 novembre 1684, non seulement sa veuve ne s'est pas acquittée, mais le passif dépasse 13 00 liards. Une dette aussi considérable ne peut se liquider que progressivement. La dame de Changy soit encore 9 501 liards 11 sols et 6 deniers le 2 septembre 1690. C'est seulement le 12 novembre 1692 que la seigneurie de Valotte est entièrement libérée.
  • Au siècle suivant la situation se transforme. Les seigneurs ne laissent plus aux bourgeois de Nevers le bénéfice de ces industries. Ils les accaparent à leur tour et amassent de grosses fortunes. Il suffira de citer dans les environs de Nevers le comte de Pourg à Imphy, le comte Berthier de Bizy et surtout Babeau de la Chaussade à Guérigny. Avec ces seigneurs la ville de Nevers n'est plus le centre, d'où partent les opérations du commerce des fers. Toutefois elle reste le principal port d’embarquement. Vers 1750 Babeau de la Chaussade installe de grands entrepôts à Nevers.
  • Dans une requête qu'il adresse alors au duc de Nivernais, il déclare que ses forges et fourneaux ont pris une grande extension, car il a été chargé de la fourniture des fers et ancres pour le service de la marine royale. Jusqu'alors il embarquait ses fers à La Charité, mais il aurait plus d'avantage à venir à Nevers. Il a cherché un terrain spacieux, capable de contenir des magasins et des remises, des écuries pour 25 chevaux, des logements pour ses voituriers et ses hommes d'affaires, avec une grande cour pour entreposer les fers et les ancres à l'arrivée. Aucun emplacement ne lui a semblé préférable à celui de Médine entre la Nièvre et la Loire. Il demande au duc de lui concéder le terrain à titre de fief. Le 1 septembre 1751, le duc 'mettant, dit-il, en considération la qualité du dit sieur Babeau de la Chaussade et désirant lui donner en cette occasion des marques de son estime et bienveillance, considérant d'ailleurs que les établissement qu'il se propose de faire en la ville de Nevers ne peuvent être que très avantageux au service de la marine et aux habitants de la dite ville', lui cède à titre de fief tous les terrains situés entre les deux rivières suivant le pla dressé par l'arpenteur de la maîtrise ducale des Eaux et Forêts. Il lui abandonne aussi les directes et cents bordeliers, à condition de payer à la Chambre des Comptes une rente noble de 70 liards par an. Babeau de la Chaussade sera tenu d'entretenir à ses frais une battue de pieux sur le bord des deux rivières, afin d'arrêter les crues et débordements. Il devra laisser un chemin de 18 pieds de largeur pour le halage des bateaux, livrer passage aux voituriers par eau qui ont obtenu des concessions antérieures et porter au bailliage tous les procès relatifs à Médine.
  • Dans les années qui suivent, Babeau de la Chaussade réussit à s'entendre avec la plupart des voituriers, qui aux diverses adjudications de la Chambre des Comptes s'étaient fait reconnaître le droit d'installer leurs ports et entrepôts sur diverses portions du fief. Des Difficultés se produisent seulement avec les sieurs Pernet et Dreu. Ce dernier, conduit en justice, se laisse intimider. Mais Pernet se défend. Il refuse de vendre sa concession. Il exige même le passage à travers le terrain de Babeau. Celui-ci fait alors élever une palissade, qui entoure le terrain de Pernet et ne lui laisse plus d'autre issue que le chemin de halage. Mais le bailliage, qui est plutôt en mauvais termes avec le maître de forges, le condamne par sentence du 16 novembre 1756 à arracher sa palissade. Babeau, très irrité de ces résistances, porte le procès devant le Parlement, qui le 24 novembre 1756 se déclare seul compétent en cette affaire de navigation, considère la sentence du bailliage comme 'un attentat des plus formels et des plus caractérisés à l'autorité de la cour et digne de toute son animadversion', casse le jugement du 16 novembre, défend à la justice ducale de s'occuper désormais de cette question sous peine de 1 000 liards d'amende, et ordonne le rétablissement de la palissade aux frais de Pernet. Le voiturier fut sans nul doute obligé de capituler. C'est presque la théorie de l'expropriation pour cause d'utilité publique, les usines de Guérigny travaillant pour le compte de l'état. C'est pour des raisons analogues que l'on démolit la porte de la Barre, trop étroite pour le passage des ancres.