Les enseignes

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Les noms des rues, c'est à peu près tout ce qui subsiste de l'ancienne concentration des métiers.
La plupart de ces noms de rues ne sont déjà plus que des souvenirs historiques et tendent à disparaître.

En 1788, la rue de la Tonnellerie (qui forme une partie de la rue du Commerce actuelle) est habitée par toutes sortes de métiers, sauf des tonneliers.
On peut en dire autant des rues de la Clouterie, de la Parcheminerie, des Merciers, des Cordiers.
Les tanneurs n'habitent plus rue des Tanneries, mais rue de Nièvre et rue de la Boullerie.
On ne trouve plus que 2 chapeliers dans la rue de ce nom. Par exemple, les expressions de rue de la Cordonnerie ou de la Saveterie, sur l'emplacement au voisinage de la rue actuelle des récollets, n'apparaissent plus sur les plans de la fin du 18e siècle.
Les artisans se dispersent pour mieux desservir la clientèle des divers quartiers et faubourgs.

Ils n'ont même pas toujours conservé ces pittoresques enseignes qui, au moyen âge, surmontaient les boutiques et attiraient l'attention des acheteurs.
Au 18e siècle, les pouvoirs publics font la chasse aux enseignes, aux auvents, à tout ce qui peut gêner la circulation ou choir sur la tête des passants.
En 1776, ordre est donné de supprimer tous les auvents, à cause de l'obscurité qu'ils projettent dans les boutiques, où l'acheteur ne peut plus distinguer la qualité des marchandises. De même les enseignes suspendues à des potences de fer ou de bois devront être appliquées en forme de tableaux contre les murs des maisons.

Les enseignes des 17e et 18e siècles que nous connaissons décoraient des portes d'hôtelleries. Leurs devises sont empruntées à la religion, à l'histoire, au monde végétal ou animal, et d'ordinaire ne sont pas spéciales à la ville de Nevers.

Enseignes d'hôtelleries et de métiers à Nevers. On peut citer :

- la Croix d'Or, la Croix Blanche, l'Ange, les Trois Rois, l'Image Notre Dame, l'Image St Michel, St Pierre, St Jacques, St Georges, St Louis, St Claude, St Nicolas, Ste Reine, Ste Anne, le Chat de St Jean.
- Le Grand Monarque, le Dauphin, la Fleur de Lys, l'Écu de France, le Petit Versailles, le Jardin Royal, les 13 Cantons, les 3 Empereurs, les 3 Mores, les 3 Allemands.
- Les 3 Barbeaux, les 3 Cailles, les 3 Merles, le Cerf, la Cigogne, le Grillon, le Singe, le Bœuf Couronné, le Lion d'Or, le Cheval Blanc, l'Arbre Vert, le Raisin.
- Les Quatre Vents, les Trois Piliers sont des noms de rues.
- Le Plat d'Étain est un souvenir des anciens potiers d'étain.
- L'Ancre (paroisse St-Sauveur) et la Galère (paroisse St-Arigle) ont sans doute la clientèle des mariniers.
- Celle du Singe est peut-être la seule qui existe aujourd'hui. On peut voir dans la rue actuelle du Singe un bas-relief assez grossier représentant un singe accroupi au-dessus d'une fenêtre. Ici,l'ancienne hôtellerie a donné son nom à la rue.

Les enseignes des autres métiers sont mal connues et d'ailleurs ne présentent pas grand intérêt. C'est à peine si l'on peut citer au 18e siècle le Chariot d'or des orfèvres Marion.
En 1732, le cordonnier Jean Fity est autorisé à prendre comme enseigne ces mots : « A la botte royale ».
Le 7 mars 1776, les perruquiers dénoncent le menuisier Roche qui a fait peindre sa devanture en bleu, alors que cette couleur est réservée aux barbiers-perruquiers, en vertu des statuts de leur profession. Certains artisans et marchands offrent encore leurs produits dans les rues en imitant les « cris de Paris ».

On voyait encore fin 18e début 19e à l'école du Château une fresque des Cris de Paris, dont Jodocus Sincerus a parlé dans son Itinerarium Gallus, et qui figurait divers artisans, marchands ou camelots circulant dans les rues de Nevers. On y voyait un rameur de cheminées, un marchand de mort aux rats, un crieur de pains chauds, un marchand de cordons ou rubans, un rémouleur, une marchande de fruits, un clocheteur, un marchand de vin ou de cidre, broc et ver à la main.

- Le ramoneur criait : »A ramoné la cheminée hault et bas! ».
- Le marchand de mort aux rats : « J'ai la mort aux rats et aux souris ».
- Le crieur de pain : « Faut-il du bon pain challant ? ».
- Le marchand de cordons : « Ruban blanc ! Ruban! Beaux lacets! ».
- La marchande de fruits : « Doulces meures! Gentil fruit nouveau! A mes beaulx cerneaux! Noys nouvelles! ».
- Le marchand de vin : « A 4 deniers la pinte! Gentil vin blanc et clairet! ».

Almanach de la Nièvre, 1853.

Mais, en somme, au 18e siècle, le monde du travail est déjà acheminé vers la banale uniformité d'aujourd'hui.

De même, les classes ouvrières de Nevers commencent à vivre d'une vie paisible et monotone. Elles aspiraient d'ailleurs au repos, car dans la première moitié du 17e siècle diverses guerres civiles avaient ravagé le pays.