La démographie
- Au 17e siècle, Nevers n'est encore qu'une très petite ville.
En 1655, une statistique du grenier à sel donne un chiffre de 1650 feux.
Dans la seconde moitié du siècle, l'accroissement de la population est régulier mais lent. Un dénombrement exécuté en 1693 pour l'établissement de la capitalisation donne des chiffres précis :
1780 feux, 7989 personnes et le mémoire de l'intendant Le Vayer en 1698 un total global : 1800 feux et 8000 habitants.
Toujours d'après Le Vayer, St Pierre le Moutier et Château-Chinon ont alors chacune 130 feux et 1300 habitants, Decize 130 feux et 300 habitants.
Par contre, au début du 18e siècle, les guerres et les famines déciment la population. Une statistique commerciale de 1706 n'attribue déjà plus à Nevers que 1500 feux.
Un placet adressé au Contrôleur général des finances le 11 juin 1710, affirme que depuis l'hiver 1709 « il est mort dans cette ville plus de 4000 personnes suivant les certificats des curés ». Il faut à la cité de nombreuses années pour récupérer ces pertes.
Vers 1750, elle n'arrive encore qu'aux chiffres de 1698.
Ensuite l'augmentation s'accélère par suite de l'activité économique qui attire les étrangers et surtout la population des campagnes. Dès l'année 1722, on se plaint de cette émigration et des exigences des ouvriers agricoles.
Au début de la Révolution, les chiffres sont un peu contradictoires.
En 1789, les procès-verbaux d'élections aux États Généraux parlent de 4000 feux.
Le recensement de 1790, ordonné par la Constituante, donne un total de 13 763 habitants.
En 1792, le directoire du département évalue la population à 16 000 âmes.
On peut admettre que dans l'espace d'un siècle les chiffres de 1698 ont à peu près doublé. Nevers est la seconde ville de la généralité immédiatement après Moulins.
- Il serait intéressant d'évaluer les divers élément de la population. Mais cette enquête est difficile.
En 1655, la statistique du grenier à sel permet seulement de distinguer les privilégiés (156 feux) et ceux qui sont inscrits au rôle la subsistance (1500 feux).
La classe des privilégiés comprend non seulement le clergé et la noblesse, mais un certain nombre de bourgeois, exemptés à cause de leurs fonctions politiques, financières ou juridiques. La proportion est donc de 1 à 10.
A la fin de l'ancien régime, elle n'est pas sensiblement différente, car les riches artisans et marchands s'efforcent de se hausses vers les classes supérieurs, l'afflux de la population vers les métiers agricoles et industriels ne cesse pas. Les renseignement sont peut-être plus nombreux qu'au 17e siècle, mais ils sont d'autant plus aléatoire et incertains que l'on passe des privilégiés aux classes populaires. On peut à la rigueur calculer le chiffre du clergé et de la noblesse.
D'après l'almanach de 1788, le clergé séculier n'atteint pas la centaine; d'après les documents d'origine ecclésiastique, le clergé régulier, en décadence, ne dépasse pas 150 religieux ou religieuses, soit au total 250 personnes au plus.
Dans les rôle du Vingtième (privilégiés), la part de la noblesse ne dépasse pas 75 articles, certains nobles ayant des biens à Nevers sans habiter la ville.
D'après les almanachs, une centaine de bourgeois font partie des diverses juridictions nivernaises. Un chiffre à peu près équivalent de bourgeois et de bourgeoises vient de leurs revenus. Le total de ces divers élément ne doit pas dépasser 1500 ou 1600 personnes.
Le reste de la population, c'est-à-dire la très grande majorité, comprend des agriculteurs, des artisans et des commerçants. Le commerce et l'industrie se subdivisent en métiers nombreux. Ce sont comme partout les métiers ordinaires de l'alimentation, de l'habillement et ameublement, du cuir, des métaux, du bois et du bâtiment. La préparation du cuir occupe à Nevers un certain nombre de tanneurs, corroyeurs, mégissiers, chamoiseurs et pelletiers.
La ville possède aussi des manufactures.
- La manufacture de drap avec un nombre assez restreint de cardeurs, tisserands, drapiers-drapants, foulons, teinturiers, bonnetiers et marchands drapiers, est complétée par les ateliers des hôpitaux et même à certaines dates par quelques industries comme celles des toiles peintes.
- Les manufactures de faïence abritent un personnel beaucoup plus considérable de peintres, tourneurs en faïence, tourneurs en gazette et manœuvres. Verriers et émailleurs contribuent encore à la réputation de la ville.
Certains marchands sont plus ou moins spécialisés dans quelques trafics importants, comme ceux des fers, des bois, des grains ou des vins.
Le commerce et l'industrie utilisent enfin les services de voituriers par terre et d'une population encore plus nombreuse de mariniers ou de voituriers par eau. Nous possédons un tableau qui énumère les maître de certains métiers en l'année 1753.
A la veille de la Révolution les évaluations ne peuvent se baser que sur les rôles d'impôts. Mais les registres du Vingtième et de la taille sont incomplets et très peu précis.
Le plus simple est de prendre pour la base l'imposition de 1790 sur les bien-fonds. En arrondissant les chiffres, pour tenir compte des maîtres qui ne sont pas propriétaires, on arrive à doubler les données de 1735, ce qui est conforme au mouvement général de la population.
En 1790, les maîtres et leurs familles forment un ensemble que l'on peut évaluer à 3 ou 4 000 personnes. Le chiffre des ouvriers, compagnons ou apprentis, atteint probablement le double.
Les faïenciers sont particulièrement nombreux. En 1698, l'intendant Le Vayer les évalue à 5 ou 600 personnes.
En 1788, chacune des 12 fabriques emploie une moyenne de 150 à 160 ouvriers, soit un total de 1 800 à 2 000 personnes. On peut dire qu'en 1790, 10 000 habitants au moins vivent de l'industrie et du commerce. Il faut donc ajouter ce chiffre à celui des bourgeois, nobles et clercs.
Le surplus de la population, soit encore quelques milliers de personnes, se rattache aux métiers agricoles (jardiniers, vignerons, journaliers), dont l'importance numérique est ainsi relativement considérable, et qui forme l'élément prépondérant des faubourgs.