L'hygiène

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Quand la sécurité est à peine assurée, comment serait-il possible de se préoccuper des questions de confort et d'hygiène ?

  • La situation

Partout l'air est malsain et la lumière diffuse. Le ciel trop humide est presque toujours chargé de nuages et de brumes.
Les rues sont étroites et mal tenues. Aucun souci de l'alignement. Partout « des recoins et des avancement », avec des entrées de caves ou des marches d'escaliers qui empiètent sur le chemin. Les rues qui avoisinent la cathédrale ne sont que sablées, pour éviter les accidents, car la pente est trop forte.
Les autres sont généralement pavées, ainsi que les ponts et les quais de Loire, les abords du terrain des foires et ceux du Ravelin. Mais ce pavage, qui est à la charge de la ville sur les places publiques, et partout ailleurs à la charge des propriétaires riverains, est des plus médiocres, car il y a souvent négligence de la part de la ville, et mauvaise volonté de la part des habitants.

En 1701, en l'honneur des « princes les enfants de France » et pour éviter les accidents, on se hâte de mettre en état les rues où le cortège doit passer. Mêmes précautions en 1715 avec le comte de Toulouse, en 1753 avec « Madame Infante ».

En 1712, le pavé de la porte et des ponts de Loire est si délabré que le passage devient dangereux. De temps à autre, il est remédié à ce désordre par des adjudications à des paveurs, dont les frais se partagent suivant les endroits entre les propriétaires et la ville. D'ordinaire, on attend le passage de quelque grand seigneur.

  • Le constat

Alors que l'entretien de la voie publique est déjà très difficile, les habitants conservent des coutumes fâcheuses.
Spéculant sans doute sur le prochain orage et la pente naturelle des rues, ils abandonnent au ruisseau les immondices des maisons et les eaux grasses des éviers. Certains particuliers s'obstinent à pratiquer en pleine ville l'élevage du porc. Il ne faut donc pas s'étonner des appréciations de certains voyageurs :
- Sébastien Locatelli déclare qu'il y a partout de la boue à Nevers.
- Arthur Young, habitué à la propreté des villes du Nord, est particulièrement sévère et trouve le contraste choquant entre cette voue intérieur et le fière apparence de la cité.

Certains noms de rues (rue des Fangeats et rue des Fumiers), sont remarquablement appropriés. En raison de la topographie de Nevers, les bas quartiers, de la porte du Croux au bourg St-Étienne, sont les plus éprouvés.
Arrive-t-il un orage ? Les eaux entraînent les immondices des rues plus élevées dans les rues plus basses. Les habitants de ces quartiers ne cessent de protester.
En 1714, ceux de la rue Grelu déclarent que leur rue est « un égout, qui reçoit les eaux de la plus grande partie de la ville ».
En 1763, ceux de la rue Baille disent également que leur rue est un « aqueduc et l'égout le plus considérable de la ville ». Les eaux arrachent les pavés, pourrissent les murs, inondent les caves.
A la Croix du Bourg, dans le quartier de la Barre, un véritable égout souterrain se déverse dans la rue du Clou, mais comme la pente est insuffisante, l'engorgement est fréquent.
En 1783, les eaux s'accumulent en quantité considérable, mêlées à toutes sortes d'immondices, et répandent partout une infection dangereuse.

  • Le service de voirie

En vain, les autorités locales essaient-elles de réagir.
Elles prennent à leur charge l'entretien des places publiques et s'efforcent de contraindre les habitants à l'entretien des rues devant leurs maisons.
Au 18e siècle, les ordonnances de police deviennent de plus en plus fréquentes et précises.

En 1724, obligation de nettoyer le pavé 2 fois par semaine au moins. En 1783, ordre de balayer tous les jours à 7 heures du matin en été et 8 heures en hiver. Dans certaines années sèches, comme en 1780, l'arrosage est prescrit à 6 heures du matin et à 6 heures du soire. Mais ces règlements sont très mal suivis, et les amendes qui les sanctionnent ne paraissent pas impressionner les habitants.

Il existe aussi un service public de voirie. En 1670 « les particuliers ayant receu de grandes incommodités des immondices qui sont dans les rues et places publiques », on avait décidé de « s'appliquer au nettoyement des rues à l'exemple de la ville de Paris », et de s'entendre avec des charretiers, au moyen d'adjudications, dont les frais seraient supportés par tous les propriétaires. A la fin du 18e siècle, chacun des 4 quartiers est adjugé séparément.

4 tombereaux avec des clochettes passent les lundis, jeudis et samedis, à 7 heures du matin en été et 8 heures en hiver.

Mais ce service, qui coûte environ 1 000 liards à la ville, laisse fort à désirer. Les récriminations sont continuelles contre les adjudicataires, que l'on doit menacer d'amende et de prison.

Contre l'inertie des entrepreneurs et de la population interviennent seulement des réactions passagères et plus ou moins violentes à l'occasion des grandes processions ou quand de grands personnages sont annoncés. Alors, la ville a honte de sa malpropreté.

En 1708, le quartier de Nièvre est encombré d'immondices qui sont descendues des boucheries. Les habitants reçoivent l'ordre de se mettre au travail, car la procession du St-Sacrement est proche, et un tel spectacle serait indécent. Les habitants n'ayant pas obéi, les pouvoirs publics prennent des mesures énergiques. Ils réquisitionnent d'office les « chertiers et voituriers par terre et les obligent à déblayer les rues sous peine de 10 liards d'amende et de la saisie de leurs chevaux; C'est un véritable travail d'Hercule qui s'accomplit, car on extrait du quartier la quantité inouïe de 425 charrois d'immondices, que l'on paie aux charretiers à raison de 3 sols. Un rôle est ensuite établi, afin de répartir la dépense entre les habitants de Nièvre.

Avec cette hygiène déplorable et le maintien des cimetières autour des églises, les maladies épidémiques ordinaires devaient être permanentes, mais l'histoire de ce temps-là ne mentionne que les grands fléaux comme la peste, qui fait ses derniers ravages en 1629. La ville se préserve de la contagion de 1720 par des mesures de rigueur inaccoutumées, et surtout par ce fait que le mal reste confiné dans le midi de la France.