Discussion:Bac à sable

De Wiki58
Aller à la navigationAller à la recherche


Sorciers en Auxois et Morvan en 1644

Notes communiquées par M. Colombet : Commission de folklore et linguistique de Dijon 1962.

" Mlle Vignier rappelle que tout le long de la vallée de l'Ouche, sur les plateaux qui bordent cette rivière et jusqu'à Lucery- L'Evêque, Saint Symphorien-les-Autun, Montréal et Santigny, s'est développée durant l'été de 1644 une véritable épidémie de sorcellerie. La misère consécutive aux passages des troupes était très grande, les habitants de ces villages, situés dans des contrées naturellement âpres, se mirent à la disposition de quelques illuminés qui prétendaient identifier les sorciers jugés par l'opinion publique responsables des calamités présentes. Les intentions de ces justiciers, parmi lesquels dominait une forte majorité de femmes, n'étaient pas toujours absolument pures et plus d'une vengeance personnelle dicta les éxécutions sommaires par noyade ou bûcher. La justice royale ne put intervenir à temps pour limiter les ravages : les sorciers, ou soi-disant tels, furent souvent jugés par la Tournelle après leur décès, en même temps que leurs éxécuteurs.
L'affaire la plus sanglante eut lieu à Mâlain : le village, jugé tout entier responsable, fut condamné à payer des dommages-intérêts aux familles des victimes. A Macogne et Meilly, le curé lui-même se laissa entraîner dans la vague de purification : ailleurs l'arrivée des officiers royaux suscita de véritables jacqueries.
En fait, le prétexte des accusations de sorcellerie était souvent fort mince : A Santigny, où la justice de l'abbaye de Moutiers-Saint Jean veillait, un homme fut accusé d'être "vaudois" et sorcier, mais la procédure révéla que l'on ne pouvait lui reprocher que d'être le fils d'un homme lui-même suspect de sorcellerie vingt ans plus tôt, et qui avait alors été acquitté après avoir avoué, poussé par la fatigue, que le diable "homme affreux et noir" le contraignait chaque année à arracher un chou de son propre jardin ! Mais la mère de ce "vaudois" avait bel et bien péri en 1596 dans les flammes d'un bûcher élévé sur la place publique du village pour avoir fréquenté le sabbat et fait sa révérence devant le diable en tenant une bougie. Tels furent sans doute les souvenirs qui, un peu partout aux confins de l'Auxois et du Morvan, justifièrent, durant l'été de 1644, de bien pitoyables affaires."

  • Source : Le Morvan coeur de la France - J. Bruley - Tome II
  • Transcripteur : Mabalivet (discussion) 14 avril 2020 à 13:56 (CEST)