« Atelier de travaux publics n°17 » : différence entre les versions

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Entre avril 1918 et octobre 1919, on relève dans les actes d'état-civil de la commune de [[Sardy les Epiry]] 26 décès survenus dans les carrières de Surpaillis ou de la Vauvelle qualifiées d'Atelier de Travaux Publics n°17. La cause de ces décès n'est pas mentionnée dans les actes. L'examen de l'identité des personnes décédées, en particulier au travers de leur fiche de recrutement, montre qu'il s'agit pour la plupart de militaires français.
Entre avril 1918 et octobre 1919, on relève dans les actes d'état-civil de la commune de [[Sardy les Epiry]] 26 décès survenus dans les carrières de Surpaillis ou de la Vauvelle qualifiées d'Atelier de Travaux Publics n°17. La cause de ces décès n'est pas mentionnée dans les actes. L'examen de l'identité des personnes décédées, en particulier au travers de leur fiche de recrutement, montre qu'il s'agit pour la plupart de militaires français.

Version actuelle datée du 12 février 2024 à 11:34

A Sardy les Epiry (Carrières de Surpaillis et de la Vauvelle, Picampoix)

Entre avril 1918 et octobre 1919, on relève dans les actes d'état-civil de la commune de Sardy les Epiry 26 décès survenus dans les carrières de Surpaillis ou de la Vauvelle qualifiées d'Atelier de Travaux Publics n°17. La cause de ces décès n'est pas mentionnée dans les actes. L'examen de l'identité des personnes décédées, en particulier au travers de leur fiche de recrutement, montre qu'il s'agit pour la plupart de militaires français.

Les carrières de granite de Surpaillis et de la Vauvelle, connues aussi sous le nom de carrières de Picampoix, sont exploitées au moins depuis le début du XXème siècle par diverses entreprises privées pour l'empierrement des routes et la production de ballast des chemins de fer, tout comme celles de Montauté (Montreuillon) ou de La Collancelle le long de l'échelle des écluses près du canal du Nivernais. Ces carrières font notamment appel à une forte main-d’œuvre étrangère, en particulier d'origine Italienne, ou suisse italophone, et espagnole. Elles vont devenir au cours de la guerre 1914-1918, un centre pénitentiaire.


En 1901, il existe trois catégories d’établissements pénitentiaires pour les militaires :

  • Les prisons militaires, qui reçoivent en principe les individus frappés d’un emprisonnement qui ne dépasse pas un an et renferment en outre des prévenus, des condamnés de passage, parfois aussi des officiers punis des arrêts de forteresse ;
  • Les pénitenciers militaires, où sont détenus les individus condamnés à un emprisonnement supérieur à un an ;
  • Les ateliers de travaux publics (ATP), où sont envoyés les militaires condamnés à la peine spéciale des travaux publics, dont la durée est de deux à dix ans. [not 1]

A partir de 1915, la peine correctionnelle peut se subir en France métropolitaine. Des ATP y sont créés et souvent dans des carrières. Ils permettent d'accueillir et d'occuper des prisonniers allemands dans un premier temps. Le Journal «l’Écho du Centre» relate d'ailleurs que le 20 août 1916, deux prisonniers allemands, Ernest Sperling et Karl Shenk, se sont évadés du camp de Picampoix... On dénombrerait une centaine de ces ATP en France métropolitaine, leur histoire particulière étant encore mal connue. [not 2] En ce qui concerne les soldats français qui échouent à Sardy les Epiry, ils semblent avoir «remplacé» les soldats allemands dans des circonstances qu'on ignore. Leur parcours militaire montre que certains d'entre eux sont passés au dépôt de détenus militaires de Collioure, plaque tournante pour le rassemblement des prisonniers pour l'Afrique du nord, certains en revenant, avant leur affectation dans des ATP en France métropolitaine tel que celui de Sardy qui porte le n° 17.


Les fiches de recrutement des soldats décédés à l'ATP n°17 révèlent certains motifs de condamnations : ivresse, outrages ou violences envers un supérieur, outrages à la pudeur, refus d'obéissance, coups et blessures, proxénétisme, désertion, bris d'armes, abandon de poste en présence de l'ennemi et rébellion. D'autres fiches de recrutement, en revanche, ne montrent pas de condamnations particulières ; il pourrait s'agir de soldats chargés de la garde des condamnés. [not 3]


Pour expliquer la vague de décès constatée dans les carrières de Sardy, on pourrait suspecter les effets mortifères de la grippe espagnole qui a sévi en Europe de mars 1918 à la mi-1919. Toutefois, sans exclure totalement cette cause, on ne note pas de surmortalité particulière dans cette période pour l'ensemble de la commune si l'on exclut les décès à l'ATP n°17 et les morts liés à la guerre 1914-1918. Les mauvais traitements infligés aux prisonniers et la mauvaise alimentation peuvent être suspectés comme le montre l'histoire des bagnes militaires dans les colonies d'Afrique du nord. Sur les 26 décès survenus à l'ATP n°17, les fiches militaires révèlent que 5 d'entre eux sont liés à des maladies dont une suite de pneumonie.

A l'instar du bagne militaire des Blandins près d'Arleuf, l'ATPn°17 a été fermé vers 1923.

Sources


Notes et références

Notes

  1. Historiquement, la peine des travaux publics, créée sous la Consulat, était purgée depuis 1832 en Algérie («Biribi»). Des pénitenciers sont installés aussi en Tunisie (après 1883) et au Maroc (après 1907).
  2. Durant la guerre 1914-1918, il s'agit aussi d'incarcérer les prisonniers militaires français, singulièrement après les mutineries de 1917, puisque nombre de lourdes condamnations sont prononcées par les conseils de guerre à l'encontre de soldats (rebelles, insoumis, etc.), les prisons militaires et bagnes d'Afrique du nord se révélant rapidement saturés.
  3. En particulier certains détails laissent supposer qu'il s'agirait de soldats ou sous-officiers malades inaptes au combat ou des territoriaux sans expérience ni compétence.

References