Dupin Pierre Charles François

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Pierre Charles François DUPIN (1784-1873)

Pierre Charles François Dupin


  • Il naît à Varzy le 6 octobre 1784.
  • Fils de Charles André Dupin, frère d'André Dupin dit Dupin Aîné (1783-1865) et de Philippe Simon Dupin (1795-1846), il commence ses études aux écoles centrales du Loiret et de la Seine, est admis le premier à l'École Polytechnique en 1801, et se place, dès 1802, par ses recherches, au rang des premiers géomètres, et notamment par la solution complète et neuve d'un problème des plus difficiles et par la découverte des courbes du second degré à foyers réciproques.
  • Monge et Carnot l'encouragent à ses débuts. Admis dans le corps du génie maritime au printemps de 1803, lors de la déclaration de guerre entre la France et l'Angleterre, il concourt successivement aux travaux de la grande flottille de la Manche, à la création du vaste arsenal d'Anvers, où il dirige 400 ouvriers militaires, aux travaux de Gênes et à ceux des forts de Hollande. En même temps il se perfectionne dans l'étude des sciences, et crée la théorie de la courbure des surfaces, de leurs indicatrices, de leurs tangentes conjuguées, et applique ces découvertes à la stabilité des vaisseaux, à la recherche des directions les plus avantageuses pour les déblais et les remblais, etc.
  • Bientôt appelé à Toulon pour tenter, après la défaite de Trafalgar, le relèvement de la marine française, il s'embarque sur la première escadre qui part de France à destination des îles Ioniennes, et, dès son arrivée à Corfou, il a le bonheur de rendre à la flotte un service signalé : celui de réparer en cinq jours le vaisseau amiral, qui, battu par une tempête violente, a perdu ses mâts supérieurs, tandis que les basses vergues sont brisées. Cette célérité extraordinaire permet à l'escadre française de cingler rapidement vers Toulon et d'échapper à l'ennemi. Resté à Corfou, sur sa demande, il concourt à la fondation de l'Académie Ionienne, en devient secrétaire pour la langue française et, par ses discours sur l'instruction publique et sur la rénovation du peuple grec, s'efforce de rappeler les Hellènes au sentiment de leur génie et de leur liberté. Il provoque aussi l'ouverture de cours publics et gratuits, professés par des membres de l'Académie Ionienne, et se charge lui-même de la chaire de mécanique et de physique. Après quatre ans de séjour dans les Sept-Iles, il passe en Italie pour rentrer en France ; une fièvre épidémique le retient quinze mois en route ; il occupe sa convalescence à rédiger de nombreux mémoires de géométrie, qu'il présente à l'Institut et qu'il dédie à Monge. En 1813, il repart pour Toulon, crée dans ce port un Musée maritime et fait restaurer les sculptures navales de Puget.
  • À Toulon, lors du retour des Bourbons, il fait paraître un écrit dans lequel il réclame des institutions représentatives et fait l'éloge de Lanjuinais et de Carnot.
  • En 1815, immédiatement après la publication de l'Acte additionnel, il reprend la plume pour faire connaître son opinion à ce sujet ; puis, à la nouvelle du désastre de Waterloo, il fait imprimer le programme d'une Pompe funèbre à célébrer en l'honneur des guerriers français morts pour défendre la Patrie. Il termine ainsi :
« l'Europe nous regarde avec inquiétude au milieu même de nos revers ; car le lion blessé dans sa retraite fait encore pâlir l'avide chasseur. Relevons notre tête au milieu du danger ; bandons la plaie qui saigne encore dans nos cœurs, et revolons aux combats, s'il ne nous est pas donné d'obtenir la paix avec honneur. »
  • Lorsque l'autorité supérieure ordonne à toutes les troupes qui devaient défendre Lyon de passer sur la rive gauche de la Loire, il conduit le corps qu'il commande à Vicq-sur-l'Allier. Tout dévoué à Carnot, son protecteur, il proteste contre l'ordonnance qui le proscrit, offre de le défendre devant les Chambres, au cas ou elles seraient appelées à le juger, et rédige une défense préjudicielle, qui d'ailleurs restera inédite, à la prière de Carnot lui-même.
  • Appelé bientôt à prendre la direction des travaux de l'arsenal de Dunkerque, il part de là pour l'Angleterre, où il se livre à une enquête approfondie sur les grands arsenaux des flottes britanniques, et recueille les éléments d'un grand travail (Force militaire de la Grande-Bretagne) qui porte ombrage au gouvernement, à cause des tendances libérales de l'auteur : l'ouvrage sera déféré par le ministre de la marine au conseil des ministres, et censuré. Ayant refusé de se soumettre à ces décisions, il reste quatre ans en disgrâce. À la fin, le gouvernement se ravise et le nomme officier de la Légion d'honneur. Il était membre de l'Institut depuis 1818.
  • De nouveaux voyages en Angleterre achèvent de l'éclairer sur les institutions et les travaux publiés de nos voisins d'outre-Manche. Ses Mémoires sur la marine et les ponts et chaussées, son Essai historique sur les services et les travaux scientifiques de Gaspard Monge, sa Géométrie appliquée aux arts (1824), ses recherches sur la statistique, qu'il rattache à des questions d'un intérêt national, son enseignement (1826-1827) au Conservatoire des arts et métiers, mettent le sceau à sa réputation de savant et de vulgarisateur.
  • Le 17 novembre 1827, il aborde la carrière parlementaire. Élu député dans le 2e arrondissement du Tarn (Castres) par 272 voix sur 504 votants et 638 inscrits, contre 222 à M. de Lastours, député sortant, il prend place dans les rangs des libéraux et débute à la tribune en justifiant la célèbre épithète de « déplorable » appliquée au ministère déchu, par le tableau des savants, des artistes et des gens de lettres privés de leurs emplois ou de leurs pensions sous ce ministère. Il fait même restituer au géomètre Legendre la pension qu'il avait reçue de Napoléon et qui lui avait été retirée depuis. Après avoir refusé la place de directeur des Arts et Manufactures, le député de Castres, introduisant dans les débats parlementaires l'emploi des résultats statistiques dont il avait fait une étude spéciale, présente à ses collègues une exposition des effets de la loterie sur les diverses parties de la France. Il intervient aussi fréquemment dans les questions relatives à la marine et aux ponts et chaussées. Pendant la session de 1829, il prononce un discours remarqué sur la composition et l'élection des conseils généraux. Au sujet des lois de finances, il propose le premier, mais sans succès, une enquête sur le monopole des tabacs ; il parle encore sur les routes et canaux, réclame l'adoption générale du système de Mac-Adam, et a, à propos de la marine, des luttes fréquentes contre le rapporteur, M. Humann, et contre le ministre : il devient lui-même, en 1830, rapporteur de ce budget. Partisan du blocus d'Alger, il opine pour que la France prenne rapidement l'offensive.
  • Au printemps de 1830, il fait partie des 221 qui renversent le ministère Polignac ; la Chambre dissoute, il est violemment combattu par les ultras, et échoue (23 juin 1830) dans 1’arrondissement de Castres, où il n'obtient que 258 voix contre M. de Lastours, élu par 333. Mais il rentre à la Chambre comme député du Xe arrondissement de Paris, le 12 juillet 1830, avec 366 voix sur 530 votants, contre 164 voix au baron Leroy, député sortant, Il ne cesse alors de prendre la part la plus active aux délibérations. Commissaire et rapporteur de la loi organique de la garde nationale, rapporteur de la commission des routes et canaux, de la loi sur les céréales, etc., il est fait par le gouvernement de Louis-Philippe conseiller d'Etat et d'amirauté, et commandeur de la Légion d'honneur : il défend le budget de 1832 en qualité de commissaire du gouvernement. Depuis lors, nommé cinq fois membre de la commission des finances et quatre fois rapporteur du budget de la marine, il se mêle à toutes les lois sur l'avancement, sur les cadres et sur les pensions des officiers de terre on de mer. En politique, il se rapproche de plus en plus des conservateurs, prend la défense du clergé, opine pour le maintien d'un évêché dans chaque département et revendique pour la France la participation au cardinalat.
  • Réélu député, le 21 juin 1834, par 621 voix (936 votants et 1 208 inscrits), il se voit appelé, le 14 novembre de la même année, à faire partie du nouveau cabinet en qualité de ministre de la marine ; mais il ne reste ministre que trois jours, pendant lesquels il trouve le temps d'instituer un prix de six mille francs pour le progrès le plus marquant de l'application de la vapeur à la marine militaire. Après quoi, il reprend la rédaction du rapport général dont il avait été chargé par le jury de l'Exposition de 1834. Son court passage au ministère l'ayant obligé de demander à ses électeurs la confirmation de son mandat; il l'obtient le 8 décembre 1834, par 510 voix (862 votants, 1 286 inscrits), contre 179 à M. Février.
  • Dans la session de 1836 à l'occasion de la discussion de la loi des douanes, il se montre opposé à la liberté commerciale absolue. L'année suivante, il fait rejeter un certain nombre d'amendements au projet de loi qui prescrit le versement à la caisse des dépôts et consignations des sommes provenant des caisses d'épargne.
  • Le 3 octobre 1837, il est élevé à la pairie, Son activité ne se dément pas dans la Chambre haute, où il se fait remarquer par son rapport sur les monts-de-piété, par son discours sur la législation régissant les transactions commerciales de la métropole et de ses colonies, par sa participation à la discussion du projet de loi sur l'état major de l'armée, par son intervention dans les débats animés auxquels donne lieu la proposition de M. Meunier tendant à modifier l'organisation de la Légion d'honneur, par ses rapports sur le travail des enfants dans les manufactures, sur les crédits extraordinaires de la marine, sur l'Algérie, etc. Il défend à la tribune le maréchal Bugeaud, que ses adversaires politiques avaient très vivement attaqué. Il soutient jusqu'au bout le gouvernement de Juillet.
  • Le 27 avril 1840, il est fait grand officier de la Légion d'honneur.
  • Après la révolution de 1848, une élection partielle le fait entrer (en juin) à l'Assemblée constituante ; trois vacances par suite de démissions ou d'options s'étant produites dans la Seine-Inférieure, il est élu, le 3e, représentant de ce département, par 45 071 voix. Il est des plus ardents parmi les membres de la majorité de droite, avec laquelle il vote constamment, et fait partie, le 23 juin, de la fameuse commission qui propose la brusque suppression des ateliers nationaux. Lors de la discussion de la Constitution, il se prononce fortement pour l'institution des deux Chambres. En mainte occasion, il est, contre le socialisme, l'organe des sentiments conservateurs de l'Assemblée : un de ses discours, relatif à la question sociale, est imprimé à 20 000 exemplaires par les soins de la majorité.
  • Le département de la Seine-Inférieure le renvoie à la Législative, le 13 mai 1849 ; élu, le 7e sur 16, par 92.702 voix (146.223 votants, 213.301 inscrits), il marche constamment d'accord avec les monarchistes, appuie l'expédition romaine, la loi sur l'enseignement, la limitation du suffrage universel, et, après s'être tenu quelques jours à l'écart, au lendemain du coup d'Etat de 1851, se rallie pleinement à Louis-Napoléon, qui l'admet au nouveau Sénat, le 26 janvier 1852. Il est tour à tour secrétaire, vice-président et président des expositions de l'industrie, et, en 1851, président du jury français envoyé par le ministre du commerce à l'Exposition universelle de Londres.
  • Au Sénat, il prend la parole dans la plupart des grandes discussions économiques, politiques et religieuses.
  • Il était baron depuis 1824.
  • Il quitte la vie publique à la révolution du 4 septembre 1870 et s'éteint à Paris le 18 janvier 1873.
  • Une rue de Nevers l'associant à ses deux frères porte son nom.



  • Source : Dictionnaire des parlementaires français de Robert, Bourloton et Cougny.

--m mirault 29 septembre 2012 à 21:39 (CEST)