Barbier Pierre

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BARBIER Pierre Louis (1912-1982) : Sénateur de la Nièvre de 1965 à 1974

Pierre Louis BARBIER
  • Il nait le 2 janvier 1912 à Brinon-sur-Beuvron.
  • Fils de commerçant, il s'inscrit à la faculté de médecine de Paris, après des études secondaires au lycée de Clamecy. Interne des hôpitaux de Paris et docteur en médecine, il revient dans son pays natal et exerce comme chirurgien à la clinique Saint-François à Clamecy, et aussi comme chef de clinique au service de chirurgie de l'hôpital de Clamecy à partir de 1952.
  • Appelé à faire son service militaire à l'issue de ses études, le 1er mai 1939, il est maintenu sous les drapeaux lors de la déclaration de guerre, puis reste dans les unités militaires de l'État français après la défaite, jusqu'au 31 mai 1943, date à laquelle il est démobilisé.
  • Notable de par sa profession, mais issu de milieux populaires et du terroir local, il s'engage au parti radical-socialiste et obtient son premier mandat électoral à Clamecy. Élu conseiller municipal en mars 1953, il y est nommé adjoint au maire, de janvier 1956 au 20 mars 1959, puis est élu maire de Clamecy à cette date et se trouve reconduit régulièrement en 1965 et 1971.
  • En 1958, le socialiste SFIO Pierre Paulus, conseiller général de Clamecy depuis la Libération, ne se représentant pas au renouvellement cantonal, le Rassemblement Démocratique Nivernais (RDN), dont François Mitterrand est le principal animateur, le présente. Il l'emporte et conserve ce siège de conseil général jusqu'en 1976, étant réélu en 1964 et le 15 mars 1970 au deuxième tour. Il échoue par contre comme candidat aux élections sénatoriales de juin 1958 dans la Nièvre. Présenté par le RDN en deuxième position, il n'obtient que 101 suffrages sur 761 exprimés, et ne participe pas au deuxième tour car les listes de gauche du RDN et de la SFIO fusionnent, avec l'appui implicite du Parti communiste, et présentent chacune leur tête de liste.
  • Élu radical d'opposition, il s'affirme progressivement dans le cadre du rapprochement de la gauche nivernaise ; aussi, en 1962, est-il élu suppléant de François Mitterrand, qui retrouve son siège de député de la Nièvre dans la 3e circonscription, après l'avoir perdu en novembre 1958.
  • Le 26 septembre 1965, la gauche non communiste nivernaise, longtemps divisée entre SFIO et amis de François Mitterrand, se présente unie aux élections sénatoriales. Au premier tour, la tête de liste « Union des Démocrates Socialistes », le socialiste Daniel Benoist est élu avec 373 suffrages sur 729 inscrits et 723 exprimés. Pierre Barbier arrive en seconde position avec 300 votes favorables, devançant largement deux candidats indépendants, le sénateur sortant de la gauche démocratique, Jacques Gadoin, qui n'obtient que 208 suffrages, le candidat UNR, M. Ramey, maire de Nevers et suppléant du député Marius Durbey (207 voix) et les deux candidats communistes. Pierre Barbier l'emporte au second tour, avec 401 votes, les communistes qui avaient obtenu respectivement 90 et 85 suffrages au premier tour se retirent en sa faveur.
  • Élu sénateur, il s'inscrit au groupe de la Gauche Démocratique et est nommé membre de la commission des affaires sociales pour l'emploi, le travail et la sécurité sociale le 6 octobre 1965. Il y est régulièrement reconduit les années suivantes.
  • Il se montre discret au Palais du Luxembourg les deux premières années, puis intervient publiquement en dehors de son activité dans la commission des affaires sociales par le moyen des questions orales avec débat, surtout de 1967 à 1970. En 1967, il pose deux questions portant sur les finances des collectivités locales, terrain de prédilection de la gauche exclue alors du pouvoir central. La première, relative aux charges des collectivités locales, demande la révision du barème de répartition des charges d'aide sociale. Celles-ci, depuis la réforme administrative de 1964, ont doublé en moyenne, et même triplé dans le cas de la Nièvre, menaçant l'équilibre des finances locales, alors que seule l'administration décide des dépenses, rappelle-t-il. La seconde question porte sur l'utilisation des prélèvements devant servir au financement de l'allocation scolaire prévu par la loi Barangé dont les recettes ont augmenté, alors que les prestations versées stagnent depuis 13 ans, c'est-à-dire depuis le dernier relèvement fait par Pierre Mendès France. Il demande donc, soit un relèvement de l'allocation, soit un reversement aux collectivités locales leur permettant de financer leurs charges d'équipement scolaire en constante augmentation. Le représentant du Gouvernement considérant que le solde créditeur ne confère pas un droit aux collectivités locales alors que l'État fait un important effort pour l'équipement scolaire du pays, il rétorque que « par toutes sortes de moyens, on ne cesse d'exporter le déficit de l'État sur les budgets des départements et des communes ». Selon lui, ses « deux questions orales ne sont ainsi que des exemples, entre autres, du transfert des charges de l'État sur les collectivités locales ».
  • En 1968 et 1969, il est rapporteur pour avis de sa commission sur le projet de loi de finances pour les années 1969 et 1970. Son intervention en 1968 est particulièrement remarquée, et s'inscrit dans le mode de convivialité propre au Sénat. Après avoir déploré l'augmentation du chômage, qui touche 500 000 personnes fin 1968, contesté les statistiques officielles, noté l'importance de l'immigration clandestine - qui selon lui marque la faillite de l'Office nationale d'immigration -, il récuse l'idée qu'il suffirait de contrôler l'immigration pour résoudre les difficultés. Il préfère proposer un abaissement de l'âge de la retraite, au moins pour les femmes, et au nom de la commission approuve deux initiatives du Gouvernement : la création de l'agence nationale pour l'emploi, et le développement de la formation professionnelle. Puis, intervenant sur le déficit de la sécurité sociale, il demande la fiscalisation d'une partie du budget. Il rappelle tout d'abord que le déficit est partiellement factice, le régime général assumant des charges d'autres régimes, puis refuse la mise en cause des praticiens, des pharmaciens et des laboratoires. Il explique pour finir que la question de fonds est celle des recettes. Celles-ci proviennent selon lui essentiellement des salariés et des entreprises de main-d’œuvre, la France étant de plus le pays du marché commun où les fonds publics aident le moins leur système. Maurice Schumann, ministre d'État chargé des affaires sociales, commence sa réponse en remerciant chaleureusement Barbier, soulignant « l'objectivité constructive des rapports » et trouvant qu'il a droit à parfois « plus d'indulgence de la part des sénateurs membres de l'opposition que de la part de certains députés de l'Assemblée nationale membre de la majorité ».
  • Il siège par ailleurs dans plusieurs commissions mixtes paritaires, il appartient notamment à celle chargée d'examiner la proposition de loi relative à la régulation des naissances en 1967. En 1972, il présente un rapport d'information au nom de la commission des affaires sociales, à la suite d'une mission d'information en Yougoslavie, chargée d'étudier les formules d'autogestion des entreprises locales. Enfin, en 1973, il intervient dans le débat sur l'éducation et l'enseignement pour dénoncer la précarité des auxiliaires, soulignant la contradiction entre le discours et la pratique gouvernementale au moment où l'exécutif dépose un projet de loi contre les licenciements abusifs.
  • Ses votes sont généralement conformes à ceux de la gauche et de la FGDS, à laquelle il appartient de 1966 à 1968. Ainsi, s'il s'oppose le plus souvent à la majorité, il vote pour la loi Neuwirth relative à la régulation des naissances (1967), contre la loi portant création des Régions (1972), pour la loi Royer d'orientation du commerce et de l'artisanat (1973), et pour la loi fixant à 18 ans l'âge de la majorité (1974).
  • Il reste dans une indépendance frileuse face aux évolutions de la gauche dans la Nièvre. Il est plus ou moins soutenu avant 1969 par la SFIO très anti-mitterrandiste, puis assiste en spectateur à la mise en place du parti socialiste avec son prélude unifié dans la Nièvre dès 1969. Il demeure membre du bureau du parti radical-socialiste en janvier 1972. Il ne franchit pas le pas, ce qu'aurait souhaité François Mitterrand. Toujours radical, axé plutôt vers le centre droit, il pense que sa notoriété comme chirurgien suffira à le maintenir en place. Aux élections sénatoriales du 22 septembre 1974, il se voit opposer un candidat socialiste, Fernand Dussert, qui avait aidé François Mitterrand à fortifier son implantation à Château-Chinon, ville voisine de son terroir. D'autre part, se profile localement l'entrée en politique à Clamecy de Bernard Bardin, enseignant qui, venant du PSU, va entrer au PS par les assises du socialisme en 1974. Le docteur Barbier, battu aux sénatoriales de 1974 par Fernand Dussert, cesse d'exercer son mandat le 1er octobre 1974. Il perd ainsi tout espace politique et voit sa carrière locale s'effacer rapidement après cette défaite. Il conserve encore ses mandats locaux de conseiller général et de maire de Clamecy jusqu'aux renouvellements de 1976 et 1977, puis cesse son activité politique. Bernard Bardin lui enlève tous ses mandats : il devient conseiller général en 1976, maire de Clamecy en 1977, député en 1981, et président du conseil général.
  • Titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, Pierre Barbier a par ailleurs été fait chevalier des Palmes académiques.
  • Il décède le 28 octobre 1982 à Nice (Alpes-Maritimes)



Source : Site du Sénat.
--m mirault 18 octobre 2011 à 08:43 (CEST)