Nevers rue de Nièvre

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RUE DE NIÈVRE à NEVERS

  • La partie comprise entre la rue Creuse et celle de Mouësse est la route nationale 78, de Nevers à Saint-Laurent (Jura). La porte de Nièvre, qui existait à l'entrée Est de cette rue, datait probablement de l'enceinte de 1194 ; on passait par cette porte pour aller à Lyon quand il n'était pas possible de sortir par les Pâtureaux ; elle fut réparée en 1400 ; démolie par la foudre en 1536, elle fut rétablie presque aussitôt ; comme elle menaçait ruine en 1770, on la fit disparaître.

    Dès 1389, il y avait sur la Nièvre un pont de bois qui fut refait en 1396, pavé en 1456 et, en 1670, reconstruit en même temps que le pont-levis de la porte de Nièvre.
    La rue de Nièvre fut désignée sous les noms suivants : 1436, rue allant vers Saint Victour ; 1495, grand'rue de Nièvre , 1536, grant rue de Nièvre tirant devant l'église Monsieur-Saint-Victor ; 1776, grande rue de Nièvre, autrement rue Saint-Arigle(1)
    Le plan d'alignement de 1855 appelle rue du Pont-de-Nièvre la partie comprise entre la place de Nièvre(2) et la rue du Champ-de-Foire.
    Le prieuré de Saint-Victor datait d'une haute antiquité ; délaissé un moment, il fut rétabli en 1053 par l'évêque Hugues II de Champallement ; en 1085, le comte Guillaume 1er en fit don aux moines de La Charité-sur-Loire qui y placèrent des religieuses. L'église était fort jolie. Elle devint paroissiale vers 1238, sous le vocable de Saint-Siméon-Stylite, pendant que le prieuré conservait son nom que, dans la pratique, on maintint aussi à la paroisse. Les bâtiments s'étendaient de la rue de Nièvre à la rue Creuse où leurs traces sont encore visibles ; l'ancienne maison 676 (puis n° 10 de cette dernière rue) est le prieuré. En 1791, le nombre des paroisses étant réduit de 11 à 2, comme l'avait proposé l'évêque avant 89, la paroisse Saint-Victor fut supprimée et rattachée comme succursale à la paroisse Saint-Cyr.

    En 1792, elle fut réservée aux prêtres assermentés, ce qui la fit déserter par son clergé et ses fidèles. Le 7 prairial an II (26 mai 1794), l'Administration du District arrêta que le Département serait invité à la faire démolir en même temps que celle des Jacobins, ce qui fut fait aussitôt.
    Au commencement du XIXe siècle, un vaste chantier occupait la plus grande partie de son emplacement. M. Flamen d'Assigny fit construire une habitation (n° 50) à la place de l'église et du cimetière qui bordait la rue de Nièvre. Dans la cour, vers le coin droit, s'élevait le clocher dont l'aiguille était flanquée de quatre clochetons ; il portait cette inscription :

    L'année mil quatre cent douze
    Où il y eut beaucoup d'alouze
    Les filles de sainct Victour
    Ont fait bâtir cette tour
    .


    En 1873, MM. Frédéric et Henry Flamen d'Assigny donnèrent au Musée lapidaire (Porte du Croux) un bas-relief en pierre, le Buisson ardent, trouvé dans leur hôtel. Ils ont également donné un fragment de pierre tumulaire contenant une partie d'inscription en beaux caractères de la fin du XVe siècle.

    La rue de Nièvre a absorbé la place du puits des Mules. En 1360, on cite la croix de Molis. En 1461, le comte Charles de Bourgogne ordonne « que vers la Croix des Meules sera le marché des Meules et mourtiers tant à moutarde que autres, qui est le lieu à ce faire d'ancienneté ». Le puits a été détruit et la croix a disparu au commencement du XVIIIe siècle.
    Il était assez fréquent, avant la construction de la levée et du pont Mal-Placé(3), que, lors des crues, l'eau montât jusqu'à cette place et parfois même plus haut.
    Vis-à-vis de la Croix des Meules se trouvait l' Hôtel des Bordes(4) qui fut acquis en 1757 par Antoine Faure, receveur des tailles en l'élection de Nevers et dans lequel Marie-Casimire de la Grange d'Arquien, ex-reine de Pologne, descendit, le 11 septembre 1714, chez sa sœur la marquise de Béthune. La maison de Miles Marion, qui se trouvait en la rue devant le puits des Mules, fut incendiée le 5 mars 1541.
    En 1704 à la suite d'une mission prêchée par 8 Jésuites, pendant 50 jours, on planta « au bout des ponts de Nièvre » une croix de 60 pieds de haut. Elle fut apportée par 400 hommes vêtus en pénitents, la corde au cou.

    Dans l'exposé de la gestion municipale de 1831 à 1839, on lit que c'est grâce aux soins de M. Mossé, ingénieur des Ponts et Chaussées, que le quartier de Mouësse a totalement changé d'aspect. « Tous les ponts ont été reconstruits à neuf et la route entièrement refaite. La ville a acheté la maison Carimantrand afin, par sa démolition, de dégager les abords du pont de Nièvre nouvellement reconstruit. Les changements opérés par les Ponts et Chaussées dans la direction du pont et l'alignement ont permis à la ville de disposer d'un petit terrain qui vient d'être acquis par le sieur Balandreau et dont le prix servira à payer la construction de l'abreuvoir près le pont ».
    Le n° 5 fut, avant 1925, occupé par les bureaux de la Trésorerie générale.
    Au n° 10 était l'auberge très fréquentée du Bon Laboureur dont l'enseigne représentait un laboureur conduisant sa charrue et suivi par un semeur. Le propriétaire, se croyant assez riche pour faire mieux, se ruina en démolissant son auberge et bâtissant un hôtel, l' Hôtel de Nièvre.
    N° 10 bis : Maison d'un entrepreneur de maçonnerie qui s'est représenté en cariatide supportant le balcon, construite vers 1870.
    N° 30 : En construisant cette maison qui en remplaçait deux petites, on trouva un souterrain se dirigeant vers la rue Fonmorigny ; il fut impossible de le suivre.
    L'auberge à l'enseigne du Dauphin, qui subsista jusqu'en 1825, était au coin de la rue de la Boullerie.
    N° 54 : Dans la cour, fenêtre du XVe siècle, débris du prieuré.
    N° 65 : Passe pour avoir été un atelier monétaire du temps des rois de la première race. Dans la cour, fenêtres du XVe siècle et puits en dessous d'un pavillon soutenu par une trompe.
    N° 76 : ancien hôtel Pyon, en face du Marché Sainl-Arigle.
    Les caves des nos 74 et 76 correspondent avec celles de la rue des Boucheries.
    On a trouvé dans cette rue : en 1843, un grand bronze de Marc Aurèle ; en 1900, en face des nos 64-77 un moyen bronze de Lucius Aelius ; en 1900, à l'angle de la rue du Pont-Cizeau, un bronze saucé de Publius Licinius Valérianus, portant au revers RESTITVTOR ORBIS. Ces deux derniers sont la propriété de M. Manuel.

    (1) Cette dernière dénomination ne peut d'ailleurs être que le résultat d'une erreur.
    (2) Actuelle place des Carmélites.
    (3) Construit pour éviter les crues du quartier du Rivage.
    (4) Connu ensuite sous le nom d'Hôtel Trochereau et situé au n° 47.


    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1927/T29