Gérard Bidolet témoignages

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Samedi 10 décembre 2011.

« J'ai été affecté le 2 janvier 1960 au Centre d'Instruction des troupes de Marine (ex Coloniales) de Castres. Formation commune de base et préparation à un peloton d'élève E.O.R. à l'Ecole d'Artillerie de Chalons-sur-Marne. J'ai réussi le concours et je suis sorti aspirant en novembre 1960. Ensuite stage au Fort des Rousses et affectation au 16e Régiment d'Artillerie à Wittlich, près de Trèves (Allemagne).

Début 1961 : départ pour l'Algérie ; affectation à Oran à la 3e Batterie du 27e R.A.

J'ai fait peu d'opérations en rase campagne, deux ou trois tout au plus, j'étais officier de tir avec la batterie de quatre obusiers de 105 mm., matériel américain de la Seconde guerre mondiale, qui a repris ensuite du service en Indochine et en Algérie, et même après.

J'ai surtout effectué avec ma section du « maintien de l'ordre » en milieu urbain, secteur Est d'Oran, Petit Lac (population musulmane), Saint-Eugène (population européenne), Victor Hugo (mixte). Au printemps 1961, les attentats ont commencé : des Européens tués par des gens du F.L.N., des Musulmans tués par des congénères, puis montée en puissance de l'O.A.S., incendies, pillages, meurtres de tous côtés. Le quartier Victor Hugo s'est vidé de tous les Européens, juifs y compris, les habitants de Saint-Eugène, quartier très populaire, ont commencé les « ratonnades », le quartier du Lac est devenu un repère F.LN. La fin de 1961 fut horrible pour tous. Une de nos patrouilles est tombée dans une embuscade et cinq soldats ont été tués. J'ai participé à de nombreux bouclages en ville européenne et quartiers musulmans. Nous étions pour la plupart du temps en barrage et les gendarmes mobiles et C.R.S. étaient à la fouille. Entre autres, j'ai participé à l'opération où deux gendarmes mobiles de Decize ont été tués, il reste un doute sur l'origine des balles mortelles !

Le 19 mars 1962, avec ma section j'ai posé les affiches du Cessez le Feu, nous nous sommes fait agresser physiquement et oralement ; de toutes mes tripes, je ne peux considérer cette date comme un jour à se souvenir car les semaines qui suivirent furent pires que tout : harkis massacrés, découpés, brûlés, familles anéanties, Européens massacrés sur la route de l'exil, alors que nous avions ordre de rester l'arme au pied (ce ne fut pas toujours le cas). De cette période qui m'a beaucoup marqué reste le souvenir d'un pays splendide et la nostalgie de l'Algérie française, j'aurais aimé faire ma vie dans ce pays. »

Post-scriptum : Je suis arrivé à l'aéroport Oran-Es Sénia le 10 septembre 1972. J'avais postulé un an plus tôt pour un emploi de coopérant et j'avais reçu mon affectation au Lycée Ibnou Roustom de Tiaret au printemps 1972. Après une semaine d'attente de ma voiture et de mes bagages – de découverte de la ville et des plages d'Aïn el-Turk, j'ai pris la route en direction de Tiaret.

C'est dans cette ville que j'ai effectué mes trois premières années d'enseignement. Trois années qui m'ont permis de voyager fréquemment à travers cet immense pays, de découvrir et photographier des paysages désertiques, les oasis, les village kabyles, les ruines romaines, les gravures et peintures rupestres du Tassili et de la Téfedest, de rencontrer bien sûr mes collègues algériens, mes élèves et leurs familles, mais aussi tout un monde cosmopolite d'enseignants, de médecins et techniciens venus de France, de Russie, Bulgarie, Hongrie, Egypte, Etats-Unis, Canada, Palestine, Italie... C'était l'époque où l'Algérie du colonel Boumédienne accumulait les revenus pétroliers et bâtissait... sans beaucoup de discernement !

Je me suis alors intéressé à la Guerre d'Algérie et, depuis ces années j'ai « dévoré » tous les écrits concernant ce pays, depuis les débuts de la colonisation jusqu'à la « sale guerre » des années 1990-2000. Un pays que je ne perds pas de vue, en suivant l'actualité, en regardant mes photos, en lisant ses romanciers (Mammeri, Dib, Kateb Yacine, Boudjedra, Mimoumi, Fellag, Boualem Sansal, Yasmina Khadra, etc...), et dans lequel je n'ai effectué qu'un bref séjour au printemps 2009.

  • Texte et images communiqués par Pierre Volut
  • Transcripteur Martine NOËL (discussion) 29 janvier 2024 à 14:09 (CET)

Notes et références

Notes


References