« Carnet de route de Jean Petitjean » : différence entre les versions

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<font color="blue"><u>'''Lundi 1<small><sup>er</sup></small> février 1915</u>''' :</font color="blue">
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*Voici six mois de guerre passés, depuis près de cinq mois nous n’avons pas bougé.<br> C’est la guerre de tranchées. On doit attendre un moment plus favorable, sans doute le printemps pour livrer l’assaut aux positions ennemies.<br> Je ne crois pas à un changement de situation avant avril. La guerre se poursuivra ensuite plusieurs mois et vers la fin de novembre nous pouvons espérer la paix.<br> Les 6 mois de campagne ne m’ont pas trop fatigué ; chose extraordinaire, je n’ai pas encore été malade. Il semble que cette campagne m’ait consolidée au point de vue physique.<br> La situation dans notre petit coin ne bouge pas, c’est pour chacun les mêmes positions que le 25 septembre et cela n’est pas encore fini.<br> Ce mois de janvier a été dur car il a plu et gelé une partie du mois. La boue a été terrible, les chemins n’étaient la plupart du temps que des rivières de boue.<br>
*Voici six mois de guerre passés, depuis près de cinq mois nous n’avons pas bougé.<br> C’est la guerre de tranchées. On doit attendre un moment plus favorable, sans doute le printemps pour livrer l’assaut aux positions ennemies.<br> Je ne crois pas à un changement de situation avant avril. La guerre se poursuivra ensuite plusieurs mois et vers la fin de novembre nous pouvons espérer la paix.<br> Les 6 mois de campagne ne m’ont pas trop fatigué ; chose extraordinaire, je n’ai pas encore été malade. Il semble que cette campagne m’ait consolidée au point de vue physique.<br> La situation dans notre petit coin ne bouge pas, c’est pour chacun les mêmes positions que le 25 septembre et cela n’est pas encore fini.<br> Ce mois de janvier a été dur car il a plu et gelé une partie du mois. La boue a été terrible, les chemins n’étaient la plupart du temps que des rivières de boue.<br>

Version du 10 mars 2015 à 12:45

Lundi 1er février 1915 :

  • Voici six mois de guerre passés, depuis près de cinq mois nous n’avons pas bougé.
    C’est la guerre de tranchées. On doit attendre un moment plus favorable, sans doute le printemps pour livrer l’assaut aux positions ennemies.
    Je ne crois pas à un changement de situation avant avril. La guerre se poursuivra ensuite plusieurs mois et vers la fin de novembre nous pouvons espérer la paix.
    Les 6 mois de campagne ne m’ont pas trop fatigué ; chose extraordinaire, je n’ai pas encore été malade. Il semble que cette campagne m’ait consolidée au point de vue physique.
    La situation dans notre petit coin ne bouge pas, c’est pour chacun les mêmes positions que le 25 septembre et cela n’est pas encore fini.
    Ce mois de janvier a été dur car il a plu et gelé une partie du mois. La boue a été terrible, les chemins n’étaient la plupart du temps que des rivières de boue.

Mardi 2 février 1915 :

  • Journée très calme, dégel. Quelques obus sur les positions de batterie au-dessus de Mécrin et sur le moulin. Heureusement pas de blessé.
    [...]

Dimanche 21 février 1915 :

  • Nous nous couchons un peu en attendant le départ. L’ordre arrive de se tenir prêt vers 2 heures ½ mais à 3 heures arrive un contre-ordre.
    Nous restons là. Je vais à Haudiomont prévenir les fourgons et aux postes en tête de revenir. Haudiomont est à 14 kilomètres de Verdun.

Lundi 22 février 1915 :

  • Nous entendons une violente canonnade dans les environs de Verdun.
    Le quartier est consigné. Il y a Verdun un service très sévère. On ne peut rentrer sans laisser passer.
    Pour voyager sur les routes, il y a des patrouilles à chaque instants. Dans la caserne où nous logeons, il y a une réserve de bêtes à cornes, 1800. La plupart des pauvres bêtes sont maigres. Il y aura une plus grosse part d’os que de viande pour ceux à qui on fera la distribution.

Mardi 23 février 1915 :

  • Nous logeons toujours dans les casernes de Verdun.
    Nous allons participer à l’attaque des Éparges. L’Infanterie Coloniale réussit à prendre 3 lignes de tranchées. Le gain est de 3 kilomètres de profondeur. Il y a beaucoup de morts chez nous. Mais les Allemands laissent 3000 hommes sur le terrain.
    6 contre-attaques sont repoussées par nous. En face à Pont-à-Mousson la 1ère Brigade fait du bon travail. Elle participe à la prise du signal des Xou et de Norroy.
    La température est toujours froide.

Mercredi 24 février 1915 :

  • Nous embarquons le soir à 10 heures à la gare de Verdun. Il tombe de la neige à plein temps. Il fait froid. Nous partons à minuit par Sainte-Menehould, Bar-Le-Duc et enfin nous arrivons à Sorcy vers 11 heures ½ du matin, fatigués, gelés.
    J’ai pris une bonne grippe durant ce court voyage. Nous allons à Ville-Issey nous reposer.

Jeudi 25 février 1915 :

  • Nous restons à Ville-Issey. Rien à signaler.

Vendredi 26 février 1915 :

  • Repos à Ville-Issey. Nous devons partir demain pour Liouville. La 1ère brigade arrive à Pont-à-Mousson où elle a participé à l’attaque réussie du signal de Xou et de Norroy. Il gèle fortement.

Samedi 27 février 1915 :

  • Lever à 4 heures du matin, départ à 5 heures. Nous passons par Euville et nous arrivons à Boncourt où l’échelon doit rester.
    Pas de cantonnement, nous sommes sur la route. Vers le soir, nous trouvons une maison pour la cuisine et une grange pour coucher.
    Tout est d’une saleté repoussante. La cuisine ressemble à un fumier. La rue est couverte d’objets de toutes sortes : vieux pantalons, chaussures, képis, etc… La paille de la grange n’est plus que de la poussière.
    Je vais porter un pli à la position de batterie. Les pièces sont à 4 kilomètres de Boncourt, près de Saint-Julien-Girauvoisin, dans un bois sur la gauche de la route. L’emplacement est dans le bois, les pièces sont bien cachées et les cagnas bien construites mais pas aussi solides que celles de Mécrin.
    Il y a des trous de crapouillots et de marmites un peu partout. L’emplacement est une véritable écumoire. La 7, 8, 9 brigades qui y étaient avant nous, n’ont pas eu beaucoup de morts. Effet du hasard et de veine purement et simplement, espérons que cette veine continuera pour nous le temps que nous y resterons.
    Aujourd’hui, il fait encore froid mais le dégel commence vers midi c’est alors la boue gluante.

Dimanche 28 février 1915 :

  • Nuit très mauvaise. J’ai de la fièvre. Je tousse et je ne dors pas. Je me fais porter malade. Je vais à la visite vers 8 heures et je suis reconnu par le major Gaultier comme ayant un début de bronchite. Je ne veux pas me faire évacuer. Je reste à l’Infirmerie.
    Le soir un 75 de la première batterie éclate.
    Il n’y a qu’un blessé heureusement pas gravement atteint.

Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par --Mnoel 18 février 2015 à 11:01 (CET)