« Breton Gabriel correspondances d'avril 1916 à juin 1916 » : différence entre les versions

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<small>(1) Le 20 mars 1916, le 111<small><sup>e</sup></small> de Ligne a été presque anéanti dans le bois de Malancourt, près de Verdun ; les Allemands ont fait près de 2500 prisonniers. La justice militaire a constaté plusieurs désertions et des soupçons de connivence avec l'ennemi et le régiment a été dissout en juin.<br> (2) En avril 1916, une brigade russe débarque à Marseille, une autre à Brest le mois suivant. 20000 soldats russes sont acheminés au camp de Mailly, dans l'Aube, où ils sont entraînés, avant d'aller au combat en juillet. L'année suivante, les troupes russes sont retirées du front et conduites dans la Creuse, car l'Etat-Major craint leur rébellion.</small><br><br>  
<small>(1) Le 20 mars 1916, le 111<small><sup>e</sup></small> de Ligne a été presque anéanti dans le bois de Malancourt, près de Verdun ; les Allemands ont fait près de 2500 prisonniers. La justice militaire a constaté plusieurs désertions et des soupçons de connivence avec l'ennemi et le régiment a été dissout en juin.<br> (2) En avril 1916, une brigade russe débarque à Marseille, une autre à Brest le mois suivant. 20000 soldats russes sont acheminés au camp de Mailly, dans l'Aube, où ils sont entraînés, avant d'aller au combat en juillet. L'année suivante, les troupes russes sont retirées du front et conduites dans la Creuse, car l'Etat-Major craint leur rébellion.</small><br>
 
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Texte de Pierre Volut  http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm  et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par [[Utilisateur:Mnoel|Martine NOËL]]
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Version du 28 avril 2016 à 11:16

Guerre 1914-1918 57.jpg

Grippe, mauvais temps et permission.

Chalon-sur-Saône, 10 avril 1916.

Ma chère Guite,
J'ai reçu ta lettre où tu me dis que vous êtes rentrées en bon état à Decize. Rien de neuf ici, sauf que j'ai une petite grippe qui m'embête et qui me fatigue un peu. À part cela, ça ne va pas trop mal, il continue à faire très beau à Chalon et je me demande si vous avez beau temps à Decize. Si je ne peux venir dimanche, j'aurai sûrement une petite permission pour Pâques et j'irai à Decize.
Les Boches continuent à faire les malins à Verdun, on dit tout bas que tout un régiment du midi, le 111e de ligne s'est rendu au Bois de Malancourt(1) ; je ne sais ce qu'il y a de vrai là-dedans. Mais ça serait bien regrettable car ce sont toujours les mêmes qui font les mêmes fautes.
Je vous embrasse bien fort toutes les deux.
Gabriel.
Petits bleus au dépôt

Lundi, [lettre postée le 17 avril 1916].

Ma chère Maman,
Rien de bien neuf ici, toujours pluie, neige ou vent ; je n'ai plus la grippe aussi fort, mais ça ne va pas très très bien quand même. Je suis cependant bien moins fatigué que ces jours derniers. Nous avons envoyé tous nos petits bleus et tous ceux que nous pouvons évacuer en permission pour l'agriculture qui est en mauvaise passe ; il y a des équipes agricoles de tous les côtés mais je ne sais pas trop si ça va rendre. Nous allons commencer cette semaine à voir des femmes arriver à la caserne ; il y en a de tous les genres et de toutes les catégories. Nous ne sommes pas au bout de nos peines avec tout ce monde car avant huit jours il faudra en remplacer plus de la moitié ; enfin c'est le triomphe du féminisme mais moi je crois que c'est surtout pour empêcher les plaintes des ouvriers sans travail ici ; il y en a une bande et, avec les réfugiés, les secours ne sont pas suffisants. Rien de neuf pour mon départ; je ne sais rien de rien ; le 56 est archi-plein de jeunes aspirants passés sous-lieutenants ; il y a 4 officiers par compagnie, ce qui est énorme ; enfin je suis bien tranquille pendant tout ça ; du reste les camarades n'ont jamais été si heureux au Bois d'Ailly où ils sont et n'ont pas de pertes ; en somme, il n'y a qu'à Verdun où ça ne va pas très bien.
Le jardin doit être bien beau maintenant et tout doit pousser le mieux du monde. Je pense que nous aurons des permissions pour Pâques, sans doute en deux séries. Le pauvre colonel doit en avoir plein le dos avec les histoires de la mère Vagne. J'ai vu la procuration de Buisson que je lui retournerai.
Je vous embrasse bien fort toutes deux, le bonjour à tous.
Gabriel Breton.

Chalon, vendredi, [lettre postée le 21 avril].

Ma chère Maman,
Comme je vous avais dit hier, je n'irai pas en permission à la période du lundi au dimanche de Pâques, j'irai seulement vous voir dans le courant de la semaine pour un nombre de jours que j'ignore et ce sera sans doute après avoir conduit à Autun 200 hommes de la classe 16 qui partiront mardi et peut-être que mercredi. Nous avons eu beaucoup de travail avec les femmes et cela a été assez ennuyeux dans les services, mais je pense que tout finira par se tasser. Vous avez su sans doute que les Russes étaient à Marseille(2), je m'attends à une très grande bataille par là en juillet prochain.
Rien de neuf à Chalon, il fait un très très mauvais temps, pluie et vent, et on ne peut jamais sortir. Avez-vous vu les bons fermiers et M. Roblin a-t-il été plus heureux avec ses fermiers ? Je te demanderai de m'envoyer 100 francs ; j'ai assez pour moi, mais j'ai peur de ne pas avoir assez si je vais à Autun deux ou trois jours. Je n'arriverai dans ce cas à Decize que vendredi au plus tard ; dans le cas contraire, je pense partir mercredi ou mardi dans la nuit.
Je compte quand même avoir de quoi me reposer car tous ces [ill.] de bureau de femmes et le départ de renforts m'assomment et je suis seul pour tout cela pendant les fêtes et ça n'est pas rigolo.
Je vous embrasse bien fort toutes deux, en attendant la semaine prochaine.
Gabriel.

(1) Le 20 mars 1916, le 111e de Ligne a été presque anéanti dans le bois de Malancourt, près de Verdun ; les Allemands ont fait près de 2500 prisonniers. La justice militaire a constaté plusieurs désertions et des soupçons de connivence avec l'ennemi et le régiment a été dissout en juin.
(2) En avril 1916, une brigade russe débarque à Marseille, une autre à Brest le mois suivant. 20000 soldats russes sont acheminés au camp de Mailly, dans l'Aube, où ils sont entraînés, avant d'aller au combat en juillet. L'année suivante, les troupes russes sont retirées du front et conduites dans la Creuse, car l'Etat-Major craint leur rébellion.

Guerre 1914-1918 113.jpg



Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par Martine NOËL