Connaître ses origines à partir de la génétique est possible.
Les tests ADN, autorisés en France uniquement sur prescription médicale ou judiciaire, sont en libre accès aux USA et en Grande Bretagne. Pour bénéficier d’un test ADN il suffit de le commander sur un des sites internet payants et qui possèdent un laboratoire spécialisé dans le domaine. Une fois le kit reçu par voie postale, il suffit d’envoyer un prélèvement de salive fait sur un coton tige.
Ce marché en plein essor a fait exploser les plateformes qui proposent ces tests. 18 millions de personnes les ont déjà utilisés à des fins généalogiques mais aussi à des fins médicales. En effet, les données recueillies permettent à la fois de connaître ses origines mais aussi de connaître ses prédispositions à certaines maladies. Il devient donc possible d’adapter son mode de vie, de choisir ses activités sportives et son alimentation pour, peut-être, éviter ces maladies et vivre en meilleure santé.
Une fois l’échantillon de salive reçu par le laboratoire, celui-ci est séquencé pour savoir ce que contient l’ADN.
L’ADN est composé de 3 éléments et de 4 bases azotées qui se ressemblent deux à deux ; elles comprennent 4 lettres, ATCG 1. L’enchaînement de ces 4 lettres existe sur une longueur de 3 milliards d’éléments. À la fin du séquençage, l’échantillon biologique devient un fichier informatique. L’ordre des lettres donne la signature génétique.
Lorsque l’analyse est terminée, le résultat de celle-ci arrive dans la boîte mail du demandeur. Il précise, sous forme de pourcentage, les régions du monde dans lesquelles le même ADN a été retrouvé. En général, chaque personne testée a, en moyenne, 6 origines ethniques différentes. Seul 0,30 % de ces personnes ont une seule origine ethnique. Certains tests génétiques donnent une évocation de ses ancêtres sur plusieurs milliers d’années (500, 1000, 2000 ans...). Le résultat reçu donne aussi accès à un certain nombre de personnes qui correspondent à l’ADN étudié, avec le degré de parenté. La lecture de ce résultat peut remettre en cause certaines affirmations obtenues selon une méthode plus traditionnelle et dévoiler ainsi un ou des secrets de famille.
Communiquer son ADN c’est communiquer celui de ses proches, parfois à leur insu. C’est aussi dévoiler des choses intimes.
Le risque de réutilisation des données existe. Malgré l’engagement habituel de non réutilisation, certains testeurs se voient proposer, par exemple, des produits cosmétiques adaptés au type de peau, de la musique, des séjours à la carte aux pays de leurs ancêtres. La CNIL conseille d’utiliser le droit à l’oubli en demandant l’effacement des données dites à caractère personnel, droit protégé par le règlement européen.
Le but final de ces grands laboratoires privés serait, en fait, de constituer d’énormes bases de données génétiques pour faire tourner des algorithmes dessus et nouer des partenariats avec des grosses entreprises, par exemple des laboratoires pharmaceutiques.
La médecine française émet quelques réserves sur ces tests, notamment au niveau de l’interprétation qui en est faite. Les testeurs se retrouvent seuls face à leur résultat et donc livrés à eux-mêmes. Prendre un certain recul est certainement indispensable.
Comme toute recherche, la recherche par la génétique comprend une marge d’erreur. Celle-ci est estimée par les laboratoires à 0,10 % de la population testée. Elle est calculée sur l’étude de 600 000 données génétiques. La marge d’erreur serait donc de 600 pour une seule personne.
Pour un généticien, analyser le séquençage d’une personne, représenterait au moins 100 heures de travail. Autant dire qu’ils n’ont pas le temps nécessaire à consacrer à cette étude.
Il existe peu de médecins dans le monde spécialisés dans la génétique. Ils reçoivent quelques enseignements à la faculté, puis plus rien. Très occupés, ils se focalisent sur leur spécialité future. Aux USA, seuls 4000 le sont, pour une population de plus de 300 millions d’habitants. La responsable serait la défaillance du système de santé américain dépassé par ce nouveau champ de la médecine.
Un test ADN apporte des réponses, fait se poser des questions et donne envie de toujours en savoir plus.
Faut-il tout savoir ?
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Sources :
- Complément d’enquête, émission diffusée sur France 2 le 15 novembre 2018.
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Site edu.upmc
1 Adénine, Thymine, Cytosine, Guanine.