Nevers rue Saint-Didier

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RUE SAINT-DIDIER à NEVERS

  • On la nommait en 1247 rua per quam itur directe ab ecclesia sancti Desiderii ad ecclesiam sancti Laurencii. Plus tard, on disait couramment rue des Fumiers et on tira cette conséquence qu'elle était fort sale.
    En 1591, l' Hôtel de l'Ours bridé se trouvait dans la rue des Fumiers.
    En 888, Charles le Gros, confirmant à l'église de Nevers ses biens et ses privilèges, nomme, parmi les biens, cellula sancti Desiderii extra et contra portam civitatis positam. La porte Saint-Didier était donc alors la porte de la Cité. Il s'agit de la porte de la première enceinte. Il y eut également une porte Saint-Didier dans les remparts de Pierre de Courtenay.
    En 1430, on fait placer des canonnières au portail Saint-Didier et murer la porte dudit portail en la renforçant. Le même portail Saint-Didier est cité en 1465. Probablement refaite à la fin du XVe siècle, elle est nommée Porte-Neuve dans le compte du receveur de 1482, Porte Saint-Didier près l'Hôtel-Dieu dans le compte de 1484, et, en 1485, la Porte-Neuve nouvellement ouverte laquelle est appelée porte Saint-Didier. En 1507, on y fait un pont dormant. Elle fut murée au mois de mai 1562. Ouverte après les troubles, elle fut abandonnée à l'Hôtel-Dieu. On la voyait encore en 1740, entre le jardin intérieur et les fossés.
    Revenons à la cellule de Saint-Didier. On ne croit pas qu'elle était déjà hôpital en 888. Ce n'est qu'en 1074 que le testament d'Hugues III, évêque de Nevers, désigne une Domus Dei à laquelle ce prélat donna tous ses biens mobiliers. Parmentier nous apprend que, dès 1242, l'hôpital Saint-Didier était desservi par un maître des frères et des sœurs, c'est-à-dire par un chef de famille auquel plusieurs personnes, de l'un et de l'autre sexe, s'associaient par le sacrifice effectif de leurs personnes et de leurs biens, ce qui leur fit donner le nom de rendus et donnés. Les biens composaient une masse totale destinée aux besoins de la maison et au service des pauvres et des malades. L'origine de cette association n'est pas bien connue. Il ressort des lettres de Philippe-le-Hardi, du mois de mars 1402, que cet hôpital aurait été fondé par les comtes de Nevers pour recevoir, héberger, et substanter tous les povres indigents et y soient les femmes relevées d'enffant, povres orphelins nourris... L'église de Saint-Didier fut consacrée le 19 août 1404 et, par acte du 18 février 1411, « l'ospital neuf » de la rue des Merciers fut réuni au domaine de l'hôpital Saint-Didier. Un inventaire du 13 mai 1492 nous apprend que l'hôpital possédait deux pierres crapaudines enchâssées en deux verges (bagues) d'argent. Ces pierres servaient contre la morsure des bêtes envelinées et contre le velin.

    En 1507, le cimetière fut entouré de murs. Deux siècles plus tard, il fut changé et placé dans les anciens fossés de la ville. L'Hôtel-Dieu fut reconstruit en 1526 ; il prospéra, et, par lettres patentes du 6 mars 1572, Charles IX lui réunit les hôpitaux ou maladreries de Saint-Antoine, Saint-Eloy, Saint-Ladre, Sainte-Valière et Gains(1). En juin 1665, Louis XIV prescrivit l'établissement d'un hôpital général à Nevers. Ce fut seulement en 1801 que l'Hôtel-Dieu, qui était la maison des malades et des enfants naturels, fut réuni à cet hôpital général ou maison des pauvres, des vieillards et des infirmes. Le 28 mai 1677, un des soldats hollandais prisonniers de guerre à Nevers, ayant refusé d'abjurer l'hérésie luthérienne et de mourir dans la religion catholique, étant décédé, les gardes le portèrent dans les fossés de la ville, du côté du Parc, et le jetèrent dans un trou qu'ils avaient creusé.

    En 1801, au moment de sa réunion à l'Hôpital général, l'Hôtel-Dieu contenait des lits pour 80 malades seulement, couchés deux à deux, et quelquefois trois ensemble ; son revenu était de 20.000 francs. Depuis longtemps le service était fait par des religieuses de la Charité.
    En 1791, la paroisse Saint-Didier fut supprimée. L'église servit aux cérémonies décadaires quand on abandonna la chapelle du collège (Saint-Pierre). Par ordonnance du 7 vendémiaire an IX, elle fut démolie en partie, le reste, avec une façade nouvelle, servant de halle aux grains. La destruction du reste de l'Hôtel-Dieu eut lieu vers la fin de 1863. On construisit sur son emplacement la Halle aux grains, aujourd'hui Marché Carnot.

    Cette rue fut élargie en 1906.

    N° 9 : Dans une niche surmontée, à droite et à gauche, d'un tau, se voit une petite statue de sainte Marthe avec le dragon sous ses pieds. Sainte Marthe, patronne des servantes, des aubergistes, des hospitaliers, des personnes employées dans les couvents au ministère intérieur, était invoquée contre la peste, le flux de sang, etc. Sa statue dans un Hôtel-Dieu était tout indiquée.

    (1) Près de Saincaize.

    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1927/T29