Guillon Claude

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GUILLON Claude (1885-1952)

Claude Guillon
  • Il nait le 13 septembre 1885 à Saint-Benin d'Azy.
  • Ouvrier agricole et bûcheron, il est issu d'une très modeste famille d'ouvriers agricoles, Claude Guillon, dit « P'tit Charles », doit lui aussi se consacrer au travail de la terre.
  • Mobilisé dès le début de la guerre, il part au front avec son régiment, le 285e d'infanterie. Il s'engage ensuite en politique et adhère à la S.F.I.O. Secrétaire du syndicat des bûcherons de Saint-Benin d'Azy, délégué auprès de la C.G.T., membre de la Bourse de Travail de Nevers, le p'tit Charles n'a pas brillé à l'Assemblée Nationale, mais il n'a pas été aussi ridicule que ses adversaires l'avaient dépeint.
  • Démobilisé en 1919 il adhère au parti socialiste qui présente sa candidature au Conseil général en 1922 ; élu au second tour de scrutin, il se signale dans cette assemblée départementale par ses interventions en faveur des ouvriers agricoles et des bûcherons ; il demande et obtient le contrôle des enfants assistés dans le département de la Nièvre. Il est réélu au premier tour aux élections de 1925. La confiance des travailleurs des campagnes lui permet d'occuper le poste de secrétaire du syndicat des bûcherons de Saint-Benin d'Azy et c'est sa compétence en matière agricole et forestière qui le fait désigner par la C.G.T. comme représentant des organisations de bûcherons au Conseil national économique.
  • Présenté comme candidat aux élections législatives de 1924 par la fédération socialiste de la Nièvre, il est élu au second tour de scrutin avec 6.729 voix sur 12.454 suffrages exprimés, dans la 2e circonscription de Nevers. Pendant cette législature il ne participe à aucun débat et ne dépose aucune proposition de loi.
  • En 1928, on revient au scrutin de circonscription. La Nièvre retrouve cinq sièges de députés. Cette consultation est un triomphe pour la S.F.I.O. : quatre sièges sur cinq, le cinquième étant attribué au radical-socialiste Bellocq à Clamecy. Dans la circonscription Nevers-II, le nouveau député se nomme Claude Guillon (dit Petit Charles), il bat au second tour José Germain, candidat de l'Union Nationale, et le communiste Debret. Arsène Fié, Jean Locquin et Henri Gamard gardent leurs sièges.
    Un député issu de la classe ouvrière, c'était en 1928 très rare, et c'est encore le cas.
    En 1932, la S.F.I.O. ne représente pas Claude Guillon. On lui propose un emploi dans l'administration des assurances sociales. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Gestapo l'interroge ; il refuse de parler de Léon Blum et des dirigeants socialistes.
    Le Petit Charles inspire plusieurs textes caricaturaux. Une chanson satirique est diffusée par le journal électoral de ses adversaires, Le Petit-Bleu :


"Te v'là nout' député, p'tit Charles.
J'ai toujours dit qu'te s'rais élu,
T'es feignant, t'es hurluberlu,
Tu n'dis jamais rin quand tu parles ;
T'es berdin même quand t'es pas soûl.
Toujours foutu comme eun' cancouelle,
Et quand t'as du vent dans les vouèles,
Te r'beules des pernelles de chat fou.
Toun accordéon et ta vielle
C'est d'ça qu'te vivais quasiment.
Mais quoué, combin au Parlement
Qui gagneraient pas leur matérielle
Sans leu mandat ? Combin d'idiots
Plus idiots qu'toué, viré d'la guerre,
Qui s'crouaient malins et qui n'ont guère
Le drouet de s'fout' des Morvandiaux ?

Y en a point pour trousser les garces
Comme toué sortant du caboulot.
Au moins, toué, te s'ras rigolo.
Te vas tu leur-z-y faire voir des farces !
Quatre ans, gars, sans en foutre un coup,
Toucher quat'mill' cinq cents pistoles,
Va, te pourras t'payer nos fioles,
T'auras ben raison après tout.
Au fond, comme y a pus d'imbiciles
Dans l'peupl' que d'gars intelligents,
C'est toué qui r'présente l'pus d'gens.

P'tit Charles, tu peux siéger tranquille."

  • Gabriel Breton le mettra plus tard en scène dans un chapitre de son livre Tonin(1).
    « Les responsables [socialistes] ne désignèrent pas pour mener le bon combat un leader de la capitale... Non ! Les rusés compères connaissaient la musique ; il leur fallait quelqu'un du pays, peu marqué politiquement et qui, en n'effrayant pas les hésitants, pourrait rallier sur son nom les suffrages de tous les mécontents. Ce fut donc le p'tit Charles, le vielleux, que l'astuce des dirigeants opposa à l'adversaire bourgeois et au radical besogneux. Le p'tit Charles exerçait dans les campagnes l'honorable profession de châtreux – nous voulons dire hongreur – mais était surtout connu comme vielleux. Il avait remplacé dans les bals et aux cérémonies de noce le pauvre Bonnot, mais au lieu d'un archet il se servait d'une vielle. […] Le p'tit Charles alla siéger au Palais-Bourbon, ses initiatives consistant à aller toucher son mandat à la fin du mois et à voter avec les camarades. Il ne fit pas plus mal qu'un autre. »
    La chanson du Petit-Bleu et le texte de Gabriel Breton ont été écrits à charge contre le nouveau député.
  • Il décède le 29 janvier 1952 à Paris, dans le quinzième arrondissement, à l'âge de 66 ans.

(1) Gabriel Breton, Tonin, Paris, Editions du Scorpion, 1965.


Sources :
Dictionnaire des Parlementaires français, Robert et Cougny
Dictionnaire des Parlementaires français, Jean Jolly
Site de l'Assemblée Nationale
Complété par un texte de Pierre Volut

--m mirault 28 juillet 2011 à 08:05 (CEST)